Protestantisme et perestroïka - article ; n°1 ; vol.24, pg 17-24
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Autres Temps. Les cahiers du christianisme social - Année 1989 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 17-24
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 5
Langue Français

Extrait

Roland Revet
Protestantisme et perestroïka
In: Autres Temps. Les cahiers du christianisme social. N°24, 1989. pp. 17-24.
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Revet Roland. Protestantisme et perestroïka. In: Autres Temps. Les cahiers du christianisme social. N°24, 1989. pp. 17-24.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/chris_0753-2776_1989_num_24_1_1340Le rôle des réformés dans les événements
d'Europe de PEst... et après ?
Roland Revet
Les chrétiens étaient là
Les événements qui se sont déroulés de façon précipitée au cours du
deuxième semestre de 1989 dans les pays de l'Est européen ont, entre
autres choses, mis en lumière le rôle parfois déterminant que des Églises,
ou au moins des chrétiens, pouvaient jouer dans les changements polit
iques et sociaux. Et comme il s'agissait cette fois de provoquer la chute de
régimes communistes, il semble que peu nombreuses aient été les voix qui
se sont élevées, dans nos Églises d'Occident, pour déplorer que « l'Église
fasse de la politique ». Le phénomène n'est pas nouveau et il n'est pas ci
rconscrit aux Églises : on a vu, tout au long de la dernière décennie,
l'action de « Solidarnosc » encensée chez nous par ceux-là mêmes à qui la
seule évocation d'un syndicat ici donnait des boutons...
Bref, les Églises de l'Est, certaines d'entrés elles tout au moins, se sont
engagées sur le terrain politique, avec un résultat indéniable. Il est vrai
que, selon les pays et selon les Églises, l'ampleur de cet engagement n'a
pas toujours été la même. Toutes ces Églises n'ont ni le même poids
social, ni la même conception des relations entre l'Église et la société.
Ainsi, il pouvait sembler normal que l'Église catholique de Pologne se
dresse en bloc face au Parti communiste. Depuis des siècles, elle s'identif
ie à la nation polonaise ; le communisme ne pouvait qu'être considéré
comme une tentative de plus, de la part de l'ennemi héréditaire russe,
pour mettre la main sur le pays. En outre, il faut sans doute oser dire que
l'antagonisme entre ces deux pouvoirs est assez largement fondé sur le fait
qu'ils ont l'un et l'autre une prétention totalitaire, qu'ils visent tous deux
à définir la vérité sans discussion, et qu'ils reposent sur une structure
Roland Revet est pasteur de l'Église Réformée à Charenton-Créteil (94). De 1982 à 1989,
président du Département de Coopération et Témoignage de l'Alliance Réformée Mondiale.
17 pyramidale, dans laquelle la ligne à suivre est définie par le comparable,
sommet. Le choc était inévitable. On peut penser que, pour le moment,
c'est l'Église catholique qui vient de remporter le match. A chacun, selon
la lecture qu'il fait de l'histoire, de s'en réjouir ou de s'en inquiéter plus
ou moins.
En revanche, il semble bien que le protestantisme, luthérien, méthod
iste ou réformé, n'ait joué qu'un rôle négligeable dans les événements
qui ont abouti, en Pologne, aux changements que l'on sait. Les protes
tants y sont trop peu nombreux, à peine 100 000, et ils ne passent sans
doute pas tout à fait pour des Polonais authentiques.
Il n'en va évidemment pas de même en République Démocratique All
emande. Et pourtant, ce n'est qu'après plusieurs années de tâtonnements
que la Fédération des Églises Protestantes de RDA a fini par trouver le
ton juste et la bonne mesure pour intervenir de façon positive au sein de la
vie publique du pays. Il est vrai que ces Églises avaient à assumer le poids
d'un passé au cours duquel, pendant des siècles, elles avaient sans doute
un peu trop volontiers servi le Prince électeur de Brandebourg, le Roi de
Prusse, puis l'Empereur d'Allemange. Ce qui, d'une part, ne leur donnait
pas très bonne conscience rétrospectivement et, d'autre part, semblait
autoriser le nouveau régime à exiger qu'elle se tiennent désormais sur une
prudente réserve. Mais, grâce à une réflexion théologique en profondeur
et au choix d'une collaboration critique avec les forces qui constituaient
désormais la réalité sociale et politique de la RDA, les Églises protestantes
ont réussi à devenir pratiquement le seul espace de liberté réelle dans ce
pays et l'un des lieux où se sont organisées les forces qui devaient provo
quer les récents changements.
Lorsqu'on écrira plus tard l'histoire du grand dégel des pays de l'Est,
on découvrira sans doute des éléments analogues, avec des dosages diffé
rents, dans d'autres pays. En Hongrie, la présence d'une importante
minorité réformée a probablement contribué à favoriser l'évolution
rapide de ce pays. En Tchécoslovaquie, seuls quelques éléments minorit
aires, dans un protestantisme lui-même assez faible (et notamment
l'Église des Frères), ont participé au mouvement ; mais les nouvelles
structures politiques ont reconnu ce rôle en faisant de Josef Hromadka,
président synodal de l'Église de Frères Tchèques, le vice-premier ministre
chargé de la culture et des cultes. Enfin, on sait bien que l'improbable
Révolution roumaine de Décembre 89 a trouvé son détonateur dans la
révolte de Timisoara (Temeszvàr), elle-même déclenchée par la persécu
tion organisée contre la minorité hongroise réformée de Transylvanie. Ce
n'est donc peut-être pas en vain, après tout, que la réflexion théologique
des réformés s'est dévoloppée traditionnellement autour de la notion de
« souveraineté de Jésus-Christ », plus mobilisante, en l'occurrence, que
la doctrine luthérienne dite « des deux règnes ».
Il est plus malaisé de discerner le rôle qu'ont pu avoir les diverses Égli
ses orthodoxes dans les événements de ces derniers mois ou dans le déve-
18 loppement des années qui viennent de s'écouler. On serait tenté de dire
qu'il a été presque nul, ou en tout cas fort discret. Cela peut s'expliquer
par une tradition séculaire de non ingérence dans les affaires d'Etat,
pourvu que le bien et les biens de l'Église soient respectés par un « tsar »
dont, quelle que soit sa couleur, on attend surtout qu'il agisse comme
protecteur de la sainte Église. Il semble bien qu'après une période plus ou
moins longue d'affrontements, selon les pays, les Églises orthodoxes se
soient accommodées de la coexistence avec les nouvelles autorités, et
même qu'elle en aient tiré quelques avantages, fût-ce en échange de décla
rations soigneusement étudiées ainsi que du choix judicieux — et peut-
être suggéré — de leurs évêques et de leurs patriarches... Il est certain que
tout ceci n'a pas toujours facilité le travail du Conseil œcuménique des
Églises (COE) dans son analyse de la situation à l'Est et dans ses prises de
position, étant donné la place importante qu'y occupent les Église ortho
doxes. Jusqu'à ces derniers mois, le COE a, lui aussi, observé une remar
quable discrétion dans ce domaine, y compris pour ce qui était de la situa
tion en Roumanie ; mais pouvait-il agir autrement ?
Et en URSS ?
Toujours est-il que, du même coup, on a peu évoqué le rôle des Églises
en URSS dans les processus de libéralisation qui se manifeste actuell
ement dans ce pays. Sans doute peut-on estimer, en effet, que ces Églises
— et notamment l'Église orthodoxe — n'ont pas été pour grand'chose
dans l'origine de ce processus. Mais actuellement elles en bénéficient,
comme bien d'autres groupes et corps sociaux et comme des millions
d'individus. L'Église orthodoxe redevient une puissance avec laquelle
n'importe quel pouvoir politique devra compter (mais a-t-elle vraiment
jamais cessé de l'être ?). Sa présence et son poids dans la société sont
manifestes, aussi bien par les foules qui fréquentent ses sanctuaires que
par un clergé qui n'a plus aucune tendance à la clandestinité, ou encore
par des bâtiments nombreux et superbement entretenus : dans des villes
où l'impression dominante est encore le laisse

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