Femmes, villes et travail en France dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle - article ; n°3 ; vol.13, pg 477-500
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Description

Histoire, économie et société - Année 1994 - Volume 13 - Numéro 3 - Pages 477-500
Abstract As one investigates the activities of women among the 18th century working classes in cities as different from each other as Paris and Châtellerault, one feels the need to ask new questions about women's labour. The comparing of their situations in divers towns compels the historian to qualify the notion that the standard of living of working women progressively deteriorated during the «Ancien Régime». At a moment when the structures of the world of labour, organised as it was in trade communities, were shattered by Turgot' s reforms, the importance of women's labour within as well as without the trade organisations, and also the diversity of their legal status according to their places of work compels the historian to reassert their roles in urban economy and production. Their general situation cannot be considered as one of progressive dispossession even though the nature and the specific timing of their employments tend to betray an undeniable brittleness.
Résumé Le repérage de la présence féminine dans le monde du travail à la fin du XVIIIe siècle dans des villes aussi différentes que Paris et Châtellerault invite à renouveler certaines interrogations concernant le travail des femmes. Cette mise en parallèle conduit notamment à nuancer le schéma d'une détérioration progressive de la situation des femmes au cours de l'Ancien Régime. A un moment où l'organisation professionnelle en communautés de métier est remise en cause par les réformes de Turgot, l'importance du travail féminin pratiqué hors des métiers, mais aussi, au sein même des corporations, la diversité des évolutions locales de la situation statutaire des femmes, incitent à réévaluer leur rôle dans la production et l'économie urbaines. Celui-ci ne saurait s'exprimer uniquement en terme de dépossession, même si les caractéristiques et la temporalité spécifique du travail exercé par les femmes trahissent une indéniable fragilité.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 206
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Sabine Juratic
Nicole Pellegrin
Femmes, villes et travail en France dans la deuxième moitié du
XVIIIe siècle
In: Histoire, économie et société. 1994, 13e année, n°3. pp. 477-500.
Abstract As one investigates the activities of women among the 18th century working classes in cities as different from each other
as Paris and Châtellerault, one feels the need to ask new questions about women's labour. The comparing of their situations in
divers towns compels the historian to qualify the notion that the standard of living of working women progressively deteriorated
during the «Ancien Régime». At a moment when the structures of the world of labour, organised as it was in trade communities,
were shattered by Turgot' s reforms, the importance of women's labour within as well as without the trade organisations, and also
the diversity of their legal status according to their places of work compels the historian to reassert their roles in urban economy
and production. Their general situation cannot be considered as one of progressive dispossession even though the nature and
the specific timing of their employments tend to betray an undeniable brittleness.
Résumé
Résumé Le repérage de la présence féminine dans le monde du travail à la fin du XVIIIe siècle dans des villes aussi différentes
que Paris et Châtellerault invite à renouveler certaines interrogations concernant le travail des femmes. Cette mise en parallèle
conduit notamment à nuancer le schéma d'une détérioration progressive de la situation des femmes au cours de l'Ancien
Régime. A un moment où l'organisation professionnelle en communautés de métier est remise en cause par les réformes de
Turgot, l'importance du travail féminin pratiqué hors des métiers, mais aussi, au sein même des corporations, la diversité des
évolutions locales de la situation statutaire des femmes, incitent à réévaluer leur rôle dans la production et l'économie urbaines.
Celui-ci ne saurait s'exprimer uniquement en terme de dépossession, même si les caractéristiques et la temporalité spécifique du
travail exercé par les femmes trahissent une indéniable fragilité.
Citer ce document / Cite this document :
Juratic Sabine, Pellegrin Nicole. Femmes, villes et travail en France dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. In: Histoire,
économie et société. 1994, 13e année, n°3. pp. 477-500.
doi : 10.3406/hes.1994.1708
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1994_num_13_3_1708FEMMES, DANS LA DEUXIEME VILJ.ES Quelques ET MOITIE TRAVAIL questions DU XVIIIe EN FRANCE SIECLE
par Sabine JURATIC et Nicole PELLEGRIN
Résumé
Le repérage de la présence féminine dans le monde du travail à la fin du XVIIIe siècle dans des villes
aussi différentes que Paris et Châtellerault invite à renouveler certaines interrogations concernant le travail
des femmes. Cette mise en parallèle conduit notamment à nuancer le schéma d'une détérioration progressi
ve de la situation des femmes au cours de l'Ancien Régime.
A un moment où l'organisation professionnelle en communautés de métier est remise en cause par les
réformes de Turgot, l'importance du travail féminin pratiqué hors des métiers, mais aussi, au sein même
des corporations, la diversité des évolutions locales de la situation statutaire des femmes, incitent à rééva
luer leur rôle dans la production et l'économie urbaines. Celui-ci ne saurait s'exprimer uniquement en
terme de dépossession, même si les caractéristiques et la temporalité spécifique du travail exercé par les
femmes trahissent une indéniable fragilité.
Abstract
As one investigates the activities of women among the 18th century working classes in cities as diffe
rent from each other as Paris and Châtellerault, one feels the need to ask new questions about women's
labour. The comparing of their situations in divers towns compels the historian to qualify the notion that
the standard of living of working women progressively deteriorated during the «Ancien Régime».
At a moment when the structures of the world of labour, organised as it was in trade communities,
Turgot' s reforms, the importance of women's labour within as well as without the trade were shattered by
organisations, and also the diversity of their legal status according to their places of work compels the his
torian to reassert their roles in urban economy and production. Their general situation cannot be considered
as one of progressive dispossession even though the nature and the specific timing of their employments
tend to betray an undeniable brittleness.
La Ville est Femme. Au XVIIIe siècle notamment quand la «civilisation», celle du luxe, des
modes et des apparences, s'urbanise (mais n'est-ce pas un pléonasme ?), se féminise en un mot, au
moins dans l'imaginaire occidental. Séduisante et dangereuse pour l'un et l'autre sexe, la ville l'est
plus encore pour le Sexe car cette anti-nature est aussi (à cause de cela ?) un lieu d'opportunités et
de liberté(s) inédites, un espace où le rôle vital des femmes est dénoncé sinon reconnu (1).
Évoquant la réussite économique de certaines villes du XVIIIe siècle, y compris de petites
métropoles régionales comme Châtellerault en Poitou, les topographes reconnaissent que «les habi
tants sont spirituels et industrieux» et que «le sexe [y] a bonne part» ; leurs femmes «sont d'ailleurs
[nous soulignons] communément bien faites, très aimables et par-dessus tout très vertueuses, et fort
attachées à l'éducation de leur famille et à leurs affaires domestiques» (2). Dans ce texte comme
dans beaucoup d'autres de ce temps, production économique et reproduction socio-biologique ont
partie liée selon une configuration historique et géographique bien connue : l'Ancien Régime donne
aux femmes un accès (certain mais non défini) au travail extra-domestique (qu'il soit ou non salar
ié), mais, acceptant cette réalité, les contemporains n'en oublient pas pour autant la spécificité
sexuée des tâches au sein de la famille non plus que l'appropriation (légale, galante ou violente)
dont font l'objet le corps féminin et ses produits (biens matériels, mais aussi enfants). Il faut sans Histoire Economie et Société 478
doute y réfléchir à nouveau car, en faisant du lien urbanité/féminité/esprit d'industrie, une évidence,
les hommes (les femmes ?) des Lumières semblent nous inviter à des relectures de la part prise par
les femmes dans les changements économiques et sociaux.
L'absence des femmes dans l'actuel renouvellement scientifique dont bénéficient les phéno
mènes majeurs de l'urbanisation et de la proto-industrialisation en France est d'autant plus trou
blant. Désertion des chercheuses (et des chercheurs ?) attiré(e)s par d'autres chantiers, absence
surtout d'une volonté d'investigation axée sur le rôle effectif, complémentaire ou antagoniste,
des deux sexes dans les transformations du marché du travail à l'époque moderne : à lire cer
tains historien(ne)s, on pourrait croire en effet que la production urbaine, apanage masculin, can
tonnait les Françaises d'Ancien Régime, aux seuls métiers de la revente, de l'habillement et de
la prostitution, leur assignant principalement, leur vie durant et pour plusieurs siècles, des fonc
tions de ménagères, de servantes et de procréatrices. Selon ce schéma simpliste et unilinéaire, le
Bas Moyen-Age, au contraire, ne les aurait exclues d'aucune des professions réputées mascul
ines (3), tandis que l'ère industrielle, malgré l'usine et la séparation lieu de vie/lieu de travail,
les aurait enfermées dans le plus total asservissement.
Cette vulgate misérabiliste et aisément mobilisable (inscrite dans la logique féministe éman-
cipationniste d'un XXe siècle libérateur, succédant à des millénaires d'oppression) n'est sans
doute plus de mise aujourd'hui, mais cette hypothèque théorique pèse encore lourd : elle semble
notamment avoir tari le besoin d'un savoir renouvelé, incluant et confrontant données générales
d'ordre idéologique (les «représentations» chères à la première génération des historien(ne)s
féministes) et pratiques collectives et individuelles replacées dans leurs contextes respectifs,
notamment géographiques. Les rares travaux qui s'attachent à - modestement mais systéma

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