Caractères originaux et cheminements de la Révolution en Corse. - article ; n°1 ; vol.260, pg 140-172
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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1985 - Volume 260 - Numéro 1 - Pages 140-172
What are the specific traits of Corsica 's evolution within the French revolutionary transition from fendalism to capitalism ? Some of the main developments are analysed in this paper which first examines the peculiar structure of social relations in rural areas on the eve of the French revolution, then deals with the main features and issues of peasant movements from 1789 to the «Directoire».
Antoine Casanova.
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Antoine Casanova
Caractères originaux et cheminements de la Révolution en
Corse.
In: Annales historiques de la Révolution française. N°260, 1985. pp. 140-172.
Abstract
What are the specific traits of Corsica 's evolution within the French revolutionary transition from fendalism to capitalism ? Some
of the main developments are analysed in this paper which first examines the peculiar structure of social relations in rural areas
on the eve of the French revolution, then deals with the main features and issues of peasant movements from 1789 to the
«Directoire».
Antoine Casanova.
Citer ce document / Cite this document :
Casanova Antoine. Caractères originaux et cheminements de la Révolution en Corse. In: Annales historiques de la Révolution
française. N°260, 1985. pp. 140-172.
doi : 10.3406/ahrf.1985.1108
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1985_num_260_1_1108o
CARACTÈRES ORIGINAUX ET CHEMINEMENTS
DE LA RÉVOLUTION EN CORSE
(1789-1797)
Partie prenante du processus général de transition du mode de
production féodal au mode de production capitaliste, la Révolution
française réalise en même temps ce passage sur un mode original,
différent de celui qu'ont pu connaître l'Angleterre, l'Europe
méridionale et surtout l'Europe de l'Est. A partir de considérables
acquis scientifiques accumulés dans la connaissance de ces réalités,
il est désormais possible et nécessaire de poursuivre plus avant pour
déterminer plus précisément encore les traits spécifiques revêtus (1)
dans chaque ensemble régional par la crise de l'Ancien Régime et par
les processus révolutionnaires.
C'est dire tout l'intérêt que présente l'histoire de la Corse dans
cette période (2). Récemment intégrée par la force à la monarchie
(1) Cf. notamment A. Soboul « De l'Ancien Régime à la Révolution : Problème
régional et réalités sociales », in La Nouvelle Critique, novembre 1975, pp. 40 à 54.
(2) Sur la Corse à la fin de l'Ancien Régime et en 1789 A. Chuquet, La jeunesse
de Napoléon, Paris 1898 ; L. Villat, La Corse de 1768 à 1789, 2 volumes, Besançon
1925 ; E. Franceschini, « La Corse aux premiers jours de la Révolution : le
gouvernement du vicomte de Barrin » in Revue de la Corse ancienne et moderne,
mars-avril 1930 et mai-juin 1930 ; « La Corse aux premiers jours de la Révolution :
la journée du 5 Novembre 1789 », même revue, n° de juillet-août 1930. L'insuffisance
de précises recherches d'histoire économique et sociale sur la fin du XVIIIe siècle rend
compte des difficultés que rencontrent de récents ouvrages de synthèses sur l'histoire
de la Corse dans leur effort pour tirer l'analyse historique hors des clichés
apologétiques d'hier et d'aujourd'hui. Cf. in Histoire de la Corse (Éditions Privât,
1791), la contribution de René Emmanuelli « l'intégration à la France » (chapitre XI,
pp. 369 à 399) ; cf. aussi Pierre Antonetti, Histoire de la Corse (Édition Laffont 1973)
et enfin F. Pomponi « Histoire de la Corse » (Éd. Hachette, 1979) : sur l'Ancien
Régime et la Révolution, pp. 376 à 432. Les recherches en cours permettent de mieux
connaître les traits spécifiques de l'Ancien Régime de l'année 1789 et du déroulement
de la Révolution en Corse. Parmi les études publiées cf. notamment, « La Corse des
Lumières à la Révolution » n° 218 des Annales historiques de la Révolution française,
octobre-décembre 1974 avec surtout l'article de Francis Pomponi, « La politique
domaniale sous l'Ancien Régime » (pp. 556 à 591) ; Evelyne Magdenel, Recherches
sur les communautés rurales en Corse au XVIIIe siècle : la province de Vico (aspects
économiques et sociaux) 1770-1792, mémoire de maîtrise dactylographié, 2 fascicules,
Université de Paris, 1974 ; A. Casanova et A. Rovère « Peuple Corse, révolutions et
nation française ». Éditions sociales. Paris 1979. 305 pages. CARACTÈRES ORIGINAUX ET CHEMINEMENTS EN CORSE 141
française, elle peut être utile terrain d'observation de la politique de
l'Etat de l'aristocratie dans ses velléités contradictoires de réforme
comme dans ses processus de fonctionnement qui mèneront à la crise
insurmontable des années 1780. Inversement, cette politique
monarchique, si elle est facteur de modification partielle des
structures sociales de la Corse, se manifeste ici sur un terrain doté de
caractères originaux. Ce sont ces derniers qui vont doter de traits
spécifiques l'attitude de l'Etat royal, puis la crise de l'Ancien Régime
dans l'île (3) et, enfin, les modes de participation des masses
populaires et de la bourgeoisie insulaires aux processus révolu
tionnaires.
Ainsi sans prétendre présenter ici une histoire sociale et politique
de la Révolution en Corse, je voudrais tenter de situer les principaux
aspects, objectifs, enjeux et résultats des mouvements révolution
naires dans l'île du point de vue des transformations ou
infléchissements (complets ou partiels) qu'ils ont pu imposer aux
structures des rapports sociaux et des forces productives. Les traits
les plus amples et les conséquences essentielles des mouvements
révolutionnaires en Corse se manifestent en 1789. Aussi, en
évoquerons-nous les données principales. De moindre puissance, les
luttes populaires des années suivantes témoignent d'ailleurs surtout
(le cas des années 1789-1797 est particulièrement éclairant face à la
politique de réaction agraire du royaume anglo-corse) de la
profondeur et de la puissance décisive du refus par les ruraux corses
de l'orientation que prenaient, avant 1789, forces productives
(matérielles et humaines) et situation des producteurs dans le cadre
de la politique menée depuis 1770.
STRUCTURE ET MOUVEMENT DES RAPPORTS SOCIAUX
EN CORSE AVANT 1789
Quels sont les rapports qui structurent l'existence dans les
campagnes corses vers 1770 ? Comment, dans ce cadre, et pour ne
pas les évoquer ici que de façon très allusive, se présentent alors les
principales classes et couches sociales ?
Dans l'état actuel de la documentation et des recherches, la
représentation que l'on peut s'en faire demeure encore à préciser. Les
études récemment réalisées, les enquêtes que nous développons
actuellement permettent cependant d'en avoir un abord renouvelé
(3) Cf. A. Casanova in « Peuple Corse, Révolution... » op. cit., pp. 205-225. ANTOINE CASANOVA 142
dont nous ne pouvons ici procurer qu'un grossier abrégé : les
journaliers qui vivent du salaire de leurs bras constituent peut-être de
10 à 15 % de la population des villages. Dans leur immense majorité
les ruraux sont sans doute de petits propriétaires de terre ou de
bétail : une large partie de ceux-là (de 45 à 70 % en 1774 parmi les
pasteurs-cultivateurs de 17 villages de la côte orientale, ne possèdent
pas assez de terre et de bétail pour se suffire à eux-mêmes. Ils sont
à la fois propriétaires et métayers précaires. Une autre couche
parvient, bon an, mal an à vivre « del suo » c'est-à-dire de ses terres
et de son bétail (17 % parmi les bergers cultivateurs de 5 pieve de la
côte orientale). A côté et au-dessus, dans les villages, des
propriétaires aisés, plus cossus, noyau d'une bourgeoisie rurale
(notaires, chanoines, curés, notamment), qui vivent de leur bien,
donnent des terres et du bétail à part de fruits, pratiquent l'usure,
commercent. Dans les pieve de l'Est Central de l'île, où ils ont de 10
à 20 métayers, ils détiennent en moyenne 22 °/o de la terre cultivée en
céréales par les pasteurs-cultivateurs (28 °/o dans la pieve de Rogna,
24,50 dans celle de Castello, 29 dans celle de Cursa, 3,25 dans celle
de Covasina). Les quelques enquêtes de type monographique qui ont
été menées ou qui sont en cours confirment l'existence de structures
sociales de ce type en des zones aussi différentes que la côte orientale,
le Vicolais, le Boziu (4).
Seule la multiplication d'analyses précises usant des sources de
type statistique dont on peut disposer permettra de saisir de façon
plus adéquate encore ces rapports sociaux dans leurs traits essentiels
comme dans leurs processus de différenciation

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