Impiétés provinciales au XVIIIe siècle - article ; n°3 ; vol.9, pg 391-421
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Histoire, économie et société - Année 1990 - Volume 9 - Numéro 3 - Pages 391-421
Abstract A survey of twenty or so trials registred in the Mid-Loire countries during the late 17th century and the 18th century brings out a notable discrepancy between the spirit of the edicts and rulings and the attitudes of the judges and of those to be tried. Three forms of impiety are to be found which imply differences in their meaning and impacts : manifestations of rural anticlericalism ; manifestations of a change in the religious sensitivity of the bourgeoisie ; expression of an esprit de corps in some of the popular classes. Most of the time the magistrates showed lenient : in their eyes people's disciplined behaviours towards religion were a matter of social etiquette especially after 1760 when the trials for impiety became scarce.
Résumé L'étude d'une vingtaine de procès recensés dans les pays de la Loire moyenne pour la période de la fin du 17e s. et le 18e s. met en évidence un écart notable entre l'esprit des ordonnances et règlements et l'attitude des justiciables et des juges. Trois formes d'impiété apparaissent qui ont une signification et une portée différentes : manifestations d'un anticléricalisme rural ; manifestations de la mutation de la sensibilité religieuse de la bourgeoisie ; expression d'une tradition de corps de certains milieux populaires. Les magistrats font le plus souvent preuve d'indulgence : pour eux le respect de la discipline des comportements à l'égard de la religion est affaire de bienséance sociale surtout après 1760 ou les procès d'impiété deviennent très rares.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 74
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Nicole Dyonnet
Impiétés provinciales au XVIIIe siècle
In: Histoire, économie et société. 1990, 9e année, n°3. pp. 391-421.
Abstract A survey of twenty or so trials registred in the Mid-Loire countries during the late 17th century and the 18th century
brings out a notable discrepancy between the spirit of the edicts and rulings and the attitudes of the judges and of those to be
tried. Three forms of impiety are to be found which imply differences in their meaning and impacts : manifestations of rural
anticlericalism ; manifestations of a change in the religious sensitivity of the bourgeoisie ; expression of an esprit de corps in
some of the popular classes. Most of the time the magistrates showed lenient : in their eyes people's disciplined behaviours
towards religion were a matter of social etiquette especially after 1760 when the trials for impiety became scarce.
Résumé L'étude d'une vingtaine de procès recensés dans les pays de la Loire moyenne pour la période de la fin du 17e s. et le
18e s. met en évidence un écart notable entre l'esprit des ordonnances et règlements et l'attitude des justiciables et des juges.
Trois formes d'impiété apparaissent qui ont une signification et une portée différentes : manifestations d'un anticléricalisme rural ;
manifestations de la mutation de la sensibilité religieuse de la bourgeoisie ; expression d'une tradition de corps de certains
milieux populaires. Les magistrats font le plus souvent preuve d'indulgence : pour eux le respect de la discipline des
comportements à l'égard de la religion est affaire de bienséance sociale surtout après 1760 ou les procès d'impiété deviennent
très rares.
Citer ce document / Cite this document :
Dyonnet Nicole. Impiétés provinciales au XVIIIe siècle. In: Histoire, économie et société. 1990, 9e année, n°3. pp. 391-421.
doi : 10.3406/hes.1990.1553
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1990_num_9_3_1553IMPIETES PROVINCIALES AU XVIIIe SIECLE
par Nicole DYONET
Résumé
L'étude d'une vingtaine de procès recensés dans les pays de la Loire moyenne pour la période de la fin du
17e s. et le 18e s. met en évidence un écart notable entre l'esprit des ordonnances et règlements et l'attitude
des justiciables et des juges. Trois formes d'impiété apparaissent qui ont une signification et une portée
différentes : manifestations d'un anticléricalisme rural ; manifestations de la mutation de la sensibilité
religieuse de la bourgeoisie ; expression d'une tradition de corps de certains milieux populaires. Les
magistrats font le plus souvent preuve d'indulgence : pour eux le respect de la discipline des comportements
à l'égard de la religion est affaire de bienséance sociale surtout après 1760 ou les procès d'impiété
deviennent très rares.
Abstract
A survey of twenty or so trials registred in the Mid-Loire countries during the late 17th century and the
18th century brings out a notable discrepancy between the spirit of the edicts and rulings and the attitudes of
the judges and of those to be tried. Three forms of impiety are to be found which imply differences in their
meaning and impacts : manifestations of rural anticlericalism ; manifestations of a change in the religious
sensitivity of the bourgeoisie ; expression of an esprit de corps in some of the popular classes. Most of the
time the magistrates showed lenient : in their eyes people's disciplined behaviours towards religion were a
matter of social etiquette especially after 1760 when the trials for impiety became scarce.
La double relation de l'Eglise et de l'Etat faite de pouvoirs partagés et de services
réciproques n'est certainement pas née en France avec la période moderne. Cependant
c'est surtout dans la seconde moitié du XVIIe siècle que l'action conjointe de
l'épiscopat et du gouvernement royal se traduit non seulement par l'extension du
pouvoir séculier sur le clergé mais aussi par la construction d'une éthique politique,
sociale et religieuse imposée à tous les sujets par voie d'ordonnances et de déclarations
royales. L'idée d'ordre public inclut désormais une discipline des comportements
visant au respect des obligations religieuses dont les termes sont récapitulés dans les
nombreux et volumineux dictionnaires de police du XVIIIe siècle. Pour ne citer qu'un
seul exemple, sur les 225 articles que comprend l'ouvrage de La Poix de Fréminville,
58 traitent de cette manière.
C'est donc sans surprise que l'on trouve aujourd'hui dans les archives judiciaires
des anciennes cours laïques, des procès pour des actes irréligieux ou plus exactement
pour des délits que désigne une grande variété de termes : impiété, indécence, écrits ou
propos contre la religion, bris d'images, de croix, de statues, etc. Ainsi,
indépendamment des crimes majeurs d'hérésie et de sacrilège, traditionnellement 3 92 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
poursuivis par la justice du roi, s'est formée une catégorie de délits dont rien ne dit
qu'ils soient mineurs et dont l'étude systématique n'a pas étév entreprise jusqu'à ce
jour.
A vrai dire, ces causes ont été diversement traitées à l'époque. Cinquante -deux
affaires de ce genre, venues devant le Parlement de Paris de 1700 à 1789, sont
répertoriées sur les registres des arrêts1. Une seule connut une énorme publicité :
l'affaire du chevalier de La Barre. Les greffes des cours provinciales des pays de la
Loire moyenne, domaine de la présente enquête, ont conservé 22 procédures
déclenchées par de tels délits ; deux d'entre elles seulement sont allées en Parlement.
L'étude de ce dossier suppose donc que l'attention se tourne vers l'activité des cours
subalternes puisque celle de la cour souveraine ne donne qu'une image déformée de la
réalité. C'est ainsi qu'a été conçue l'enquête sur les procès d'impiété ayant laissé des
traces archivistiques datées de la fin du XVIIe siècles et du XVIIIe siècle dans la série
В conservée dans les départements français du Cher, de l'Indre, du Loir et Cher, du
Loiret, de la Nièvre et de l'Yonne2.
L'existence de ces affaires, leur nombre et leur répartition dans le temps suscitent
d'emblée trois questions. Ces procès sont-ils la confirmation de cette tiédeur religieuse
que les spécialistes ont pressentie dans les pays de la Loire moyenne au XVIIIe siè
cle ? Témoignent-ils de la rigueur des juges ou du caractère frondeur de la population?
Le groupement de la majorité des affaires avant 1760 est-il le signe d'une tendance
générale comme le donnerait à penser l'identique distribution chronologique des
procès de ce genre venus en Parlement au XVIIIe siècle ?
L'exploitation enfin d'une vingtaine de procès d'ampleur très variable présente de
sérieuses difficultés. Tout d'abord l'impossibilité d'établir des séries : le corpus est
évidemment trop mince et comprend surtout des données hétérogènes, résultat de la
coupe verticale opérée par l'enquête dans toute l'épaisseur et la complexité d'une
société à un moment déterminé. Toute segmentation s'expose ici à une déperdition de
substance. D'autre part, l'obligation de poser le système normatif du XVIIIe siècle
français à partir duquel ces anecdotes prennent sens, ce qui suppose non seulement
une connaissance des ordonnances et écrits mais encore et surtout celle des habitudes
et comportements traditionnels. En regard de nos 22 procès de base nous avons donc
retenu pour la même aire géographique une double centaine d'affaires comportant des
situations ou des traits analogues à ceux du premier groupe mais n'ayant pas fait
l'objet d'incrimination3. Chaque fois que cela était possible les procès-verbaux des
visites pastorales ont également fourni quelques lumières supplémentaires sur la vie
des paroisses4.
Au total, la recherche visant à atteindre des comportements ordinaires et extraor
dinaires d'individus engagés dans la vie sociale, oriente la méthode moins dans le sens
de l'enquête empirique que vers des procédés d'analyse propres à saisir les processus
et les structures dans lesquels ils s'insèrent. Apparentée aux démarches de la sociolo
gie différentielle, la connaissance progresse par paliers isol&#

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