Strasbourg et la Réforme française (octobre 1525-décembre 1526) - article ; n°35 ; vol.7, pg 139-160
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Strasbourg et la Réforme française (octobre 1525-décembre 1526) - article ; n°35 ; vol.7, pg 139-160

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1921 - Volume 7 - Numéro 35 - Pages 139-160
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1921
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. Clerval
Strasbourg et la Réforme française (octobre 1525-décembre
1526)
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 7. N°35, 1921. pp. 139-160.
Citer ce document / Cite this document :
Clerval A. Strasbourg et la Réforme française (octobre 1525-décembre 1526). In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome
7. N°35, 1921. pp. 139-160.
doi : 10.3406/rhef.1921.2179
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1921_num_7_35_2179et la RÉFORME FRANÇAISE STRASBOURG
OCTOBRE 1525-DÉGEMBRE 1526
I. Lefèvre d'Étaples et ses amis se réfugient à Strasbourg. — Leur
correspondance avec Briçonnet et Lesueur sur la réforme de la
ville. — Leurs travaux (octobre 1520-avril 1526).
IL Rappel par le roi François Ier et retour à la Cour des réfugiés stras-
bourgeois. Leur projet d'évangéliser la France (mars et avril 1526).
III. Impuissance de Marguerite de Navarre, Lefèvre, Roussel, Tous-
sain, Michel d'Arande et Farel à réaliser leurs projets d'évangélisa-
tion; leurs plaintes (avril-décembre 1526).
I
L' evangelisation du diocèse de Meaux, entreprise par
l'évêque Briçonnet, avec le concours de Lefèvre d'Étaples
et de ses amis, rencontrait l'opposition des religieux Cor
deliers de la ville. L'hostilité de la Sorbonne et les pour
suites que celle-ci engagea, de concert avec le Parlement,
contre les évangélistes de Meaux, amenèrent la dispersion
des principaux d'entre eux. Lefèvre d'Ëtaples et Gérard
Roussel, puis Michel d'Arande, se réfugièrent à Stras
bourg (1525), où, chassé de Metz, Guillaume Farel les
avait précédés. Celui-ci, au temps qu'il exerçait à Meaux,
les avait orientés vers le luthéranisme et, depuis deux
années qu'il était séparé d'eux, il les avait non seul
ement soutenus par ses lettres dans leurs idées et leurs
aspirations évangéliques, mais il les avait entraînés
dans l'orbite des novateurs strasbourgeois et suisses,
et surtout de Zwingli et d'Œcolampade. Il avait pour
sa bonne part fait dévier leur mouvement initial par les
infiltrations exotiques qu'il leur avait suggérées. Il allait
encore exercer sur eux une influence profonde.
Strasbourg, gagné récemment au protestantisme par
Capiton et Bucer, l'un et l'autre Alsaciens, était à cette
époque « le refuge de tous les frères exilés » *. C'était là
1. Voir les Débuts de la Réforme à Strasbourg (1520-1524), par Rod.
Reuss (Bull, de la Soc. du Protestantisme français, an. 1917, p. 232-261). REVUE D'HISTOIRE DE i/ÊGLISE DE FRANCE • 140
que venaient tous ceux qui étaient chassés de quelque
endroit; c'est de là «qu'ils repartaient pour le ministère
du Verbe. Les principaux docteurs de la vieille cité
rhénane : Wolfgang Kœpfîel, plus souvent désigné sous
le nom de Capiton, Gaspard Heyd (Hédion) d'Ettlingen
Cette ville, où la réforme catholique avait été propagée puissamment
par le grand prédicateur populaire Geyler de Kaysersberg (1445-1510),
par le syndic Sébastien Brant (1458-1521), auteur du fameux poème
moral, la Nef des Fous (1494), par le grand éducateur Jacques Wimphe-
ling (1450-1528), plus récemment par le franciscain Thomas Murner,
avait subi fortement l'influence de Luther, grâce aux brochures ve
nant de Wittemberg ou sortant secrètement des nombreuses impri
meries du pays, grâce aussi aux prédications du nouveau curé et pré
dicateur de Saint-Laurent, Mathias Zell, qui dès 1521 prêche le « pur
Evangile ». Soutenu contre l'évêque par le magistrat et ouvertement par
une certaine partie du populaire, Zell avait été secondé par Sympho-
rien Pollion, Thiébaut Schartz, Antoine Firn, et à partir de 1523 par
les théologiens Capiton, Bucer et Hédion. Le magistrat se déclara
officiellement le 1er décembre 1523 en défendant à tous les prédica
teurs de Strasbourg de ne plus prêcher librement et publiquement
que le pur Évangile, ce qu'avait fait le Conseil de Berne, le 15 juin 1523.
Il fut maintenu dans cette voie à partir de 1524 par le stettmeister
Jacques Sturm, qui, jusqu'à sa mort en 1553, ne cessa d'orienter la
ville dans le sens des théologiens allemands et suisses, et de soutenir
les nouveaux prédicateurs réformés contre l'évêque et le chapitre.
Il y eut bientôt des rixes entre les catholiques» et les novateurs, où le
magistrat, tout en louvoyant, finissait par donner tort aux premiers.
Profitant d'une émeute vulgaire contre le provincial des Franciscains
Conrad Trœger et contre plusieurs couvents, il ordonna le 12 mars 1524
de dresser un inventaire complet de tous les meubles et immeubles de
tous les couvents strasbourgeois. Une autre fois, il voulut exiger de les chapitres, sauf du grand chapitre de la cathédrale, un serment
de fidélité contraire à leurs droits séculaires, et ceux des chanoines qui
voulurent s'y soustraire par la fuite furent rattrapés par des mercen
aires, emprisonnés et condamnés à postuler le droit de bourgeoisie,
sous peine d'amende et d'expulsion du territoire, 1er janvier 1525.
A plusieurs reprises, le populaire, spécialement des jardiniers de
Sainte-Aurélie, à la suite de prédications de Bucer ou de Hédion contre
les superstitions papistes, en 1524, se livrèrent à des actes iconoclastes
contre les crucifix, les tableaux, les statues, les reliques. Si le magis
trat en emprisonne quelques-uns pour la forme, il fait enterrer lui-
même, de nuit, les images, les reliquaires, les tabernacles, et désavoue
mollement les bandes qui vont commettre les mêmes excès dans les
environs. Il laisse introduire, comme prédicateurs, malgré les chapitres,
Bucer, Schwartz et Capiton. Il accepte les liturgies allemandes que
ceux-ci introduisent. Après l'abolition de la liturgie latine, il permet STRASBOURG ET LA REFORME FRANÇAISE 141
et Martin Bucer étaient connus des gens de Meaux, au
moins par leurs écrits. Le comte Sigismond de Hohen-
lohe 1, doyen du chapitre, était un correspondant de
Marguerite, sœur de François Ier. Beatus Rhenanus,
chez Schùrer, y avait plus d'une fois parlé de Lefèvre.
Jacque Sturm, jadis, lui avait adressé ses salutations.
Lefèvre et Roussel arrivèrent à Strasbourg entre le 17
et le 28 octobre 1525 et descendirent chez Capiton, où se
trouvaient déjà Jean Vedaste de Lille et Simon de Tournai,
le juif converti 2. Michel d'Arande, qui venait de Lyon,
n'habitait pas loin. Ils formaient autour de leur hôte,
avec Farel et Lambert, émigrés de Metz, avec Corneille
Agrippa, qui, de dépit pour une pension qu'on lui refusait,
avait quitté Lyon et la cour de Savoie, une sorte de
concile des réformateurs français réunis à ceux de
l'étranger.
Dès leur arrivée à Strasbourg, les réfugiés de Meaux
trouvèrent un puissant protecteur dans la personne du
comte Sigismond de Hohenlohe. Sur leur conseil, celui-ci
écrivit à la princesse Marguerite des lettres qui la tou
chèrent fort, à propos de la captivité du roi. L'une d'elles
lui parvint en Espagne, l'autre à son retour près de sa
mère. En répondant au comte, dès le 15 décembre, elle
lui envoya des secours pour ses amis exilés. Elle transmit
aussi 20 écus d'or à Corneille Agrippa, en compensation
de la pension comme médecin qu'il avait en vain attendue
de sa mère. Hohenlohe, en la remerciant du secours
la lecture de la Bible en allemand ; les messes même dites en allemand
sont supprimées et remplacées par des prières, des chants, le symbole
des apôtres, la cène, le tout en allemand. On chante les cantiques de
Luther ; les sermons, le dimanche, abondent et même chaque jour.
Antoine Firn, Mathias Zell, Bucer, Capiton, en tout sept clercs, se
marient.
Telle était, en 1524, la situation qui n'avait fait que se développer
en 1525, lorsque les évangélistes de Meaux vinrent y chercher un re
fuge. Cf. Revue iïhist. de V Église de France, t. VI (1920), p. 575.
1. Sigismond, doyen du grand chapitre de la cathédrale de Strasbourg,
venait d'écrire en 1525 le Livret de la croix, appel à peine déguisé au
clergé du chœur en faveur de la Réforme. Taxé d'hérésie par ses confrères,
il dut

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