La Chine de Mao Tsé-toung - article ; n°6 ; vol.15, pg 1079-1110
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Description

Revue française de science politique - Année 1965 - Volume 15 - Numéro 6 - Pages 1079-1110
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Stuart R. Schram
La Chine de Mao Tsé-toung
In: Revue française de science politique, 15e année, n°6, 1965. pp. 1079-1110.
Citer ce document / Cite this document :
Schram Stuart R. La Chine de Mao Tsé-toung. In: Revue française de science politique, 15e année, n°6, 1965. pp. 1079-1110.
doi : 10.3406/rfsp.1965.392900
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1965_num_15_6_392900Chine de Mao Tse-toung La
STUART SCHR
PLUS
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La préoccupation du salut de la nation est pourtant antérieure
celle de la Justice sociale la fois dans le développement intel
lectuel de Mao Tsé-toung et dans histoire moderne de la Chine
Depuis la guerre de opium de 1840 les Chinois oint cessé
être hantés par la peur de perdre leur Etat la suite de
ingérence de Occident militairement plus puissant
est dans ce contexte que Mao Tsé-toung est né en 1893
et il grandi au début du siècle Encore écolier il dit un
camarade qui lui avait prêté un livre sur les grands héros du
monde parmi lesquels nguraient V/ashington Napoléon Lincoln
et Pierre-le-Grand La Chine aussi besoin hommes comme
ceux-ci Il nous faut étudier comment enrichir le pays et le rendre
militairement puissant est ainsi seulement que nous pourrons
éviter de tomber au niveau de Indochine de la Corée et de
Inde
La phrase enrichir le pays et le rendre militairement puis
sant fuguo qiangbing généralement remplacée par la contrac
tion fuaia.ng était la fin du XIXe siècle et au début du xxe la
devise de modernisateurs aux tendances les plus diverses tant en
Chine au Japon Elle est restée celle de Mao ce Our
En avril 1945 au septième congrès du Parti communiste chinois
il proclamait Une Chine indépendante libre démocratique unie
riche et puissante fuqiang naîtra bientôt Cette forme de
pensée était immédiatement accessible toutes les couches de la
société Ainsi un petit manuel pour les nouveaux membres du
Parti communiste chinois recrutés parmi la paysannerie de Mand-
chourie affirmait-il en 1947 La ligne du Parti communiste et
du président Mao consiste faire de la Chine un nouvel Etat
indépendant libre pacifique démocratique uni riche et puissant
fuaîang en suivant cette ligne la Chine pourra devenir riche
et puissante le peuple pourra se libérer et notre postérité pourra
passer des Jours heureux.
Bien entendu nous ne songeons pas présenter Mao Tsé-
toung comme un simple nationaliste La richesse et la puissance
Mao dong tongzhi de ngshaonian shidai enfance et la jeunesse
du camarade Mao Tsê-toung) Pelein Renmin Chubanshe 1951 pp 24-28
Lun lianhe zhengtu Sur le gouvernement de coalition) Zhongguo Chu-
banshe 1946 58 Dans la version actuelle de ce texte cette enumeration
été remplacée par expression la Chine de la nouvelle démocratie uvres
choisies tome IV 374)
Xin dangyûan duben Manuel du nouveau membre du Parti) Jiaodong
Xinhua Shudian 1947 18
1080 La Ohme de Mao Tsé-toung
de la Chine la grandeur de son passé et le rôle eminent elle
est appelée jouer selon Mao avenir lui tiennent ur
mais depuis bientôt un demi-siècle il est persuadé que le salut
national ne peut être atteint que par une transformation radicale
de la société Pendant une très courte période vers époque du
Mouvement du mai de 1919 Mao crut que le renouvellement
nécessaire pouvait être effectué surtour par la libération de indi
vidu Très vite il conclut que seule la mobilisation des masses
permettrait de changer réellement la situation existante Mais il
conserva de sa brève phase libérale et individualiste une préoccu
pation de action consciente même dans le contexte collecti
viste qui allait entraîner lui et la Chine il gouverne dans
des contradictions sans fin
Etroitement lié au souci action consciente qui caractérise la
pensée de Mao et qui est profondément enraciné aussi dans his
toire de la Chine depuis un siècle est cet autre trait de la person
nalité de Mao et de son style politique que nous avons appelé le
romantisme militaire Les raisons historiques qui ont incité
tous les Chinois politiquement conscients donner de importance
aux facteurs militaires sont évidentes une part la déchéance
de leur pays était étroitement liée la supériorité militaire de
Occident autre part insubordination des généraux qui con
duisit peu après la révolution de 1911 ère des seigneurs de
la guerre faisait vite comprendre aux hommes politiques ils
ne pourraient imposer un gouvernement civil ensemble du pays
en disposant eux-mêmes une force armée puissante est ainsi 1926 Chiang Kaï-shek et le Guomindang purent étendre
leur autorité sur une partie importante de la Chine et renverser les
militaristes du centre et du nord du pays est ainsi que vingt
ans plus tard après avoir forgé sa propre armée au cours de la
lutte anti-japonaise Mao Tsé-toung put renverser son vieux rival
et établir son propre pouvoir
Sur évolution intellectuelle de Mao dans sa jeunesse voir Schram
Mao Tsé-foiing Paris Armand Colin 1963 pp 14-30 Pour le cadre historique
voir aussi Carrère Encausse et Schram Le marxisme et Asie 1853-
1964 Paris Armand Colin 1965 pp 68-85 Sur les liens entre la libération
de individu et la poursuite de la richesse et la puissance > dans les origines
de la pensée de Mao voir notre compte rendu de ouvrage de Benjamin
Schwartz In search of wealth and power dans la evue fran aise de science
politique XV l) pp 140-144
Voir Schram The military deviation of Mao Tse-tung Pro
blems of Communism no 1964 pp 49-56
08 Stiwrt Schram
Mais en appliquant Mao le àerme de romantisme militaire
nous entendons évoquer le fait au-delà une conscience très
aiguë de importance des facteurs militaires il un tempérament
de guerrier et une imagination peuplée de métaphores militaires
Des romans populaires des histoires dynastiques il tiré une
conception de la guerre comme la suprême aventure la suprême
épreuve de la volonté du courage et de la ruse Il le dit en termes
éloquents au cours de la guerre antijaponaise homme mani
feste dans tous ses actes action consciente mais nulle part elle
apparaît avec plus éclat que dans la guerre Les chefs mili
taires ne peuvent pas tenter obtenir des victoires sortant du cadre
défini par les conditions objectives mais ils peuvent et doivent
intérieur de ce cadre efforcer activement arracher la victoire
La scène sur laquelle agissent ces chefs doit être édifiée sur les
possibilités objectives mais sur cette scène ils peuvent monter bien
des drames vivants pleins de bruit et de couleur de puissance et
de grandeur.
En 1950 lors de la guerre civile contre Chiang Kaï-shek Mao
avait affirmé de fa on plus nette encore le rôle décisif des facteurs
subjectifs Ceux qui faisaient preuve de pes

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