Études sur l Indochine ancienne - article ; n°1 ; vol.46, pg 119-176
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Études sur l'Indochine ancienne - article ; n°1 ; vol.46, pg 119-176

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1952 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 119-176
58 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Pierre Dupont
III. Études sur l'Indochine ancienne
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 46 N°1, 1952. pp. 119-176.
Citer ce document / Cite this document :
Dupont Pierre. III. Études sur l'Indochine ancienne. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 46 N°1, 1952. pp.
119-176.
doi : 10.3406/befeo.1952.5160
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1952_num_46_1_5160ÉTUDES
SUR L'INDOCHINE ANCIENNE™
par
Pierre DUPONT
Membre de l'École Française d'Extrême-Orient
II
LES DÉBUTS DE LA ROYAUTÉ ANGKORIENNE
Une tradition constante dans l'épigraphie khmère, du n* au xine siècle, attribue
à Jayavarman II la fondation de la monarchie angkorienne. Il n'est guère, pour
cette période, de grandes inscriptions où son souvenir ne soit évoqué à l'occasion
de rappels dynastiques et où son avènement ne soit présenté comme inaugurant
une phase historique nouvelle. A examiner de près les inscriptions, on constate
cependant que le panégyrique de Jayavarman II gagne en ampleur avec le temps et
que les témoignages les plus proches de son règne sont aussi les plus succincts et
les plus rares.
On remarquera déjà que ni ce roi, qui a régné de 809 à 85o, ni son fils Jay
avarman III, qui a régné de 85 о à 877, n'ont laissé d'inscriptions actuellement
connues. Cette particularité est en soi assez insolite. Elle devient remarquable si
l'on accepte le point de vue des historiographes postérieurs et l'emphase avec
laquelle ils parlent de Jayavarman II : on peut s'étonner, en effet, que deux monarques
totalisant ensemble 75 ans de règne n'aient laissé aucune stèle de fondation royale
et ne soient pas mentionnés dans les rares inscriptions privées attribuables à leur
temps.
Si l'on élimine au contraire les commentaires et amplifications ultérieurs pour
nous en tenir simplement aux documents contemporains de chaque roi, il faut bien
admettre qu'aucun souverain officiel du Cambodge <2) n'est attesté entre Jay
avarman Ier (av. 657-apr. 681) et Indravarman Ier (877/889). Cet intervalle de
deux siècles est occupé par des temps troublés. Pour le vin* siècle, nous sommes
partiellement renseignés : des épisodes espacés entre 71З, date de l'inscription
W Cf. BEFEO, XLIII, 17 et suiv.
(•) Le mot Cambodge n'est employé ici que comme une désignation commode. Le terme ethnique
Kambuja d'où il dérive pas attesté, en effet, avant le ix' siècle en Indochine (cf. BSEI, XXIV, 1,
t6, n. 3). 120 PIERRE DUPONT
du Bàrày, due probablement à la veuve de Jayavarman Ier, et 7 1 7, conduisirent au
morcellement du Tchen-la, provoqué sans doute par un certain roi Puskara ou
Puskarâksa, attesté lui-même (1) en 716. Cette période est ensuite jalonnée par
quelques inscriptions, datées ou non, émanant de roitelets locaux ou les mentionn
ant. La dernière en date, trouvée à Vàt Tasar Moroy (Kratié) émane d'une reine
Jyesthârya et remonte à 80З. Au delà de cette date et avant Indravarman Ier (877/
889), nous ne disposons plus d'aucun document contemporain des événements.
Il est cependant une seconde source d'information dont on peut faire état : ce
sont les inscriptions généalogiques d'Indravarman Ie' et Yašovarman Ie* (889/
900), accessoirement celles de Râjendravarman II (944/968), qui nous donnent
pour le vin" et le ixe siècle des listes de dynasties parallèles. Elles montrent, confo
rmément à la logique, que le ix* siècle présente au Cambodge jusqu'à l'avènement
d'Indravarman Ier, les mêmes caractères que le vin'. On y constate l'existence de
trois ou quatre princes souverains contemporains de Jayavarman II. Comme ceux-ci
ne nous ont laissé, pour leur part, aucune inscription connue, il semble que Jay
avarman II, présentant les mêmes particularités, prenne ainsi place parmi ses « pairs я
dans une perspective historique rationnelle : nous avons affaire à des roitelets
ayant gouverné chacun une portion du Cambodge. Grâce aux mêmes listes nous
constatons ensuite que Jayavarman III a régné également avec au moins deux autres
princes contemporains : très probablement un roi de Bhavapura et le futur Indra
varman Ie*, qui portait alors un autre titre.
Ces précisions établies, il faut bien reconnaître cependant que si Jayavarman II
a tenu un rôle politique restreint, l'effort de cristallisation qui s'est produit ensuite
autour de sa personne, sinon de son règne, reste à expliquer; cet effort résulte
d'ailleurs d'une impulsion officielle qui semble bien due à la dynastie suivante,
celle d'Indravarman Ier.
En définitive, le problème posé par l'existence de Jayavarman II est donc double
et, après avoir tenté de rétablir les limites effectives de son territoire, nous devrons
aussi tenter de justifier l'importance prise ultérieurement par les références à son
temps.
Les données épi graphiques. — L'inscription de Sdb'k Как Thorn.
Aucune inscription actuellement connue n'émane, comme on sait, de Jayavarman II
lui-même et s'il se trouve mentionné dans les inscriptions généalogiques de Yašo-
varman Ier, c'est sans autre précision historique. Il nous reste heureusement un
recours différent pour reconnaître son importance et son territoire. Plusieurs textes
assez précis, échelonnés sur deux siècles environ, émanent de familles dont les
ancêtres furent au service de, Jayavarman II et participèrent à ses entreprises poli
tiques. Ces inscriptions répondent généralement à un but utilitaire, elles tendent à
produire des «titres de propriété», à établir des droits sur des terres qui trouvent
leur origine dans les générosités faites par Jayavarman II. Elles peuvent aussi,
quoique plus rarement, servir à fonder la validité de certains titres ou certains pri
vilèges attribués dans les mêmes conditions. Leur intérêt est de nous apporter
sur Jayavarman II des détails sans doute occasionnels, mais qui étaient reconnus
О P. Dupont, BEFEO, XLIII, 17 et suiv. ÉTUDES SUR L'INDOCHINE ANCIENNE 121
comme valables au temps où ils furent évoqués. Ainsi sommes-nous renseignés sur
les villes où a séjourné ce roi, sur les provinces où il pouvait disposer du sol, sur tel
épisode de sa carrière politique. Une fois amalgamées, ces indications disparates
apportent une matière historique utilisable. Puis, comme le règne de Jayavarman III
n'est qu'un prolongement du précédent, nous pouvons relever aussi les indications
fortuites concernant ce roi et les incorporer à la même documentation.
La plus importante inscription de ce genre est celle de Sdok Как Thom(1) qui
sera désignée ici désormais sous l'indicatif SKT. Emanant d'un haut dignitaire
nommé Sadâsiva-Jayendravarman, elle sert principalement à commémorer la fon
dation en io5q d'un linga personnel dénommé Jayendravarmešvara. Ce dignitaire
était le descendant à la septième génération, en ligne collatérale utérine, d'un cha
pelain de Jayavarman II nommé Sivakaivalya. Sa famille, agissant comme une cor
poration, disposait d'une sorte de privilège concernant le recours à une divinité
ou à un rituel dénommé alors devarâja, et depuis plusieurs générations, était
représentée, peut-être même dirigée, par un «doyen», dont Sadâéiva est le dernier
exemple connu. La mention du devarâja, avec toutes les recherches suscitées alentour,
a un peu estompé l'objet réel de l'inscription. Cette mention, en effet, n'est qu'inci
dente. Elle tend à définir le privilège de la famille et corrélativement sans doute, à
fonder en droit les attributions de terres obtenues, depuis plus de deux siècles,
de divers souverains du Cambodge. SKT récapitule, en effet, soigneusement toutes
les terres acquises par la famille de Sadâsiva mentionne les changements survenus
dans leur rattachement, les dégâts subis, les circonstances de l'attribution et les
noms des rois donateurs. Pour le reste, elle nous apporte accessoirement le schéma
de la biographie de Jayavarman II, à partir du moment où celui-ci prit à son service
Sivakaivalya.
De Sivakaivalya lui-même, nous savon

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