Aide à l autonomie : AUTONOMIE, PRISE en CHARGE de la DÉPENDANCE
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Aide à l'autonomie : AUTONOMIE, PRISE en CHARGE de la DÉPENDANCE

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2- AUTONOMIE, PRISE en CHARGE de la DÉPENDANCE On juge du développement humain d'une société, aux mesures qu'elle met en place dans les domaines de la santé, de l'éducation, de la culture, de la prise en charge de la dépendance et du maintien de l'autonomie au même titre qu'elle veille à la satisfaction des autres besoins vitaux de chacun. Des mesures pérennes, pour tous, dans le cadre de la solidarité sont seules susceptibles d'assurer l'égalité. L'allongement de l'espérance de vie est une bonne nouvelle, d'autant que l'espérance de vie en bonne santé croît encore plus. À quatre-vingts ans, 80 % des personnes sont en bonne santé. L'immense majorité des personnes âgées vit au domicile personnel (dont 73 % des plus de 90 ans). L'immense majorité des personnes âgées va bien! Il y a cependant 1,2 million de personnes âgées fragilisées. Un peu plus de 50 % vivent au domicile personnel et un peu moins de 50 % en EHPAD ou USLD. La société doit les aider dans le cadre solidaire de l'Assurance Maladie et des autres branches de la Sécurité Sociale. Cette aide ne constituerait d'ailleurs pas un coût puisqu'elle se traduirait par des créations d'emplois de personnels médicaux, paramédicaux, auxiliaires de vie, assistants sociaux … et donc sera financée en partie par des transferts d'indemnités et aides diverses, vers des salaires. Cette aide doit bénéficier à toute personne, quel que soit son âge, quelle que soit la cause de la perte d'autonomie: ce qui ...

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Publié le 27 novembre 2011
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Langue Français

Extrait

2-
AUTONOMIE, PRISE en CHARGE de la DÉPENDANCE
On juge du développement humain d'une société, aux mesures qu'elle met en
place dans les domaines de la santé, de l'éducation, de la culture, de la prise en charge
de la dépendance et du maintien de l'autonomie au même titre qu'elle veille à la
satisfaction des autres besoins vitaux de chacun. Des mesures pérennes, pour tous,
dans le cadre de la solidarité sont seules susceptibles d'assurer l'égalité.
L'allongement de l'espérance de vie est une bonne nouvelle, d'autant que
l'espérance de vie en bonne santé croît encore plus. À quatre-vingts ans, 80 % des
personnes sont en bonne santé. L'immense majorité des personnes âgées vit au
domicile personnel (dont 73 % des plus de 90 ans). L'immense majorité des personnes
âgées va bien!
Il y a cependant 1,2 million de personnes âgées fragilisées. Un peu plus de 50
% vivent au domicile personnel et un peu moins de 50 % en EHPAD ou USLD. La
société doit les aider dans le cadre solidaire de l'Assurance Maladie et des autres
branches de la Sécurité Sociale. Cette aide ne constituerait d'ailleurs pas un coût
puisqu'elle se traduirait par des créations d'emplois de personnels médicaux,
paramédicaux, auxiliaires de vie, assistants sociaux … et donc sera financée en partie
par des transferts d'indemnités et aides diverses, vers des salaires.
Cette aide doit bénéficier à toute personne, quel que soit son âge, quelle que
soit la cause de la perte d'autonomie: ce qui justifie l'égalité de traitement et la
solidarité.
Selon la DREES (février 2010 - enquête sur 2008), il y a en France:
238 100 personnes de moins de 60 ans et 123 000 de plus de 60 ans
très
dépendantes
.
Et, 980 000 personnes de moins de 60 ans et 2 061 000
de plus de 60
ans en autonomie modérée.
Au 31 décembre
2009, il y avait 1 136 000 bénéficiaires de l'APA (GIR 1, 2,
3, 4) dont 45 % en GIR 4. Le montant moyen de l'aide était de 498 euros par mois.
Les bénéficiaires vivent au domicile personnel pour 58 % d'entre eux et 24 % en
EHPAD.
Une remarque
: l'A P A dont bénéficient les GIR 4 et les aides aux GIR 5 et 6
sont des outils puissants de soutien au maintien au domicile personnel et de
prévention de maladies ou d'accidents. Les supprimer pour des raisons comptables, au
motif fallacieux de croissance exponentielle des dépenses, aurait à coup sûr un impact
sur les dépenses d'assurance maladie, sur les équipements collectifs, sur les
établissements d'accueil.
Les projections, 1,6 à 1,9 million d'A P A en 2020, 2 à 3 millions en 2040 sur
73 millions d'habitants, ne doivent pas induire la crainte de l'impossibilité de faire
face dans le futur.
Le coût de la dépendance des personnes âgées était, en 2009, de 22 milliards
d'euros, soit 1,1 % du PIB, dont 11 milliards supportés par l'Assurance Maladie.
L'APA représente 5,116 milliards d'euros (5,4 en 2010) dont 3,587 sont supportés par
les Conseils Généraux. Pour la Loire-Atlantique :
Plus de 60 ans 247 000 personnes
(20 % de la population)
Plus de 80 ans 155 000 personnes
8 177 bénéficiaires de l'A P A à domicile;
coût : 36,5 millions d'euros;
• 11 440 bénéficiaires de l'A P A en établissement ; coût : 46 millions d'euros.
Nombre de places en établissements : 14 245 (et 1 274 en voie d'ouverture).
Est-ce beaucoup? On sait que le PIB a doublé pendant les 25 dernières années
et qu'il doublera d'ici à 2050 : il y a de la marge!
Ceux qui nous gouvernent répètent à l'envi que l'on ne peut augmenter les
prélèvements obligatoires, lesquels seraient de 5,6 points supérieurs à ceux des autres
pays européens. Ils omettent de préciser que dans les autres pays comparables les
prélèvements "facultatifs" se traduisent par des versements effectifs conformément à
la législation ou aux négociations collectives employeurs/salariés.
Si l'on se réfère au Rapport produit par le Conseil des Prélèvements
Obligatoires dépendant de la Cour des Comptes, il y aurait quelque 172 milliards
d'euros de niches sociales, fiscales et de mesures particulières. Employés autrement,
ces milliards permettraient de faire face aux besoins et de combler les déficits que l'on
crée afin d'enrichir les créanciers déjà bénéficiaires de ces fameuses niches.
Rappelons aussi que depuis 1980, la part des salaires dans le PIB
a diminué
de 6 % au moins. Il y a là un gisement de ressources pour favoriser l'emploi et
combler bien des déficits.
Autant dire que les mesures envisagées par le pouvoir
(augmentation de la CSG sur les pensions, assurance privée obligatoire, recours sur
succession …) doivent être combattues pour des raisons de justice et de solidarité.
C'est la fiscalité qu'il faut démocratiser, mais aussi le dispositif des cotisations
sociales.
Supposons la question du financement réglée, encore faut-il que les moyens
existent pour faire face à la perte d'autonomie.
Tout d'abord, 90 % des personnes âgées résident dans leur domicile
personnel. Elles y ont leurs habitudes, leurs réseaux de relations; elles y trouvent les
aides éventuelles et y vivent leur autonomie. Il peut s'agir du domicile où elles ont
toujours vécu ou du domicile pour lequel elles optent à un certain moment (nouveau
domicile,
logement-foyer,
domicile-service,
résidence-service,
collocation,
cohabitation et toute autre forme existante ou à inventer). Ce domicile doit être conçu
ou réhabilité pour faciliter l'existence (couloirs et portes suffisamment larges pour
permettre le passage d'un fauteuil roulant, d'un lit médicalisé, douche à accès direct
sans rebord, avec barres d'appui, sièges, volets roulants, prises de courant à bonne
hauteur …). Des normes de constructions neuves ou de réhabilitation de l'ancien
devraient être édictées en ce sens.
Le pays doit être maillé par un réseau suffisamment dense de SSIAD dotés
d'un nombre de places permettant de répondre aux besoins tant en ville qu'à la
campagne, on en est loin! Il doit en être de même pour les services d'hospitalisation à
domicile trop peu développés actuellement.
Il faut aussi pouvoir répondre aux besoins de soins de suite et de réadaptation
après hospitalisation, notamment quand la personne concernée vit seule ou ne peut
pas trouver l'aide dont elle a besoin chez elle.
Dans le même état d'esprit, il faut créer des places d'accueil de jour et
d'hébergement temporaire dans les établissements pour personnes âgées et
handicapées. Pensons aussi aux conjoints ou aux aidants-familiaux malades.
Une véritable filière gériatrique doit être développée
sous la direction des
CHU; il s'agit de prendre en charge des pathologies, des poly-pathologies propres au
grand âge, par des personnels compétents, spécialisés et ayant choisi cette branche de
la médecine. C'est ainsi que l'on pourra répondre aux besoins de santé des personnes
âgées et que l'on évitera l'afflux aux urgences - notamment du vendredi soir au lundi
matin - de patients qui n'en relèvent pas, dans un grand nombre de cas. La filière
gériatrique devrait mailler le territoire avec l'aide des EHPAD, des SSIAD, des HAD
Le soutien à domicile suppose aussi - mais ceci concerne également le reste de
la population - une couverture médicale et paramédicale suffisante. L'on connaît déjà
l'inégalité flagrante des territoires s'agissant du nombre de médecins généralistes,
dentistes, ophtalmologistes, infirmiers-ères, kinésithérapeutes, ergothérapeutes …
L'on sait que les départs à la retraite de personnels médicaux et paramédicaux, à la
moyenne d'âge élevée,
affecteront les services de santé. La maîtrise du numerus
clausus actuel à 5 000 étudiants est irresponsable, d'autant qu'il a été encore moindre
pendant plusieurs années. Le malthusianisme de "gauche" (limiter l'offre de soins
pour réduire les dépenses de soins) ou le malthusianisme
de "droite" (réduire l'offre
de soins pour imposer des tarifs plus élevés) sont évidemment contraires à une
politique de santé digne de ce nom.
L'aide à domicile doit être développée : ménage, courses, téléalarme, portage
de repas, accompagnement de la personne … Comme pour l'éducation ou la santé, il
faut promouvoir un véritable service public d'aide à la personne, un tel service public
pouvant inclure les associations à but non lucratif qui sont sur le terrain depuis
longtemps, voire les entreprises privées sous certaines conditions et notamment
respectant les mêmes normes de qualité, de facturation, de formation, statut,
rémunération et perspectives de carrière des personnels. Certaines associations à but
non lucratif souffrent financièrement et frôlent la liquidation. L'on voit bien le rapport
avec les aides à la personne, les possibilités financières des aidés, l'obligation de
formation et de rémunération des personnels, les exigences de qualité … les erreurs
de gestion n'expliquent pas tout!
La prise en charge de la dépendance concerne aussi les EHPAD, les USLD qui
accueillent environ 600 000 personnes actuellement. Améliorer le soutien au domicile
personnel n'empêchera pas le recours aux établissements collectifs, et sans doute pour
un nombre plus important qu'aujourd'hui. Il y a lieu de veiller à ce que l'accueil y soit
convenable : préservant la personnalité, l'affectivité des personnes
et l'autonomie
dont elles disposent encore. Il y a nécessité d'augmenter le taux d'encadrement
insuffisant avec 5 professionnels pour 10 résidents. Il faudrait le porter à 8 pour 10
(en structure pour handicapés le taux est de 12 pour 10). C'est la condition nécessaire
pour que chaque personne bénéficie des soins que requiert son état, tant du point de
vue de l'hygiène, du confort, de l'alimentation que de l'accompagnement : il s'agit de
mettre fin à la maltraitance ordinaire.
Il faut aussi en finir avec les structures anciennes, isolées, ghettoïsées. Les
EHPAD et les USLD d'aujourd'hui n'ont plus rien à voir
avec les anciens asiles de
vieillards, fort heureusement. Mais des progrès sont possibles dans la conception des
établissements neufs et la réhabilitation des anciens, à la fois par la réalisation de
petites unités et par l'implantation dans les lieux de vie de la population, quartiers ou
villages. C'est ainsi que le lien social, intergénérationnel, peut être maintenu et que
l'on peut permettre à une personne de jouir de la part d'autonomie qui subsiste.
Un mot enfin des aidants-familiaux. On évalue leur nombre
à 3,5 millions. Il
n'y a aucun texte permettant de les salarier ou de les dédommager. Ils représentent 6 à
8 % de la population active et leur nombre va augmenter mécaniquement avec le
temps. Il s'agit de femmes dans 69 % des cas, ayant en moyenne 58 ans. Dans 93 %
des situations les aidants-familiaux s'occupent d'un membre de leur famille. Leur
activité d'aidants leur pose de multiples problèmes dans leur vie professionnelle. Ils
demandent des temps partiels mieux rémunérés, des aménagements d'horaires, l'accès
au télétravail, la retraite anticipée. Ils sont donc spoliés du point de vue de leur
retraite. 37 % soutiennent financièrement la personne aidée, 86 % ne reçoivent aucune
contrepartie financière et pourtant les aidants assurent les 2/3 des besoins de ces
personnes âgées. La société réalise ainsi une économie substantielle; là réside la
justification d'une aide et la valorisation du travail effectué.
Yves Le Duff
06 - 02 - 2011
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