Le code Hays. L autocensure du cinéma américain - article ; n°1 ; vol.15, pg 3-16
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Description

Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1987 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 3-16
The Hays code. Self censorship in American cinema, Francis Bordat.
Any student of the American cinema of the 1930s instantly recognizes the difference between a pre- and post- 1934 film. From that year until 1952, films had to comply with very strict self-censorship rules. The author has studied the beginnings of the Hays code, its backgrounds — pressures and censorship — and its legal context. He shows both how the rules were applied and how they fell apart in the 15 years that followed. This post mortem leads to the conclusion that although the Hays code was an undeniable attack on freedom of speed it was also a compromise which probably saved what was essential, by making it possible to reject censorship of a far more threatening nature for freedom of expression and creation.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 464
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Francis Bordat
Le code Hays. L'autocensure du cinéma américain
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°15, juillet-septembre 1987. pp. 3-16.
Abstract
The Hays code. Self censorship in American cinema, Francis Bordat.
Any student of the American cinema of the 1930s instantly recognizes the difference between a pre- and post- 1934 film. From
that year until 1952, films had to comply with very strict self-censorship rules. The author has studied the beginnings of the Hays
code, its backgrounds — pressures and censorship — and its legal context. He shows both how the rules were applied and how
they fell apart in the 15 years that followed. This post mortem leads to the conclusion that although the Hays code was an
undeniable attack on freedom of speed it was also a compromise which probably saved what was essential, by making it possible
to reject censorship of a far more threatening nature for freedom of expression and creation.
Citer ce document / Cite this document :
Bordat Francis. Le code Hays. L'autocensure du cinéma américain. In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°15, juillet-
septembre 1987. pp. 3-16.
doi : 10.3406/xxs.1987.1879
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1987_num_15_1_1879LE CODE HAYS
L'AUTOCENSURE DU CINÉMA AMÉRICAIN
Francis Bordât
Etonnante histoire que celle de ce « code Etats-Unis ». Au contraire, jusqu'en 1952
Hays » qui organisa l'autoréglementation au moins, la censure américaine a été très
de l'industrie américaine du cinéma afin agissante, mais selon un mécanisme qui lui
de décourager les tentatives de censure est propre. A la base, il y a l'action,
officielle. Paradoxal constat que celui de souvent vigoureuse, des groupes de pression
cette incontestable entrave à la liberté (sociétés religieuses, ligues de vertu, clubs
d'expression et de création artistique, qui féminins, associations de parents, d'édu
fut en même temps un moyen de refouler cateurs, de réformateurs, etc.) qui militent
des censures plus contraignantes et de pour l'interdiction ou la modification de
conserver aussi longtemps que possible certains films et qui peuvent, le cas échéant,
un public de masse. Et significative évo en organiser le boycottage. Très tôt dans
lution que celle qui conduisit à la dés l'histoire du cinéma, ces lobbies ont réussi
agrégation en une quinzaine d'années des à imposer la création de censures officielles,
règles d'autocensure auxquelles avait dû à l'échelon des municipalités d'abord, à
se plier le cinéma américain de 1934 à celui des Etats ensuite. Et c'est pour enrayer
1952. ce mouvement, qui affectait le box-office
national, entravait le développement de
l'industrie et risquait, à terme, de conduire Contrairement à la France et à beau
à la mise en place d'une censure fédérale, coup d'autres pays, les Etats-Unis
que les Majors ont progressivement mis en ne possèdent pas d'organisme offi
place ce système d'« autocensure » particiel de censure cinématographique au niveau
culier qu'est le code Hays. national (fédéral)1. Jusqu'en 1968, Hol
lywood a cependant dû se soumettre aux
O LES PRESSIONS, LES CENSURES ET LA LOI règles d'un « Code de production », souvent
nommé aussi code Hays ou tout simplement Pour comprendre la genèse du Code, il
faut d'abord connaître son arrière-plan le Code, géré par l'organisation qui
regroupe les principales compagnies de social et juridique.
Des pressions pour le contrôle des films l'industrie, la MPAA (Motion Picture Assoc
iation of America). L'absence de censure se manifestent dès les débuts commerciaux
nationale ne signifie donc pas qu'« il n'y du Kinetoscope Edison, en 1894, dans les
a pas de censure cinématographique aux kermesses et parcs d'attractions des grandes
villes américaines. Il est vrai que beaucoup
de saynètes devaient l'essentiel de leur succès 1. Depuis le Tariff Act de 1933, le Bureau des douanes
aux déshabillés vaporeux et aux déhanche- contrôle néanmoins tous les films importés. FRANCIS BORDAT
ments suggestifs de leurs interprètes fémi police » 3. Côté violence, ce sont les matchs
nines. Il était inévitable que l'Amérique de boxe filmés qui provoquèrent les réac
puritaine s'en choque : selon la plupart des tions les plus hostiles et qui contribuèrent
historiens, c'est Dolorita in the passion d'ailleurs à ranger, pour au moins dix ans,
dance, présenté au début de 1895 dans un le cinéma parmi les divertissements vulgaires
peep show de la promenade d'Atlantic City, et dangereux.
qui suscita les premières protestations enre Le cinéma, dès sa naissance, se trouvait
gistrées contre un film, et les premières donc placé sous haute surveillance. Cette
mesures d'interdiction1. Et la première dernière se renforça encore quand, vers la
décision de justice impliquant un film fin de la première décennie du siècle, il
daterait de 1897, quand la bande Orange devint véritablement un média de masse.
blossoms (qui montrait une jeune mariée Songeons qu'il y avait déjà 16 000 cinémas
se préparant pour sa nuit de noces) fut aux Etats-Unis en 1913, dont la fréquen
retirée des kinétoscopes par un juge de tation hebdomadaire approchait les
New York pour « outrage à la pudeur »2. 50 millions de spectateurs. Dans la ville de
New York même, on ne comptait pas
Quand la projection sur grand écran se moins de 800 cinémas qui attiraient 400 000 généralisa, l'érotisme et la violence de
spectateurs par jour4. Le cinéma boulecertains spectacles polarisèrent immédiate versait les données culturelles du pays ; il ment l'attention des critiques. Le célèbre
s'adressait aux masses sans passer par le Baiser de May Irwin et John C. Rice relais des élites culturelles traditionnelles.
(Edison, 1895), extrait filmé d'un succès On peut comprendre que celles-ci se soient théâtral de Broadway, fit grand scandale, alors émues de son « potentiel à façonner et suscita un commentaire fameux dans une
les mentalités ». revue de Chicago : « Grandeur nature, Le Chicago Tribune lança en 1907 une
c'était déjà bestial. Mais ce n'était rien, campagne très violente contre les nickelocomparé à l'effet produit par cet acte grandi
deons (cinémas à 5 cents). Leurs spectacles, à des proportions gargantuesques et répété disait le journal, avaient une influence trois fois de suite. C'est absolument dégoût
« totalement perverse », sur la jeunesse en ant. Tout le charme ou reste de charme particulier. Il fallait « interdire leur accès
de Miss Irwin s'est évanoui, son jeu devient à tous les garçons et les filles de moins indécent et d'une prodigieuse vulgarité. De
de 18 ans ». Ne trouvait-on pas, parmi les tels faits appellent l'intervention de la films montrés cette année-là, des titres
comme The bigamist. Gaieties of divorce
et Beware, my husband comes5 ? Cela 1. « Nous croyons », écrivaient les studios Edison à un
client intéressé par « quelque chose de cet ordre », « que ce n'allait sans doute pas très loin, et le music-
film servira parfaitement vos fins. Un client de Buffalo qui hall et le théâtre, au même moment, possède un de ces films nous informe qu'une file de 40 à
50 hommes attend généralement pour visionner le film » (cité proposaient des spectacles beaucoup plus par John Hagan, « L'érotisme au cinéma des premiers temps »,
osés. Mais ils ne s'adressaient pas, comme Les Cahiers de la cinémathèque, 29, hiver 1979, p. 74).
2. « An outrage on public decency », People vs Doris, les nickelodeons de Chicago en 1907, à cité par Richard S. Randall, Censorship of the movies, Madison,
Milwaukee et Londres, University of Wisconsin Press, 1968, 100 000 spectateurs quotidiens. Aussi la
p. 11. L'essentiel des informations contenues dans cet article campagne du Chicago Tribune trouva-t-elle provient de quatre livres, les plus importants consacrés (en
tout ou partie) à la question : Ira H. Carmen, Movies,
censorship and the law, Ann Arbor, University of Michigan
Press, 1966 ; Garth Jowett, Film, the democratic art, Boston 3. The Chap Book, 15 juin 1896, cité et traduit par
et Toronto, Little Brown and Company, 1976 ; Richard S. Georges Sadoul, L'invention du cinéma, Paris, Denoël, 1946,
Randall, Censorship of the movies, op. cit. ;

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