L évolution de la pensée scientifique et l histoire des sciences. - article ; n°2 ; vol.1, pg 97-113
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1947 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 97-113
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1947
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Arnold Reymond
L'évolution de la pensée scientifique et l'histoire des sciences.
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1947, Tome 1 n°2. pp. 97-113.
Citer ce document / Cite this document :
Reymond Arnold. L'évolution de la pensée scientifique et l'histoire des sciences. In: Revue d'histoire des sciences et de leurs
applications. 1947, Tome 1 n°2. pp. 97-113.
doi : 10.3406/rhs.1947.2606
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1947_num_1_2_2606L'évolution de la pensée scientifique
et l'histoire des sciences
Le présent exposé n'est pas ce que l'on peut appeler une
conférence. Il rentre dans le cadre des travaux qui sont discutés au
Centre de Synthèse. En effet, les réflexions que je désire soumettre
à votre examen sont nées des circonstances suivantes.
Il y a douze ans, j'avais été chargé par l'Académie internationale
d'Histoire des Sciences de voir comment l'enseignement historique
des sciences pourrait être pratiquement réalisé, non seulement à
l'Université, mais aussi dans les classes supérieures des établiss
ements secondaires.
Il m'apparut d'emblée qu'un tel enseignement ne pouvait viser
à être complet, que pour être fructueux il devait s'en tenir aux
traits essentiels du développement de la science, c'est-à-dire
marquer les découvertes cruciales et l'éclosion de méthodes
nouvelles.
Dans ces conditions la première chose à faire, m'a-t-il semblé,
était de fixer ces données essentielles sous la forme d'un schéma
destiné à représenter non pas l'histoire même des sciences, mais
plutôt les étapes de la pensée scientifique.
Ce schéma une fois tracé serait communiqué aux savants que
la question intéresse, puis remanié en tenant compte des critiques
faites et des adjonctions proposées.
Les tragiques événements qui ont bouleversé notre monde ont
empêché la réalisation de ce projet. J'ai pu, cependant, publier (1)
le texte primitif que j'avais exposé en juin 1935, dans une séance
tenue ici même, et l'accompagner, sous forme de notes, des obser-
(1) Philosophie spiritualiste, t. I, pp. 305-337.
T. I. — 1947 98 revue d'histoire des sciences
rations qui m'avaient été communiquées, soit oralement, soit par
écrit à la suite de cette séance.
Je voudrais reprendre la question à la lumière de ces critiques-
el observations.
* * *
Que l'on me permette tout d'abord de rappeler la distinction
que j'avais établie entre l'histoire de la pensée scientifique et
l'histoire des sciences.
« Cette dernière, disais-je, s'efforce de donner par époques et
par régions un tableau aussi complet que possible de chaque science
particulière, énumérant tous les savants qui lui ont voué leurs
efforts et retraçant aussi bien leurs échecs que leurs victoires.
« L'histoire de la pensée scientifique, au contraire, essaie de
mettre en lumière les grands courants d'idées qui, pendant une
période plus ou moins longue, déterminent la marche des sciences-
au point de vue expérimental et théorique.
« Cela dit, la pensée scientifique possède dans les diverses-
étapes qu'elle franchit des caractères essentiels qui peuvent servir
de cadre à l'histoire des sciences proprement dite et lui donner les
points de référence dont elle a besoin. En d'autres termes, pour une
période donnée, les caractéristiques de la pensée scientifique jouent
vis-à-vis de l'histoire des sciences le rôle d'hypothèses ou d'idées
directrices, exactement comme dans la physique ou la chimie, par
exemple, une théorie sert à grouper des faits déjà connus et permet
au savant de contrôler les faits nouveaux.
« Mais, de même que ceux-ci peuvent ébranler la théorie dont
ils sont censés dépendre, voire en provoquer l'abandon, de même
aussi une étude plus approfondie de l'histoire des sciences peut
modifier les caractères fondamentaux qui avaient été jusqu'alors
attribués à la pensée scientifique de telle ou telle époque. Toutefois,,
si imparfaitement que puissent être marqués ces caractères, ils n'en
restent pas moins un guide précieux pour l'historien des sciences-
dans les recherches spéciales qu'il effectue. »
Je concluais ces considérations en disant : « Si maintenant l'on
envisage la pensée scientifique dans son évolution, je crois qu'il est
possible d'y distinguer les 5 grandes phases ou périodes que voici ',
1. La préhistoire. — 2. Les civilisations orientales. — 3. La civil
isation gréco-romaine. — 4. La Renaissance et les temps modernes.
— 5. La fin du xixe siècle et le xxe siècle. » l'évolution de la pe.xsée scientifique 99
* * *
Trois problèmes surtout se posent au sujet des vues qui viennent
d'être rappelées. Le premier est relatif au domaine que la pensés-
scientifique doit embrasser. Le second concerne la légitimité qu'il
y a d'envisager en elle-même l'évolution de la pensée scientifique ~
Le troisième enfin se rapporte au bien fondé des divisions proposées
pour marquer les étapes de cette pensée.
Au sujet de l'extension même de la matière à traiter, M. Henri
Berr dans les observations qu'il voulut bien m'adresser, remarquait
que la pensée scientifique doit embrasser non seulement les mathé
matiques, la physico-chimie et la biologie, mais aussi les sciences
de l'esprit. M. Léon Brunschvicg est moins catégorique : « Je
poserais, m'écrit-il, la question des limites de la science ou plutôt
des limites du sens du mot, large ou étroit. Je ne suis pas sûr que
la psychologie et la sociologie, même la biologie, aient atteint un
positivisme du même ordre que les disciplines physico-chimiques. >»•
La question reste difficile à trancher. En fait, nous constatons!
que le terme de science s'emploie à propos de n'importe quel
groupe de connaissances plus ou moins organisées. On parle en'
effet de sciences mathématiques, mécaniques, etc. ; mais on parle1
aussi de occultes, morales, esthétiques, etc. On use même-
d'expressions telles que la science du savoir-vivre, la science de-
l'équitation.
Pour chercher à préciser la signification et l'étendue de e?-
qu'est la science, s'adressera-t-on à la philosophie ? Mais on se-
heurte alors à la même difficulté. Au xvine siècle, par exemple,,
lorsque la philosophie défrayait les conversations mondaines, elle
servait à désigner n'importe quoi et un traité de jardinage s'inti
tulait volontiers « philosophie du jardinage ».
Ce qui est certain, c'est que depuis l'antiquité à nos jours, le-
savoir scientifique a été compris différemment par les philosophes..
Aristote, par exemple, fait rentrer la métaphysique dans la science :.
il la considère même comme la science première. Kant, au contraire,
dénie à la métaphysique la possibilité même de se constituer comme -
science ; il considère que seul le monde phénoménal perçu par ■
l'intuition sensible est capable d'être l'objet d'une connaissance -
scientifique.
Étant donné ces divergences, faut-il alors s'en tenir aux disci
plines qui, tenues pour valables par le monde des savants, peuvent REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES 100
être classées systématiquement les unes par rapport aux autres ?
Mais nul n'ignore combien une pareille classification est ardue.
Tout d'abord, quels critères choisir pour opérer le groupement ?
Auguste Comte, comme on le sait, vise à fonder une classification
qui soit strictement objective, c'est-à-dire qui découle des carac
tères intrinsèques à la matière même de chacune des sciences à
ordonner et il découvre ces caractères dans la généralité décrois
sante et la complexité croissante. Bacon estime, au contraire, qu'il
est impossible de faire abstraction du sujet pensant et qu'il faut
prendre comme critère de classement les facultés humaines (mémoire,
imagination, etc.) mises respectivement en jeu pour acquérir telle
ou telle science. Sous une forme naïve, Bacon soulève le m&

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