Déponent et passif en italique et en celtique - article ; n°4 ; vol.74, pg 567-604
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Annales de Bretagne - Année 1967 - Volume 74 - Numéro 4 - Pages 567-604
38 pages

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Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 18
Langue Français
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Extrait

Monsieur Pierre Flobert
Déponent et passif en italique et en celtique
In: Annales de Bretagne. Tome 74, numéro 4, 1967. pp. 567-604.
Citer ce document / Cite this document :
Flobert Pierre. Déponent et passif en italique et en celtique. In: Annales de Bretagne. Tome 74, numéro 4, 1967. pp. 567-604.
doi : 10.3406/abpo.1967.2431
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1967_num_74_4_2431FLOBERT P.
DÉPONENT ET PASSIF
EN ITALIQUE ET EN CELTIQUE
L'italique — en l'occurrence le latin — et le celtique —
presque exclusivement le vieil-irlandais — sont les deux
seules langues indo-européennes auxquelles on reconnaisse
communément des verbes déponents. Comme dans ces deux
dialectes le déponent et le passif utilisent des désinences,
soit identiques, soit très voisines, qui présentent une carac
téristique -R connue aussi par ailleurs, il est à priori lég
itime de s'interroger sur les rapports respectifs du déponent
et du passif.
La question n'a jamais été posée exactement dans ces
termes pour des raisons qu'il faut examiner tout de suite.
1) La catégorie de la « voix verbale » (1) est une des plus
mal déterminées qui soient et n'a jamais donné matière à
une étude d'ensemble (2). Cela ne doit pas étonner car ces
problèmes relèvent au moins autant de la lexicologie que
de la grammaire et nécessitent par conséquent des dépouil
lements immenses et fastidieux. C'est pourquoi personne ne
s'est encore risqué à définir objectivement l'actif, qui est
pourtant la pièce maîtresse du système. Il n'existe jusqu'à
présent que des exposés généraux, parfois excellents,
comme ceux de .T. Wackernagel (3) ou de F. Sommer (4), et
de nombreuses études de détail, en particulier de remar-
(1) Le ternie latin est habituellement yenus ou significatio ; uox,
employé par Priscien pour quelques cas particuliers, a été généralisé
au Moyen Age et à la Renaissance.
(2) A l'exception, bien entendu, du livre de Raoul (Guérin) di: la
Grasserie, De la catégorie des voix, Paris, 1899, 273 pages. C'est une
collection assez extraordinaire de lapalissades, de coquilles et de coqs
à l'âne dont l'auteur, magistrat breton et polygraphe infatigable, a
laissé derrière lui de quoi encombrer trente colonnes du catalogue
de la Bibliothèque Nationale.
(3) Vorlesungen ùber Syntax, I 2, Bâle, 1926, p. 103-14Ï).
(4) Vergleichende Syntax der Schulsprachen 3, Leipzig, 1931 (reprod.
Darmstadt, 1939), p. 46-53. 508 DÉPONENT ET PASSIF
quables articles de E. Benveniste (5) et deux ouvrages
récents concernant le français (6).
2) Dans les langues indo-européennes, notamment en
sanscrit et en grec, le « moyen » ajoute un terme supplé
mentaire, dont il est actuellement impossible de se faire
une idée précise, faute d'études chronologiques complètes.
Néanmoins le « moyen » occupe une place essentielle dans
la reconstruction des voix de l'indo-européen à qui l'on
dénie en général un passif.
3) Les verbes déponents du latin, passifs de forme mais
fonctionnellement identiques aux actifs, constituent une
énigme. Cette classe, apparemment arbitraire, excitait
les sarcasmes de Schopenhauer (7) ; de leur côté les lin
guistes, à l'unanimité, les considèrent comme une espèce
non viable, les vouent à une prompte disparition (8), au
même titre que les déponents du vieil-irlandais.
4) La caractéristique -R des déponents et des passifs ita
liques et celtiques a provoqué de nombreuses hypothèses
glottogoniques qui, en dominant la recherche, n'ont pas peu
contribué à compliquer et même à fausser le problème,
depuis Windisch et Zimmer jusqu'à K.H. Schmidt et
J. Kurylowicz, en passant par Brugmann, Thurneysen,
Meillet, Pedersen, Vendryes et Miss Claflin. C'est ainsi que
l'on a constamment mêlé les états de langue et annexé des
espèces aussi différentes que le réfléchi, l'infinitif, le parfait
et même 1' « impersonnel ».
C'est pourquoi, sans prétendre instituer une nouvelle
théorie de la voix verbale, assurément bien prématurée, il a
paru que la tâche la plus urgente consistait à étudier de
près les déponents de la langue le plus anciennement et le
(5) Aujourd'hui commodément réunis dans Problèmes de linguis
tique générale, Paris, 1966 (en particulier chapitres 14, 15, 16, 18,
21 et 22).
(6) A. Blinkenberg, Le problème de la transitivité en français
moderne, Copenhague, 1960 ; J. Stéfanini, La voix pronominale en
ancien et en moyen français, Gap, 1962.
(7) Parerga, II, chap. xxv, § 302 ; je dois cette précision à l'obl
igeance de R. Roos.
(8) Ainsi, entre autres, A. Meillet, Esquisse d'une histoire de la
langue latine3, Paris, 1933 (reprod. 1966), p. 149 et 257. DÉPONENT ET PASSIF .r)69
plus largement attestée, le latin, en établissant une cbro-
nologie stricte et en situant les déponents dans le système
latin des voix : actif, passif et aussi réfléchi. C'est sur cette
base, que l'on espère solide, que l'on tentera de replacer les
faits italiques et celtiques, examinés d'abord en eux-mêmes,
puis — très succinctement — par rapport à l'ensemble des
langues indo-européennes.
Le déponent latin est caractérisé morphologiquement :
1) par sa flexion de type passif à l'infectum et au per-
fectum : imitor, imitatus sum etc.
2) par l'emploi de caractéristiques actives pour bâtir les
formes qui manquent au passif (participes présent et futur,
supin et gérondif) : imitans, imitaturus, imitation, imitando
etc.
3) par un thème unilatéral, malgré sa flexion composite,
puisqu'un déponent ne s'oppose pas fonctionnellement à un
actif. En effet mereor et mereo (et beaucoup plus rarement
imitor et imito) sont deux variantes facultatives, mais ne
fournissent pas une opposition grammaticale. C'est en cela
surtout que le déponent se distingue du passif.
On peut ajouter un critère syntaxique : le déponent est
soit transitif, soit intransitif, mais ne se construit jamais
normalement avec un complément d'agent (ab et l'ablatif).
Le syntagme a Socrate oriri n'a évidemment rien d'un passif,
non plus que patior iniurias ab inimicis, qui contient en
outre un accusatif et est commutable avec accipio etc. ; en
revanche (a ceteris) imitatus est un véritable passif. Les
déponents transitifs susceptibles de se prêter à la trans
formation passive, ici purement syntaxique, sont appelés
communia par les grammairiens latins. Le phénomène est
très limité et concerne essentiellement le participe en -tus
où l'ambivalence ne présente aucun inconvénient, à cause
de l'indication du genre.
Comme l'appoint morphologique fourni par l'actif est
très réduit et univoque, on peut conserver la définition DÉPONENT ET PASSIF Ô70
ordinaire des Anciens : les déponents sont des verbes qui
ont « déposé » leur nature passive. A l'opposé du déponent
le passif a pour fonction essentielle d'entrer dans une oppos
ition directe avec l'actif correspondant ; le thème verbal,
apte à recevoir un double jeu de désinences, est donc bila
téral.
Il y a pourtant des passiva tantum, parfois confondus
avec les déponents. Conflictor « se heurter » et plector « être
battu » sont ainsi considérés comme des déponents par
Wackernagel et .T. Kurylowicz, et jusque dans l'ouvrage
fondamental de Hofmann (Szantyr) (9). C'est une erreur
grave :
1) ces verbes n'ont pas un paradigme mixte : c'est vrai
de plector ; quant au participe conflictans, il n'est pas
attesté avant Sidoine et peut provenir de l'actif intransitif ;
2) il demeure une opposition indirecte avec l'actif dans
chaque groupe lexical. Conflictor apparaît comme un passif
dès qu'on le confronte avec confligo, affligo et afflicto ;
plector doit à plecto « tresser » d'être resté longtemps
exclusivement passif. Mais les formations en -to sont fon
cièrement transitives (necto, pecto etc.) ; en outre l'étymo-
logie (cf. baltique et aussi plango) montre que la base est
active ;
3) une opposition directe, pour être tardive, ne doit pas
être négligée. Conflicto

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