Etudes sur les mines bretonnes au XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.37, pg 34-53
21 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Etudes sur les mines bretonnes au XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.37, pg 34-53

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
21 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales de Bretagne - Année 1925 - Volume 37 - Numéro 1 - Pages 34-53
20 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1925
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri Sée
Etudes sur les mines bretonnes au XVIIIe siècle
In: Annales de Bretagne. Tome 37, numéro 1-2, 1925. pp. 34-53.
Citer ce document / Cite this document :
Sée Henri. Etudes sur les mines bretonnes au XVIIIe siècle. In: Annales de Bretagne. Tome 37, numéro 1-2, 1925. pp. 34-53.
doi : 10.3406/abpo.1925.1607
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1925_num_37_1_1607HENRI SÉE
ETUDES SUR LES MINES BRETONNES
AU XVIIIe SIÈCLE
I. — Les mines de charbon au XVIIIe siècle.
La question du déboisement, au XVIIIe siècle, se posait pour
la Bretagne comme pour le reste de la France W. On comprit
que le vrai remède, ce serait, pour certaines industries et
notamment pour les fonderies, d'user d'un nouveau combusti
ble, le charbon de terre. Malheureusement, les usines du nord
sont éloignées et le charbon de terre anglais est grevé de droits
fort élevés, à la sortie d'Angleterre et à l'entrée en France.
On s'efforça de trouver en Bretagne même des mines de
charbon et de les. exploiter. Mais les seuls gisements qui don
nèrent quelques résultats, ce furent ceux qui étaient situés à
l'extrémité orientale de la province, à Nort <2) et à Montrelais <3).
I
Dès la fin du XVIIe siècle, des tentatives ont été faites pour
mettre en valeur les mines de Nort et de Montrelais, surtout
les premières.
Des Observations sur les mémoires de la Faculté de médec
ine de 'Nantes sur les mines de charbon et de fer de Vévêché,
(1) Voy. mon étude sur Les forêts et la question du déboisement en
Bretagne à la fin de l'ancien régime (Annales de Bretagne, t. XXXVI). Cf.
Marcel Rouff, Les mines de charbon en France au XVIIIe siècle, Paris,
1022.
(2) Arrondissement de Châleaubriant (Loire-Inférieurel.
(3) Gant, de Varades, arr. d'Ancenis (Loire-Inférieure1). XVIIIe SIÈCLE. 35 AU
datées de 1715 W, nous apprennent que vingt ans plus tôt,
c'est-à-dire en 1695, on avait ouvert des mines de charbon
dans la paroisse de Nort, mais qu'on avait dû en abandonner
l'exploitation, par suite des dépenses excessives auxquelles
cette exploitation donna lieu. En 1715. on fit une nouvelle
tentative :
« II y a trois ans, disent les Observations, plusieurs particuliers se
sont associés pour en reprendre la culture. Ils ont à peine retiré deux
fournitures de charbon, après avoir fait une dépense de 7.000 à
8.000 livres, que l'abondance des eaux tombées dans ces mines a
rendue presque inutile. Tls sont sur le point d'abandonner ces mines.
Le charbon qu'on a autrefois retiré était vendu aux marchands
150 livres la fourniture (-5> et quelquefois jusqu'à 200 livres. Ils en
faisaient le débit à Nantes, où il était consommé en partie; l'excédent
était envoyé à Belle-Ile, La Rochelle, Brest et Vannes. »
Au commencement des travaux, tant qu'on n"a pas dépassé
une profondeur de 20 pieds, il ne fallut employer que 5 à
0 ouvriers; lorsqu'on a atteint une plus grande profondeur,
il fallut augmenter le nombre des travailleurs.
Les Observations notent encore que « l'on tire aussi quelques
quantités de charbon de terre dans les paroisses de Mouzeil l&\
Varades et xMontrelais ». Mais ces petites exploitations sent
insuffisantes pour la consommation du pays :
« Toutes ces mines étant stériles par défaut de culture, on est con
traint d'avoir recours au charbon qu'on fait venir d'Auvergne et
d'Angleterre, dont le prix est de 300 livres la fourniture, ce qui est
excessif. »
Les Observations demandent qu'on fasse examiner par des
experts habiles le terrain de Nort. Elles indiquent bien la
raison pour laquelle toutes ces lentalives d'exploitation ont
échoué; c'est que « les gens du lieu ne sont ni assez riches,
ni assez entendus pour favoriser et soutenir de pareils tr
avaux <7) ». On comprend alors la portée de l'arrêt de 1744, qui
(4) Arch. de la Loire-Inférieure, C 773.
(5) La fourniture contient 84 barils de 200 livres chacun.
{6i Cant. de Ligné, arr. d'Ancenis.
(7) Les Observations rappellent encore qu'en 1698 le Roi a révoqué le don
des mines de charbon au duc d'Uzès, qui avait été accordé par des arrvts
de juillet 1689 et d'avril 1692. 36 ETUDES SUE. LES MINES BRETONNES
permettra la concession de mines à de puissantes sociétés
capitalistes, seules capables de les mettre en valeur.
II
La première mine exploitée d'une façon un peu rationnelle
el fructueuse a été celle de Nort. Le sieur Jarry, négociant à
Nantes, dès 1738, se proposa de reprendre les travaux qui
avaient été abandonnés. De 1738 à 1740, il fit entreprendre
des fouilles; on découvrit les premiers sillons. En 1741, on vit
que ces sillons augmentaient. En 1742 et 1743, on approfondit
les puits; on poussa plus loin les galeries, on les fit se croiser
afin de connaître la largeur des sillons de charbon; on est
parvenu ainsi à foncer huit puits, de 120 à 130 pieds et d'une
superficie de 120 toises; on fit communiquer les galeries d'un
puits à l'autre. Enfin, on étaya tous ces puits et par des
bois, établis de quatre pieds en quatre pieds, en forme de
carrés.
La grande difficulté, déclare Jarry, a consisté à « former
des ouvriers capables de conduire le travail; le peu d'intell
igence des gens du lieu a exercé pendant longtemps la patience
du sieur Jarry, qui est enfin parvenu à en dresser quelques-
uns, dont il a fait des maîtres mineurs, qui, par ses soins
assidus et à l'aide de l'expérience, se perfectionnent de jour
en jour ». On emploie à la mine de 30 à 40 hommes. Jarry,
craignant que d'autres personnes n'ouvrent des puits sur leur
propre terrain, demande le privilège exclusif de l'exploi
tation (8).
La requête de Jarry est appuyée par M. du Rocher, subdé
légué de Nantes, qui déclare que Jarry a dépensé plus de
40.000 écus jusqu'à présent. La mine est déjà en pleine activité;
le prix du charbon, vendu à Nantes, a pu beaucoup baisser :
il se vendait 400 à 500 1. la barrique; maintenant, le prix du
charbon de Nort n'est plus que de 220 1. On en expédie beau
coup à Nantes, en plusieurs ports de Bretagne, en Anjou, en
(8) Mémoire de Jarry (Arch. d'IUe-et-Vilaine, C 1494). XVIIIe SIÈCLE. 37 AU
Poitou, à Rochefort; on en demande à Bordeaux et à Bayonne,
ai Jarry a pu môme en expédier « aux îles d'Amérique ». La
mine de Nort, déclare M. du Rocher, et d'autant plus pré
cieuse que le bois se fait de plus en plus rare dans le pays
nantais. Mais il faudrait rendre l'Erdre navigable de Nort à
Nantes <9).
La concession exclusive de l'exploitation du charbon à Nort
dans un rayon de trois lieues est accordée à Jarry par un arrêt
du Conseil de 1746. C'est en vain qu'en 1747, M. de Marcé,
seigneur de la terre de Nort, prétend se substituer au privilège
de Jarry; l'intendant déclare que la concession de ce dernier
doit rester en vigueur et que l'arrêt de 1744 donne au Roi le
droit de concéder en toute souveraineté les exploitations
minières (10).
La mine de Nort semble ne s'être développée qu'assez len
tement. Kô'nig, inspecteur général des mines, dans un
mémoire d'octobre 1758, oppose à l'activité de la compagnie
de Montrelais, qui exploite sa mine à une profondeur de
600 pieds, l'inertie de l'exploitation de Nort : « Jarry, déclare-
t-il, ne suivant que l'ancienne routine, n'a guère mieux fait
que ces sortes d'anciens entrepreneurs; il a abandonné des
fonds dont une société entendue tirerait encore vraisem
blablement les mêmes avantages que celle de M. le duc
de Chaulnes ». Toutefois, il reconnaît, dans une note, que
Jarry « commence à mieux faire »; « il imite, dit-il, et profite des
lumières de la Compagnie de Montrelais; MM. ses fils surtout
paraissent s'occuper beaucoup w'11' — En fait, l'enquête sur
les mines, de 1765, fait l'éloge de la mine de Nort; Jarry a
dépensé plus de 10.000 écus pour une nouvelle machine, ~-
sans doute une pompe à feu (*2), — et, en 1764, lorsqu'il a
demandé que sa concession fût prolongée de trente ans (depuis
(9) Lettre de M., du Bo

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents