L abbé Vert. - article ; n°1 ; vol.6, pg 454-458
6 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'abbé Vert. - article ; n°1 ; vol.6, pg 454-458

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
6 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1845 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 454-458
5 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1845
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Jules De Pétigny
L'abbé Vert.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1845, tome 6. pp. 454-458.
Citer ce document / Cite this document :
De Pétigny Jules. L'abbé Vert. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1845, tome 6. pp. 454-458.
doi : 10.3406/bec.1845.451841
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1845_num_6_1_451841VERT. L'ABBÉ
Al. Parmi Cousin les a intéressantes publiées dans lettres la Bibliothèque de madame de V Longue-ville École des chartque
es (1), il s'en trouve une où cette princesse, avec l'élévation
d'esprit et la fermeté de caractère qui ne l'abandonnèrent ja
mais, explique les motifs qui l'ont déterminée à refuser au jeune
abbé de Fortia un petit bénéfice dont la nomination dépendait
d'elle, à cause de sa terre du Fresne (2). Ce refus était pénible
pour madame de Longueville , car le jeune ecclésiastique appar
tenait à une famille qui tenait un rang élevé dans la magistra
ture ; il avait pour protecteur l'archevêque de Paris lui-même, et
était recommandé avec instance par le marquis et la marquise
de Bréval, dont la princesse estimait les vertus et la piété. Enfin,
un oncle du nom de M. de Fortia était titulaire de ce bénéfice
et désirait le résignera son neveu, ce qui s'obtenait ordinaire
ment sans difficulté .
Néanmoins, ces considérations mondaines ne purent triom
pher des raisons de conscience que madame de Longueville a
llègue dans sa lettre, et qui lui donnèrent la force de résister à
toutes les sollicitations. Elle comprenait qu'un fils de famille,
comme M. de Fortia, ne pouvait s'attacher à une chapelle qui
rapportait à peine cent écus de rente, et qu'évidemment ses pa
rents et lui ne voyaient dans ce mince bénéfice qu'un léger sup
plément de revenu, en attendant mieux. Tout cela n'avait rien
que de très-naturel dans les idées du temps ; mais la pieuse prin
cesse avait pris au sérieux l'exercice de ses droits de patronage
(1) Biblioth. de l'Ecole des chartes , tom. IV (première série), pag. 435.
(2) Cette lettre, datée de Port-Royal le 8 avril 1675 , est adressée au curé de Saint-
Jacques du Haut-Pas, directeur de la princesse. ecclésiastique. Sa règle, comme elle ledit elle-même, était non-
seulement de donner les chapelles et les cures aux plus dignes,
mais encore de les destiner aux meilleures œuvres qui pouvaient
se faire dans les terres où elles étaient situées : par exemple, à
ôter des curés inutiles à leurs paroissiens, à suppléer à la modic
ité des cures des bons pasteurs, à leur donner les moyens d'a
voir des vicaires ou des maîtres d'école ; en un mot, à faire le
plus grand bien possible à la religion et à ses vassaux. On peut
croire, quoique la lettre ne le dise pas expressément, qu'outre
ces raisons générales, madame de Longueville se méfiait un peu
de la vocation de l'abbé de Fortia ; et en cela son tact l'avait
mieux servie qu'elle ne le pensait elle-même. L'avenir devait se
charger de justifier ses prévisions, et une circonstance posté
rieure ajoute au grave intérêt de sa lettre l'attrait piquant qui
s'attache toujours au scandale.
Dans les premières années du dix-huitième siècle, une his
toire assez gaie, mais très-peu édifiante, fut pendant longtemps
le sujet des entretiens de tout Paris. On racontait qu'un abbé
de bonne maison avait été surpris dans une conversation trop
intime avec la femme d'un teinturier. Le cas était Jiagraut; le
mari offensé se vengea à sa manière, et sans sortir de sa profes
sion. Saisi par deux vigoureux garçons, le galant abbé fut plongé
dans une cuve de teinture verte, et en sortit avecia peau d'un
lézard ou d'un perroquet. La couleur était même, dit-on, de si
bon teint, qu'il ne put jamais en effacer l'empreinte; il con
serva du moins jusqu'à sa mort le surnom de Y abbé Fer t. Fu
rieux de sa mésaventure , il avait été porter ses plaintes à
M. d'Àrgenson, lieutenant général de police, qui ne lit qu'en
rire : bafoué de toutes parts, poursuivi par les mauvais plaisants,
persiflé par les gazettes, il n'osa plus se montrer en public, et
finit par cacher sa honte au fond de la province, dans une terre
de sa famille, où il ne tarda pas à mourir de chagrin et d'ennui.
Telle est l'anecdote que les mémoires du temps nous ont trans
mise, et dont le héros était précisément cet abbé de Fortia au
quel madame de Longueville refusait un bénéfice en 1 675. Quel
ques mots d'explication suffiront pour en donner la preuve.
C'était une tradition constante, même dans la famille de Fortia,
qucYabbè Verl appartenait à cette maison, dont M. le marquis de
Fortia d'Urban, membre de l'Académie des inscriptions, mort
il y a deux ans, i\ publié l'histoire généalogique. Or, on voit,
31- 456
par cette histoire, qu'il exista, dans le cours des dix-septième tl
dix-huitième siècles, trois abbés de Fortia.
Le premier se nommait François, et était le troisième fils de
François de Fortia, seigneur du Plessis, conseiller d'État, mort en
1631 ; il fut prieur de Montbouchet, chanoine et comte de
Brioude en Champagne, et mourut en 1 675. Ce prieuré de Mont
bouchet était probablement celui qu'il voulait résigner à son
neveu l'année même de sa. mort, en 1675, arrangement auquel
madame de Longueville refusa de se prêter.
Le second s'appelait Anne Bernard, et était le quatrième fils-
de Bernard de Fortia, seigneur du Plessis, maître des requêtes, et
successivement intendant du Poitou, de Bourges, d'Orléans et
d'Auvergne, frère du précédent. L'histoire généalogique n'i
ndique pas la date de sa naissance; mais son père s' étant marié
en 1649, et ayant eu trois fils avant lui, il a dû naître de 1655 à
1660. Par conséquent il pouvait avoir de dix-huit à. vingt ans
en 1675 ; c'est indubitablement à lui que madame de Longue-
ville refusa le bénéfice que son oncle voulait résigner. Le tro
isième abbé, nommé Charles, naquit en 1702. Il était le second
fils de Joseph-Charles de Fortia, seigneur de Chailly, conseiller
d'État; il fut nommé en 1724 à l'abbaye de Saint-Martin d'É-
pernay, au diocèse de Reims, et mourut à Paris en 1776. « J'ai
« ouï dire, ajoute M- le marquis de Fortia ď Urban, que c'était
« sur lui qu'avait été composée la chanson de l'abbé Vert. »
Cette supposition n'est pas admissible, comme nous allons le dé
montrer.
L'aventure de l'abbé Yert a été célébrée d'abord par un mauv
ais conte en vers, inséré en \ 7 16 dans un recueil pseudonyme
intitulé Mémoires politiques, amusants et satiriques (1), puis par
une chanson sur l'air des Pendus, qui vaut mieux que le conte et
est fort peu connue ; on la trouve dans presque toutes les col
lections manuscrites de chansons du dix-huitième siècle. Le
conte, dans l'édition que nous venons de citer, est accompagné
d'une gravure qui représente la scène de la cuve ; il transporte
l'histoire à Anvers, et défigure les noms et les circonstances ;
mais, dans une note en prose qui le précède, l'auteur dit qu'un
*"
Mémoires politiques, amusants et satiriques de messire J. N. D. B. G. de (t)
t., colonel du régiment de dragons de Casanski, et brigadier des armées de S. M.
Czarienne. A Vérltopolis, chez Jean Disanlvrai, 1716, 3 vol. in-12. 457
ami lai fit part de cet événement au mois de juillet 17 1 3, et que
la gazette l'annonce comme ayant eu lieu à Paris, rue Bourti-
bourg.
Quant à la chanson, dont le récit paraît très-fidèle, elle dit
expressément que ce fut à M. d'Argenson que l'abbé porta sa
plainte. Or, M. d'Argenson fut nommé lieutenant général de po
lice en 1697, et quitta cette charge pour la dignité de chancelier
de France en 1718. L'aventure ne peut donc avoir eu lieu qu'entre
1697 et 1716, époque de la publication du conte; et la date in
diquée par l'auteur des Mémoires amusants est probablement la
véritable. Gela posé, il est facile de voir que l'abbé Charles de
Fortia n'aurait eu que onze ans à l'époque de l'événement, si on
le place en 1713, et quatorze ans au plus en 1716. A cet âge, il
ne pouvait être le héros d'une pareille histoire, et il n'était pas
encore abbé; car ce fut seulement e

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents