L évolution de la législation pharmaceutique des origines à la loi de Germinal an XI - article ; n°339 ; vol.91, pg 361-376
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L'évolution de la législation pharmaceutique des origines à la loi de Germinal an XI - article ; n°339 ; vol.91, pg 361-376

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Revue d'histoire de la pharmacie - Année 2003 - Volume 91 - Numéro 339 - Pages 361-376
La législation pharmaceutique prend sa source dans les civilisations du pourtour de la Méditerranée. Après l'Egypte antique, la Mésopotamie, le monde gréco-romain et l'Empire byzantin, est envisagé le Califat de Bagdad, qui vit la naissance du saydali, de l'inspection des officines et des grabadins. La création des universités aux XIIe-XIIIe siècles favorisa la naissance des apothicaires en Occident. Les constitutions de Melfi de 1231 et les Nouvelles Constitutions de 1241 servirent d'inspiration aux statuts des communautés d'apothicaires. La déclaration royale d'avril 1777 annonce la loi de Germinal an XI.
Evolution of pharmaceutical regulations from the origins to Germinal Law.
The rising of pharmaceutical regulations took place in the civilisations located around the Mediterranean Sea. Egypt, Mesopotamia, Greco-Roman world, Byzantine Empire, were followed by Bagdad, where sayadila, inspections and grabadins appeared. The creation of Universities, during the XIIth and XIIIth centuries, plaid a role in the rising of apothecaries communities in Occident. Melfi Constitutions (Constititiones Melfiae, 1231) and new constitutions (1241) inspired most of the regulations of apothecaries communities in Europe. Declaration of the King of France in April 1777 announced the famous « Loi de Germinal », Germinal law, which organized the modern Pharmacy, in 1803.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 263
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Olivier Lafont
L'évolution de la législation pharmaceutique des origines à la loi
de Germinal an XI
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 91e année, N. 339, 2003. pp. 361-376.
Résumé
La législation pharmaceutique prend sa source dans les civilisations du pourtour de la Méditerranée. Après l'Egypte antique, la
Mésopotamie, le monde gréco-romain et l'Empire byzantin, est envisagé le Califat de Bagdad, qui vit la naissance du saydali, de
l'inspection des officines et des grabadins. La création des universités aux XIIe-XIIIe siècles favorisa la naissance des
apothicaires en Occident. Les constitutions de Melfi de 1231 et les Nouvelles Constitutions de 1241 servirent d'inspiration aux
statuts des communautés d'apothicaires. La déclaration royale d'avril 1777 annonce la loi de Germinal an XI.
Abstract
Evolution of pharmaceutical regulations from the origins to Germinal Law.
The rising of pharmaceutical regulations took place in the civilisations located around the Mediterranean Sea. Egypt,
Mesopotamia, Greco-Roman world, Byzantine Empire, were followed by Bagdad, where sayadila, inspections and grabadins
appeared. The creation of Universities, during the XIIth and XIIIth centuries, plaid a role in the rising of apothecaries communities
in Occident. Melfi Constitutions (Constititiones Melfiae, 1231) and new constitutions (1241) inspired most of the regulations of
apothecaries communities in Europe. Declaration of the King of France in April 1777 announced the famous « Loi de Germinal »,
Germinal law, which organized the modern Pharmacy, in 1803.
Citer ce document / Cite this document :
Lafont Olivier. L'évolution de la législation pharmaceutique des origines à la loi de Germinal an XI. In: Revue d'histoire de la
pharmacie, 91e année, N. 339, 2003. pp. 361-376.
doi : 10.3406/pharm.2003.6294
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_2003_num_91_339_6294361
L'évolution de la législation
pharmaceutique
des origines à la loi de Germinal an XI
par Olivier Lafont*
Lorsque le chimpanzé se sent malade, il cueille des plantes purgatives
qu'il s'administre lui-même, jouant à la fois le rôle de médecin, de
pharmacien et de patient. Cela dans une parfaite indifférence à toute
législation. Les premiers hommes agiront peu différemment.
C'est l'individualisation de ces différents états, patient, médecin, pharmacien,
qui rendra nécessaire l'établissement d'une réglementation dont le but sera la
préservation de la santé des hommes. La loi de Germinal s'inscrit dans ce cadre.
Les origines doivent être recherchées dans les civilisations du pourtour de la
Méditerranée : Mare nostrum.
La Mésopotamie antique
Parmi les 20 000 tablettes sumériennes datant du 3e millénaire, découvertes à
Nippur en 1889, on peut trouver, gravées dans l'argile, des listes de médicaments.
Cette plus ancienne pharmacopée du monde méditerranéen ne s'accom
pagne toutefois pas d'une réglementation pharmaceutique.
Quant au Code d'Hammourabi *, qui date du XVIIP siècle avant J.-C, il se
présente plus comme un recueil de textes jurisprudentiels, reposant sur la Loi
du Talion, que une véritable collection de lois. De plus, il n'aborde pas
la question des médicaments. Tout au plus peut-on y trouver une illustration
concrète de la notion de responsabilité médicale, à l'article 218 : « Si un méde-
Communication donnée le 5 avril 2003, séance de commémoration du bicentenaire de la loi de Germinal
an XL
* Faculté de médecine et de pharmacie de Rouen, 22 boulevard Gambetta, 76183 Rouen cedex 1
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, LI, N° 339, 3e TRIM. 2003, 361-376. 362 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
cin opère un homme pour une blessure grave avec une lancette de bronze et
cause la mort de l'homme ou s'il ouvre un abcès à l'il d'un homme avec une
lancette de bronze et détruit l'il de l'homme, il aura les doigts coupés. » Une
autre traduction dit « la main ».
Il faut décidément chercher ailleurs les sources de la loi de Germinal.
L'Egypte
Dans l'Egypte antique, la médecine était étroitement liée à la magie et à la
religion 2.
Le papyrus Ebers, compilation de recettes de médicaments et de formules
magiques, date du début de la XVIIP dynastie, mais reprend des textes anté
rieurs. Sa lecture fait clairement apparaître que le médicament reste indisso
ciable des incantations à Rê, à Osiris, à Isis ou à Horus, et que c'est à celles-ci
qu'est attribué l'effet bénéfique du traitement sur la maladie.
On peut citer, à titre d'exemple, une incantation destinée à guérir une brûlure,
ainsi que le médicament qui l'accompagne. Cette formule magique est conçue
comme un dialogue entre un messager et la déesse Isis :
« (Le messager) : Ton fils Horus est en flammes sur le plateau désertique.
(Isis) : Y a-t-il de l'eau là ?
(Le messager) : Il n'y a pas d'eau là.
(Isis) : Il y a de l'eau dans ma bouche et un Nil entre mes cuisses. Je suis
venue pour éteindre le feu.
À réciter sur du lait d'une femme qui a mis au monde un garçon, (sur) de la
gomme (odorante) et des poils de bouc. À placer sur la brûlure. » [Eb. n° 499.]
Diodore de Sicile relate, par ailleurs, l'obligation pour les médecins égyptiens,
les sounous, de se référer à des documents sacrés : « Les égyptiens éta
blissent le traitement des malades, d'après des préceptes écrits rédigés et transmis
par un grand nombre d'anciens médecins célèbres. » [Bibliothèque Historique, 1, 8.]
Le papyrus Ebers pourrait donc être considéré comme une réunion de ces
textes de référence, concernant, en particulier, les médicaments. Cela ne suffit
toutefois pas à constituer une réglementation et l'on ne peut y trouver l'origine
de la loi de Germinal.
Le monde gréco-romain
L'abondance des petits métiers parapharmaceutiques brillamment recensés
par Eugène-Humbert Guitard, comme candidats à être de possibles ancêtres
des pharmaciens, montre bien que dans le monde gréco-romain, il serait très
hasardeux de vouloir identifier une profession pharmaceutique individualisée
et régie par des règlements 3,7~n. L'ÉVOLUTION DE LA LÉGISLATION PHARMACEUTIQUE 363
Le |xi)p£\|/oç était un parfumeur, celui qui cuisait les parfums.
Nucotaxoç Mupe\|/oç vivait au XIIIe siècle, à Nicée, au temps de l'occupa
tion de Constantinople par les croisés latins. Il évoluait donc dans un environ
nement byzantin. On ne peut, à l'évidence, conclure de l'utilisation tardive de
Myrepse pour qualifier l'auteur d'un ouvrage pharmaceutique, le Dynaméron,
que ce terme désignait dans la Grèce antique un individu exerçant la pharmacie.
D'autant que La Bible des Septante 4, rédigée en grec, entre le IIP et le IIe
siècle avec J.-C, par des Juifs lettrés d'Alexandrie, à la demande de Ptolémée II
Philadelphe, donc en pleine période hellénistique, utilise ce terme pour désigner
une servante chargée de parfumer le roi :
« Il prendra vos filles comme parfumeuses, cuisinières, boulangères. »
[Samuel I, 8, 13.]
L'adjectif f>i£oxo|AOÇ, celui qui coupe les racines, et par extension qui
cueille les plantes médicinales, servait à qualifier un médecin herboriste.
Le (pocpLiocK07t(DX,Tiç était bien un vendeur de substances toxiques et l'on
s'approvisionnait chez lui pour réunir les drogues nécessaires à la confection
de la ciguë. On sait que ce breuvage fatal à Socrate était préparé en broyant
plusieurs plantes, puisqu'il n'était pas seulement à base de Conium maculatum,
la plante éponyme. Rien de tout cela ne permet pourtant d'individualiser dans
la Grèce antique une profession prépharmaceutique véritablement définie et
encadrée par des règlements.
D'autant qu'en passant d'Athènes à Rome, le terme pharmacopola de
consonance grecque trop accentuée pour des oreilles latines, allait peu à peu
acquérir une connotation péjorative et finir par signifier charlatan.
Les aromatarii sont surtout attestés comme parfumeurs ou épiciers, ils semb
lent, dans la Rome impériale, avoir également joué un rôle dans la prépara
tion des médicaments,

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