Montalembert et Adolphe Dechamps. Contribution à l histoire des relations de Montalembert avec la Belgique - article ; n°156 ; vol.56, pg 91-113
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Montalembert et Adolphe Dechamps. Contribution à l'histoire des relations de Montalembert avec la Belgique - article ; n°156 ; vol.56, pg 91-113

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1970 - Volume 56 - Numéro 156 - Pages 91-113
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur le Chanoine Roger
Aubert
Montalembert et Adolphe Dechamps. Contribution à l'histoire
des relations de Montalembert avec la Belgique
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 56. N°156, 1970. pp. 91-113.
Citer ce document / Cite this document :
Aubert Roger. Montalembert et Adolphe Dechamps. Contribution à l'histoire des relations de Montalembert avec la Belgique. In:
Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 56. N°156, 1970. pp. 91-113.
doi : 10.3406/rhef.1970.1835
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1970_num_56_156_1835MONTALEMBERT ET ADOLPHE DECHAMPS
Contribution à l'histoire des relations
de Montalembert avec la Belgique
Le ministre belge Adolphe Dechamps (1807-1875), frère du
futur archevêque de Malines et cardinal, a été caractérisé par
Mgr Simon comme «le représentant le plus caractéristique du catho
licisme libéral belge » 1. Il n'est donc pas étonnant qu'il ait figuré
au premier rang des nombreuses relations belges de Montalembert,
lequel, par suite de son mariage et de la similitude des problèmes
politico-religieux, accorda toujours à la Belgique une place de
choix parmi ses multiples intérêts cosmopolites. Le P. de Moreau,
qui avait consacré à Adolphe Dechamps une importante biogra
phie, présentée en 1911 comme thèse de doctorat à l'École des
sciences politiques et sociales de Louvain, avait, au cours de ses
recherches à travers les archives de famille, retrouvé dans les
papiers de Grunne 2 et dans les papiers Dechamps 3 49 lettres
échangées entre les deux amis. Il avait formé le projet de les
publier, et avait même commencé la préparation de cette édition ;
mais ses supérieurs estimèrent à l'époque que les controverses
entre les catholiques autour du libéralisme étaient encore trop
proches et qu'il était préférable de ne pas jeter dans le grand public
ces lettres où les deux correspondants exprimaient parfois sans
1. Notice « Dechamps (Adolphe) », dans Biographie Nationale, t. XXXIII
(= Supplément, t. V), col. 222. Outre cette notice (col. 187-224), qui date
de 1965 et indique la bibliographie antérieure, voir surtout sur lui l'ou
vrage, qui demeure fondamental, d'É. de Moreau, Adolphe Dechamps (Bru
xelles, 1911).
2. On sait qu'une fille de Charles de Montalembert avait épousé un Grunne,
de nationalité belge, et la plus grande partie des papiers de Montalembert
était vers 1910 la propriété de ce dernier. Ils reposent actuellement au château
de Montalembert à La Roche-en-Brenil (Côte-d'Or).
3. Ces papiers sont devenus à cette occasion la propriété des jésuites
belges et sont actuellement conservés à la Bibliothèque du scolasticat de la
province wallonne de la Compagnie de Jésus à Egenhoven-Louvain. 92 R. AUBERT
ménagement leurs convictions intimes. Le dossier resta donc
dans les papiers du P. de Moreau, où je le retrouvai à l'occasion de
recherches autour du Syllabus. Ayant également poursuivi mes dans les papiers Montalembert, qui m'avaient été
généreusement ouverts grâce à l'amabilité du comte André de
Montalembert et de la comtesse (née de Grunne), d'une part,
et du vicomte de Meaux d'autre part 4, je pus retrouver 20 autres
lettres écrites par Dechamps à Montalembert, dont le P. de
Moreau n'avait pas eu connaissance à cause du désordre où se
trouvaient à l'époque les papiers Montalembert 5 et qui s'insèrent
en en éclairant le contenu parmi celles qu'il avait rassemblées.
A mon tour, et à présent que les ardentes controverses évoquées
dans cette correspondance appartiennent définitivement à l'his
toire, l'idée me vint d'éditer les 69 lettres ainsi réunies 6 qui
s'étendent sur une bonne trentaine d'années — la première est
de novembre 1838 et la dernière d'octobre 1869 — et qui éclairent
à la fois les grandes questions politiques, religieuses et culturelles
de l'époque ainsi que la personnalité intime des deux correspon
dants. Des tâches pressantes m'ont empêché jusqu'à présent de
mettre à exécution ce projet, auquel je n'ai d'ailleurs nullement
renoncé, mais en attendant le moment, pas trop éloigné je l'espère,
où je pourrai le réaliser, il m'a semblé utile de profiter de ce
numéro spécial pour en donner un avant-goût à titre d'hommage
à la mémoire d'une des figures les plus marquantes du laïcat
catholique au milieu du xixe s.
Il n'est peut-être pas inutile de présenter brièvement le corre
spondant de Montalembert. Adolphe Dechamps, né le 18 juin 1807,
avait fait la majeure partie de ses études, en compagnie de ses
deux frères, Joseph, né en 1809, et Victor, le futur rédemptoriste
et cardinal, né en 1810, sous la direction de son père, qui, après
avoir dirigé un petit pensionnat à Melle (Flandre orientale), s'était
retiré dans sa propriété de campagne à Scailmont (Hainaut). C'était
4. Un autre gendre de Montalembert, Camille de Meaux, avait hérité de
la bibliothèque de son beau-père et de quelques documents provenant de ses
archives, notamment les quatre volumes de la Chronique catholique, où Monta
lembert recopiait certaines lettres jugées particulièrement importantes.
Ces documents sont actuellement conservés au château d'Ecotay dans le
Forez.
5. Ceux-ci ont été l'objet d'un classement très commode au cours de
l'entre-deux-guerres par les soins d'un historien polonais.
6. Il subsiste quelques lacunes, l'une ou l'autre lettre faisant allusion à
une lettre du correspondant qui n'a pas été retrouvée, mais la série se pours
uit cependant d'une manière relativement continue, ce qui en augmente
l'intérêt. MONTALEMBERT ET A. DECHAMPS 93
un pédagogue consciencieux, d'une vaste culture littéraire et
philosophique, mais d'orientation très traditionnelle. Adolphe
compléta cette formation par la lecture des poètes romantiques,
Lamartine et Victor Hugo surtout, mais également par celle des
penseurs à la mode parmi la jeunesse catholique des années 1820,
Joseph de Maistre et Lamennais, nourrissant au contact du pre
mier les convictions ultramontaines communes à la plupart des
catholiques belges du temps, et s'enthousiasmant à la lecture du
second pour l'idéal de conquête religieuse et la source d'action au
service de l'Église que pouvait constituer la confiance dans les
possibilités de la liberté chrétienne.
Cet enthousiasme, non pour le libéralisme rationaliste et sécula-
risateur, mais pour la liberté de l'Église et du citoyen dans un
État s'inspirant des grands principes de 1789, fut encore accru
par un séjour de deux ans, de 1828 à 1830, chez un parent bru
xellois, Isidore Plaisant, autour duquel se réunissaient quelques
amis aux idées politiques et religieuses avancées. Rien d'étonnant
dès lors que dès 1828 Adolphe Dechamps se soit montré partisan
de l'alliance des catholiques avec les libéraux contre le despo
tisme politique et le régalisme ecclésiastique de Guillaume Ier.
Rien d'étonnant non plus de retrouver dans les articles de jour
naux qu'il écrivit au lendemain de la Révolution belge l'écho des
idées de Lamennais et jusqu'à son style, et de le voir se rallier
avec ardeur à la devise de Y Avenir, « Dieu et la liberté », au service
de laquelle le jeune Charles de Montalembert mettait à ce moment
toute l'ardeur de ses vingt ans.
La condamnation des positions du maître de la Chênaie par
l'encyclique Mirari vos de 1832 brisa un moment l'élan d'Adolphe
Dechamps ; mais, comme l'a noté avec finesse Mgr Simon, « il
s'est sans doute détaché de Lamennais : on serait tenté de dire de
l'homme plutôt que de ses idées » 7. Il devait en effet rester toute
sa vie fidèle, avec quelque modération dans la forme, à ses pre
mières convictions qui formeront pendant près d'un demi-siècle
la trame de sa pensée et de son action et, dès 1834, âgé de 27 ans
seulement, il se lança dans l'arène politique afin d'y défendre
l'esprit de 1830, cet idéal d' « organisation de la libert&

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