L argot annamite - article ; n°1 ; vol.5, pg 47-75
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L'argot annamite - article ; n°1 ; vol.5, pg 47-75

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1905 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 47-75
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1905
Nombre de lectures 6
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. Chéon
L'argot annamite
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 5, 1905. pp. 47-75.
Citer ce document / Cite this document :
Chéon A. L'argot annamite. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 5, 1905. pp. 47-75.
doi : 10.3406/befeo.1905.2632
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1905_num_5_1_2632.
L'APvGOT ANNAMITE
Par M. A. CIJÉON,
Administrateur des Services civils de l'Indochine,
Correspondant de l'École française d'Extrême-Orient.
Comme toutes les langues, l'annamite a son argot ou plutôt ses argots :
argot des voleurs, argot des maquignons, argot des sampaniers, argot des
chanteuses. Il y a également des argots de métiers ou de professions, mais
ceux-ci sont moins compliqués et moins complets et se réduisent à quelques
expressions.
Les argots varient d'une région à l'autre, mais les differences qu'ils présentent
ne touchent pas à l'essence du jargon de l'espèce et, loin de constituer des
anomalies, rentrent au contraire dans les règles générales qui président à sa
formation. L'argot de (lonhinchine se retrouve au Tonkin, avec d'autres éléments
parfois, mais régi par les mêmes lois.
Ces argots, à ne considérer que la nature de leur vocabulaire et l'origine ou
le mode de formation de leurs mots, peuvent théoriquement se diviser ainsi :
nói diëm, ou argot des tripots; nói lai, jargon d'interversion, et nói long,
langage secret. Le nói diem n'a que des mots à sens individuel; dans le nóí
lui, les mots n'ont de sens que pris deux à deux ; le nói long renferme des
vocables ayant un sens par eux-mêmes et dont quelques-uns lui sont spéciaux,
mais la plupart du temps il altère les monosyllabes de la langue normale par
un procédé emprunté au nóí lái.
I. — ARGOT ШЕМ
Voici quelques notes prises à Saigon, en 1887, sur cet argot :
Le nói diëm est le langage des voyous, des voleurs et des vagabonds. 11 n'a
été possible d'en recueillir que quelques mots, les lettrés et autres gens honor
ables se défendant toujours de connaître ce bas langage et les professionnels
ou ceux qui les fréquentent affirmant toujours, par une exagération qui se
comprend, n'en pas connaître le premier mot. Au reste, ni les uns ni les autres
ne comprennent l'intérêt que peuvent présenter pour nous ces sortes de recher
ches, et les individus peu francs du collier s'imaginent, dès qu'on les interroge - - 48
sur cette question, être en présence d'un agent de la police, dont ils ont maintes
raisons de se délier.
Le vocabulaire spécial des filous parait cependant, d'après les rares échantil
lons recueillis à grand'peine, mériter d'être l'objet d'une étude complète. Il semb
le constitué :
10 Par des archaïsmes vulgaires ou par des expressions spéciales à d'autres
régions. Par exemple, pour « père » on emploie bo (3£ phu). Or en Oochin-
chine, le père est appelé communément cha ou lia ; bo est spécial au Tonkin.
i>° Par des mots de la langue si no-annamite. Ex. : Iruçmg, « époux », f^, ?£
(qui probablement a donné chong) ; lu, lu, a quatre », Щ ; ddo, « voler »,
*Й£ (dao est la prononciation normale).
?>° Par des mots dérivés de la même source ou empruntés aux dialectes du
chinois, mais altérés d'après les mêmes lois qui ont présidé à la formation de
la langue annamite. Ex. : te, « sapèques, monnaie », (Щ tien) ; que, que,
« ligature )), (Щ qudn).
4° Par des mots de la langue vulgaire, soit détournés de leur acception
ordinaire (ainsi con mèo, ce chat », pour « amante ») ; soit déformés dans leur
articulation initiale ou dans leur son (mai pour bay, « sept » ; suông pour
sdu, « six ») ; soit déformés dans chacun de ces éléments à la fois (gai
pour ruô'i, « demi ») ([).
5° Par des mots d'origines diverses ou inconnues ou de pure invention peut-
être. Ex. : moi (-) pour di, «. aller » ; bi pour vc/, « époux ».
11. — ARGOT LÁJ
Le nôi lai (3) est un langage de formation mécanique et artificielle, résultant
de l'échange des sons finaux entre deux mots qui se suivent immédiatement
dans le discours.
La plupart des mots annamites peuvent être décomposés en deux éléments :
une consonne initiale ou articulation et un son final-: toi, « moi », = t -j- ôi ;
ba, « trois », = b + a, etc.
(!) Peut-être doit-on lire guy, qui signifierait « brisé, cassé en deux », niais Je changement de
r en g dur ne serait pas sans exemple.
i2) Oi mot moi aurait-il été emprunté au chain mai, « venir » ?
(;!) Nôi lui parait signifier « fourcher en parlant », c'est-à-dire mélanger ou intervertir
les éléments de deux ou de trois monosyllabes qui se suivent. «
:
>
,
:
;
|

«
;
- — 49
En chinois, cette dissociation пс^ éléments du monosyllabe a été faite par
les lexicographes, qui indiquent la prononciation d'un caractère au moyen do
deux autres caractères, dont le premier donne l'articulation initiale et le second
le sou liual. (Vest ainsi que le son du caractère ,£>, qui se lit tàm, sera indiqué
parles deux caractères ^ tich et ffi. láni que l'on pose comme connus, et qui
se décomposent ainsi : / + ich, cl / + ám. Tich donne la consonne initiale
/, et láni l'élément vocal «m, ce qui produit ell'eclivement tàm. Les Chmois
et les Annamites séparent ainsi les éléments úe^ mots, consonnes et voyelles,
avec la plus grande facilité.
(Vest sur celle séparation que repose le mécanisme de l'argot lál.
i° Le premier mol prèle sa finale au second, qui lui rend la sienne en
échange. Ainsi di choi, « aller s'amuser, se promener », se (((''compose en d + /,
et ch -\~ O7, et devient, par interversion, (loi chi.
n>° Le premier mol С(ч\^ son accent et sa place au second. Ainsi cî/Ï /mm,
«. le rideau », devient mán cài.
Ce procédé est fort simple et à la portée de toutes les intelligences. Aussi
n'esi-il pas d'indigène qui ne sache équivoquer souvent avec la même crudité et
le même cynisme que Kabelais. C'est même par suite de celle déplorable facilité
qu'on évite avec soin le rapprochement de certains mois qui prêtent naturell
ement à une interversion susceptible de donner aux termes ainsi dénaturés un sens
nouveau qui. choque les convenances les plus élémentaires. Il en est ainsi de
qua láo khô, « jujube sèche », qui donne trop facilement khô lao, « mon
langoiili ».
De tousles exemples de rapprochements à é\ lier que j'ai recueillis, c'est le
seul qui n'olfre [tas ïninu'diaiement un sens grossier ou obscène. Ceux qui
suivent sont absolument intraduisibles en français:
Déni deo. и rnnipler (des perles puni les) porler (en eliapelel) ». donne Ilén dèm
Ileo d,i, >< titiller des pierres », « |)à den
Cil цат, " Mills (Mes nieconleiil •■■ „ (,,im ^(l
Telle est la tendance à équivoquer qu'il n'es) même pas nécessaire1 que les
mots se suivent sans intermédiaire. L'interversion peut se produire entre deux
mots séparés par un autre
(lu troily; dàn » ancien parmi la population ». donne lián tronc ni;
\è dau khan. « déchirer le boni du turban ». » (landau Ljhe
liai dèm de deo. « des perles coniplees pour porler en eliapelel ». „ ) dèm.
Mutin, ainsi qu'on vient de le von par le deuxième exemple ,\V dán khan.
l'équivoque peut s'établir même par à peu pres
(iíó rét. « le velll est glacial ». donne l'Iiét cliň;
Toi lànli, « bel et bon », » Tát Ion,
Le peu de difficulté que présente celle .sorte d'argot, iac.de a entendre (tes
qu'on en possède le mécanisme, en a l'ail imaginer un autre, un peu plus
h к. к. K.-o. т. v. — í — — 50
mais dont la formation repose sur le même principe. Il consiste à compliqué,
prendre chaque mot du discours et aie

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