Émeute de l université de Paris en 1453. - article ; n°1 ; vol.5, pg 479-489
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Émeute de l'université de Paris en 1453. - article ; n°1 ; vol.5, pg 479-489

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1844 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 479-489
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1844
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Louis Douet D'arcq
Émeute de l'université de Paris en 1453.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1844, tome 5. pp. 479-489.
Citer ce document / Cite this document :
Douet D'arcq Louis. Émeute de l'université de Paris en 1453. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1844, tome 5. pp. 479-489.
doi : 10.3406/bec.1844.451781
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1844_num_5_1_451781ÉMEUTE
DE
L'UNIVERSITÉ DE PARIS
EN 1453.
Les pièces qu'on va lire se rattachent à une querelle qui eut lieu en
1453 , entre l'Université et le prévôt de Paris. Avant d'en dire quel
ques mots, nous reprendrons les faits d'un peu plus haut.
De tout temps, l'Université s'est montrée jalouse de son pouvoir et ar
dente à poursuivre les infractions faites à ses privilèges; mais c'est
surtout au quinzième siècle, qu'elle semble donner ia véritable mesure
de ses forces et de sa colère. En effet, c'est en 1404 qu'éclate l'affaire
de Charles de Savoisy (l). Pour une légère insulte faite à des écoliers
de l'Université, on vit alors un chambellan du roi de France banni , ses
puissants protecteurs intimidés, et jusqu'à son hôtel détruit et rasé de
fond en comble par une foule en fureur. Trois ans plus tard, c'est le
premier magistrat de la ville, un prévôt de Paris (2), qui, pour avoir
fait exécuter deux écoliers convaincus de crime par leur propre aveu,
se voit, malgré un commencement de résistance de la part du roi, des
titué de son office et obligé à demander pardon au corps puissant qu'il
avait offensé. Ces deux exemples sont célèbres. L'affaire, dont il s'agit
ici, n'a pas eu le même retentissement, car elle n'est mentionnée dans
aucun chroniqueur. Cependant, comme elle coïncide avec la réformat
ion des études opérée par le cardinal d'Estouteville en 1452, et qu'elle
faillit amener une espèce de schisme entre l'Université et révoque de
Paris, elle n'est pas sans importance. Nous allons en dire quelque
chose d'après Du Boulay, qui a puisé son récit dans les papiers de l'Uni
versité.
Vers le commencement de l'année 1453, quelques écoliers, la plupart
innocents, dit Du Boulay, ayant été arrêtés par ordre du lieutenant
criminel et incarcérés au Chàtelet, le recteur convoqua une assemblée
(1) Voyez Monstrelet, le Religieux de Saint-Denis et Juvénal des Ursins.
(2) Guillaume de Tignon ville Voyez Juvénal des Ursius.
32. 480
de l'Université, qui se tint le 9 mai. Il y fut résolu qu'il irait le jour
même, accompagné de l'orateur de l'université et d'une suite nomb
reuse, trouver le prévôt de Paris, et lui réclamer les prisonniers. Le
prévôt leur fit bon accueil, leur répondit avec douceur, et donna l'ordre
à un nommé Me Nicolas de relâcher aussitôt les innocents sans con
ditions et les coupables sous caution. Comme le recteur et sa suite, au
nombre d'environ huit cents tant maîtres qu'écoliers, s'en retournaient
par la rue St-Antoine, ils trouvèrent sur leur passage un commissaire
avec sept ou huit sergents. Les esprits étaient trop échauffés pour
qu'une pareille rencontre n'amenât pas une querelle. Aux premiers
mots, les sergents tombèrent sur les écoliers, et, ne trouvant pas grande
résistance de leur part, ils les dispersèrent, après en avoir blessé quel
ques-uns et tué un bachelier en décret, nommé Me Baymond de Mau-
regard. Les bourgeois, qui n'aimaient pas les écoliers, firent cause
commune avec les sergents, et les choses en vinrent à ce point, que le
recteur lui-même courut les plus grands dangers (l).
L'Université, lorsqu'elle était menacée dans ses privilèges ou frap
pée dans ses membres, avait une arme terrible dont elle ne se faisait
pas faute. Sur-le-champ elle suspendait ses exercices, et cette espèce
d'excommunication intellectuelle, dans laquelle elle plongeait la ville ,
durait jusqu'à ce qu'elle eût obtenu satisfaction. C'est à ce grand moyen
qu'elle eut recours, après le tumulte de la rue St-Antoine. Le lendemain,
jour de l'Ascension, le recteur convoqua une assemblée où il exposa ce
qui s'était passé la veille, et peignit sous les couleurs les plus fortes
l'outrage fait à l'Université. On décréta à l'unanimité que toutes leçons
et prédications cesseraient immédiatement, et que ïe corps ne songerait
plus qu'à poursuivre la réparation, de ses griefs. Le même jour, le rec
teur et presque tous les membres de l'Université assistèrent à l'enterr
ement de Raymond de Mauregard.
Dès que ces choses furent sues, le président de la chambre des compt
es alla, avec le prévôt des marchands et les échevins de la ville de
Paris, prier l'Université de suspendre l'exécution de son décret. Une
nouvelle assemblée se tint à ce sujet, et, non-seulement on n'y voulut
pas obtempérer à cette demande, mais encore il fut arrêté qu'on prie
rait l'évêque de Paris de jeter l'interdit sur la ville, ou du moins sur
(1) « Et post occasum illius \enerabilis magistři, nomine de Mauregard nuncupati,
venit quidam cliens, nuncupatus Charpentier, ad rectorem, et \olebat eum interficere,
nisi fuisset unus venerabilis hurgensis. Quidam etiam Sagittarius volebat dictum rec
torem perforare sagitta , nisi decursnm per modům dicti burgensis subsidium evenis-
set. » (Bulaeus , Hist. TJniv. Par. t. V , p. 578. ) 481
les trois quartiers où un crime aussi éuorme avait été commis; que, de
plus, l'Université déposerait sa plainte au Parlementât se porterait par
tie contre le prévôt et son lieutenant.
En conséquence, le jour suivant, samedi 12 mai, le recteur, accom
pagné d'un grand nombre de députés de l'Université , se transporta au
Me Jean Paiuetchair, de la nation de France, exposa : Parlement. Là,
« que le recteur, en s'en retournant de l'hôtel du prévôt de Paris, où il
était allé pour réclamer les privilèges de l'Université, rencontra un comm
issaire, accompagné de plusieurs sergents, auquel il dit : Pour Dieu !
ne passez pas par cette rue de peur de causer une commotion, car vous
paraissez déjà avoir la tête montée (l) : que ceux-ci répondirent,
qu'ils étaient les serviteurs du roi, et qu'ils passeraient sur l'heure
même : qu'alors le recteur se mit à crier : Vive le roi et ceux qui l'a
iment : qu'aussitôt les sergents se mettant en devoir de se frayer un
passage, se ruèrent sur les écoliers, en frappèrent un grand nombre, en
tuèrent un, et en blessèrent quinze ou seize, dont quelques-unsmortelle-
nient. » Après cet exposé de l'orateur de l'Université, le recteur prit la
parole, et conclut en demandant l'emprisonnement du prévôt de Paris
et de son lieutenant, et se porta partie civile contre eux. Le président
Regnault de Marie, répondit: «que la cour avait vu avec le plus grand
déplaisir le tort fait à l'Université, et qu'elle songeait à lui donner satis
faction, mais qu'elle demandait que la suspension fût levée, et qu'alors
elle ferait bonne et briève justice. «Après avoir remercié la cour, le rec
teur et les députés se retirèrent, en disant qu'ils en référeraient à l'Uni
versité.
C'est ce qu'ils firent en effet dans l'assemblée qui se tint aux Bernard
ins, le lundi suivant, et le lendemain, ils retournèrent au Parlement,
porteurs des conclusions de l'Université. Elle déclarait que la cessation
des leçons durerait, tant que l'emprisonnement du prévôt de Paris n'au
rait pas été ordonné.
Pendant ce temps, la cour instruisait l'affaire des sergents qui avaient
blessé des écoliers et tué Raymond de Mauregard, et Du Boulay cite un
arrêt du 21 juin qui en condamne huit à l'amende honorable et un à
avoir le poing coupé (2).
(1) Pro Deo non transeatis per hanc viam, ne faciatis commotionem, quia jam vi-
demini conimoti. (Bulaeus, t. V, p. 580. ï
(2) « Et in janua S. Bernardi venerunt octo clientes, sex cum taedis et in camisiis et
duo sine taedis , vesliti sine capucio et zona ; et iecerunt emendam honorabilem , et
quidam nuncupatus Cha

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