Inscriptions d Ankor - article ; n°1 ; vol.25, pg 289-409
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1925 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 289-409
121 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1925
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

Louis Finot
Inscriptions d'Ankor
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 25, 1925. pp. 289-409.
Citer ce document / Cite this document :
Finot Louis. Inscriptions d'Ankor. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 25, 1925. pp. 289-409.
doi : 10.3406/befeo.1925.3058
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1925_num_25_1_3058)
INSCRIPTIONS D'ANKOR
Par Louis F I NOT,
Directeur de l'Ecole Française d'Extrême-Orient.
INTRODUCTION.
Aňkor Thom a été pendant environ six siècles la capitale du Cambodge.
On pouvait espérer qu'une aussi longue occupation nous léguerait une abon
dante épigraphie : cet espoir n'a été qu'imparfaitement réalisé. Les inscriptions
d'Ankor ne sont ni très nombreuses, ni très instructives. Si on laisse de côté
les inscriptions modernes, comme celles qui couvrent les piliers d'Ankor
Vat ('*) ; les courtes légendes que le XIIe siècle mit à la mode pour indiquer
soit le sujet d'un bas-relief, soit le nom du dieu occupant une chapelle ou une
galerie (*) ; les graffiti énigmatiques (à) ; les pierres usées qui ne gardent que
Je souvenir d'un texte devenu indéchiffrable, on peut évaluer les documents
épigraphiques recueillis à Aiikor et dans le voisinage immédiat de la ville à
une cinquantaine au plus (4). Certes cette série suffirait à nous fournir la trame
de l'histoire de la capitale si les textes, souvent fort copieux, qui la composent,
n'étaient aussi pauvres en faits qu'ils sont riches en propos sans intérêt : longs
(•) 40 inscriptions au Práh Pân, galeries croisées du premier étage ; 13 au Bàkàn, 3"
étage. Elles sont comprises entre le milieu du XVIe et le milieu du XVIII' siècle. Un
long poème, œuvre du mandarin Cei Non. écrit en 1702 A.D., est gravé sur une paroi
de la galerie des bas-reliefs du premier étage. V. Aymonier, Cambodge, III, 282-324.
("2) V. G. Cœdès, Les bas-rehejs ďAňkor Vat, BCAI. 1911, p. 201 sqq. Id. Les ins
criptions du Bayon, ibid., 1913, p. 81.
(3) Quelques graffiti du Práh Khan sont donnés dans BEFEO, XII (9), 186.
(*) La publication en a été commencée par Barth en 1885, dans le Corpus (Ta Rèo,
fondations du règne de Suryavarman, X" s. çaka ; Práh Nôk, fondations du senâpati
Saňgrama, en 988 ç. et continuée par Bergaigne dans le 2e fascicule du même recueil,
paru en 1893 (Thnal Barai, stèles de Yaçovarman ; Phimânàkàs, 832 c. ; Aňkor Vat,
XIV0 s.). D'autres inscriptions ont été éditées par G. Cœdès : Tip Pranàm, règne de
"Yaçovarman ; Bàksei Càmkroii et Bat Čum, règne de Hajendravarman, 869 et 882 ç. ;
Phnom Bàkhèh. 890 c. ; serment des fonctionnaires de Suryavarman au Palais Royal et
.au Khlâà S., 933 ç. ; Ta Prohm et Phimânàkàs (stèle du Figuier), règne de Jayavarman
VII, 1103-1123 c. Voir ./Л., 1908, 1909 ; BEFEO., VI, XI-XIII, XVIII,
19 — — 290
panégyriques de rois ou interminables listes de serfs offerts aux dieux. Il est
juste de reconnaître cependant que certaines de ces donations nous permettent
de dater plusieurs des temples d'Ankor et fournissent ainsi une contribution
essentielle à l'histoire de l'art khmèr (').
Mais il est un événement qu'elles laissent malheureusement dans l'ombre,
en dépit de sa haute importance historique : c'est la fondation même de la
capitale ; le seul témoignage précis que nous possédions à ce sujet est inscrit
sur une pierre trouvée à trente lieues d'Ankor et, par malchance, nous avons
de fortes raisons d'en suspecter la véracité-
II s'agit de la stèle de Sdok Как Thorn (2). Ce document est l'œuvre d'un
certain Sadâçiva, grand-prétre royal et héritier d'une longue lignée d'ancêtres
qui avaient rempli les mêmes fonctions. C'est en somme la chronique d'une
grande famille sacerdotale pendant 250 ans, de 802 à 1052 A. D., que nous
donne ce personnage. Il y énumère la série complète des grands-prêtres qui
ont célébré le culte royal, les souverains qu'ils ont servis, les dignités et les
biens qu'ils ont reçus, les villages et les temples qu'ils ont fondés, — et cela
avec une telle précision qu'on ne peut douter qu'il n'ait rédigé cette histoire
d'après les archives de sa famille : elle a donc une très grande valeur docu
mentaire. Or il y est clairement affirmé que Yaçodharapura (Aňkor Thorn) fut
fondé par le roi Yaçovarman (889-C.910 A. D.), qui érigea au centre de la
ville le temple appelé alors Yaçodharagiri, vulgairement Vnam Kantâl (le
« Mont central »), et aujourd'hui le Bayon. Ce temple était destiné au culte du
linga Devarâja, dieu national de la monarchie cambodgienne (3).
Cette assertion n'a suscité aucun doute jusqu'à ces derniers temps où
l'attention fut attirée sur l'importance de l'iconographie bouddhique au Bayon.
Un nouvel examen des sculptures de ce temple, des portes et de l'enceinte de la
ville, m'a conduit à la conclusion, formulée dans un article récemment paru, que
non seulement le Bayon était primitivement un lemple bouddhique, mais que la
capitale elle-même était placée sous la protection du bodhisattva Lokeçvara (*),
(') C'est ainsi que diverses inscriptions autorisent les précisions chronologiques
suivantes :
Phnom Bàkhèn = Indrádri ; le temple, appelé Yaçodhareçvara, fut tonde par Ya
çovarman (811- c. 832 ç.) ;
Bàksëi Càmkrôn = temple de Parameçvara, 869 ç., sous Ràjenclravarman ;
Phimânàkàs — sanctuaire de Trailokyanatha, 832 ç.
Mébón, construit sous Râjendravarman, 866-869 ç.
Bât Čum, Lâk Nân, même règne, 866-891 ç.
(-) Temple situé à 25 kil. N. О. de Sisophon, sur la frontière du Siam et à l'intérieur
de cette frontière. Nous avons publié cette inscription dans le BEFEO, XV, 11, 53-106.
(") BEFEO, XV, 11, 89.
(*) Lokeçvara en Indochine, dans : Etudes Asiatiques publiées à l'occasion du 2)*
anniversaire de l'Ecole Française d'Extrême-Orient, Paris, 1925. T. I, p. 245 sqq. — — 291
Cette conclusion étant admise, il s'ensuit que le B*ayon n'a pas été construit
pour être le sanctuaire d'un liňga et qu'il n'a pu être fondé par Yaçovarman,
sectateur de Çiva.
On pourrait songer à deux hypothèses capables de concilier le témoignage
de Sdok Как Thorn avec les faits nouvellement constatés : l'une se tirerait du
syncrétisme religieux de l'ancien Cambodge, l'autre de ce qu'on pourrait
appeler la dichotomie du Bayon.
Le syncrétisme des anciennes religions du Cambodge est un t'ait, mais qu'il
faut se garder d'exagérer : les mutilations réciproques pratiquées par les
sectes religieuses sur leurs idoles respectives, surtout la destruction systémat
ique ou la défiguration des figures bouddhiques par les çivaïtes sont une
preuve péremptoire que ces cultes se sentaient opposés et inconciliables.
Cette opposition était particulièrement flagrante au Bayon : imaginer qu'un roi
çivaïte, élevant un temple national au Liňga protecteur de l'empire, y aurait
réservé des places d'honneur au Buddha et à Lokeçvara, c'est lui prêter une
invraisemblable neutralité religieuse. Ces images prouvent à elles seules que
le temple était primitivement dédié au culte bouddhique.
On pourrait en second lieu supposer que le Bayon, commencé comme
temple bouddhique, aurait été achevé comme sanctuaire du Liňga. Précisément
on constate que le massif central résulte d'une modification profonde du plan
originel: d'après celui-ci, les galeries du second étage, celles dont les fron
tons sont bouddhiques, entouraient une cour, au centre de laquelle devait
s'élever sur un soubassement modéré un sanctuaire de dimensions moyennes.
On a conçu ensuite, pour servir de sanctuaire central, une tour gigantesque,
reposant sur une plateforme surélevée et élargie, — élargie au point de tou
cher presque les galeries inférieures et de venir buter contre les frontons des
portes : ces frontons ont ainsi disparu sous le dallage de la terrasse supérieure,
tantôt épargnés, tantôt

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