L Académie royale des Sciences et la réforme de ses statuts en 1789 - article ; n°1 ; vol.18, pg 15-28
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L'Académie royale des Sciences et la réforme de ses statuts en 1789 - article ; n°1 ; vol.18, pg 15-28

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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1965 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 15-28
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

PROF. ROGER HAHN
L'Académie royale des Sciences et la réforme de ses statuts en
1789
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1965, Tome 18 n°1. pp. 15-28.
Citer ce document / Cite this document :
HAHN ROGER. L'Académie royale des Sciences et la réforme de ses statuts en 1789. In: Revue d'histoire des sciences et de
leurs applications. 1965, Tome 18 n°1. pp. 15-28.
doi : 10.3406/rhs.1965.2390
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1965_num_18_1_2390L'Académie royale des Sciences
et la réforme de ses statuts en 1789
Bien avant qu'il fût question de supprimer l'Académie des
Sciences avec les autres sociétés savantes patronnées par l'État, les
répercussions de la Révolution se firent sentir au sein même de ce
corps, quoiqu'il eût adopté pour principe de ne s'occuper que de
questions scientifiques. Dans son livre L'Académie des Sciences
et les académiciens de 1666 à 1793, Joseph Bertrand avait déjà
signalé que l'Académie abandonna cette habitude lorsqu'elle décida
d'envoyer une délégation officielle chez Jean-Sylvain Bailly pour le
féliciter de la part qu'il avait prise dans les événements de 1789 (1).
Le même auteur mentionne aussi un autre exemple, plus important :
l'étude d'un projet de réforme des statuts visant à établir l'égalité
complète entre les académiciens, projet qui occupa beaucoup l'Aca
démie pendant les premières années de la Révolution. Cette réforme
mérite notre attention puisqu'elle montre, d'une façon frappante,
à quel point il était impossible en ce moment critique de l'histoire
d'exclure toute question d'ordre politique, même à l'intérieur d'un
corps scientifique. Elle est d'autant plus importante qu'elle
déclencha des dissensions internes qui devaient avoir de fâcheuses
conséquences lorsque l'Académie fut plus tard menacée de disso
lution. Pour saisir sur le vif les premières réactions de cette compag
nie savante devant les transformations politiques de 1789, il est
utile de se pencher sur plusieurs documents inédits (2).
(1) Paris, J. Iletzcl, 1869, pp. 4U5 sq.
(2) II existe certainement d'autres documents de ce genre, en particulier les projets :
« Sur la réorganisation des Académies » rédigés par l'académicien honoraire Malesherbes.
Ceux-ci se trouvent dans les archives privées de la marquise de Rosambo, qui ne sont pas
consultables à présent. On peut cependant s'en faire une idée générale en consultant
Pierre Grosclaude, Malesherbes, témoin et interprète de son temps, Paris, 1961, pp. 694-
696. Un microfilm de ces archives a été déposé aux Archives Nationales, sous la cote
162 Mi. 16 REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES
Parmi ceux-ci se trouvent les deux discours prononcés à
l'Académie par l'académicien honoraire, le duc de La Roche
foucauld d'Enville (1743-1792), au cours des séances du 18 et
25 novembre 1789, interventions qui suscitèrent une longue
discussion sur la réforme des règlements académiques. A ces
discours, dont le texte est donné en appendice, nous en joindrons
deux autres, prononcés à cette occasion par les pensionnaires Le
Gentil de La Galaisière (1725-1792) et Cassini IV (1748-1845). Trois
autres interventions, faites dans les mêmes circonstances, semblent
être perdues (1). Mais avant de publier ces textes, il convient de
les situer en quelques mots dans le cadre politique et psychologique
de l'époque, et aussi de rappeler les problèmes posés par la structure
interne de l'Académie qu'il s'agissait de réformer.
Au mois de novembre 1789, Paris était encore très optimiste
quant au succès des réformes politiques. Après la réunion des
trois ordres en une Assemblée Constituante au mois de juin, se
placent les deux grandes journées de 1789 qui marquent les débuts
de la Révolution. La prise de la Bastille et la nuit du 4 août (au
cours de laquelle la Noblesse et le Clergé renoncèrent subitement
à leurs privilèges « féodaux »), furent suivies du transfert de l'Assem
blée à Paris et de rapports et débats quotidiens sur la nouvelle
constitution en préparation. Tous les Parisiens, et surtout les
hommes de lettres, parlaient alors de « liberté », des « droits de
l'homme », de « l'abolition des ordres et de leurs privilèges », de
« suffrage », et de « l'autorité ministérielle », autorité sur laquelle
on rejetait volontiers les principales erreurs de l'Ancien Régime.
La Rochefoucauld, qui était l'un des représentants les plus mar
quants de la Noblesse à l'Assemblée — et auparavant à l'Assemblée
des Notables — allait d'ailleurs mettre à profit cette rhétorique
révolutionnaire pour présenter ses projets de réforme académique
à ses confrères (2). Il comptait sur l'effet que cette terminologie
produirait à l'Académie pour entraîner ses membres dans le mouve
ment général de réforme qui animait déjà le monde politique.
(1) Boshut, Laplace et Jussieu firent des interventions le 21 et le 25 novembre, mais les
textes île celles-ci ne se trouvent pas à la place habituelle dans les Archives de l'Académie
des Sciences (Arch. Ac. Se).
(2) II n'existe pas d'étude détaillée sur La Rochefoucauld. Faute de mieux, on peut
consulter Antoine Castellane, Gentilshommes démocrates, Paris, 1890, pp. 64-110.
Cf. aussi Jean Egret, La pré-révolution française 1787-1788, Paris, 1962, pour l'Assemblée
des Notables. RÉFORME DES STATUTS DE l'a. R. S. EN 1789 17
L'idée de réformer les statuts de l'Académie royale des Sciences
n'était cependant pas nouvelle. Tout au long du xvine siècle, les
statuts de ce corps savant avaient subi des changements, dont le
plus récent datait de 1785 (1). Ceux-ci, cependant, avaient surtout
porté sur le nombre d'académiciens, le nom de l'ordre auquel ils
appartenaient (honoraire, pensionnaire, associé, adjoint, élève, etc.)
et la répartition des sous-disciplines scientifiques. Aucune de ces
réformes ne touchait directement à la question de l'inégalité qui
existait alors entre ses membres du fait que seuls les honoraires et
les pensionnaires possédaient le droit de vote dans les élections
et dans les affaires intérieures de l'Académie ; cette situation avait
ainsi créé une hiérarchie académique qui ne dépendait pas du mérite
scientifique de ses membres (2).
Cette inégalité avait déjà été à l'origine de plusieurs projets de
réforme avant la Révolution, mais ces derniers avaient tous été
repoussés. En 1759, le chevalier d'Arcy avait proposé que puisque
« l'égalité a toujours été un bien précieux pour tous les hommes qui
pensent » (3), il fallait abolir les règlements qui l'entravaient ;
ce projet ne reçut l'appui que de deux des votants (4). Dix ans plus
tard, d'Alembert revint à la charge avec une proposition semblable,
dans laquelle il prônait comme exemple l'égalité qui régnait à l'Aca
démie Française; mais il n'obtint pas non plus gain de cause (5).
Ces mêmes idées se retrouvèrent aussi dans les réformes proposées
par Lavoisier en 1785, et elles furent également repoussées (6).
(1) Léon Aucoc, éd., Lois, statuts et règlements concernant les anciennes Académies
et V Institut de 1635 à 1889, Paris, Imprimerie Nationale, 1889, pp. хсш-сш.
(2) II existe pour cette époque plusieurs copies manuscrites des règlements intérieurs
de l'Académie. On peut en consulter aux Arch. Ac. Se, à la Bibliothèque de l'Institut
(ms 1962), à celle de l'Arsenal (ms 4624), dans la collection Lavoisier à Cornell University
(Ithaca, N.Y.) et à Florence à la Biblioteca Medicea-Laurenziana (ms Ashburnham-
Libri 1700). Ce dernier recueil comporte d'importantes rectifications et commentaires de
la main de Lalande.
(3) Arch. Ac. Se, dossier du 14 mars 1759, « Projet pour supprimer la classe des
adjoints et en réunir les membres à celle des associés », p. 1.
(4) II s'agit de d'Alembert et de P. Ch. Le Monnier. Cependant 14 autres académiciens,
dont 13 q

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