La Grande-Bretagne, la France et la crise de Suez - article ; n°1 ; vol.13, pg 79-100
24 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La Grande-Bretagne, la France et la crise de Suez - article ; n°1 ; vol.13, pg 79-100

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
24 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Histoire, économie et société - Année 1994 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 79-100
Abstract Britain and France have traditionally been rivals in the Middle East, and disagreement between them was still frequent in the 1950's, f.i. about the Baghdad Pact and the supply of armaments to Israël. Suddenly, the nationalisation of the Suez Canal Company by Colonel Nasser (26 July 1956) brought about a rapprochement between the two countries, and eventually, three months later, they launched a joint expedition against Egypt. The preparation of this operation, which is carefully analysed, involved many disagreements between British and French political and military leaders ; they were aggravated by the ambiguous attitude of the U.S.A. One of the main difficulties was about collaboration with Israël, which the French wanted and the British hated. Eventually, however, «collusion» with Israël supplied a good pretext for a franco-british military intervention. Still, cooperation on the ground between the French and British military was not cloudless. And the British government, which the fall of sterling terrified, imposed a cease-fire to its reluctant French ally. Soon afterwards, Anglo-French relations in the Middle East reverted to their usual and unfriendly tone.
Résumé Le Moyen-Orient était un terrain traditionnel de rivalités et de désaccords entre la Grande-Bretagne et la France, et cela restait le cas dans les années 1950, p. ex. à propos du Pacte de Bagdad et des fournitures d'armes à Israël. Soudain, la nationalisation de la Compagnie du Canal de Suez par Nasser (26 juillet 1956) rapprocha les deux pays, qui, trois mois plus tard, entreprirent ensemble une expédition contre l'Egypte. Mais la préparation de cette opération — qui est analysée en détails — ne se déroula pas sans de multiples divergences entre dirigeants politiques et militaires de Londres et de Paris, divergence aggravées par l'attitude ambiguiïe des Etats-Unis. Une des principales difficultés était le problème de la collaboration avec Israël, recherchée par les Français, redoutée par les Britanniques. Finalement, néanmoins, la «collusion» avec Israël fournit un fort bon prétexte pour une intervention militaire franco-britannique. Sur le terrain même, la collaboration entre militaires des deux pays ne fut pas sans nuages, et surtout le gouvernement britannique, affolé par la chute de la livre sterling, imposa l'arrêt des opérations à son allié qui y répugnait. Peu après, les relations franco-britanniques au Moyen-Orient retrouvèrent leur animosité habituelle.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Keith Kyle
La Grande-Bretagne, la France et la crise de Suez
In: Histoire, économie et société. 1994, 13e année, n°1. pp. 79-100.
Citer ce document / Cite this document :
Kyle Keith. La Grande-Bretagne, la France et la crise de Suez. In: Histoire, économie et société. 1994, 13e année, n°1. pp. 79-
100.
doi : 10.3406/hes.1994.1730
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1994_num_13_1_1730Résumé
Résumé Le Moyen-Orient était un terrain traditionnel de rivalités et de désaccords entre la Grande-
Bretagne et la France, et cela restait le cas dans les années 1950, p. ex. à propos du Pacte de Bagdad
et des fournitures d'armes à Israël. Soudain, la nationalisation de la Compagnie du Canal de Suez par
Nasser (26 juillet 1956) rapprocha les deux pays, qui, trois mois plus tard, entreprirent ensemble une
expédition contre l'Egypte. Mais la préparation de cette opération — qui est analysée en détails — ne
se déroula pas sans de multiples divergences entre dirigeants politiques et militaires de Londres et de
Paris, divergence aggravées par l'attitude ambiguiïe des Etats-Unis. Une des principales difficultés était
le problème de la collaboration avec Israël, recherchée par les Français, redoutée par les Britanniques.
Finalement, néanmoins, la «collusion» avec Israël fournit un fort bon prétexte pour une intervention
militaire franco-britannique. Sur le terrain même, la collaboration entre militaires des deux pays ne fut
pas sans nuages, et surtout le gouvernement britannique, affolé par la chute de la livre sterling, imposa
l'arrêt des opérations à son allié qui y répugnait. Peu après, les relations franco-britanniques au Moyen-
Orient retrouvèrent leur animosité habituelle.
Abstract Britain and France have traditionally been rivals in the Middle East, and disagreement between
them was still frequent in the 1950's, f.i. about the Baghdad Pact and the supply of armaments to Israël.
Suddenly, the nationalisation of the Suez Canal Company by Colonel Nasser (26 July 1956) brought
about a rapprochement between the two countries, and eventually, three months later, they launched a
joint expedition against Egypt. The preparation of this operation, which is carefully analysed, involved
many disagreements between British and French political and military leaders ; they were aggravated
by the ambiguous attitude of the U.S.A. One of the main difficulties was about collaboration with Israël,
which the French wanted and the British hated. Eventually, however, «collusion» with Israël supplied a
good pretext for a franco-british military intervention. Still, cooperation on the ground between the
French and British military was not cloudless. And the British government, which the fall of sterling
terrified, imposed a cease-fire to its reluctant French ally. Soon afterwards, Anglo-French relations in the
Middle East reverted to their usual and unfriendly tone.1. LA GRANDE-BRETAGNE, LA FRANCE
ET LA CRISE DE SUEZ
par Keith KYLE*
Résumé
Le Moyen-Orient était un terrain traditionnel de rivalités et de désaccords entre la Grande-Bretagne
et la France, et cela restait le cas dans les années 1950, p. ex. à propos du Pacte de Bagdad et des
fournitures d'armes à Israël. Soudain, la nationalisation de la Compagnie du Canal de Suez par Nasser
(26 juillet 1956) rapprocha les deux pays, qui, trois mois plus tard, entreprirent ensemble une
expédition contre l'Egypte. Mais la préparation de cette opération — qui est analysée en détails — ne
se déroula pas sans de multiples divergences entre dirigeants politiques et militaires de Londres et de
Paris, divergence aggravées par l'attitude ambiguiïe des Etats-Unis. Une des principales difficultés était
le problème de la collaboration avec Israël, recherchée par les Français, redoutée par les Britanniques.
Finalement, néanmoins, la «collusion» avec Israël fournit un fort bon prétexte pour une intervention
militaire franco-britannique. Sur le terrain même, la collaboration entre militaires des deux pays ne fut
pas sans nuages, et surtout le gouvernement britannique, affolé par la chute de la livre sterling,
imposa l'arrêt des opérations à son allié qui y répugnait. Peu après, les relations franco-britanniques au
Moyen-Orient retrouvèrent leur animosité habituelle.
Abstract
Britain and France have traditionally been rivals in the Middle East, and disagreement between
them was still frequent in the 1950's, f.i. about the Baghdad Pact and the supply of armaments to
Israël. Suddenly, the nationalisation of the Suez Canal Company by Colonel Nasser (26 July 1956)
brought about a rapprochement between the two countries, and eventually, three months later, they
launched a joint expedition against Egypt. The preparation of this operation, which is carefully
analysed, involved many disagreements between British and French political and military leaders ;
they were aggravated by the ambiguous attitude of the U.S.A. One of the main difficulties was about
collaboration with Israël, which the French wanted and the British hated. Eventually, however,
«collusion» with Israël supplied a good pretext for a franco-british military intervention. Still,
cooperation on the ground between the French and British military was not cloudless. And the British
government, which the fall of sterling terrified, imposed a cease-fire to its reluctant French ally. Soon
afterwards, Anglo-French relations in the Middle East reverted to their usual and unfriendly tone.
Vers 1955, il aurait été difficile de trouver au Moyen-Orient paire de conspirateurs
plus improbable que la France et la Grande-Bretagne. Il est vrai qu'elles étaient parfois
classées ensemble comme des puissances impérialistes en déclin. Mais leurs relations
* Chercheur Attaché au Programme du Moyen-Orient du Royal Institute of International Affairs, et auteur de
Suez (Weidenfeld, 1991). En 1956, il était correspondant de The Economist à Washington. 80 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
dans cette région avaient toujours été sous le signe de la rivalité et de la méfiance, sauf
pendant de brèves périodes. «Les Français nous ont toujours tenus pour largement
responsables de leur éviction du Levant», écrivit Sir Gladwyn Jebb, ambassadeur de
Grande-Bretagne à Paris, au Foreign Office, le 23 février 1955. «A aucun prix ne
veulent-ils voir leur éviction suivie d'un second outrage par lequel ils se trouveraient
effectivement supplantés dans ces états par nous-mêmes, ou même par l'Irak, que les
nationalistes français persistent à considérer comme un état britannique fantoche»1.
Le problème pour les relations franco-britanniques était qu'Anthony Eden,
ministre des affaires étrangères de Grande-Bretagne jusqu'en avril 1955, puis premier
ministre, considérait le renforcement et l'expansion de la puissance de l'Irak comme le
nouveau pivot de la défense stratégique occidentale au Moyen-Orient contre le com
munisme. Whitehall méprisa donc les objections de la France à cette politique comme
une trahison de la solidarité occidentale. En février 1955, la signature de l'accord
turco-irakien ouvrit la voie pour le Pacte de Bagdad, qui regroupait la Grande-Bret
agne, l'Irak, l'Iran, la Turquie et le Pakistan. Pacte qui parvint à s'attirer une éton
nante série d'ennemis : l'Egypte et Israël, la France et l'Arabie Séoudite, et bien en
tendu l'Union Soviétique. «Le Gouvernement français, qui n'avait pas été consulté au
préalable, n'a pas laissé Londres et Washington dans l'ignorance des doutes très sé
rieux que provoquaient de sa part les plans envisagés»2, déclara une note du Quai
d'Orsay, qui, à la très grande indignation du ministère des affaires étrangères britan
nique, fut publiée par la presse pendant une crise ministérielle française en janvier
1956.
En plus de leurs réserves sur Nuri es-Said, l'Arabe préféré de la Grande-Bret
agne, alors dans son douzième terme de premier ministre d'Irak, connu comme
conspirateur permanent, méprisant la France, et depuis longtemps avocat de la fusion
de la Syrie avec l'Irak, les Français étaient d'avis que le Pacte, bien loin de décourager
l'expansion soviétique au Moyen-Orient, la provoquerait. En outre, en suscitant
l'inimitié de l'Egypte et de l'Arabie Séoudite, il créerait de nouvelles divisions dans le
monde arabe3. Les propos que les Britanniques tenaient entre eux rejetaient totalement
la politique française. D'après Sir John Gardener, ambassa

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents