Chansons historiques des XIIIe, XIVe et XVe siècles. - article ; n°1 ; vol.1, pg 359-388
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1840 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 359-388
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1840
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Antoine Le Roux De Lincy
Chansons historiques des XIIIe, XIVe et XVe siècles.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1840, tome 1. pp. 359-388.
Citer ce document / Cite this document :
Le Roux De Lincy Antoine. Chansons historiques des XIIIe, XIVe et XVe siècles. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1840,
tome 1. pp. 359-388.
doi : 10.3406/bec.1840.461638
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1840_num_1_1_461638HISTORIQUES CHANSONS
XIIIe, ХП7С ET XVe 'SIÈCLES.
Voici quelques chansons qui m'ont paru mériter de voir le
jour, moins comme monuments littéraires que comme documents
historiques. La plupart, en effet, se recommandent bien plus par
l'intérêt du sujet que par le mérite de la forme. Ce sont des bal
lades, des complaintes, des satires de diverses époques, qui toutes
ont rapport à quelque fait important, à quelque événement cu
rieux de notre histoire, Plusieurs de ces pièces sont de véritables
chansons politiques , comme on dirait aujourd'hui. Toutes peuvent
être considérées comme l'expression d'un sentiment, d'une opi
nion populaire, et, à ce titre, elles me semblent dignes d'un
examen sérieux et d'une appréciation attentive. J'ai essayé
d'aplanir, par un commentaire historique et par une traduction ,
les difficultés que présentent quelques-uns de ces documents. Je
ne me flatte pas d'avoir tout expliqué; mais j'aurai du moins
diminué et rendu plus facile la lâche du lecteur.
La première de ces chansons est relative à la mort de Richard Ier,
roi d'Angleterre, surnommé le Cœur-de-Lion. C'est l'œuvre d'un
trouvère anonyme qui a traduit en dialecte poitevin, et assez fa
iblement , la complainte d'un troubadour célèbre , de Gaucelm
Faidit, sur ce grand événement.
La seconde, écrite dans un dialecte qui paraît être le dialecle
normand, se rapporte aux guerres que Philippe-Auguste et le roi
Jean-sans-Terre soutinrent l'un contre l'autre, et consacre le
souvenir de plusieurs événements dont la vicomte de Thouars fut
le théâtre.
La troisième chanson, relative à l'histoire de la féodalité, en
rappelle un des faits les plus importants, la promulgation des Éta
blissements judiciaires de saint Louis. Ces Etablissements , on le 360
sait, diminuaient le pouvoir des barons possesseurs de fiefs; aussi
est-ce l'un de ces barons qui est l'auteur de cette chanson , ou
plutôt de cette réclamation en vers, document remarquable qui
renferme des plaintes et des opinions curieuses à recueillir.
La quatrième chanson a rapporta un roi de France que de bien
grands malheurs ont rendu célèbre. C'est une complainte sur la
démence de Charles VI, et en môme temps l'expression lou
chante des sentiments d'affection que le peuple de Paris conserva
pendant trente ans pour un prince qui lui avait donné au commen
cement de si belles espérances. Cette composition , due à la veine
féconde de Christine de Pisan, est remarquable enire toutes les
poésies de cette femme illustre, qui ont déjà vu le jour.
Enfin , les trois dernières sont relatives à un combat qui fut livré
en 1402, enire sept Anglais et sept Français, et dont ceux-ci sor
tirent vainqueurs. Elles sont aussi l'œuvre de Christine de Pisan.
J'ai copié ces pièces dans trois manuscrits à peu près aussi
anciens qu'elles ; deux appartiennent à la bibliothèque Royale,
un autre à celle de l'Arsenal. Celui de ces manuscrits dans lequel
se Irouvent nos deux premières chansons porte le Numéro, fonds
Saint-Germain, 1989. C'est un volume petit in-4°, composé de 172
feuillets en vélin grossier eten parchemin, sur lesquels sont placées,
sans disîinclion de vers ni de couplets, des chansons de toute na-
fure et de toutes les époques. La plupart ont la musique, c'est-à-
dire au premier couplet seulement. Cet ordre est observé depuis
le folio 1 jusqu'au folio 89 inclusivement. Cette partie du recueil,
lout écrite de la même main, peut être fixée à la première
moitié du treizième siècle environ ; elle est suivie de deux feuillets
d'une écriture postérieure et sur lesquels on ne trouve pas la mus
ique. Du folio 82 au folio 407 inclusivement, l'écriture change et
me paraît la plus ancienne de tout le manuscrit. Enfin, depuis le
folio 108 jusqu'au dernier, l'écriture change encore et appartient
aux dernières années du treizième siècle. Dans ces deux parties
les chansons, copiées à longues lignes, n'ont pas de musique.
Quant au manuscrit dans lequel j'ai trouvé la pièce qui porte
le № III, il appartient à la bibliothèque de l'Arsenal (№ 63 , B. L.
in-f°). C'est un volume petit in-f°, écrit à deux colonnes sur vélin,
qui date du commencement du quatorzième siècle; il contient les
œuvres de presque tous les chansonniers du treizième siècle, à
commencer par le roi de Navarre ; quatre-vingt-un de ces poètes y
sont nommés. Le volume.se termine par cent trente-neuf pièces 361
anonymes. Celle que j'ai publiée est la soixante-seizième de cette
dernière partie du recueil.
Le manuscrit dans lequel j'ai trouvé la chanson sur la folie de
Charles VI, et les trois ballades relatives au combat de Mon-
tendre, est un volume in-f° sur vélin, écrit dans la première
moitié du quinzième siècle. Il contient différentes poésies de
Christine de Pisan et quelques-uns de ses opuscules en prose,
parmi lesquels j'ai remarqué une bonne leçon du débat sur le
roman de la Rose. — Ce volume porte le Numéro, fonds Mouchet, 6.
I.
CHANSON SUR LA MORT DU ROI RICHARD.
La réputation que les troubadours s'étaient acquise les ayant fait
prendre pour modèles, non-seulement on imita leurs œuvres, mais
encore on les traduisit ; c'est une traduction de ce genre qu'on va
lire.
Une chanson fui composée en langue provençale par l'un des
plus célèbres troubadours du douzième siècle , par Gaucelm Faidit,
fils d'un bourgeois d'Uzerche , qui , après avoir dépensé tout son
avoir au jeu, se fît jongleur et troubadour, et devint célèbre par
ses chants et par ses aventures galantes '. Le roi Richard, n'étant
que comte de Poitou, accueillit Gaucelm, et ce dernier compta
bientôt parmi les troubadours et les jongleurs dont Richard était
toujours entouré. Devenu roi d'Angleterre , ce prince continua
d'accorder ses faveurs au jongleur-poète , et Richard étant mort
en 1199, Gaucelm consacra à la mémoire de son maître un chant
bientôt célèbre dans le midi comme dans le nord de l'Europe,
et qui fut traduit dans le dialecte français en usage au douzième
siècle sur la lisière du Maine et de l'Anjou. Il était bien juste
que troubadours et Irouvères chantassent la gloire de Richard
Cœur-de-Lion. Ce prince, élevé dans le Poitou où la langue et la
poésie provençales étaient en grand honneur, avait composé lui-
même plusieurs chansons en langue d'Oc. A défaut d'autres titres,
1 Voyez M. 'ltaynouard, Choix des Poésies originalesdes troubadours, t V, p. -i 08,.
et Millot, Histoire littéraire des troubadours, l. 1, p. 554. 362
celui de roi-troubadour eût suffi pour lui acquérir de nombreux
panégyristes.
La chanson que Gaucelm Faidit composa en langue provençale
a déjà été imprimée ', mais j'ai pensé que ce serait offrir à mes
lecteurs une curieuse étude philologique, que de la reproduire en
regard du texte français.
Greu chose es que tot lo maior dan
Et greignor dol'que onques mais auguez;.
Et tot qan c'on devroit plaindre en plorant,
Coventoïr en chantant et retraire,
Qan cil q'estdit de valor chiès e paire ,
Li rich valens Richars, reis des Engleis,
Es morz. Ile Diex ! qals dous et qals perte!
Cou es eslreins moz, salvages a oïr !
Molt a dur cuer nus horn qel pot soffrir.
Fortz chauza es que tot lo maior dan
El maiór dol , las ! qu 'ieu anc mais agues,
E so don dei totz temps plaigner ploran ,
M'aven a dire en chantan e retraire;
Que selh qu'era de valor caps e paire
Lo ries valens Riohartz reys dels Engles,-
Es mortz. Ai Dieus I quais perd'e quais dans es !
Quant estrang mot et quant greu per auzir !
Ben a dur cor totz hom quil pot suffi ir.
« C'est chosecruelle qu'il faille enten

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