Aspects de la vie politique de l Ouest intérieur à l époque de la transition directoriale - article ; n°1 ; vol.302, pg 613-621
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Aspects de la vie politique de l'Ouest intérieur à l'époque de la transition directoriale - article ; n°1 ; vol.302, pg 613-621

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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1995 - Volume 302 - Numéro 1 - Pages 613-621
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Sylvie Denis-Blondeau
Aspects de la vie politique de l'Ouest intérieur à l'époque de la
transition directoriale
In: Annales historiques de la Révolution française. N°302, 1995. pp. 613-621.
Citer ce document / Cite this document :
Denis-Blondeau Sylvie. Aspects de la vie politique de l'Ouest intérieur à l'époque de la transition directoriale. In: Annales
historiques de la Révolution française. N°302, 1995. pp. 613-621.
doi : 10.3406/ahrf.1995.1819
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1995_num_302_1_1819SYLVIE DENIS-BLONDEAU
ASPECTS DE LA VIE POLITIQUE DE L'OUEST INTÉRIEUR
À L'ÉPOQUE DE LA TRANSITION DIRECTORIALE :
L'EXEMPLE ORNAIS
S'interroger sur les conditions de l'élaboration, pendant la période
directoriale, d'un héritage républicain, en choisissant comme cadre un dépar
tement de P« ouest intérieur », ne relevait-il pas d'une démarche cumulant
artificiellement les paradoxes ? Les conditions permettant la cristallisation,
dans un sens stendhalien, d'une tradition républicaine y étaient-elles réunies ?
Pouvait-on y découvrir autre chose que le tumulte de l'événement en révo
lution, à une époque où en reprenant la formule des Mémoires de
Thibaudeau citée par M. Woronoff « il n'y a plus d'hommes en France,
il n'y a que des événements »?
Le point de départ de notre recherche sous l'impulsion de M. Mazauric
était bien de mesurer le nouveau champ politique après Thermidor, dans
une région marquée à la fois par le mouvement fédéraliste et la chouann
erie et par une passivité méfiante devant l'autorité nationale. Ce que
j'appelle la transition directoriale est le moment d'un nouveau rapport
au monde politique, si caractéristique de ces quatre années qui marquent
le passage de la République jacobine à l'État bonapartiste et à la centrali
sation consulaire. Les formes de la participation populaire, si tant est qu'elle
ait réellement existé, sont mises hors du champ du politiquement possible
et acceptable par la nouvelle bourgeoisie au pouvoir. Le cursus mixte
politico-administratif constitue une voie de passage pour les cadres de la
population dont l'acculturation républicaine est en cours, c'est-à-dire une
part plus ouverte de la bourgeoisie que celle dite d'Ancien Régime telle
qu'elle a été autrefois définie par Georges Lefebvre et par Régine Robin.
C'est le Consulat et l'Empire qui ferment cette voie d'accès, en ne retenant
plus que les critères de fortune et de carrière dans le service public et dans
Annales Historiques de la Révolution Française — 1995 — N° 4 614 SOUTENANCE DE THÈSE
l'armée. La transition directoriale est le moment de l'établissement de ces
« couches nouvelles » qui seront le socle de la Troisième République, mais
elle se montre incapable de leur offrir, en cette phase terminale de la Révol
ution, autre chose que l'instabilité politique, ce qui en provoquera le
discrédit grandissant. C'est ce que j'ai appelé, à l'exemple de Pierre Bourdieu
et par un démarcage conceptuel qu'on pourra peut-être trouvé abusif, la
recherche d'un habitus républicain, qui consiste à cerner le moment de
l'intégration, par des hommes du politique, d'une pratique et d'une cons
cience républicaines.
Nous l'avons recherché dans le cadre local du département et à travers
trois domaines dont le rapprochement n'avait jamais été conduit complè
tement ; tout d'abord, par l'étude de la formation d'une sorte de « classe
politique » autonome, constitutive de l'appareil d'État, ensuite par celle
de l'élection, car le Directoire redéfinit la notion de représentation, et enfin
par celle de la laïcité, comme recherche de valeurs civiques et individuelles
au travers des fêtes villageoises de l'Argentanais et de la théophilanthropie
du grand notable G. F. Goupil-Préfeln ; nous y recherchions l'élaboration
d'une morale régénérée et d'un temps maîtrisé qui exorcisent la fatalité
de l'événement, ressentie comme une rupture du consensus républicain.
« Terminer la Révolution » le prétendait la formulation officielle
de la loi du 5 fructidor an III, c'est aussi rendre l'événement irrecevable
pour n'en faire qu'un attribut du monstre politique forgé par la propa
gande gouvernementale, et désigné par la figure tératologique du « royal
iste à bonnet rouge » derrière laquelle tous les opposants du nouveau régime
sont rejetés pêle-mêle. Comment la révolte chouanne et l'élection viennent-
elles perturber l'élaboration de cette première République directoriale ? C'est
ce dernier aspect qui nous montre que le temps, le rythme, le contingent
de l'événement devaient être évacués par cette République qui se voulait
conservatrice. Or le caractère tragi-comique de l'épisode directorial vient
du permanent déni que la réalité sociale et politique apporte à cette utopie
républicaine. Tragique car vivant dans la contradiction et la velléité et
cependant comique car venant après la Terreur. Donc dans une phase de
relâchement des tensions politiques et sans grand homme pour l'incarner.
Si consolidation directoriale il y a, elle ne concerne que certains secteurs
du métier de citoyen et non la pacification de la société civile. C'est justement
cette inadéquation, dans un espace parcouru à deux reprises par la guerre
civile, qui nous est apparue digne d'une recherche.
La chouannerie en constitue Parrière-plan, comme le contre-point, et
explique le choix de l'Orne, espace à la fois révélateur de l'ancrage répu
blicain et aussi limite de son efficacité. La violence populaire, omniprés
ente dans les débuts de la révolution ornaise, se transforme à l'époque
du grand tournant de l'an III pour réapparaître dans la première guerre
chouanne. Il fallait donc introduire l'événement, après avoir étudié les bâtis- SOUTENANCE DE THÈSE 615
seurs de la refondation républicaine directoriale. La relecture faite par
M. Mazauric du concept bachelardien de rythmanalyse nous en a fourni
certains outils et explique la place que nous avons accordée à l'élection
dans notre problématique. Nous avons donc volontairement dissocié l'étude
du personnel politico-administratif de celle des pratiques électorales qui
sont parties prenantes de l'événement, ce qui explique qu'elles deviendront
irrecevables et seront à l'origine de ces « convulsions annuelles » en repre
nant la formule de M. Woronoff appelées improprement « Coups d'État ».
Pourquoi l'Orne ? Je me suis inscrite dans la cadre défini par la vaste
synthèse de Mme Peyrard, sur l'« ouest intérieur » en proposant, par une
focalisation sur l'espace ornais et sur la période thermidorienne director
iale, d'interroger d'autres paramètres pour en apprécier le legs républicain.
Ce qui m'est apparu d'une manière particulièrement affirmée avec l'Orne,
c'est que l'ouest intérieur est avant tout un rassemblement d'espaces terr
itoriaux, parfois très mystérieux pour le horsain, espaces de frontières inté
rieures, caractéristiques de cette France des marges ou des marches. Nous
avons, dès l'introduction, posé l'hypothèse de trois Orne, ce qui nous
inscrivait dans le cadre déjà défini par M. Frémont dans sa géopolitique
de la Basse-Normandie; un espace oriental, avec le Perche et le Pays
d'Ouche, que nous avons caractérisé comme un « espace de ravitaillement
de Paris » et comme « un champ d'expérimentation des formes nouvelles
de la politisation » assurant ainsi une transition avec les vastes plaines céréa-
lières de Dreux et de Chartres ; à l'ouest le bocage, un « espace de défense
militaire », base arrière de la frontière intérieure de l'ouest, sous la double
menace de l'invasion anglaise et des guérillas chouannes et une partie
centrale, correspondant à l'espace des plaines, un « espace légaliste face
à la Vendée militaire » puisque l'Orne tout comme la Sarthe est un des
derniers bas

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