15 - Une prospective stratégique pour Marseille - article ; n°1 ; vol.17, pg 277-292
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Description

Annuaire des collectivités locales - Année 1997 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 277-292
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Priscilla De Roo
15 - Une prospective stratégique pour Marseille
In: Annuaire des collectivités locales. Tome 17, 1997. pp. 277-292.
Citer ce document / Cite this document :
De Roo Priscilla. 15 - Une prospective stratégique pour Marseille. In: Annuaire des collectivités locales. Tome 17, 1997. pp.
277-292.
doi : 10.3406/coloc.1997.1263
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/coloc_0291-4700_1997_num_17_1_1263UNE POUR PROSPECTIVE MARSEILLE STRATÉGIQUE
15
Priscilla DE ROO
I. L'AMENAGEMENT DE L'AIRE METROPOLITAINE : CHANGER
DE MÉTHODE
1. Un défi national
Après deux décennies de révolution silencieuse, l'aire métropolitaine mars
eillaise est aujourd'hui inscrite comme urgence nationale sur l'agenda de l'aménage
ment du territoire.
Le laboratoire marseillais représente d'abord un défi social qui appelle la soli
darité de la Nation toute entière : tous les indicateurs montrent que le département des
Bouches-du-Rhône est déchiré par des inégalités sociales particulièrement profondes.
La morphologie spatiale de ces inégalités est atypique. Le département a placé en son
coeur, sur une zone continue reliant les quartiers du centre et du nord de Marseille, un
véritable «trou noir» social, pâtissant d'un taux de chômage de plus de 30 % qui touche
environ 300 000 personnes, soit l'équivalent de la population de Montpellier. La comp
acité et la centralité de cette exclusion sociale en fait donc un cas unique en France.
Agir sur cette forme d'inégalité massive implique de se dégager de la seule logique de
l'assistance pour s'engager dans un processus de rénovation économique. C'est pour
quoi le laboratoire marseillais représente un défi économique et géostratégique
majeur. La conversion des processus de l'exclusion en processus dynamique de créa
tion d'emplois suppose d'inventer un modèle de sortie de crise adapté aux spécificités
historiques et à la morphologie particulière du territoire économique marseillais.
Fonder une stratégie économique sur la valorisation des échanges, que ce soient les
échanges avec l'intérieur continental ou les échanges internationaux via la place por
tuaire constitue la seule ambition crédible. Cet axe de développement prioritaire permet
seul d'apprivoiser la valeur ajoutée nouvellement générée au profit de l'espace local
tout en offrant une fenêtre internationale au sud dont la France ne saurait se passer.
2. De la planification spatiale à V organisation d'un système métropolitain
Valoriser la fonction d'échanges de la place marseillaise suppose une stratégie
d'ouverture maîtrisée localement. Or, les politiques publiques menées depuis vingt ans
ont réduit la question du développement à l'aménagement d'une aire géographique,
l'aire métropolitaine. Ce faisant, elles ont enfermé la question de la dynamique de l'em
ploi à la répartition spatiale de l'emploi à l'intérieur des frontières de l'aire métropo-
277 UNE PROSPECTIVE STRATÉGIQUE POUR MARSEILLE 15
litaine. De ce point de vue, le laboratoire marseillais représente aussi un défi d'orga
nisation territoriale majeur. L'application du SDAU de 1969 a façonné une aire métro
politaine étale, aux pôles d'habitat et d'emploi disséminés, régie par une mosaïque
d'institutions communales et tenant difficilement son rang de métropole d'équilibre de
Paris. Elle n'a pas conduit à l'émergence d'une métropole au sens fonctionnel du
terme, c'est-à-dire d'un milieu suffisamment ouvert et maillé, dense en relations
internes et externes, capable de faire masse et déjouer d'effets de levier pour gérer posi
tivement son adaptation à la globalisation des échanges des années 80. La mise à niveau
fonctionnelle de l'unité métropolitaine en conformité avec son échelle de fonctionne
ment spatial apparaît donc prioritaire. Cela implique l'organisation d'un véritable
système métropolitain qui va bien au delà de la planification spatiale.
3. Une prospective stratégique
Les politiques publiques sont donc conduites à changer de méthode pour agir
sur la dynamisation de la globalité métropolitaine. Il ne s'agit pas tant de changer
d'échelle : par essence, une métropole est un espace flou et sa caractéristique d'ouvert
ure la fait fonctionner à géométrie variable. De plus, l'espace des Bouches-du-Rhône
constitue aujourd'hui objectivement le noyau dur du système métropolitain, l'ensemble
éclaté dont il faut ramasser les fonctions, le minimum territoire commun à organiser
à l'échelle nationale et européenne. La métropole fonctionne aussi sur d'autres échelles
et il importe de définir précisément son positionnement sur quelques unes d'entre elles,
en particulier le grand delta français (Lyon-Perpignan-Nice), l'arc latin européen et
l'échelle internationale de son port.
Tout ceci implique une projection raisonnée dans l'avenir et la définition d'une
stratégie territoriale. La prospective est nécessaire pour situer la métropole dans le
cadre ouvert des grandes mutations économiques et spatiales à l'oeuvre dans le monde.
Puis, une stratégie de métropole suppose des objectifs économiques et sociaux définis,
le choix pour un mode de développement, une lisibilité du projet par l'extérieur. Les
outils ne sont qu'au service des choix stratégiques : institutions, planification spatiale,
articulation des politiques publiques, cohérence de l'État. Plus que tout, la mise au point
d'une stratégie territoriale signifie pour les acteurs internes à la métropole marseillaise
(acteurs économiques, collectivités territoriales) de se mettre en situation de négocier
un avenir commun. Changer de méthode pour aborder le futur métropolitain, cela signi
fie en fait passer de l'aménagement décrété à une stratégie territoriale négociée.
Encore faut-il pour cela changer de regard pour comprendre les dysfonctionne
ments à l'oeuvre dans l'aire métropolitaine marseillaise et inverser les processus.
II. L'AMENAGEMENT DE L'AIRE METROPOLITAINE : CHANGER
DE REGARD
1. Marseille enclavée
II est courant de résumer le fonctionnement de l'aire métropolitaine marseillaise
par la dualité entre Marseille et le reste du département des Bouches-du-Rhône. L'image
278 UNE PROSPECTIVE STRATÉGIQUE POUR MARSEILLE 15
géographique de Marseille enfermée dans sa ceinture de collines calcaires est souvent
avancée pour expliquer la crise marseillaise, l'autonomie extra-territoriale de la ville-
port, sa situation excentrée par rapport au territoire national (Marseille cul-de-sac), son
vieil esprit municipal et son refus de l'intercommunalité, enfin, son identité méditerra
néenne distincte de l'identité provençale du territoire de 1' «intérieur». Par son manque
d'ouverture dû pour un large part à un enfermement physique qui réagirait sur la ment
alité de ses entrepreneurs et de ses dirigeants politiques, le système économique mars
eillais du commerce industriel qui avait fait sa puissance n'est considéré que comme
une économie de comptoir peu conforme à la modernité. Il serait inexorablement voué
au déclin, alors que les pôles anciens (Aix, Arles, Martigues) et les espaces nouveaux de
son pourtour (Étang de Berre) se seraient renouvelés, auraient réussi leur conversion
économique et seraient amenés à accueillir naturellement des industries de haute tech
nologie, donc de nouvelles catégories sociales et d'emploi. La crise portuaire et démo
graphique marseillaise s'opposerait ainsi au dynamisme industriel et résidentiel du
reste du département.
Cette métaphore est non seulement invérifiable scientifiquement, mais elle est
aussi porteuse d'une impasse stratégique, qui n'est pas dénuée d'arrières-pensées poli
tiques. D'abord, le fait de privilégier le découpage communal dans l'arsenal statistique
conduit à comparer Marseille comme un tout avec les autres 118 communes du dépar
tement, à lisser sa situation économique et sociale autour d'une moyenne, et à ignorer
ses différenciations internes, que celles-ci soient positives ou n

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