G. Groslier : Recherches sur les Cambodgiens - article ; n°1 ; vol.22, pg 178-194
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Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1922 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 178-194
17 pages

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Publié le 01 janvier 1922
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Finot
G. Groslier : Recherches sur les Cambodgiens
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 22, 1922. pp. 178-194.
Citer ce document / Cite this document :
Finot Louis. G. Groslier : Recherches sur les Cambodgiens. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 22, 1922.
pp. 178-194.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1922_num_22_1_2927- - i78
George Groslier. Recherches sur les Cambodgiens, d'après les textes et les
monuments, depuis les premiers siècles de notre ère. — Paris, A. Challa-
mel, 191 i , gr. in-80. X-432 pp.
C'est un truisme qu-e de dire que l'antiquité cambodgienne est mai connue : cer
tains même s'imaginent qu'elle ne l'est pas du tout. A tort. La chronologie est fixée ;
les listes dynastiques sont presque complètes ; les religions sont caractérisées en traits
suffisamment précis ; l'âge des monuments se détermine avec une étroite marge
d'erreur, Ce qui surtout fait défaut, ce sont des notions sur les mœurs, les coutumes,
les conditions matérielles de la vie. La disette de renseignements sur ce point tient à
une énorme lacune : l'absence de tout document littéraire. Si les Khmèrs ont eu une
littérature, rien n'en est venu jusqu'à nous. Tout ce qui n'était pas gravé sur pierre
a péri : même ces copper-plates qu'on trouve en si grand nombre dans l'Inde et à Java,
manquent ici. A cela s'ajoute l'uniformité dans la destination des édifices : l'archi
tecture civile y est très peu représentée, et presque seuls les temples, construits en
matériaux solides, ont survécu. La coutume de l'incinération des morts nous prive
d'autre part des données si précieuses que fournissent à l'archéologue, en d'autres
pays, la décoration des tombeaux et le mobilier funéraire. Que reste-t-il comme sources
d'information ? Quelques relations chinoises, des glanures ramassées dans les
inscriptions, enfin les sculptures, principalement les bas-reliefs.
On connaît trois grandes séries de bas-reliefs : à Bantây Chmàr (i), au Bayon et à
Aňkor Vat. Mis bout à bout, ceux qui subsistent atteindraient une longueur de deux
kilomètres. Cette abondante imagerie est une mine inappréciable de renseignements
sur le costume, les armes, les habitations, l'ameublement, la vie publique et privée :
c'est le grand mérite de M. Groslier de l'avoir judicieusement exploitée et d'en avoir
tiré un tableau singulièrement utile et attachant. Il a rendu aux études cambodgiennes
un service non moins précieux en étudiant les principes et les procédés de l'architec
ture khmère prise dans son ensemble. Jusqu'ici les archéologues, préoccupés d'établir
de soigneuses monographies de monuments particuliers, avaient un peu négligé les
vues générales. Il faut savoir gré à M. G. d'avoir hardiment essayé d'embrasser dans
toute son ampleur le problème de l'art khmèr. Il a mené son entreprise avec une déci
sion qu'on peut critiquer — car souvent ses affirmations sont faiblement étayées et ses
solutions contestables, — mais qui pourrait bien, en fin de compte, être, plus utile au
progrès des questions pendantes qu'un excès de circonspection. Sur chaque point
litigieux il n'hésite pas à poser une thèse catégorique et à la soutenir par des argu
ments forts ou faibles, mais nets et saisissables. Sa dialectique n'a rien de fuyant :
elle donne prise ; c'est le meilleur moyen de réduire les divergences et d'aboutir à
des conclusions fermes. Le revers de la médaille, c'est qu'un plan aussi vaste comporte
nécessairement des lacunes dans l'information et une surabondance d'hypothèses où
(!) II vaut mieux écrira Chmàr (ou Chhmar) que China (ou Chhma) ; Yr final 11e
sonne pas dans le langage de Phnorn-Péň, mais il s'est conservé dans celui de Battam-
baň et dans la prononciation siamoise santan, où n représente Гг. originel. Bantây
Chmàr signifie « forteresse étroite » et non v forteresse du chat x> (chmàr=étroit ; cnmà
= chat). [D'après une communication de M. Cœdès.j — — 179
la dextérité du raisonnement supplée souvent à l'indigence des preuves. Il faut en
prendre son parti.
Nous ne prétendons pas donner une analyse critique de ce gros volume, d'ab'ord
parce qu'un examen de ce genre dépasserait les limites d'un compte rendu, ensuite qu'il demanderait, en plus d'un chapitre, une compétence technique qui nous
manque, enfin parce que tous ceux qui s'intéressent aux études cambodgiennes ne
peuvent se dispenser de lire l'ouvrage lui-même. Nous nous bornerons donc à mar
quer ici les principaux points qui prêtent à discussion.
Les Recherches sur les Cambodgiens se divisent en deux parties, dont la première
traite des éléments ethniques du Cambodge et des coutumes de ses habitants, la s
econde de l'architecture et de la sculpture khmères.
Avant d'examiner les diverses sections de l'ouvrage, nous devons faire quelques
remarques générales. Sur la forme d'abord : elle est extrêmement négligée. M. G.
traite de la façon la plus cavalière la grammaire, la syntaxe et même le lexique. Son
livre est le fruit de longues recherches, mais évidemment il n'a pas consacré à le rédiger
tout le temps nécessaire, ce qui en explique les incorrections. C'est ainsi qu'il parle
d'une «bouche légèrement prognate » (p. 15), d'un oiseau « une fleur à la bouche »
(p. 32), d'un «tissage fruste» (p, 41), de la «culture sanscrite» et, mieux encore, de
la « pensée sanscrite » (p. 2, 13), d'un alliage où rentrait une parcelle d'argent » (p.
31), etc., etc. Et voici un échantillon de sa syntaxe (p. 13) : ce Si. ce mouvement de
peuples indouisés ou d'Indous du Nord qui devait les conduire au Cambodge est relevé
par l'histoire et grâce auquel aussi bien le Buddhisme du Nord que celui du Sud purent
parvenir dans le pays qui nous occupe exactement aux époques où les textes gravés
nous certifient qu'il y étaient pratiqués, n'exclut pas l'arrivée au Cambodge d'Indiens
du Sud ayant fait route soit par le détroit de Malacca, soit par mer jusqu'au Pégou.
puis ensuite par le Pays Mon, il semble au moins s'être prononcé et avoir atteint le
Mékong bon premier et porteur du Buddhisme. »
Les mots sanskrits sont constamment dépourvus, non seulement de signes diacriti
ques, ce qui peut se défendre dans un ouvrage de vulgarisation, mais aussi de toute
distinction entre voyelles longues et brèves ; par exemple : Acarya Vidyavinaya, au
lieu de : Acàrya Vidyavinaya. Simplification analogue à celle qu'on obtiendrait en
français en écrivant : « Aussitôt nous gravîmes la cote. »
Les références sont trop souvent insuffisantes L'auteur ne paraît pas se douter que
ce qu'il faut citer, ce sont les1 sources et non les auteurs qui en ont fait usage. Une
citation de Moura ou d'Aymonier lui tient lieu de preuve II dira par exemple (p. 53) :
« Aymonier trouve encore des souliers au IIIe siècle : « Les personnages de distinc
tion chaussaient chez eux sans doute des souliers de cuir» (Cambodge, III, p. 392).»
Or à la page 393 (et non 392), Aymonier ne cite aucun texte à l'appui de cette asser
tion que, d'ailleurs, l'expression «sans doute» avoue hypothétique
La même imprécision se retrouve dans les références aux scènes figurées. Quand
on cite un bas-relief à l'appui d'une description ou d'une thèse, il sied de donner au
lecteur toute facilité de s'y reporter : inédit, sa position doit être exactement préci
sée ; publié, la reproduction doit en être indiquée. Ainsi tout renvoi aux bas-reliefs du
Bayon devrait comporter le numéro de la planche de l'album Dufour-Carpeaux où ils
se trouvent ; or M. G. a systématiquement omis ce renseignement indispensable au
contrôle de ses arguments. — — i8o
Ses démonstrations souffrent aussi d'une autre lacune : l'absence de données sta
tistiques. On ne saurait apprécier justement un motif architectural ou iconographique,
on ne peut même, dans certains cas, l'interpréter avec sûreté sans savoir s'il est d'une
occurrence exceptionnelle ou constante. Il est donc nécessaire de fixer ce point im
portant.

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