Un vétéran chrétien de Madaure - article ; n°2 ; vol.63, pg 142-149
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1919 - Volume 63 - Numéro 2 - Pages 142-149
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1919
Nombre de lectures 33
Langue Français

Extrait

Paul Monceaux
Un vétéran chrétien de Madaure
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 63e année, N. 2, 1919. pp. 142-
149.
Citer ce document / Cite this document :
Monceaux Paul. Un vétéran chrétien de Madaure. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, 63e année, N. 2, 1919. pp. 142-149.
doi : 10.3406/crai.1919.74125
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1919_num_63_2_74125142 t > VÉTIÎIIAN CHRÉTIEN DE MADAUHE
Ur il se trouve que les systèmes astrologiques de ΓΑη-
tiquité ont (ixé le domicile de Vénus dans le signe zodiacal
du Taureau 1 .
Et, d'autre part, nous savons pertinemment que Vénus
était la divinité protectrice de la famille Julia 2.
Toutes ces notions s enchaînent suffisamment pour nous
autoriser k penser que le type monétaire du taureau conven
ait particulièrement à l'empereur Auguste,, d'abord parce
que cette représentation rappelait l'antique Thurium, et
ensuite parce qu'elle avait une signification astrologique
comparable à celle du Capricorne.
IN VÉTÉRAN CHRÉTIEN DE MADAL'RE,
l'A H M. PAUL MONCEAUX, MEMBRE DE l'aCADÉMIE.
J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie une inscrip
tion inédite de Mdaourouch (Madauros), qui a été décou
verte 1 été dernier (mai 1918) par M. Joly, au cours des
fouilles que poursuit en cette localité le Service des Monu
ments historiques de l'Algérie.
En déblayant les ruines du théâtre, on y a trouvé une
table de pierre, fort bien conservée, qui est aujourd'hui
encastrée dans un mur devant l'agence des fouilles. C'est
1. A. Bouclié-Leclereq, op. cil., p. 184; cf. j). 133 et 13Ί. Un texte de
saint Athanase est conforme à ces renseignements ihid., p. 616, n. 2).
Cf. v. Domaszewski. Die Thierbilder der Signn, dans les Archtvologisch-
Epig ruphische Miliheilungen aus OEsterreich-Ungarn, t. XV, 1892, p. 187.
i. On sait que cette famille passait pour descendre de Julus ou Asca^ne.
qui était fils de Vénus et d Anchise et qui serait venu fonder Albe, après
la ruine de Troie. La Venus genelrix est représentée sur plusieurs monn
aies de Jules César. D'autre part, le signe zodiacal de la balance était lié
aussi au thème astrologique d'Auguste (A. Bouché-Leclercq, op. cit..
p. 369, n. 1). Or nous savons que Vénus est représentée quelquefois avec
des balances comme attribut M. S. Reinach l'a rappelé, il y a peu
d'années^ . VÉTÉKAN CHRÉTIEN DE MADAURE Ι ΪΆ UN
une mensa, d'un type fort à la mode dans le pays numide
et les régions voisines : une table rectangulaire, longue de
1"' 02, large de 0m 76. Sur la face supérieure, un grand
cadre rectangulaire. Dans chacun des angles, l'image d'un
ustensile ou un symbole : à gauche, en haut, une patère à
manche ; en bas, une aiguière ; à droite, un rameau et un
plat. Dans le cadre, qu'elle remplit presque en entier, une
inscription de dix lignes, en lettres hautes de ()'" 01. Au-
dessous de l'inscription, un monogramme constantinien.
Copie de M. Gsell.
Patùre UETERANORUM MEMORIA FELIX Rameau
à manche CAEClLl AEMlLlANI CONTINENS
NOMEN QUEM PRIMEUUM LE
GIONI TERTIE AUGUSTE MlLlTIA PROBATUM
DEDIT IUUENTAS QUEM POSLABOREM UIRTUTIS
HONESTA MISSiONE MERITUM AD FELiCÎS AI ///////
ANNOS PROUEXIT SENECTUS CATOLiCE LEGIFOE
LlSSIMA MENTE INSERUIENS UIXIT AN
NIS îxxxill IN PACE
Aif?uièrc FIDELIS VP> Pkt
Feteranorum memoria Jelix,
Caecili /Emiliani continens nomen.
Ouem prim(a)evum Legioni Terti(a)e Augusl(a)e mililia proha-
tum dédit juventas.'
Quem, pos(f) laborem virliUis, honesta missione me'riliun, ad feli-
ces aè\J,atis\ annoi provixit seneclus.
CcLt(Jj)oHc(jt)e Legi j(i)delissima mente interviens,
vixit annis LXXX1II in pace fidelis.
Comme on le voit, la nouvelle mensa porte l'épitaphe
d'un vétéran chrétien, nommé Caecilius /Emilianus, qui 1 Ν VÉTÉRAN CHRÉTIEN OE MADALRE 144
depuis sa première jeunesse avait servi dans la troisième
légion Auguste, et qui, après avoir reçu son congé en
règle, s'était retiré à Madauros,où il mourut à quatre-vingt-
trois ans dans la foi catholique. D'après le monogramme
constantinien qui termine l'inscription, l'épitaphe est du
ive siècle : ce que confirment pleinement l'aspect de la
mensa. la paléographie et les formules.
Ligne 1 . — Memoria était alors, chez les chrétiens
d'Afrique, le terme propre pour désigner un tombeau. Il
s'agit probablement, comme nous le verrons, d'un tombeau
commun de vétérans. — Le mot felix, qui grammaticale
ment se rapporte à memoria, mais qui pour le sens doit
être rapproché de veteranorum, paraît viser la situation pri
vilégiée des vétérans, leur vieillesse protégée par la loi et
honorée de tous. Notons que des inscriptions de Lambèse
attestent l'existence, dans cette ville, dune « Curia
Hadriana felix veteranorum » (C. I. L., VIII, 18214 et
18234).
Ligne 3. — Nomen est vraisemblablement ici l'équiva
lent de corpus. Déjà chez les auteurs païens, et dès le
temps d'Auguste, le mot est employé souvent dans le sens
de « personne » ou de « peuple ». Au ive siècle, chez les
chrétiens d'Afrique, nomen, nomina, est le terme courant
pour désigner les reliques des martyrs. Nous saisissons la
transition dans la nouvelle épitaphe, où le corps d'un fidèle
quelconque est appelé nomen.
Ligne 4. — Prohatus est un terme technique·: dans la
langue militaire, il désignait alors le conscrit admis par le
conseil de révision, déclaré bon pour le service, de même
que, chez les chrétiens du temps, il désignait le martyr
dûment canonisé après enquête, le saint honoré par l'Église
d'un culte régulier. — La construction militia prohatum
est anormale : on doit comprendre militiae ou ad militiam
probatum. — La Legio tertia Augusta, où servait Caecilius
^milianus, est la célèbre légion d'Afrique, qui était can
tonnée au camp de Lambèse. UN VÉTÉRAN CHRÉTIEN JJK MADAi RE 1 ί-Ο
Ligne 6. — ■ Honesta missione meritum. Encore une con
struction anormale. On peut comprendre, soit honesta(m)
missionem meritum (ayant obtenu son congé), soit honesta
missione felices annos (ayant mérité son bonheur
par son congé honorable), soit honesta missione (e)rne-
ritum. — Felices est évidemment en rapport avec le felix
de la première ligne : c'est une nouvelle allusion aux pri
vilèges des vétérans. — La fin de la ligne est fruste. Nous
restituons ad felices ae[talis\ annos, quoique le mot ae[tatis]
semble un peu long pour la lacune. Peut-être faut-il, avec
M. Gsell, lire ae[vi\, qui a pourtant le défaut d'être un terme
poétique, peu familier aux rédacteurs d'épitaphes en prose.
Ligne 7. — Pour la transcription du document, la ponc
tuation présente ici une difficulté. Faut-il couper la lecture
et placer le point avant catholicae ou après inserviens ?
Autrement dit, faut -il rattacher inserviens à senectus ou
au sujet de vixit ? La seconde solution nous semble préfé
rable. Avant senectus, la carrière du soldat ; dans le reste
de l'épitaphe, les mérites du chrétien. — Noter l'emploi du
mot Legi avec le sens de religioni ou fidei. Ordinairement,
chez les chrétiens du temps, Lex désigne la Loi ancienne,
le judaïsme antérieur au Christ. Cependant, on disait sou
vent Lex Christi.
Lignes 8-10. — La formule finale était alors d'un usage
courant k Carthage ; et on l'a déjà rencontrée à Madaure.
On doit remarquer cependant que l'ordre des mots est ici
modifié. La construction ordinaire était : fidelis in pace
vixit annis N. Dans l'interversion que nous constatons ici,
on peut supposer une intention : le rédacteur, qui voulait
insister sur la foi catholique du vétéran, aura tenu à te
rminer par in pace fidelis. D'ailleurs, comme le mot fidelis
précède immédiatement le monogramme, peut-être faut-il
lire : fidelis (Christo).
En dehors de tous les détails curieux qu'elle contient,
lOld 10 Ι .Ν νΚΊ'ΕΙίΛΝ CHRÉTIEN 1)K MADALIiK 146
cette épitaphedun vétéran de Madaure est particulièrement
intéressa

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