La France et les affaires pétrolières au lendemain de la Première Guerre Mondiale : la politique des groupes financiers à travers celle de la banque de l Union Parisienne - article ; n°2 ; vol.1, pg 313-328
17 pages
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Description

Histoire, économie et société - Année 1982 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 313-328
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Eric Bussiere
La France et les affaires pétrolières au lendemain de la
Première Guerre Mondiale : la politique des groupes financiers à
travers celle de la banque de l'Union Parisienne
In: Histoire, économie et société. 1982, 1e année, n°2. pp. 313-328.
Citer ce document / Cite this document :
Bussiere Eric. La France et les affaires pétrolières au lendemain de la Première Guerre Mondiale : la politique des groupes
financiers à travers celle de la banque de l'Union Parisienne. In: Histoire, économie et société. 1982, 1e année, n°2. pp. 313-
328.
doi : 10.3406/hes.1982.1294
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1982_num_1_2_1294LA FRANCE ET LES AFFAIRES PETROLIERES AU
LENDEMAIN DE LA PREMIERE GUERRE
MONDIALE - LA POLITIQUE DES GROUPES
FINANCIERS A TRAVERS CELLE DE LA BANQUE
DE L'UNION PARISIENNE
par Eric BUSSIERE
L'importance économique et stratégique du pétrole a été Tévélée en France au
cours du premier conflit mondial. La motorisation progressive des moyens de transport
civils et militaires, leur utilisation intensive pour ravitailler le front, en ont été la princi
pale manifestation. Le ravitaillement français en pétrole était assuré depuis la fin du
XIXème siècle par un cartel d'importateurs placé sous la dépendance étroite'de la Stan
dard Oil qui contrôlait en fait le marché mondial. Or, au cours de l'année 1917, les
fournitures du cartel se révélèrent de plus en plus insuffisantes, risquant ainsi de mettre
l'approvisionnement de l'armée en difficulté. La faiblesse des moyens des importateurs
français, entretenue avec soin par la Standard en était la cause principale.
Ces difficultés furent l'occasion d'une prise de conscience de la gravité de la situa
tion par le gouvernement qui prit directement sous sa responsabilité les achats de pétrole
à l'étranger grâce à la création du consortium pétrolier et créa, en août 1918, un Haut
Commissariat Général aux Essences placé sous la direction du sénateur Henry Bérenger.
Dès lors, la politique du Haut Commissariat, puis celle de la Direction des Essences
au Ministère du Commerce fut d'assurer au pays des sources indépendantes en matière
d'approvisionnement. Cette politique déboucha sur la création de la Compagnie Franç
aise des Pétroles en 1924 puis de la Compagnie Française de Raffinage.
Cette politique est désormais assez bien connue grâce aux différentes publications
d'A. Nouschi sur le sujet (1). Il n'en reste pas moins vrai que la période 1919-1924 fut
l'occasion de multiples créations ou projets de créations d'affaires pétrolières en France
et que les milieux financiers — Banque de Paris et des Pays-Bas, Banque de l'Union Pari
sienne - prirent la direction de ce mouvement. La «préhistoire» de la C.F.P. entre
1919 et 1924, les affaires pétrolières roumaines à la même époque, furent à l'origine
d'un conflit sérieux mais peu visible entre les deux établissements qui n'est pas sans
rappeler celui qui opposa à la même époque Paribas à la Banque de l'Indochine à pro
pos de la Banque Industrielle de Chine (2). Cette opposition entre les deux établiss
ements qui coïncida un moment avec des divergences d'appréciation sur la politique à
1. A. Nouschi : Luttes Pétrolières au Proche-Orient, Paris, 1970, 144 p. — «L'Etat français et les
pétroliers anglo-saxons, La naissance de la C.F.P.», Relations internationales, n° 7, pp. 241-259. —
«Les investissements pétroliers français dans l'entre-deux-guerres», in M. Levy-Leboyer, La position
internationale de la France, Paris, 1977, pp. 377-385.
2. J.N. Jeanneney, «Finances, presse et politique : l'affaire de la Banque Industrielle de Chine
(1921-1924), Revue Historique, avril-juin 1975, pp. 377-416. Eric BUSSIERE 314
suivre entre les Ministères des Finances et des Affaires étrangères, est également révé
latrice des liens existant entre les milieux de la haute administration et de la finance (3).
Cette opposition, bien qu'atténuée, se poursuivit au sein même de la CF. P., rendant
ainsi sa mission plus difficile.
Le 25 août 1919 était fondée la Société pour l'Exploitation des Pétroles. Elle asso
ciait à égalité un groupe français patronné par la B.U.P. et le groupe hollandais de la
Royal Dutch Shell. Au conseil de cette société figuraient Lucien Villars, président de
l'Union Parisienne et président de société, Henry Deterding, président de la Royal
Dutch et Emile Deutsch de la Meurthe, tous deux vice-présidents et quelques autres
personnalités de premier plan comme C.S. Gulbenkian, actionnaire minoritaire mais
très actif de la Turkish Petroleum Company (T. P.C.), ou comme Frédéric François-
Marsal, administrateur de la B.U.P. qui deviendra ministre des Finances en 1920. Le
groupe des actionnaires français, outre la B.U.P. et ses amis traditionnels dont les
banques Mallet et Mirabaud, comprenait aussi les autres banquiers intéressés au pétrole,
Rothschild et Paribas, le groupe d'importateurs patronné par Deutsch de la Meurthe,
lui-même lié par ailleurs à la Royal Dutch, et quelques métallurgistes français (4).
Le but de l'entreprise était fort ambitieux puisqu'il s'agissait de prendre en charge
les actions de la T.P.C., qui disposait de larges droits de recherche de pétrole dans l'Em
pire Ottoman, devant revenir à la France à la suite des accords Long-Bérenger d'avril
1919. Belle opération, par conséquent, pour la B.U.P. qui s'assurait ainsi d'une position
dominante dans les affaires de pétrole en France. Comment cette opération avait-elle
été rendue possible ?
L'initiative de cette politique, associant la finance française avec la Royal Dutch
provient du gouvernement français. La France connut à nouveau des difficultés d'a
pprovisionnement en pétrole au lendemain de la victoire, notamment du fait de la Stan
dard Oil qui, très attachée à la liberté d'importation en France, avait peu apprécié la
prorogation pour six mois du Commissariat aux Essences décidée par Klotz en janvier
1919. Face à la menace d'une rupture d'approvisionnement de la part de la Standard,
Clemenceau et Klotz s'étaient donc tournés, au printemps de 1919, vers la Royal
Dutch qui avait proposé ses services à la France. Il semble d'autre part que c'est Gulbenk
ian, très lié à Deterding, qui a indiqué au sénateur Bérenger la possibilité de revendi
quer les actions de la T. P.C. (5). L'alliance de la France avec la Royal Dutch devait per
mettre à chacun des deux partenaires de s'appuyer sur l'autre, face à Standard Oil ou à
l'Anglo-Persian, autre actionnaire de la T.P.C. (6). C'est du moins la thèse que soutien
dra le Mouvement Général des Fonds en 1921 et 1922 (7).
Il est donc probable que c'est à la demande de Gulbenkian que le directeur du
Mouvement des Fonds rencontra Lucien Villars le 30 mai 1919 lui demandant si «la
B.U.P. se chargerait de former un groupement pour faire avec la Royal Dutch une
société française pour l'exploitation de pétrole en Mésopotamie et en Perse du Midi en
reprenant la part allemande dans l'affaire de Mésopotamie». Le 17 juillet la B.U.P. sou
mettait au ministre des Finances la liste des souscripteurs de la Société pour l'Exploita
tion des Pétroles (S.P.E.P.), aussitôt acceptée (8).
3. R. Girault, «Economie et politique internationale : diplomatie et banque dans Fentre-deux-
guerres», Relations Internationales, n° 21 , pp. 7-22.
4. Archives B.U JP., dossier 873, note générale, note 0.
5. A. Nouschi, Luttes pétrolières au Proche-Orient, pp. 5 1-56.
6. Les actionnaires de la T. P.C. devaient être : Anglos-Persian Oil Cie : 50 % ; Groupe Français :
25% ; Royal Dutch : 25 %
7. Voir infra.
8. Archives B.U.P., dossier 873, note 18. FRANCE ET LES AFFAIRES PÉTROLIÈRES 3 1 5 LA
Le choix de la B.U.P. par le Ministère des Finances semble s'expliquer par la liaison
qui unissait celle-ci à la Royal Dutch dans une autre affaire pétrolière importante située
en Roumanie : l'Astra Romana. La Roumanie représentait en effet une autre source po
tentielle de pétrole pour la France à cette époque. Des capitaux français y étaient déjà
présents, comme dans la soc

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