L œuvre cardiologique de Léon Rostan - article ; n°1 ; vol.19, pg 29-52
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1966 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 29-52
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M Mirko Drazen Grmek
Alain Rousseau.
L'œuvre cardiologique de Léon Rostan
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1966, Tome 19 n°1. pp. 29-52.
Citer ce document / Cite this document :
Drazen Grmek Mirko, Rousseau. Alain. L'œuvre cardiologique de Léon Rostan. In: Revue d'histoire des sciences et de leurs
applications. 1966, Tome 19 n°1. pp. 29-52.
doi : 10.3406/rhs.1966.2473
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1966_num_19_1_2473L'œuvre cardiologique de Léon Rostan
L'auteur de l'article « Cœur » dans l'Encyclopédie de Diderot
déclare : « On peut dire en général que les maladies du cœur sont
rares. Mais quelque rares qu'elles soient, elles ne sont que trop
fréquentes, ne fût-ce que parce qu'elles sont difficiles à connoître.
En effet, il n'est pas aisé de donner, dans des recherches si épi
neuses, des règles fixes pour distinguer ces maladies d'avec celles
qui ont quelques symptômes communs avec elles » (1). Est-ce le
célèbre médecin et naturaliste suisse Albert de Haller (1708-1777)
lui-même (2) qui écrivit ces lignes ? Quel qu'il soit, l'auteur suit
fidèlement l'enseignement de J.-B. Sénac (3) et reflète une opinion
généralement admise au cours du xvnie siècle.
Il faut bien le reconnaître : si l'on parcourt les traités de clinique
et les recueils d'observations médicales antérieurs au xixe siècle,
on est frappé par la rareté des cas où le diagnostic d'une maladie
du cœur fut posé non post mortem mais intra vitam.
APERÇU SUR LES DÉBUTS DE LA CARDIOLOGIE
Certes, une étude médicale sur le cœur se trouve déjà dans
l'ancien papyrus égyptien connu sous le nom d'Ebers (env.
1550 avant J.-C), et un traité De corde fait partie de la Collection
hippocratique (ve siècle avant J.-C). Mais ces textes vénérables
se rapportent seulement à l'anatomie et à la physiologie du cœur.
Jusqu'au xvne siècle, le problème des maladies cardiaques fut
éludé. Nombre de médecins partageaient le vieux préjugé si bien
exprimé par Pline : « De tous les viscères, seul le cœur n'est pas
(1) Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arls el des métiers, par une
société des gens de lettres, Édition de Lausanne, t. VIII, 1779, p. 420.
(2) En effet, au milieu de l'article se trouve son sigle : « H.D.G. » Eu égard non seul
ement à sa célébrité, mais aussi au nombre et à la valeur de ses contributions, Haller est le
plus important collaborateur médical de Г Encyclopédie. Cf. P. Astruc, Les sciences médic
ales et leurs représentants dans Г Encyclopédie, Rev. Hist. Sci., t. 4, 1951, pp. 359-368.
(3) L'article de V Encyclopédie est en grande partie un simple résumé du livre de Sénac,
publié en 1749. REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES 30
altéré par les maladies et ne prolonge pas les souffrances de la vie ;
blessé, il cause la mort » (1). Ainsi s'explique le fait que les pre
mières descriptions des principales maladies du cœur ne datent
que de la fin du xvne siècle ou de la première moitié du xvine siècle.
Citons par exemple la description des vices cardiaques par Lazare
Rivière (rétrécissement aortique, 1674), par John Mayow (rétr
écissement mitral, 1674) et par William Gowper (insuffisance
mitrale, 1706), celle des symptômes du bloc auriculo-ventriculaire
par Marko Gerbec (1692), celle de l'angine de poitrine par G. B. Mor-
gagni (1707) et par William Heberden (1768), et aussi celle de la
myocardite par J.-B. Sénac (1749).
A vrai dire, la cardiologie, en tant que branche scientifique de
la médecine, ne se constitue qu'avec l'œuvre anatomo-patholo-
gique et clinique de Vieussens et de Lancisi, c'est-à-dire au cours
de la première décennie du xvine siècle (2).
Rappelons que Raymond Vieussens (1641-1715) fit mieux
connaître la structure du ventricule gauche, le trajet des coronaires
et l'anatomo-physiologie de la valvule de la veine coronaire, ainsi
que les lésions anatomiques de la péricardite, de l'hypertrophie
(« anévrisme ») du ventricule gauche, du rétrécissement mitral,
du rétrécissement aortique et de l'aortite, dont il signala également
certains symptômes cliniques (3).
Néanmoins, la symptomatologie cardiologique restait rudimen-
taire, et le diagnostic des maladies du cœur n'était encore possible
qu'à l'ouverture du cadavre. Cette situation restera pratiquement
inchangée jusqu'au début du xixe siècle. Et si Vieussens, peut-être
pour la première fois dans l'histoire de la médecine, réussit le dia-
(1) Pline, Hisl. nat., XI, 69. Trad. d'A. Ernout, Paris, Belles-Lettres, 1947, p. 86.
(2) Pour l'histoire de la cardiologie en général, voir : M. D. Grmek, article « Srce »,
dans l'Encyclopédie médicale yougoslave, Zagreb, t. IX, 1964, pp. 223-226 ; P. J. Philipp,
Die Kennlnisse von den Krankheiten des Herzens im 18. Jahrhundert, Berl.n, 1856 ;
E. Schrôer, Die Fôrderung der Kenntnisse der Herzkrankheilen durch Vieussens und
Sénac, Diisseldorf, 1937 (thèse) ; N. Latronico, II cuore nella storia délia medicína,
Milano, Recordati, s. a. ; F. E. Willius et T. E. Keys, Classics of Cardiology, New York,
Dover, 1961 ; T. East, The story of heart disease, London, Dawson, 1958 ; К. Е. Roth-
schuh, dans Das Herz des Menschen, Stuttgart, Thieme, 1963.
(3) R. Vieussens, Traité nouveau de la structure et des causes du mouvement naturel
du cœur, Toulouse, 1715. Aussi R. Vieussens, Novum vasorum corporis humani systema,
Amsterdam, Marret, 1705; Nouvelles découvertes sur le cœur, Toulouse, 1706. Cf.
R. H. Major, Raymond Vieussens and his treati'e on the heart, Ann. Med. Hist., n. s.,
t. 4, 1932, pp. 147-154 ; С. E. Kellett, Two Medicines, Med. World, 9 février 1945 ;
R. Jeudy, Les principaux analomisles français du XVIIe siècle, Paris, Le François, 1941. L'OUVRE CARDIOLOGIQUE DE LÉON ROSTAN 31
gnostic correct d'un cas de péricardite et d'un cas ď « anévrisme »
cardiaque, ce n'était là que performance tout à fait exceptionnelle.
Giovanni Maria Lancisi (1654-1720), médecin à Rome, donna
la première classification scientifique des maladies du cœur (1707).
Il découvrit les végétations valvulaires et, par ailleurs, scinda
l'ancienne notion d'anévrisme du cœur en distinguant hypertrophie
et dilatation des ventricules. On lui doit aussi l'observation de
l'un des symptômes cardinaux de l'insuffisance cardiaque droite,
à savoir l'état engorgé, turgescent des veines jugulaires et leurs
pulsations systoliques (1).
Une nouvelle phase de la cardiologie s'ouvrit avec les recherches
de Jean-Baptiste Sénac (1693-1770), premier auteur médical à
avoir porté son attention sur les processus inflammatoires du
myocarde et à avoir élaboré la notion de trouble d'origine nerveuse
dans le fonctionnement cardiaque. Sénac approfondit également
les connaissances médicales sur la péricardite, maladie pour
laquelle il préconisa dans certains cas la paracentèse (2).
Tout au long du xvnie siècle, les cliniciens français, anglais,
italiens et allemands s'efforcèrent de constituer une sémiologie
des maladies du cœur basée sur cinq groupes de symptômes : modif
ications du pouls, palpitations, dyspnée, cyanose et œdèmes. Si
nous en jugeons d'après les données cliniques actuelles, bien
pauvres, au moins dans leur première étape, nous paraissent les
résultats auxquels aboutirent ces efforts. Ceci ne peut être mieux
illustré que par la conclusion déjà citée du collaborateur de l'Encyc
lopédie, conclusion si étrange aux yeux d'un médecin du xxe siècle :
« Les maladies du cœur sont rares. » Bien sûr, doit paraître rare
tout ce qu'on ne sait pas reconnaître.
Et, à la lumière de ce que nous venons de constater, n'est-elle
pas significative du progrès réel, révolutionnaire, de la cardiologie,
cette déclaration faite en 1806 par Corvisart : « Les maladies orga
niques les plus fréquentes, la phtisie pulmonaire exceptée, sont
celles du cœur » (3) !
(1) G. M. Lancisi, De subitaneis mortibus libri duo, Rome, Buagni, 1707. Aussi
G. M. Lancisi, De molu cordis el aneurysmatibus, Rome, Salvioni, 1728. Cf. A. Bacchini,
La vita e le opere di G. M. Lancisi, Roma, 1920.

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