Élites parisiennes entre XVe et XVIIe siècle : du bon usage du Cabinet des titres. - article ; n°2 ; vol.155, pg 607-644
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Élites parisiennes entre XVe et XVIIe siècle : du bon usage du Cabinet des titres. - article ; n°2 ; vol.155, pg 607-644

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1997 - Volume 155 - Numéro 2 - Pages 607-644
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Robert Descimon
Élites parisiennes entre XVe et XVIIe siècle : du bon usage du
Cabinet des titres.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1997, tome 155, livraison 2. pp. 607-644.
Citer ce document / Cite this document :
Descimon Robert. Élites parisiennes entre XVe et XVIIe siècle : du bon usage du Cabinet des titres. In: Bibliothèque de l'école
des chartes. 1997, tome 155, livraison 2. pp. 607-644.
doi : 10.3406/bec.1997.450886
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1997_num_155_2_450886Résumé
L'étude des trajectoires parcourues par les familles des grands notables parisiens entre la fin du XVe et
le début du XVIIe siècle montre que le principe de leur identité sociale passa du Corps de ville, dont
elles accaparaient la gestion, à l'installation dans les cours souveraines et au Conseil. La nature et la
profondeur de cette mutation ne sauraient apparaître si l'on s'en tient aux généalogies du Cabinet des
titres de la Bibliothèque nationale de France. Seul le recours aux actes notariés permet d'apprécier la
diversité, la réussite ou l'échec des stratégies mises en œuvre par le patriciat municipal en formation à
Paris. Le paradoxe le plus clair que mettent en lumière les études lignagères est le dynamisme,
l'inventivité sociale de la noblesse de robe naissante, alors qu'un passage prématuré à la noblesse des
champs et même à la d'épée ou de Cour préludait souvent à un déclin. Les enquêtes
colbertiennes ont cependant imposé jusqu'à nos jours une autre conception de la noblesse, que
confortent précisément les titres généalogiques. L'enjeu historiographique du débat est de cerner les
dynamiques réelles de la France moderne et de donner une réponse sociale, au moins parisienne, à la
vieille question : qu'est-ce qu'être et que devenir noble ?
Zusammenfassung
Eine Untersuchung des gesellschaftlichen Werdegangs der großen Panser Notablenfamilien zwischen
dem ausgehenden 15. und dem beginnenden 17. Jahrhundert zeigt, daß deren soziale Identität sich
zunächst in der Stadtverwaltung herauskristallisierte, die die Familien ihrem Einfluß unterwarfen, um
sich dann auf eine Einbindung in die Cours souveraines und in den Staatsrat hin zu orientieren. Die
Eigenart und Radikalität dieses Übergangs lassen sich nicht aus den Ahnentafeln des Cabinet des titres
der Bibliothèque nationale de France ablesen. Erst eine Heranziehung der Notarsakten öffnet den Blick
auf die Variationsbreite, auf Erfolge und Mißerfolge der vom städtischen Patriziat in der Epoche seiner
Konstituierung verfolgten Strategien. Das auffälligste neue Moment, das solche familiengeschichtlichen
Untersuchungen zutage fördern, liegt in der Dynamik, präziser in der am gesellschaftlichen Fortkommen
orientierten, inhärenten Innovationskraft des jungen Verdienstadels, bei dem eine zu rasche Einbindung
in den Land- oder selbst in den Schwert- oder Hofadel oft den Niedergang einläutet. Dies widerspricht
nun den Adelsvorstellungen, die bis in die heutige Zeit von den Enquêtes colbertiennes geprägt werden
und die eben von den genannten Adelstafeln gestützt werden. Für die Historiographie stehen daher die
wahren Prozeßformen in der Entstehung des modernen Frankreich zur Debatte, wobei es um eine —
zunächst auf Paris beschränkte — soziologische Antwort auf die Frage geht : Was bedeutet es,
Adeliger zu sein oder zu werden ?
Abstract
The study of the progress made by the most eminent families of the Parisian notability between the late
fifteenth and early seventeenth centuries shows that the basis of their social identity shifted from the
Corps de ville, which they already controlled, to the sovereign courts and royal Council where they
progressively made their mark. The genealogical documents of the Cabinet des titres in the
Bibliotheque nationale de France alone offer insufficient evidence of the nature and importance of this
change. It is only by resorting to notarial records that one can appreciate the diversity and the success
or failure of the strategies put into practice by the municipal patriciate of Paris in its formative phase.
The clearest paradox resulting from the study of the various lineages is that the rising noblesse de robe
proves to be socially the more active and inventive, whereas those families who prematurely made their
way into the rural or even the military nobility often went into decline. But it is another conception of
nobility which has prevailed to the present day, reflecting the investigation ordered under Colbert, i. e.
precisely the conception asserted through genealogical titles. This discussion is intended as a
contribution to the understanding of the true dynamics of early-modern France. It suggests a social
answer, at least for Paris, to the time-worn question, what did it mean to be or to become noble ?Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. 155, 1997, p. 607-644.
ÉLITES PARISIENNES
ENTRE XVe ET XVIIe SIÈCLE
DU BON USAGE DU CABINET DES TITRES
par
Robert DESCIMON
« Ceux-là se moyennent ce nom de noblesse à
la pointe de leurs espées, ceux-cy à la pointe seu
lement de leurs plumes... Par quoy nous ne devons
point envier au gendarme qu'il se donne quelque
prérogative de noblesse par-dessus nous, moyenn
ant qu'il ne se laisse point piper d'une folle ima
gination fondée en la mémoire de ses ancestres. »
(Etienne Pasquier,
Les recherches de la France, II, XVII.)
De la fin du Moyen Âge à l'âge classique, comment les familles qui appar
tenaient aux élites urbaines ont-elles, au long des générations, construit et
manipulé leurs identités ? Quels changements se sont produits dans la cul
ture et l'imaginaire de la domination sociale et politique ? La réflexion ici
proposée ne sépare pas la définition de l'objet (la mutation des supports
de la domination sociale) et la critique des documents qui permettent de
l'appréhender, d'où le parti pris de mettre en regard des séries généalo
giques et des actes de la pratique juridique pour reconstituer sur le long
terme, autant que l'état de la documentation le permet, des généalogies sen
sibles aux jeux de l'alliance et de la collatér alité.
Les « bonnes villes » ont conjugué les temps du privilège bourgeois sur
des modes variés. Le choix opéré focalise la recherche sur le devenir de
grands lignages parisiens qui ont accaparé l'administration de la ville à la
fin du XVe et au début du XVIe siècle. « En s'emparant du pouvoir municip
al, l'élite fait plus que s'attribuer un moyen de domination, elle y trouve
Robert Descimon, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, Centre
de recherches historiques, 54 boulevard Raspail, F-75270 Paris Cedex 06. 608 ROBERT DESCIMON B.É.C. 1997
l'un des signes les plus éclatants de son identité » 1. Identité, certes, mais
qui a changé avec le temps : lors de la croissance impétueuse de « l'Etat
d'offices » entre François Ier et Louis XIV, beaucoup de ces familles ont
accédé à la haute robe2. À l'origine, les couches dirigeantes citadines se
sont formées et reproduites « d'après des procédures qui sont la légitima
tion d'une domination politique et sociale issue et nourrie du milieu
urbain » 3. Par la suite, la société urbaine a dû adapter ses propres critères
à des idéologies plus générales, qui situaient les normes de la réussite dans
le cadre de l'État monarchique. Ce processus d'unification des structures
mentales de la domination est une des évolutions constitutives de l'Ancien
Régime4. Si la plupart des histoires de lignages que l'on va retracer appa
raissent comme des histoires de succès, elles ne revêtent pas des caractères
identiques. Leur description permet d'aborder le problème sous une autre
face, en étudiant les stratégies d'adaptation mise en œuvre au sein de la
grande notabilité parisienne.
1. Bernard Chevalier, Les bonnes villes de France du XIV au XVI' siècle, Paris, 1982, p. 75.
Une communication présentée au colloque du Centre d'études supérieures de la Renaissance
à Tours est à l'origine du présent article ; je remercie vivement Gerald Chaix qui m'a permis
d'en reprendre le texte dans une version plus complète.
2. Denis Richet, Une famille de robe : les Séguier avant le chancelier, dans id., De la Réforme
à la Révolution : études sur la France moderne, Paris, 1991, p. 155-306 ; Barbara B. Diefen-
dorf, Paris city councilors in the sixteenth century : the politics of pa

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