Félix Le Dantec (1869-1917) - article ; n°1 ; vol.33, pg 1-12
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Description

Annales de Bretagne - Année 1918 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 1-12
12 pages

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Publié le 01 janvier 1918
Nombre de lectures 3
Langue Français

Extrait

C. Houlbert
Félix Le Dantec (1869-1917)
In: Annales de Bretagne. Tome 33, numéro 1, 1918. pp. 1-12.
Citer ce document / Cite this document :
Houlbert C. Félix Le Dantec (1869-1917). In: Annales de Bretagne. Tome 33, numéro 1, 1918. pp. 1-12.
doi : 10.3406/abpo.1918.1472
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1918_num_33_1_1472FELIX LE DANTEC
(1869-1917)
J'ai connu Le Dantec, mais si peu, qu'on m'excusera de
parler de se,s œuvres plutôt que de sa personne. Ce fut aux
fêtes universitaires et commémoratives de l'Union de la
Bretagne et de la France, en octobre 1911, que je le vis pour
Ja première fois; en sa qualité de Breton et de Chargé de
Cours à la Sorbonne, il y représentait la Faculté des Sciences
de l'Université de Paris. Je lui fus présenté par un ami
commun et crus devoir, comme entrée de conversation, lui
parler en termes... plutôt approbateurs, de l'un des derniers
ouvrages qu'il venait de publier : La Stabilité de la Vie. Il me
répondit très brusquement : « Comment, vous perdez votre
temps à lire ces choses-là » — Je ripostai sur la même corde :
« Pourquoi pas, puisque vous avez bien perdu votre temps
à les écrire! » — II sourit amicalement et reprit : « Oh! moi,
ce n'est pas la même chose; j'écris pour me distraire ».
J'ai bien souvent depuis ramené ma pensée aux incidents
de cette première entrevue, et je me suis convaincu que si
la boutade de Le Dantec n'était pas vraie d'une façon absolue,
elle l'était néanmoins dans une large mesure; en réalité et en
dépit de ,son tempérament combattif, Le Dantec travaillait
surtout pour lui, pour sa satisfaction personnelle; il le dit
d'ailleurs très explicitement dans la préface de l'ouvrage
indiqué ci-dessus.
« Les livres que j'ai écrits sont ceux que j'aurais voulu
trouver dans les bibliothèques quand j'ai commencé à être
dévoré du désir de comprendre la vie; ces livres n'existaient
pas, ou du moins, je n'ai pas su trouver, dans ceux qui
existaient, la réponse aux problèmes que je me posais; sans
.quoi,' mon activité intellectuelle se serait vraisemblablement .
2 FÉLIX LE DANTEC.
orientée tout autrement. J'ai travaillé à satisfaire ma curios
ité; j'y suis suffisamment parvenu, mais il est vrai qu'à mon
âge la curiosité s'émousse d'elle-même. Quoi qu'il en soit, j'ai
trouvé un réel plaisir dans mes études et je ne me formaliserai
pas si les savants sérieux me traitent d'amateur, quand bien
même mon effort aurait été utile à quelques personnes me
ressemblant assez pour se poser les problèmes comme je
me les suis posés. »
Le Dantec (Félix-Alexandre) est né à Plougastel-Daoulas
(Finistère), le 16 janvier 1869 et non pas, comme le veut la
légende, aux environs de Lannion; il est probable cependant
qu'il dut passer une bonne partie de sa jeunesse dans cette
région, car il en parle assez fréquemment dans ses livres,
et un certain nombre d'entre eux portent la mention : Ty
plad en Pleumeur-Bodou. Doué de qualités exceptionnelles,
Le Dantec entra à l'Ecole normale supérieure à l'âge de
17 ans (1886), après avoir suivi pendant deux années les cours
du lycée Janson-de-Sailly, où il eut pour professeur notre
éminent et regretté collègue, Emile Lacour. A sa sortie de
l'Ecole, il fut admis près de Metchnikoff, comme préparateur
à l'Institut Pasteur; en 1892, il fut nommé Maître de Confé
rences à la Faculté des Sciences de Lyon et, en 1899, chargé
du Cours d'Embryologie générale à la Sorbonne.
Il est mort le 6 juin 1917 à l'âge de 48 ans.
« II faut chercher l'homme dans ses œuvres », a dit notre
collègue, M. L. Dugas, dans f étude intéressante et si finement
documentée qu'il vient de consacrer à Théodule Ribot. Oui,
certes, l'homme, le philosophe surtout, laisse toujours
quelque part, dans ses œuvres, un peu de sa pensée intime,
de ses aspirations profondes. La recherche de la personnalité
est facile lorsque la production est homogène, peu étendue,
et, .s'il était permis de s'exprimer ainsi, d'un seul tenant;
niais, lorsqu'il s'agit d'une œuvre comme celle de Le Dantec,
il en va quelque peu autrement. Il ne faudrait pas s'imaginer
'qu'on aura, tout dit, lorsqu'on aura défini Le Danteo comme LE DANTEC. 3 FÉLIX
biologiste, ni même comme philosophe; si Le Dantec est un
philosophe, on devra reconnaître, en tout cas, que ce n'est
pas un philosophe ordinaire, cantonné dans un petit coin
limité des sciences de la vie; il n'entend pas rester le biologiste
du détail, le collectionneur des faits isolés; il vise à être
l'historien global, l'architecte de l'ensemble, qui ne conçoit le
sujet que dans sa généralité et qui veut étudier la vie sous
toutes ses manifestations. Il a d'ailleurs pris soin de définir
le rôle du biologiste tel qu'il l'entend.
« C'est dans le fait d'extraire une loi générale de la consta
tation d'un fait particulier que se manifeste l'invention propre
du biologiste; sans doute, cette invention ne peut être réalisée
que par un homme connaissant beaucoup de choses, et des
choses très variées dans le domaine des sciences naturelles;
il faut aussi que cet homme se soit posé, à l'avance, un certain
nombre de questions dont la solution intéresse le problème
général de la vie; mais une certaine tournure d'esprit est
encore plus indispensable. »
II n'est pas douteux que Le Dantec ne se soit posé un grand
nombre de ces questions et que sa « tournure d'esprit » ne
lui en ait facilité la solution, du point de vue où il s'était
placé. Du fait qu'il a, le plus souvent, quitté l'étude directe
des phénomènes pour s'élever jusqu'à la recherche des lois
générales « par des voies purement spéculatives », on a voulu
voir en lui seulement le philosophe; admettons : philosophe
de cette trempe-là, ne l'est" pas qui veut. Le Dantec, en réalité,
est toujours resté dans le domaine des sciences qui lui étaient
familières et pour lesquelles il s'était admirablement préparé
dès le début de sa carrière scientifique; s'il est devenu philo
sophe, il ne l'est devenu qu'après avoir fait son éducation
de naturaliste, c'est-à-dire après acquis toutes les
connaissances qui lui permettaient d'asseoir ses théories sur
des faits, au lieu de les bâtir, comme tant d'autres, qui se
disent aussi philosophes, sur des mots ou sur de simples vues
de l'esprit; on ne s'avancerait d'ailleurs certainement pas
trop en disant que les ouvrages de Le Dantec ne peuvent être
entièrement compris que par des médecins ou deg natura- 4 FÉLIX LE DANTEC.
listes; d'autres pourront en discuter brillamment, cela va
sans dire, mais les divergences de vues, s'il s'en élève, ne
pourront s'attaquer qu'à des nuances d'interprétation, car la
plupart des faits, qui sont à la base de toute son œuvre, et
en dehors desquels elle n'a aucun sens, restent, de toute
façon, inattaquables au point de vue scientifique.
D'ailleurs Le Dantec se rend très bien compte qu'il ne suit
pas les chemins fréquentés par tout le monde; il prend soin
de définir ses méthodes : « Je n'ai pas, dit-il, la prétention de
refaire toute la biologie, je voudrais seulement en fixer les
méthodes »; malheureusement, comme il lui faut pour cela
la moitié d'un volume, nous ne pouvons pas le ,suivre sur
ce terrain. Quoi qu'il en soit, il insiste toujours sur le
caractère de généralité des phénomènes qu'il entend étudier;
et, ce qui domine, dans ses œuvres, c'est incontestablement
le souci de la méthode et de la sincérité.
Pour donner une idée aussi exacle que possible de l'œuvre
de Le Dantec, il nous faudrait suivre l'auteur dans les trois
étapes successives de son évolution : 1° d'abord, comme
Naturaliste; 2° comme Biologiste et 3°, en dernier lieu,
Philosophe. Nous ne pouvons nous occuper ici que de la
première étape, bien que les troi

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