Essai sur l organisation de l industrie à Paris aux XIIIe et XIVe siècles [premier article]. - article ; n°1 ; vol.29, pg 1-32
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Essai sur l'organisation de l'industrie à Paris aux XIIIe et XIVe siècles [premier article]. - article ; n°1 ; vol.29, pg 1-32

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1868 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 1-32
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1868
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Gustave Fagniez
Essai sur l'organisation de l'industrie à Paris aux XIIIe et XIVe
siècles [premier article].
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1868, tome 29. pp. 1-32.
Citer ce document / Cite this document :
Fagniez Gustave. Essai sur l'organisation de l'industrie à Paris aux XIIIe et XIVe siècles [premier article]. In: Bibliothèque de
l'école des chartes. 1868, tome 29. pp. 1-32.
doi : 10.3406/bec.1868.446114
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1868_num_29_1_446114T
ESSAI
SUR L'ORGANISATION
DE
L'INDUSTRIE A PARIS
. AUX XIIIe ET XIVe SIÈCLES.
La classe industrielle n'a pas eu, comme la classe agricole,
le privilège d'attirer la curiosité des érudits et de donner lieu à
un ensemble de travaux remarquables. On ne s'explique pas
cette indifférence relative, quand on songe que d'une part cette
classe, parvenue la première à la richesse et à l'indépendance,
a formé le noyau du Tiers-Etat, et que de l'autre, abstraction
faite de sa condition civile et politique, elle a conservé jusqu'à la
fin de l'ancien régime une organisation qui a exercé la plus
grande influence sur notre industrie. C'est à ce dernier point de
vue que nous allons nous en occuper, mais , avant de le faire ,
il est nécessaire de prévenir le lecteur que notre travail n'a
pour objet que l'industrie proprement dite, et que par conséquent
le commerce — avec ses règles-, ses débouchés, ses moyens de
publicité et de crédit , etc., — s'en trouve exclu.
Notre sujet ainsi limité nous a paru susceptible d'être divisé
comme il suit. La première partie, qui peut être considérée une introduction, se compose d'un examen du Livre des
métiers et d'un aperçu de l'état de l'industrie parisienne au XIIIe
et au XIVe siècles. Dans la seconde, abordant l'étude du corps de
métier, base de l'organisation industrielle au moyen âge , nous
le considérons d'abord en tant que société civile et religieuse,
puis dans son rôle public, enfin comme association d'artisans
unis pour la conservation d'un monopole. Nous terminons notre
\ travail en indiquant quelques-unes des causes si nombreuses et
si diverses qui, indépendamment de ce monopole, mettaient
obstacle au développement de la production.
PREMIÈRE PARTIE.
§ 1er-
DU LIVRE DES METIERS.
Nous ne pourrions rechercher l'origine des corporations d'arts
et métiers sans franchir les limites que nous nous sommes im
posées. Il suffit de dire que l'existence du régime corporatif est
antérieure à l'époque qui nous occupe, comme le prouvent des
textes que nous aurons occasion de citer. Arrivons immédia
tement au document qui nous permet d'étudier ce régime en
détail, c'est-à-dire au Livre des métiers, et essayons d'en
déterminer le titre exact, le caractère et la date.
Le manuscrit original conservé autrefois à la Chambre des
Comptes et qui périt dans l'incendie du 27 octobre 1737, était
connu au XVIIIe siècle sous le nom de premier livre des
métiers ou de livre blanc 1, mais, au moyen âge, le recueil
d'E. Boileau n'avait pas à proprement parler de titre , à moins
qu'on ne considère comme tel ce qu'on lit en tête de la table
des matières du ms. de la Sorbonně 350 : « C'est l'ordonnance
de l'intitulement des registres des mestiers et marchandises
de la ville de Paris... » C'est aussi sous cette désignation, qui
pouvait s'appliquer aussi bien à tout autre recueil de statuts
des métiers , qu'on le trouve mentionné dans des actes du temps.
Quelques auteurs ont paru considérer les statuts, auxquels
E. Boileau a attaché son nom, comme l'œuvre de ce prévôt 2.
S'il en était ainsi, ce texte perdrait singulièrement de son impor
tance , car il ne représenterait plus un état de choses bien anté
rieur à sa rédaction , mais une organisation nouvelle et dont tout
l'honneur reviendrait au législateur qui l'aurait conçue. Tel
1. Félibien, Hist, de Paris, I, 413. Delamare, Traité de la Pol., I, 114.
2. Delamare attribue même à E. Boileau la création des corporations, loc. cit. n'est pas le caractère du Livre des métiers, et il suffit de le
parcourir pour reconnaître que E. Boileau ne fit que recueillir
et fixer, en les réformant peut-être sur quelques points, les
usages suivis longtemps avant lui par les corporations. C'est ce
que prouve le début de presque tous ces statuts, de celui des
boucliers de fer par exemple , qui est ainsi conçu : « Quiconques
veut estre boucliers de fier à Paris , estre le puet franchement ,
portant qu'il ouevre aus us et ans coutumes del mestier qui
tel sunt l. » En outre, plusieurs contiennent des requêtes
adressées par les gens de métiers soit au roi , soit au prévôt de
Paris 2. Enfin, E. Boileau lui-même nous apprend la part qu'il a
prise au Livre des. métiers dans le préambule dont il l'a fait
précéder. Il ne s'y représente pas comme l'auteur des règlements
qui le composent , mais seulement ayant recueilli et mis
en ordre des usages auxquels il donna force de loi , après avoir
fait approuver leur rédaction par les habitants les plus consi
dérés, les plus compétents et les plus âgés réunis pour en
entendre la lecture 3. Dans quel but soumit-on cette rédaction
aux « plus anciens, » sinon afin de s'assurer de sa conformité
avec les antiques coutumes qu'ils avaient vu pratiquer? Nous
pourrions, si nous ne les jugions superflues, citer d'autres
preuves tirées également du texte dont nous nous occupons , car
on en trouve, pour ainsi dire, à chaque page. Nous avons dit
que le prévôt de Paris avait fait rédiger dans un certain ordre
les usages de chaque métier ; cela résulte d'abord de son témoi
gnage 4 , et ensuite du plan uniforme des statuts , qui débutent
presque tous en déclarant si le métier est franc, et, lorsqu'il ne
l'est pas, en fixant la somme pour laquelle il est vendu, et se
terminent par une disposition relative au guet et aux autres
obligations de la communauté. Et non-seulement ces deux
articles occupent presque toujours la même place, mais ils sont
conçus dans les mêmes termes, ainsi que celui qui règle le
nombre et le mode de nomination des gardes 5.
On ignore l'époque précise de la rédaction du Livre des
1. Liv. des met., p. 57 el pass.
2. Ibid., p. 63, 128 et pass.
3.p. 3.
4. « Quand ce fut fait, concoilli, asamblé et ordené... » Ibid., p. 3.
5. Liv. des met., pass. mais on sait qu'elle est postérieure non-seulement métiers,
l et à la à la mort de la reine Blanche (1er décembre 1252)
première croisade de saint Louis (1248-1254) 2, mais encore à
l'établissement des Frères de la pénitence de J.-G. ou Frères
Sachets à Paris, en 1261 3. D'un autre côté, E. Boileau est
mentionné avec le titre de prévôt dans des actes authentiques
de 1264 (n. s.), de 1265, de 1267, de 1268 (n. s.) 4. Au mois
d'avril 1270-71 , il avait un successeur, qui était Ptegnault
Barbou 5. C'est donc entre 1261 et 1270-71 qu'il faut placer
la rédaction de ce document.
Les chroniqueurs du temps , qui passent sous silence le rôle
important que joua E. Boileau à l'égard des corps de métiers,
ne nous ont pas laissé ignorer les circonstances dans lesquelles
il fut élevé à la dignité de prévôt. Pendant la minorité de saint
Louis , cette charge , remplie jusque là par un délégué du roi ,
fut donnée à ferme au plus offrant 6. On devinerait, si on ne les
connaissait par les historiens , les abus d'un système qui trans
formait en spéculation l'exercice des fonctions publiques. Les
prévôts fermiers soutenaient leurs parents dans les actes de
violence et d'oppression auxquels ils se livraient envers le
« menu peuple », qui ne pouvait obtenir justice contre les gens
riches. Quelquefois plusieurs personnes se réunissaient pour
prendre à ferme la prévôté, qu'elles administraient en commun.
Ainsi en 1257 elle était occupée par Guernes de Verbrie et
Gautier Lemaistre 7. Saint Louis réforma cet état de choses :
il sépara de la prévôté la recette du domaine, institua un
receveur en titre

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