La fronde parlementaire à la veille de la Saint-Barthélemy. - article ; n°1 ; vol.148, pg 17-89
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1990 - Volume 148 - Numéro 1 - Pages 17-89
73 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

Jean-Louis Bourgeon
La fronde parlementaire à la veille de la Saint-Barthélemy.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1990, tome 148, livraison 1. pp. 17-89.
Citer ce document / Cite this document :
Bourgeon Jean-Louis. La fronde parlementaire à la veille de la Saint-Barthélemy. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1990,
tome 148, livraison 1. pp. 17-89.
doi : 10.3406/bec.1990.450570
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1990_num_148_1_450570FRONDE PARLEMENTAIRE LA
A LA VEILLE DE LA SAINT-BARTHÉLEMY
par
Jean-Louis BOURGEON
« Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà
libres » (Etienne de la Boetie, De la servitude
volontaire, 1561).
« Qui ne sçayt qu'on a veu les sugets s'armer
contre le Prince souverain, voyans la désobéis
sance et refus que faisoyent les magistrats de
vérifier et exécuter ses édits? » (Jean Bodin,
Les six livres de la république, 1576).
Que l'une des clefs de la Saint-Barthélémy soit à chercher du côté du
Parlement de Paris ne fait guère de doute, pour peu que l'on accepte de
reléguer au magasin des accessoires romantiques la complaisante et carica
turale vision du noir complot ourdi dans le cerveau d'un monarque débile
et d'une reine-mère machiavélique. Pour peu, aussi, que l'on veuille bien
lire sans prévention les textes d'époque et y découvrir plus prosaïquement
tous les éléments d'une irrésistible insurrection parisienne, tenant à la fois
du coup de main féodal (les Guises), de la mutinerie militaire (les gardes
suisse, écossaise, française), de l'émeute anti-fiscale (l'Hôtel-de- Ville, la milice
bourgeoise), de la révolte officière contre les taxes (la basoche), enfin de
la réaction anti-absolutiste (le Parlement) : toutes ces forces coalisées autant
contre la royauté qu'envers ses alliés du moment, les malheureux Huguen
ots, qui, dans ce drame, font un peu figure de boucs émissaires. La haine
du protestant a, certes, joué un rôle dans cette mobilisation quasi générale,
mais en agissant plutôt comme ciment ou catalyseur face à des oppositions
jusque-là dispersées et larvées; entre le roi et sa capitale, tout un content
ieux s'était peu à peu accumulé, et le fanatisme religieux n'a fait que
cristalliser le mécontentement latent. Depuis des siècles qu'on déclame contre
les auteurs de ce massacre, il serait temps de s'apercevoir que la Saint-
Barthélémy n'est pas le fait du Prince, mais bien au contraire de toute la
BIBL. ÉC. CHARTES. 1990. 1 2
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 148, 1990. JEAN-LOUIS BOURGEON 18
population parisienne, notables en tête, liguée contre lui. Que la principale
victime, pour sauver son trône, ait préféré après coup s'en déclarer l'auteur
n'est qu'une péripétie supplémentaire qui n'abolit pas le phénomène
premier, bel et bien insurrectionnel1.
On connaît dans la vie parisienne le poids social, religieux et politique
du Parlement, on sait qu'il constituait dès le milieu du XVIe siècle une caste
d' « officiers » étroitement apparentés, pratiquement héréditaires et solid
ement appuyés sur une large clientèle : il aurait été bien étonnant qu'il n'ait
pas été mêlé de très près à l'explosion de la Saint-Barthélémy ; encore fallait-il
être en mesure de confirmer cette intuition. La seule histoire du Parlement
de Paris au XVIe siècle, celle d'Edouard Maugis, n'était d'aucun secours
sur la question : elle n'envisage même pas l'hypothèse d'une quelconque
participation de ces hauts magistrats à un mouvement aussi sanglant et
dévoyé2. Et le haut-le-cœur du fils du premier président de Thou devant
le spectacle offert par la rue parisienne, au matin du 24 août 1572, paraiss
ait refléter la réprobation unanime dont les robins entouraient un événe
ment qui semblait les avoir autant surpris que traumatisés3. Mieux valait
tout de même y aller voir de plus près, et consulter systématiquement, aux
Archives nationales, les archives du Parlement de Paris à la date de
1572. Pour ce faire, le chercheur dispose depuis un siècle d'un bon
1 . Cf. mes articles : Les légendes ont la vie dure : à propos de la Saint-Barthélémy et de
quelques livres récents, dans Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1987, p. 102-116
(depuis cet article, j'ai accentué mes positions : je ne pense plus que Charles IX, dès l'aube
du 24 août, ait « finalement tout accordé aux Guises et rejoint précipitamment le mouve
ment » ; il se débattit jusqu'au 27, avant de capituler devant l'émeute) ; Une source sur la
Saint-Barthélémy : V « Histoire de Monsieur de Thou », relue et décryptée, dans Bulletin de
la Société de l'histoire du protestantisme français, t. 134, 1988, p. 499-537 (où on voudra
bien partout rétablir l'orthographe « les Guises », dont le 5 pluriel a malencontreuse
ment disparu).
2. Edouard Maugis, Histoire du Parlement de Paris, de l'avènement des Valois à la mort
d'Henri IV, 3 vol., Paris, 1913-1916 : cf. t. II, p. 43. Rien à glaner dans des études encore
plus anciennes et plus cursives, telles : Ennemond Fayard, Aperçu historique sur le Parle
ment de Paris, 3 vol., Paris, 1876-78; Georges Weill, Les théories sur le pouvoir royal en
France pendant les guerres de religion, Paris, 1892 ; Ernest Glasson, Le Parlement de Paris,
son rôle politique depuis le règne de Charles VII jusqu'à la Révolution, 2 vol., Paris, 1901 ;
Félix Aubert, Le Parlement de Paris au XVIe siècle, dans Nouvelle revue historique de droit
français et étranger, t. 29, 1905, p. 737-790, et t. 30, 1906, p. 58-83 et 179-209.
Ne parlons pas du très hargneux et très médiocre article du même Félix Aubert sur Le Parle
ment et la Réforme, dans Revue des questions historiques, t. 83, 1908, p. 91-128, où la Saint-
Barthélémy est expédiée en deux pages aussi partiales que superficielles.
3. Jacques-Auguste de Thou, Mémoires, composés vers 1614 et s., publiés en latin en
1620, traduits en français en 1711 : cf. p. 12 de cette traduction. J'ai souligné dans le second
article cité supra, note 1, toute l'ambiguïté de ce curieux « historien », mémorialiste tendan
cieux dès qu'il s'agit de la Saint-Barthélémy, et qui a tout fait pour masquer l'évidente res
ponsabilité du Parlement dans le drame. LE PARLEMENT ET LA SAINT-BARTHÉLEMY 19
instrument de travail, le Répertoire numérique des archives du Parlement
de Paris, série X : registres (X1A) et minutes (X1B) du parlement civil, re
gistres (X2A) et minutes (X2B) du parlement criminel, sans compter
registres (X3A) et (X3B) des requêtes du palais, toutes ces sources
livrent des références pour cette seule année 1572. La plupart se sont
toutefois révélées inutiles pour le propos, n'ayant trait qu'à l'activité profes
sionnelle, et disons routinière, de la cour parisienne, sans interférence aucune
avec la politique 4. Mais mon attention a vite été attirée par la série dite des
registres du Conseil, sur laquelle naguère Madeleine Dillay apportait cette
précision : « Dès l'origine de cette série, en 1364, et jusqu'à 1636, époque
à laquelle les matières extra-judiciaires passeront dans les registres du Cons
eil secret, on trouve dans le Conseil des délibérations relatives aux affaires
publiques, aux enregistrements de lettres royaux, au personnel de la Cour
et à l'organisation intérieure du Parlement »5.
Qu'est-ce donc, au XVIe siècle, que ce « Conseil » du Parlement de Paris ?
Question apparemment simple, mais à laquelle il n'est pas si facile de répon
dre6. C'est assurément l'instance suprême du Parlement, composée parfois
d'une seule chambre (ainsi, au temps des vacances parlementaires, de l'uni
que chambre des vacations, qui est comme un abrégé de tout le Parlement),
mais plus généralement des deux principales chambres, Grand-Chambre et
Tournelle, voire, pour les très grandes affaires, de toutes les chambres assem
blées (Grand-Chambre, Tournelle, cinq chambres des enquêtes, chambre
des requêtes). La composition de ce « Conseil » est donc très élastique (à
la dis

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