Hiérotélès, potier rhodien de la Pérée - article ; n°1 ; vol.113, pg 277-299

Numan Tuma, Empereur Jean-Yves

Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1989 - Volume 113 - Numéro 1 - Pages 277-299
A la naissance de la Péninsule de Cnide, dans le territoire intégré de la Pérée rhodienne, à Hisarônû, on a découvert les restes d'un atelier d'amphores de type rhodien datant du ine siècle avant notre ère et des ier-ne siècles de notre ère. Les amphores hellénistiques sont timbrées, au nom de prêtres d'Hélios, éponymes de Rhodes, et de fabricants qui, tel Hiérotélès, sont bien connus par de nombreuses anses timbrées trouvées sur les sites de consommation. Cette découverte permet, entre autres, de réévaluer considérablement l'importance de la commercialisation des productions viticoles de la Pérée et des sept îles intégrées au tissu politique rhodien.
Εκεί πού αρχίζει ή χερσόνησος της Κνίδου, στην περιοχή της ροδιακής κυριαρχίας, στό χωριό Hisarônû, βρέθηκαν τά ερείπια εργαστηρίου παραγωγής αμφορέων ροδιακού τύπου, τοϋ 3ου αιώνα π.Χ. καί τών 1ου-2° μ.Χ. Οί ελληνιστικοί αμφορείς είναι ένσφράγιστοι καί φέρουν τό δνομα ιερέων του 'Ηλίου — επωνύμων της Ρόδου — καί κατασκευαστών, δπως ό Ίεροτέλης, πού μας είναι γνωστοί άπό πολλές ένφράγιστες λαβές πού βρέθηκαν στους τόπους κατανάλωσης. Τό εύρημα αυτό επιτρέπει, μεταξύ άλλων, νά αναθεωρήσουμε σέ μεγάλο βαθμό τή σπουδαιότητα του εμπορίου οινοπαραγωγής της Περαίας καί τών επτά νησιών πού ήταν ενσωματωμένα στή ροδιακή πολιτεία.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_CORRESPONDANCE_HELLENIQUE
• Publié le: 01 janvier 1989
• Nombre de lectures: 28
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Numan Tuma
Jean-Yves Empereur
Hiérotélès, potier rhodien de la Pérée
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 113, livraison 1, 1989. pp. 277-299.
Résumé
A la naissance de la Péninsule de Cnide, dans le territoire intégré de la Pérée rhodienne, à Hisarônû, on a découvert les restes
d'un atelier d'amphores de type rhodien datant du ine siècle avant notre ère et des ier-ne siècles de notre ère. Les amphores
hellénistiques sont timbrées, au nom de prêtres d'Hélios, éponymes de Rhodes, et de fabricants qui, tel Hiérotélès, sont bien
connus par de nombreuses anses timbrées trouvées sur les sites de consommation. Cette découverte permet, entre autres, de
réévaluer considérablement l'importance de la commercialisation des productions viticoles de la Pérée et des sept îles intégrées
au tissu politique rhodien.
περίληψη
Εκεί πού αρχίζει ή χερσόνησος της Κνίδου, στην περιοχή της ροδιακής κυριαρχίας, στό χωριό Hisarônû, βρέθηκαν τά ερείπια
εργαστηρίου παραγωγής αμφορέων ροδιακού τύπου, τοϋ 3ου αιώνα π.Χ. καί τών 1ου-2°" μ.Χ. Οί ελληνιστικοί αμφορείς είναι
ένσφράγιστοι καί φέρουν τό δνομα ιερέων του 'Ηλίου — επωνύμων της Ρόδου — καί κατασκευαστών, δπως ό Ίεροτέλης, πού
μας είναι γνωστοί άπό πολλές ένφράγιστες λαβές πού βρέθηκαν στους τόπους κατανάλωσης. Τό εύρημα αυτό επιτρέπει, μεταξύ
άλλων, νά αναθεωρήσουμε σέ μεγάλο βαθμό τή σπουδαιότητα του εμπορίου οινοπαραγωγής της Περαίας καί τών επτά νησιών
πού ήταν ενσωματωμένα στή ροδιακή πολιτεία.
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Tuma Numan, Empereur Jean-Yves. Hiérotélès, potier rhodien de la Pérée. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume
113, livraison 1, 1989. pp. 277-299.
doi : 10.3406/bch.1989.4722
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1989_num_113_1_4722POTIER RHODIEN HIÉROTÉLÈS,
DE LA PÉRÉE*
Dans un article de Dacia (1978), Cr. Museteanu, N. Conovici et A. Atanasiu
publiaient 3 amphores rhodiennes trouvées dans la même fosse « à caractère rituel ou de
dépôt», en Roumanie1. L'une appartient au fabricant Onasimos et est datée de l'éponyme
Polyclès2. Les deux autres portent les timbres circulaires à bouton central du fabricant
Hiérotélès et sont datées des éponymes Timostratos et Agestratos, tous deux à situer
entre ca. 269 et 240 avant notre ère3. Ces deux amphores ont embarrassé leurs éditeurs
car elles portent des timbres indiscutablement rhodiens, mais présentent la particularité
d'avoir un pied à annelet de forme cnidienne (cf. fig. 9a-b), une inclinaison des anses qui
les distingue sensiblement de l'amphore d'Onasimos et, notent les auteurs, leur pâte
semble différer de celle des amphores rhodiennes, ayant une nuance roussâtre plus prononcée
et un engobe plus foncé que celle des amphores de Rhodes. Les caractéristiques de la pâte, et,
surtout, la forme des amphores (bien qu'à ce point de vue il y ait une légère différence, dans le
sens que le pied est ici cylindrique, et non pas conique comme celui des amphores cnidiennes)
semblent indiquer, à première vue, que l'on est en présence d'amphores de Cnide. Et de
conclure avec un embarras compréhensible, en voyant des timbres rhodiens opposés sur
une amphore plutôt de type cnidien.
La solution à ce problème qui débouche, on va le voir, sur des considérations d'ordre
général à propos de la production rhodienne, sera encore une fois fournie par la
découverte sur le terrain d'un nouveau site de production. A environ 1 km à l'Ouest de
l'intersection de la route Marmaris-Datça avec celle qui mène vers la péninsule de
Loryma, non loin de l'endroit où les Cnidiens avaient creusé un canal pour essayer de
résister à l'agression perse, le Dr. Numan Tuna a localisé en 1981 le dépotoir d'un atelier
(*) On se reportera à Y Appendice 2, p. 299, pour la liste des abréviations bibliographiques.
(1) Museteanu-Conovici-Atanasiu 1978, p. 181-183 et p. 196 fig. 5, 3-5.
(2) Les auteurs de la publication restituent Onasioikos et Polycratès; la véritable solution nous a été
fournie par V. Grâce que nous remercions ici pour son aide dans la rédaction de cet article.
(3) Cf. Grâce 1974, p. 200 : les éponymes de Hiérotélès dont le nom n'est jamais accompagné de la
mention du mois, que ce soit sur ses amphores ou sur celles d'autres fabricants, doivent être datés de 269-240 cf.
la liste établie dans Grâce 1963-1, p. 328 note 20, corrigée dans Grace-Pétropoulakou 1970, p. 293 note 1. 278 J.-Y. EMPEREUR ET N. TUNA [BCH 113
Illustration non autorisée à la diffusion
Fïg. 1. — Carte de la Pérée rhodienne. En grisé, les territoires intégrés au tissu politique rhodien.
Dessin Nikos Sigalas.
d'amphores éventré par la route moderne (fig. 1 à 4)4 ; qu'il s'agisse d'un dépotoir d'atelier
ne fait pas l'ombre d'un doute vu l'homogénéité du matériel et le grand nombre de
surcuits et de ratés de cuisson. Nous avons régulièrement revisité ce site ensemble depuis
1985.
Cette région appartient à la commune moderne d'Hisarônu (cf. la carte, fig. 2).
A. Philippson et J. M. Cook tout comme P. M. Fraser et G. E. Bean s'accordent pour y
placer l'antique Erinè qui fait partie des territoires intégrés de la Pérée rhodienne5. Sur la
fig. 3, on a indiqué les restes de surface de cette bourgade, sur la rive gauche du petit
fleuve qui se jette dans le golfe d'Hisarônu. La ligne de côte s'est profondément modifiée
depuis l'Antiquité, par suite de l'alluvionnement du delta du fleuve ; nul doute que les
ensablements ont peu à peu comblé le fond du golfe, éloignant de la mer les ruines
d'habitats qui devaient se trouver sur le rivage même dans l'Antiquité.
(4) N. Tuna, «Datça Yanmadasi Yûzey Araetirmalan, 1981», IV. Kazi Sonuçlari Toplanhsi (1983),
p. 361.
(5) A. Philippson, Reisen und Forschungen im Westlischen Kleinasien V (1921-1922), p. 409; J. M. Cook,
«Cnidian Peraea and Spartian Coins», JHS 81 (1961), p. 62-65 et Fraser-Bean 1954, p. 67-68. HIÉROTÉLÈS, POTIER RHODIEN DE LA PÉRÉE 279 1989]
Illustration non autorisée à la diffusion
Fîg. 2. — Péninsules de Cnide et de Loryma. En grisé, la Pérée rhodienne, avec notation de trois sites de
production d'amphores, Hisarônu, Turgut et Callipolis. Dessin Nikos Sigalas.
A un peu plus d'1 km au Nord-Ouest d'Érinè, sur la rive opposée, au lieu-dit
Çubucak, la construction de la route moderne qui mène de Marmaris à Datça a révélé
l'existence de dépotoirs d'ateliers d'amphores (zone A de la carte, fig. 3 et plan détaillé
fig. 4). Là aussi, la côte s'est modifiée et la zone semi marécageuse qui sépare ces dépotoirs
de la mer devait être en pleine eau au moment où fonctionnaient ces ateliers. Ceux-ci se
situent sur un petit plateau alluvionnaire, au pied de la colline de Sarpburun, petit massif
de serpentine dont on retrouve les traces dans la composition pétrographique de la
céramique produite en cet endroit. La zone des dépotoirs s'étend sur une surface
d'environ 4 ha, de façon inégale de chaque côté de la route.
Au Sud de celle-ci, dans la partie sablonneuse proche de la mer, subsistent les traces
d'installations à mettre en rapport avec les ateliers d'amphores et les fours eux-mêmes.
Ceux-ci devaient se trouver non loin du rivage, permettant l'embarquement direct de la
marchandise sur les bateaux.
Au Nord de la route, la densité des fragments de céramique devient impressionnant
e : les bermes de la route et la pinède voisine sont jonchées de milliers de tessons,
souvent de bonne taille, parfois surcuits et déformés (fig. 5-7). On remarque, phénomène
habituel sur les dépotoirs d'ateliers de production, l'aspect neuf de cette poterie : il ne
s'agit pas de restes de vases usés, qui auraient voyagé ou qui auraient servi pendant des
années ; pas de tessons roulés ou aux bords émoussés, mais des fragments à angles vifs de
vases jetés peu après leur sortie du four, par suite d'un défaut de façonnage ou de cuisson
ou encore d'un bris malencontreux. J.-Y. EMPEREUR ET N. TUNA [BCH 113 280
Illustration non autorisée à la diffusion
-500 1000 m-
Flg. 3. — Golfe d'Hisarôn