Documents pour servir à l'histoire de Vannes. Comptes rendus au Chapitre cathédral. Le siège épiscopal vacant (7 janvier - 19 avril 1476) - article ; n°4 ; vol.34, pg 461-485

J. Delamartinière

Description

Annales de Bretagne - Année 1919 - Volume 34 - Numéro 4 - Pages 461-485
25 pages

Informations

• Publié par: ANNALES_DE_BRETAGNE
• Publié le: 01 janvier 1919
• Nombre de lectures: 28
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

J. De La Martiniere
Documents pour servir à l'histoire de Vannes. Comptes rendus
au Chapitre cathédral. Le siège épiscopal vacant (7 janvier - 19
avril 1476)
In: Annales de Bretagne. Tome 34, numéro 4, 1919. pp. 461-485.
Citer ce document / Cite this document :
De La Martiniere J. Documents pour servir à l'histoire de Vannes. Comptes rendus au Chapitre cathédral. Le siège épiscopal
vacant (7 janvier - 19 avril 1476). In: Annales de Bretagne. Tome 34, numéro 4, 1919. pp. 461-485.
doi : 10.3406/abpo.1919.1536
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1919_num_34_4_1536SIÈGE ÉPISCOPAL VACANT. 4til LE
noine. Le vicaire général expédiait les collations de bénéfices,
remplaçait le Chapitre partout où celui-ci ne pouvait agir en
corps, mais était loin de posséder tous les pouvoirs des
vicaires capitulaires de notre temps. C'est ainsi que l'autori
sation de recevoir les ordres sacrés des mains d'un évêque
étranger au diocèse fut accordée aux membres du clergé,
dans les premiers mois de 1470, beaucoup plus souvent par
le Chapitre que par le seul Guillaume de Quistinic.
Chambre ëpiscopale. Cour ordinaire de Vojficialité. — -
Après le vicaire général furent élus, sans doute, les offlciaux.
Nos comptes en nomment deux : 1' « officiai de chambre »,
dont les gages pour un « quartier » de trois mois sont de
10 livres; et Y « officiai ordinaire » qui reçoit 15 livres pour
le même temps.
Ils président à deux rouages distincts de la juridiction ecclé
siastique : la « chambre » ou « chambre épiscopale » quand
c'est l'évêque qui gouverne, et la « court ordinaire de l'offi-
ciaulté ».
La Chambre. Son oflicial; son promoteur. — La Chambre
connaît des causes d'ordre spirituel. C'est un tribunal : en
face du juge, l'offîcial, le promoteur remplit le rôle du minist
ère public.
L' « -oflicial de chambre », chanoine Olivier de Rédoret, eut
à juger un clerc qu'il fit transférer dés prisons de Malestroit
à celles de la Motte, château de l'évêque de Vannes. Les docu
ments font défaut pour suivre son rôle avec quelque détail.
Quant au « promoteur de chambre », aussi un chanoine,
Sylvestre de Kerrimel, il tenait des comptes réguliers. C'est
lui, en effet, qui, tout en poursuivant les causes d'office,
encaissait les amendes imposées par la Chambre, donnait
quitus de leur mission aux exécuteurs testamentaires, scellait
les sentences de la Chambre et les « absolutiones ». Du
7 janvier au 19 avril, Sylvestre de Kerrimel perçut trois
amendes de 10 sous, deux de 25 sous et une de 50, ces der-,
nières imposées à des prêtres; délivra quittance, moyennant 462 COMPTES RENDUS AU CHAPITRE CATIlÉDRAL.
5 sous, à deux exécuteurs testamentaires; scella du « selau
de la court de la Chambre » 196 pièces, recevant encore 5 sous
pour chacune d'elles.
Deux de ces pièces étaient des sentences; les 194 autres, on
n'en peut douter par comparaison avec le compte du promot
eur de 1514, étaient des « absolutiones ».
Le scelleur Becdelièvre. — Maître François Becdelièvre,
scelleur dont le titre officiel ne nous est pas connu, expédie
les actes intéressant plus spécialement le spirituel, et en parti
culier les titres de eléricature et d'ordination. Son compte se
trouve, en quelque sorte, former un registre d'ordination pour
le carême de 1476, malheureusement incomplet par suite de
la perte du premier feuillet.
On y distingue les « lettres de couronne » et les « aquo-
cumque ». Les « lettres de couronne » étaient décernées à
ceux qui, ayant reçu la tonsure, devenaient ainsi les bénéf
iciaires du privilège de cléricature. Pour recevoir la tonsure
ou les ordres sacrés en dehors du diocèse, a quoeumque epis-
copo, il fallait l'autorisation du vicaire ou du Chapitre :
c'était Yaquocumque.
Les 14, 16, 18, 19, 22 et 25 mars, c'est-à-dire du jour de
l'arrivée à Vannes de l'évêque de Sinoipe, dont nous parle
rons plus loin, jusqu'au jour de son départ, furent délivrées
36 « lettres de couronne ». Un seul des nouveaux clercs ainsi
mentionnés, Eon Morice, reçut Yaquocumque pour les ordres
mineurs peu après ses lettres de couronne (22 et 24 mars).
Le 2 mars, Becdelièvre avait scellé un « aquoeumque ad
primam tonsuram et ad minores ordines »; les 13 et 17 avril,
il scelle deux « aquoeumque à avoir couronne », c'est-à-dire
l'autorisation d'aller se faire donner la tonsure en dehors du
diocèse.
Du dernier jour de lévrier au 17 avril, furent scellés
86 aquoeumque autorisant à recevoir les divers ordres sacrés.
Tel lit sceller un aquoeumque pour être acolyte le 5 mars,
pour recevoir le sous-diaconat le 27 mars, le diaconat le
8 avril; un autre Yaquocumque pour la tonsure le 22 mars, SIÈGE ÉPISCOPAL VACANT. 463 LE
les ordres mineurs le 2\ mars, le sous-diaconat le 5 avril;
plusieurs Vaquocumque pour le le 1er imans,
pour le diaconat et la prêtrise le 22 mars.
Le tarif était de 5 sous pour Yaquocumqûe « ad accolitatum
octosque inferiores ordines », de môme somme pour chacun
des autres ordres. Le bénéfice net versé au Chapitre fut assez
élevé : la cire verte employée pour chaque sceau revenait, en
effet, si on doit se lier aux comptes du scelleur, à un peu
plus d'un demi-denier seulement.
Avec les aquocumquc maître François délivra une « lectre
de cure ». sans doute une collation; et deux « tolleramus »,
autrement dit deux permis d'inhumer en terre sainte au
profit d' « iing povre homme de Guidel décédé en sentence
d'excommunié ». et d' « ung de Rieux décédé sans confession
sacerdotale ».
Scelleur de la « Court ordinaire ». — II est difficile de
préciser le rôle de la « Court de l'officiaulté ». Tou
jours est-il que le Chapitre estimait la charge de « scelleur
de la Court » assez importante pour la confier à un chanoine,
Guillaume du Leslé. Le sceau de la Cour ordinaire procurait,
en effet, des revenus très supérieurs à ceux fournis par le
promoteur et le scelleur des aquocunique. Durant le premier
trimestre de 1 V76, le promoteur toucha 57 1.1 s.; maître Bec-
delièvre, scelleur des aquocumquc, 47 1. 13 s. 5 d.; Guillaume
du Leslé, du seul produit du sceau de la Cour ordinaire,
recueillit 133 1. 3 s. 5 d.
A l'aide de cette somme il paya les gages de l'official ordi
naire et, sur les ordres de celui-ci, les gages des clercs de
l'ofTicialité, du geôlier de la prison de la Motte, les enquêteurs
dans une cause d'office où le coupable fut condamné « ad
carceres perpetuos », les frais faits pour aller chercher le saint
chrême à Rennes, enfin frère Guillaume Maillart, prédicateur
du carême, qui ne reçut pas moins de 10 1.
Consécration de la cathédrale par Vévéque de Sinope. —
Mais ce furent là des dépenses accessoires, pour ainsi dire, 464 COMPTES RENDUS AU CHAPITRE CATHEDHAL,
par rapport à celles provoquées par la venue à Vannes du
dominicain Robert de Berges, évêque de Sinope.
L'évêque Yves de Pontsal, avant de mourir, avait achevé de
reconstruire la nef de sa cathédrale. Le Chapitre résolut de
la faire consacrer sans retard. Il lui parut, sans doute, que
nul n'était mieux désigné, pour présider à cette cérémonie
solennelle, qu'un frère par la règle de maître Vincent qui
avait tant contribué à procurer les subsides nécessaires au
grand œuvre. L'évêque in partibus de Sinope, évêché d'Asie
Mineure occupé par les Turcs, se trouvait alors à Rennes :
le Chapitre lui dépêcha, le 9 février, un messager, Jean le
îMaçon. 11 pria Monseigneur de Sinope de « faire l'honneur
à l'église de Vannes et aux seigneurs du Chapitre de venir
bénir et consacrer la nef et les chapelles » de cette église,
et en même temps faire les ordinations de carême W.
L'évêque de Sinope se trouvait lié par des engagements
antérieurs. Il remplaçait à Rennes l'évêque absent, et lui
avait promis de procéder aux ordina