Dionysos chthonien d après les monuments figurés de la période classique - article ; n°1 ; vol.68, pg 296-339
45 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Dionysos chthonien d'après les monuments figurés de la période classique - article ; n°1 ; vol.68, pg 296-339

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
45 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1944 - Volume 68 - Numéro 1 - Pages 296-339
44 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1944
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Henri Metzger
Dionysos chthonien d'après les monuments figurés de la
période classique
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 68-69, 1944. pp. 296-339.
Citer ce document / Cite this document :
Metzger Henri. Dionysos chthonien d'après les monuments figurés de la période classique. In: Bulletin de correspondance
hellénique. Volume 68-69, 1944. pp. 296-339.
doi : 10.3406/bch.1944.2626
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1944_num_68_1_2626DIONYSOS CHTHONIEN
D'APRÈS LES MONUMENTS FIGURÉS
DE LA PÉRIODE CLASSIQUE
(PI. XXV)
Nous nous sommes proposé de réunir, dans le présent travail, les monu
ments figurés de la période classique dont l'étude facilite la connaissance
de Dionysos chthonien. Notre enquête a porté en majeure partie sur les
peintures de vases attiques à figures noires ou à figures rouges, mais il
nous a paru impossible de négliger, de propos délibéré, les indications que
pouvaient nous donner les autres branches de l'archéologie figurée. Nous
avons distingué la divinité de la végétation renaissante, la divinité infernale
et la divinité éleusinienne et groupé les monuments figurés sous ces diverses
rubriques : nous n'ignorons pas les inconvénients de ce classement un peu
arbitraire, qui semble toutefois s'imposer pour la clarté de l'exposé.
I. Dionysos divinité de la végétation renaissante
Parmi les peintures de vases représentant l'anodos d'une divinité
chthonienne figure celle d'un cratère en cloche de l'ancienne collection
Hope au Musée britannique (1), dont nous donnerons tout d'abord une
description sommaire (fig. 1).
Sous un monticule en forme de dôme un personnage masculin, accueilli par
une petite Niké, sort de terre jusqu'à la hauteur des genoux. Il est imberbe et sa
chevelure, ceinte d'une couronne, flotte sur ses épaules ; le bas de son corps est
pris dans une draperie ; il tient un thyrse contre son épaule droite. A l'extérieur
(1) E. M. Tillyard, The Hope Vases, n° 163, pi. 26 ; H. B. Walters, JHS, XLI, 1921, p. 150. DIONYSOS CHTHONIEN 297
du monticule quatre figures sont rassemblées. A droite une ménade tient d'une
main un thyrse et de l'autre un plateau chargé d'offrandes. A gauche un silène,
nu et barbu, la chevelure ceinte d'une couronne, est accoudé au tertre et porte
un thyrse. Derrière ce silène et au même niveau que lui, une ménade contemple
la scène, le pied gauche posé sur un rocher. Au-dessous de cette est assis,
un jeune homme nu, d'apparence identique à celle de la figure centrale, mais
qui porte une mitre.
Fig. 1. — Cratère Hope, n° 163 (d'après J. E. Harrison, Prolegomena2, fig. 128).
Le vase date des premières années du ive siècle et s'apparente à un
groupe de cratères attiques dont le décor et le style dénoncent un des
maîtres de la période antérieure, le peintre du dinos de Berlin (1). Tous
les commentateurs s'accordent à reconnaître dans la figure située au
centre du tableau et sortant de terre l'image d'une divinité chthonienne,
dont l'anodos consacre le retour de la végétation. Le thyrse fleuri et la
couronne végétale qu'elle porte sont les attributs traditionnels d'une
divinité du printemps ; la présence d'une petite Niké symbolise la victoire
(1) Cf. W. Hahland, Stud. ζ. all. Vasenmal., p. 56 sq. ; J. D. Beazley, AU. Vase-Painlert,
p. 789 sq. ■
'
298 H. METZGER
qu'elle vient de remporter sur. l'hiver. Les avis se sont néanmoins partagés
sur l'identification de cette divinité. Tillyard (1), à la suite de
J. Harrison (2), a voulu y voir Dionysos en personne et la présence probable
du dieu mitréphoros parmi les spectateurs du drame ne lui a pas paru
une raison suffisante pour rejeter une pareille explication (3). Furtwàn-
gler (4) a parlé de Iacchos, tout en reconnaissant qu'aucune tradition
littéraire ne confirmait son hypothèse. M. Nilsson (5) a adopté l'explication
de Tillyard, mais a surtout insisté sur la confusion qui se serait produite
entre le thème de l'anodos de Core et celui de l'épiphanie de Dionysos.
M. Buschor (6) s'est contenté de parler d'un jeune dieu chthonien, sans
vouloir préciser davantage.
Les difficultés auxquelles se heurte l'interprétation du cratère Hope
tiennent au caractère exceptionnel de la scène qui s'y trouve représentée.
Si, en effet, de nombreuses peintures de vases attiques des ve et ive siècles
illustrent l'anodos d'une divinité féminine que l'on identifie, suivant
les cas, avec Coré-Perséphone, avec Aphrodite ou avec Pandore (7),
l'épiphanie d'une divinité masculine ne figurait, jusqu'à ces derniers temps,
que sur ce document isolé (8) et l'on s'explique l'hésitation dont certains
ont fait preuve sur l'identification de la figure jaillissant du sol. Une
pareille constatation donne tout* son prix à la peinture d'un petit lécythe
à figures noires que. nous avons remarqué récemment dans le commerce
athénien et dont nous avons fait prendre les photographies et le croquis
joints à cette étude (fig. 2 et pi. XXV).
Lécythe à figures noires sur fond blanc. Hauteur conservée (mesurée au sommet
de l'anse) : 0 m. 155; hauteur de l'épaule : 0 m. 115 ; hauteur de la zone des
personnages : 0 m. 065 ; circonf. max. (mesurée à l'épaule) : 0 m. 220. Manquent
(1) Ibid., p. 98.
(2) Prolegomena, p. 406 : « The rising figure can be none other than the child of Semele, the
earth-Dionysos himself ».
(3) Un dédoublement analogue figurerait sur une hydrie du Musée britannique (E 246;
cf. C. Smith, JHS, X, 1890, p. 343 sq.), où Dionysos assiste en personne à la mise en
pièces de Dionysos-Zagreus par les Titans.
p. 120. (4) Jahrb., VI, 1891,
(5) Griech. Feste, p. 288, n. 1 ; Archiv Bel. Wiss., 32, 1935^ p. 100 et 132.
(6) S. B. Bayer. Akad., 1937, I, p. 31.
(7) Cf. infra, p. 304 sq.
(8) Le vase de Stockholm auquel Tillyard fait allusion, d'après J. Harrison, Themis, p. 42,
n° 6, est sans doute un cratère tardif, où est figurée, non pas l'anodos de Dionysos, mais celle
d'une divinité féminine, accueillie par des silènes brandissant des marteaux (cf. C. Robert, Arch.
Màrchen, pi. V c ; M. P. Nilsson, art. cit., p. 133, n° 7 ; E. Buschor, S. B. Bayer. Akad., 1937, I,
p. 27). DIONYSOS CHTHONIEN 299
l'embouchure et une partie du col. Le vase a été brisé en plusieurs fragments et
recollé grossièrement.
Sur l'épaule, deux frises de languettes superposées. La limite supérieure de
la zone des personnages est marquée par un trait noir en partie effacé, la limite
inférieure par une large bande noire que souligne un trait réservé sur le fond
naturel de l'argile. La base du vase et son pied sont recouverts de Vernis noir.
Au centre du tableau, un buste d'homme barbu est vu de profil à droite.
De rapides incisions marquent les détails du visage, de l'oreille (ou de l'ornement
en forme de spirale qui la recouvre), de la chevelure et du vêtement qui paraît
noué sur l'épaule à l'aide d'une boucle. Un silène et une ménade encadrent ce
Fig. 2. — Lécythe d'Athènes.
buste. A gauche, Ja ménade, vêtue d'une tunique serrée à la taille, tient dans
la main droite un rameau de vigne, dont l'extrémité inférieure paraît s'insérer
dans la chevelure du personnage central, tandis que sa main gauche se cache
derrière cette chevelure. A droite, un silène, nu, ithyphallique et barbu, pèse de
toute la force de ses deux bras sur le front et le visage du personnage sortant
de terre.
Les figures se détachent en noir sur un fond blanc crémeux ; la barbe du person
nage central était peinte en rouge. Vernis noir et retouches ont en grande partie
disparu. L'exécution est hâtive et les peintures ont beaucoup souffert. Dans l'état
actuel du vase, il semble impossible de préciser la destination du rameau de vigne
que la ménade tient dans la main droite.
La forme de notre lécythe (base étroite s'évasant progressivement sans
former de cylindre, arête de l'épaule nettement marquée) permet de
l'attribuer au dernier quart du vie ou aux toutes premières années du 300 H. METZGER
ve siècle (1) et le style des figures confirme cette première impression.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents