Un exemple de décentralisation industrielle : la dispersion des usines de « La Radiotechnique » à l Ouest de Paris  - article ; n°390 ; vol.72, pg 148-161
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Un exemple de décentralisation industrielle : la dispersion des usines de « La Radiotechnique » à l'Ouest de Paris - article ; n°390 ; vol.72, pg 148-161

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Description

Annales de Géographie - Année 1963 - Volume 72 - Numéro 390 - Pages 148-161
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 71
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claude Parry
Un exemple de décentralisation industrielle : la dispersion des
usines de « La Radiotechnique » à l'Ouest de Paris
In: Annales de Géographie. 1963, t. 72, n°390. pp. 148-161.
Citer ce document / Cite this document :
Parry Claude. Un exemple de décentralisation industrielle : la dispersion des usines de « La Radiotechnique » à l'Ouest de
Paris . In: Annales de Géographie. 1963, t. 72, n°390. pp. 148-161.
doi : 10.3406/geo.1963.16372
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1963_num_72_390_16372Un exemple de décentralisation industrielle :
la dispersion des usines
de « La Radiotechnique » à l'Ouest de Paris
par Claude Parry
Les industries qui acceptent le plus aisément de disperser leurs établi
ssements sont celles pour qui les transports, quelle que soit leur nature, n'inte
rviennent pas dans les servitudes de l'exploitation et qui ont la chance de trou
ver en province les conditions de recrutement de main-d'œuvre correspondant
à leurs besoins et à leur politique sociale. Mais les différentes liaisons avec les
organismes de direction, et les centres de recherche, réduisent le rayon de
décentralisation autour de Paris ou des gros centres urbains et industriels
comme Lyon ou Grenoble. La Radiotechnique, inspirée par l'exemple de la
politique de géographie industrielle de son associé néerlandais, Philips,
a essaimé à l'Ouest de Paris dans un rayon de 200 km environ. Les consé
quences pour l'entreprise et pour les villes où elle a implanté ses établi
ssements éclairent le problème de la décentralisation industrielle et font
apparaître sa complexité quand on aborde le concret.
Fondée en 1919 pour la fabrication des tubes de T. S. F. destinés au
marché professionnel et au marché grand public, étendant dès 1921 son
activité au domaine des postes de radio, La Radiotechnique assurait dans son
usine de Suresnes, en 1951, la moitié de la production française des tubes de
réception et 30 à 40 p. 100 des récepteurs de T.S.F. Par le contrat d'assistance
technique qui la liait avec Philips depuis 1931, par la place qu'elle tenait en
France dans le domaine de la radioélectricité, la Société possédait donc
l'assise financière, technique et commerciale indispensable quand se sont
ouverts en France le marché de la télévision et, plus récemment, le secteur,
désormais fondamental, de l'électronique industrielle. Cette nouvelle phase
est marquée par la réalisation d'une gamme d'opérations financières (aug
mentation du capital, participations), par des progrès techniques nécessitant
le recrutement et la formation des cadres et des techniciens et, surtout, par
l'éclatement géographique des fabrications. 150 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
A l'usine de Suresnes (2 500 personnes) s'ajoute en effet presque chaque
année une usine nouvelle (fig. 1) :
1953 Chartres. Tubes électroniques ... 1 147 personnes employées au 1/12/1960 ;
1954 Rambouillet. Récepteurs de radio
et de télévision 842 — — —
1955 Évreux. Coprim, Composants
électroniques 951 — — —
1956 Dreux. Téléviseurs et tubes
cathodiques 1 242 — — —
1956 Nogent-le-Rotrou. Pièces
chées 592 — — —
1957 Caen. Semi-conducteurs 1 480 — — —
En outre, dès 1959, La Radiotechnique s'est assurée 20 p. 100 de parti
cipations dans la COGECO, dont les usines de Tours et de Joué-les-Tours
fabriquent des condensateurs.
Il s'agit donc là d'une opération rapide, dont il est nécessaire de connaître
les causes et les aspects. Portant sur un cinquième des emplois créés par
l'industrie électronique en province, on se doute qu'une telle mutation ne
s'est pas faite sans difficultés et ne va pas sans poser des problèmes à l'entre
prise. Actuellement, en fin d'opération, il commence à être possible de déga
ger les premiers effets de cette décentralisation sur les migrations et les acti
vités des villes qui ont accueilli les usines provinciales.
Cet essaimage en province peut être défini comme une décentralisation
groupée vers l'Ouest du Bassin Parisien, en un réseau d'usines à grand
gabarit commandé par Suresnes.
La première usine de la banlieue parisienne ne pouvait assurer seule la
production en grande série des fabrications nouvelles et devenait même
incapable d'assurer le développement des activités traditionnelles. Celles-ci,
en effet, se trouvaient stimulées par les premières : un téléviseur comporte
une vingtaine de tubes et près de 1 500 éléments ; le transistor redonnait vie
à la production des postes de radio qui commençait à décliner. Elles étaient
profondément transformées aussi : les progrès réalisés dans les tubes, la
découverte et la fabrication des semi-conducteurs, en permettant d'obtenir
des composants moins encombrants, de qualité plus grande, à prix de
revient réduit, hissaient le matériel grand public au niveau des caractéris
tiques de qualité et de sécurité jusque-là réservé au matériel professionnel.
L'usine de Suresnes devenait donc un outil trop étroit et inadapté.
La seule extension possible était verticale : la construction d'étages fut
autorisée, mais celle de passerelles de jonction au-dessus de la rue Garnot fut
refusée. D'autre part, il n'était pas possible de libérer les planchers industriels
des petites et moyennes séries en les confiant à des sous-traitants. En effet
l'époque semble révolue de l'industrie électronique où les grandes entreprises LA DÉCENTRALISATION INDUSTRIELLE 151
laissaient les petites prendre les risques des fabrications pionnières, car de gros
investissements sont désormais nécessaires à la recherche et à la mise au
point de productions nouvelles ; La Radiotechnique participe avec deux autres
sociétés à la fondation de la GOGEGO parce que les condensateurs fabriqués
par les petits et moyens producteurs sont trop chers et de mauvaise qualité ;
quand elle a abandonné les séries peu importantes de l'appareillage ménager
et de la musique, c'est à ses partenaires du Marché Commun qu'elle les a
confiées en échange des modèles qu'ils fabriquaient en petite série et qu'elle
peut, elle, fabriquer en grande série. La décentralisation des fabrications, à
l'inverse de ce qui se passe dans la région lyonnaise, ne s'est donc pas doublée
d'un essaimage professionnel. La tendance actuelle 'est à l'intégration : La
Radiotechnique finance les frais de recherche et de petit outillage du domaine
des pièces détachées par les grandes séries d'Évreux et de Nogent ; ces
séries sont supérieures aux besoins, mais les excédents sont vendus à la
concurrence ou exportés. Pour ces produits essentiels, La Radiotechnique se
trouve donc être, par voie de conséquence, plus indépendante vis-à-vis du
réseau traditionnel de fournisseurs et de sous-traitants parisiens.
De même, l'industrie électronique dépend si étroitement de la science et
des progrès techniques en évolution continuelle, qu'elle doit avoir une faculté
d'adaptation instantanée aux besoins nouveaux qu'elle doit tout à la fois
prévoir et susciter. L'orientation et la transformation d'une production, le
renouvellement d'un matériel que l'on considère comme dépassé au bout de
4 à 5 ans sont grandement facilités lorsque la production est fractionnée en
plusieurs usines rassemblant chacune des types bien définis de séries stabil
isées et soigneusement mises au point. Bien plus pressante que la législa
tion actuelle, la première contrainte a été celle du manque d'espace. Les
premières usines décentralisées sont d'ailleurs antérieures aux décrets de
1955.
A vrai dire, on aurait pu construire les premières usines à proximité de
l'agglomération parisienne : les grands ensembles de Flins, Nanterre et
Poissy sont contemporains de la mise en route de l'usine de Chartres. Si une
hésitation a été marquée avec Rambouillet, au reste à mi-distance entre
Chartres et Suresnes, les avantages de la province ont vite été aperçus :
climat social meilleur, prix des terrains industriels, salaires moins élevés,
puis, plus tard, dégr

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