Pneumatisme et eschatologie dans le christianisme primitif (premier article) - article ; n°1 ; vol.132, pg 124-169
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1946 - Volume 132 - Numéro 1 - Pages 124-169
46 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Maurice Goguel
Pneumatisme et eschatologie dans le christianisme primitif
(premier article)
In: Revue de l'histoire des religions, tome 132 n°1-3, 1946. pp. 124-169.
Citer ce document / Cite this document :
Goguel Maurice. Pneumatisme et eschatologie dans le christianisme primitif (premier article). In: Revue de l'histoire des
religions, tome 132 n°1-3, 1946. pp. 124-169.
doi : 10.3406/rhr.1946.5524
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1946_num_132_1_5524Pneumatisme et eschatologie
dans le christianisme primitif
(Premier article)
Le christianisme a été, à ses origines, un mouvement
d'enthousiasme ; les premiers croyants ont eu le sentiment
d'être envahis, dirigés et, proprement, possédés par une
puissance surnaturelle, celle de l'Esprit de Dieu qui les
faisait agir. Divers indices sur lesquels il y aura à 'revenir,
donnent à penser que cet état d'enthousiasme et de pos
session qu'il est commode de désigner par le terme de « pneu
matisme », a caractérisé le christianisme hellénique et spécia
lement paulinien, mais qu'il n'a pas eu la même intensité
et peut-être même n'a pas existé dans le christianisme
jérusalémite1. Sans nier le moins du monde l'importance
de ce fait et la portée de cette différence, on peut, si on se
place au point de vue de l'évolution générale du christianisme,
la considérer comme étant sans grande signification ; car si,
à partir de la seconde génération, le rôle du pneumatisme a
considérablement diminué, cela a été pour de tout autres
causes que l'influence du christianisme palestinien. Dans
l'ensemble, en effet, le développement du christianisme, à
partir de la seconde génération, se situe sur la ligne du chris
tianisme hellénique de Paul beaucoup plus que sur celle du
christianisme apostolique des Douze.
Tout le christianisme primitif, d'autre part, est né et
1) Voir là-dessus notre étude : La conception jérusalémite de V Église et les
phénomènes de pneumatisme, dans Mélanges Franz Cumont, Bruxelles, 1936 ,.
pp. 211-223. ET ESCHATOLOGIE 125 PNEUMATISME
s'est développé dans une atmosphère de fin du monde, dans
un état d'âme eschatologique, c'est-à-dire dans l'attente,
pour un moment très proche, de l'avènement d'un monde
nouveau qu'un grand drame apocalyptique viendra substituer
au monde présent.
Dès la. fin de la seconde génération, ces deux caractères
essentiels du christianisme primitif, sans complètement dis
paraître, se sont très sensiblement atténués et ont pris un
caractère surtout théorique. Ils n'ont plus eu sur la vie spiri
tuelle des Chrétiens l'action qu'ils avaient eue au début. Ils
n'ont cependant pas disparu. On pourrait dire plutôt qu'ils
ont été comme mis en sommeil, car eschatologie et pneuma-
tisme sont restés latents dans le christianisme comme le
prouve le fait qu'à travers toute son histoire se sont péri
odiquement produites des reprises et comme des flambées pas
sagères aussi bien de pneumatisme que d'eschatologie, souvent
associés entre eux.
Ces faits sont intéressants à deux points de vue prin
cipalement, qu'il suffît d'indiquer mais qu'il serait superflu
de développer. D'abord, l'histoire de l'eschatologie et du
pneumatisme reflète toute celle du christianisme et, sur bien
des points qui ne sont pas d'importance négligeable, peut
l'éclairer d'un jour nouveau. D'un autre côté, en se plaçant à
un point de vue plus général, l'étude des rapports du pneumat
isme et de l'eschatologie, l'examen des réactions qu'ils ont
eues l'un sur l'autre, peuvent éclairer la structure du christi
anisme voire, plus généralement, celle de la religion elle-même.
Cette élimination ou cette neutralisation de deux carac
tères qui, d'abord, étaient essentiels, pose une série de pro
blèmes entre lesquels il y a une connexion telle qu'aucun
d'eux ne peut être résolu ou même seulement examiné util
ement si on l'isole des autres.
Nous ne nous proposons pas de faire ou seulement d'es
quisser ici une histoire de l'eschatologie et du pneumatisme
chrétiens ; tout un volume n'y suffirait pas, même en se
limitant aux deux premiers siècles. Nous voudrions seulement REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 126
essayer de poser le problème d'une manière aussi précise que
possible et distinguer les diverses questions particulières en
lesquelles il est possible de le décomposer, essayer de déter
miner le rapport qu'il y a entre elles et indiquer sommaire
ment dans quelles directions la solution de ces problèmes
pourrait. être cherchée et trouvée.
Êtymologiquement l'eschatologie est la doctrine des
choses finales. Elle se rapporte donc à un au-delà dans lequel
se réalisera la destinée de l'homme. En ce sens, l'eschatologie
est un élément essentiel de toute religion, car toute religion
tend à donner à l'homme la possibilité de s'évader hors d'une
réalité qui le déçoit et de lui permettre de se dépasser lui-
même. S'il est faux de dire que la religion n'est que l'expres
sion de la grande inquiétude humaine, il est évident qu'elle est
cela aussi. Il n'y a pas de religion de satisfaits. Il ne peut pas
y en avoir non plus pour des hommes qui se résigneraient à ce
que leurs aspirations profondes ne puissent jamais être réalisées.
L'au-delà, vers lequel l'homme tend et dans lequel il espère
ou croit que les aspirations profondes qu'il y a en lui pourront
être satisfaites, peut être conçu de manières bien différentes.
Ce peut être un au-delà du monde matériel et de sa nature,,
un au-delà de la vie présente, un au-delà du temps, etc.
Si toute religion est ainsi eschatologique, pratiquement
cependant, et par une sorte d'entente tacite, le terme d'es
chatologie est très généralement réservé pour caractériser
les religions dans lesquelles la réalisation du salut est consi
dérée comme devant se faire dans un avenir très proche.
Mais il y a quelque chose de plus. Si certaines religions doivent
être qualifiées d'eschatologiques dans un sens particulier,
c'est aussi parce que l'au-delà dans lequel elles situent la
réalisation du salut n'est pas en dehors du temps, dans un
monde supérieur, mais au terme de l'écoulement du temps,,
dans un monde qui n'existe pas encore. PNEUMATISME ET ESCHATOLOGIE 127
Mais la religion n'est pas seulement un fait individuel ;
elle a aussi — et cela lui est essentiel — un caractère collectif
et social. Elle ne tend pas seulement vers la réalisation de la
destinée de l'individu, mais vers la constitution d'un peuple
de saints, d'un peuple d'élus, d'un peuple de Dieu. Il suit
de là que la réalisation ou, au moins, l'achèvement du salut
ne peut pas être conçu comme pouvant s'accomplir pour
chacun au terme de son existence terrestre, mais qu'ils ne
peut l'être qu'au terme de l'existence du monde. Le salut
se trouve donc lié à un fait cosmique : la disparition du monde
présent et son remplacement par un autre ou bien sa trans
formation radicale. Par là, la destinée de l'homme se trouve
liée à celle du cosmos. Ainsi s'explique l'idée juive que la
chute d'Adam a entraîné une transformation et une corruption
de la nature humaine, idée que nous retrouvons chez Paul
dans le chapitre 8 de l'épître aux Romains où il parle de la
création qui, sans le vouloir (c'est-à-dire sans que cela résulte
d'un fait dont elle aurait la responsabilité), a été assujettie
à la corruption et qui soupire en attendant la délivrance que
marquera la manifestation des fils de Dieu (8, 18-22).
En principe, il y a une différence essentielle entre l'escha
tologie, qui est simplement l'affirmation de la réalisation du
salut dans un au-delà, même quand cet accomplissement
est conçu comme devant être lié à un fait cosmique, et l'apo
calyptique, qui ajoute à cela l'idée que le drame cosmique,
par lequel le salut se réalisera ou s'achèvera, se déroulera
suivant un

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