La grotte de la Route, Saint-Martin-de-Londres (Hérault) - article ; n°1 ; vol.53, pg 63-79

Raymond Riquet, Jean Arnal

Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1956 - Volume 53 - Numéro 1 - Pages 63-79
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_LA_SOCIETE_PREHISTORIQUE_FRANCAISE
• Publié le: 01 janvier 1956
• Nombre de lectures: 35
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Dr Jean Arnal
Raymond Riquet
La grotte de la Route, Saint-Martin-de-Londres (Hérault)
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1956, tome 53, N. 1-2. pp. 63-79.
Citer ce document / Cite this document :
Arnal Jean, Riquet Raymond. La grotte de la Route, Saint-Martin-de-Londres (Hérault). In: Bulletin de la Société préhistorique
française. 1956, tome 53, N. 1-2. pp. 63-79.
doi : 10.3406/bspf.1956.3300
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1956_num_53_1_3300grotte de la Route * La
SAINT-MARTIN-DE-LONDRES, (Hérault)
PAR LES DOCTEURS
Jean ARNAL et Raymond RIQUET
Depuis longtemps nous avions remarqué la grotte de la Route, -s'ou-
vrant à l'un des détours du chemin qui va de Saint-Martin-de-Londres au
Causse de la Selle (1). D'après les habitants du hameau du Frouzet, cette
grotte aurait d'ailleurs été fouillée anciennement (avant 1914) par M. Vi
gie du Cayla qui en aurait extrait un squelette confié par la suite au
Dr Mayet de Lyon. Les collections du Laboratoire de Géologie de la Fa
culté des Sciences de Lyon (Pr Thoral), contiennent un certain nombre de
crânes néolithiques sans indication d'origine. Il s'y trouve à peu près
sûrement le sujet récolté. On peut espérer en trouver trace dans les notes
du regretté Dr Mayet. Souhaitons que les services du Pr Thoral s'effor
ceront de tirer parti de cette information nouvellement parvenue à notre
connaissance.
Malgré ces anciennes prospections, nous nous sommes décidé en 1942 à
de nouvelles fouilles, car un décapage rapide des niveaux superficiels nous
avait montré une couche ossifère d'apparence vierge.
Cadre géologique.
La commune de Saint-Martin-de-Londres dont le chef-lieu occupe le
pôle oriental s'étend sur une série de crêtes dominant les gorges de l'Hé
rault. Ces crêtes forment petite chaîne de calcaires durs (Kimmérid-
giens, Rauraciens et Thitonniques), haute de 400 m. environ et ayant
échappé au nivelage érosif responsable de l'abaissement des plateaux
voisins (Bathonien entre 280 et 300 m.) Il est intéressant de signaler que
le village de Saint-Martin est établi sur une mince bande de Lutécien, ce
qui n'est sûrement pas fortuit. La grotte dont il est question ci-après
a été creusée dans des strates rauraciennes, marno-calcaires fendillées,
par un ancien ruisseau qui a, sur son déclin, scié la roche en une mince
fente sondée à 20 m. Depuis longtemps ce ruisseau a disparu dans les pro-
* Mémoire reçu le 7 oct. 1954, lu à la séance de juillet 1955.
(1) La grotte de la Route est située exactement à 1400 m. avant le ha
meau du Frouzet en venant de Saint-Martin-de-Londres sur le bord même
de la route, à droite en descendant. Carte d'Etat Major quadrillage Lamb
ert : 710 X 169 à 3 mm. à l'Est du croisement de ces lignes. Elle est
exposée à l'Ouest (Fig. 1).
Bien que nous ayons publié dans de nombreux articles les différents
composants des civilisations du néolithique récent, nous allons en rappeler
les principaux éléments en quelques lignes :
Pasteurs des platealx ; Ils utilisent le matériel suivant : des silex
d'allure campignienne, des haches en pierre dure et non en silex, et deux
poteries distinctes : celle de Ferrières à chevrons incisés et celle de Font-
bouïsse (ou fontbuxienne) dont les métopes sont traitées en cannelures.
Horgénikns : Haches en pierres dures et non en silex, flèches ovales ou
à ailerons et pédoncule et flèches tranchantes trapézoïdales à retouches
marginales. La poterie se compose presque uniquement de récipients très
grossiers à fond plat, évasés, connus sous le nom de « pots de fleurs ».
Civilisation Seine-Oise-Marne (S. O. M.) est le résultat de la sym
biose des Horgéniens et des Campigniens, c'est-à-dire qu'en plus des pièces
déjà citées ci-dessus, il vient s'y ajouter des tranchets, des pics et des
haches taillées ou polies en silex. 64 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
fondeurs, à la recherche d'un profil d'équilibre solidaire du plan d'eau,
actuellement à — 160 m. au-dessous du Bois de Valène, non loin de la
grotte de la Route.
Cadre archéologique : découvertes anciennes.
Le paysage de rochers chaotiques, agrémenté de bosquets de chênes verts
et épineux, est très favorable aux explorations archéologiques; aussi avons-
nous repéré depuis vingt ans un grand nombre de vestiges préhistoriques.
Leur abondance contraste fortement avec la désolation actuelle et semble
prouver sinon un changement climatique important (les études botaniques
s'y opposent), du moins une grave dégradation du sol et du sous-sol dont
les effets se poursuivent de nos jours. Dans la partie occidentale de la
commune, se trouvent deux dolmens dits de « Taoula Chiesa » (table sise)
(Fig. 1, n" 1). Et deux grottes : Baume-Cambrette et Baume-Cabane. Le
versant oriental est beaucoup plus riche en vestiges. Autour du domaine
du Cayla se trouvent en effet la grotte du même nom et une seconde
faisant l'objet de cette étude (Fig. I, n° 3). Dans le proche voisinage on
ne rencontre pas moins de quatre dolmens : deux sont des dolmens à
couloir et riche mobilier (Fig. I, n° 4 et 7); quant aux deux autres ils
sont ruinés (Fig. I, n° 6) ou endommagés (Fig. I, n° 8). Toujours à
proximité du Cayla il faut aussi noter un village néolithique (Fig. I, n° 5).
A Uglas, une véritable nécropole mégalithique rassemble cinq dolmens
simples et un dolmen à couloir (Fig. I, n° 9). Sur les terres de la ferme
de Alontlou se dressent deux autres mégalithes (Fig. 1, nos 10 et 11). Il
en existe deux autres près du Mas de la Conquette (Fig. I, nos 12 et 13) à
proximité d'un ancien habitat néolithique. Sur ce même terroir se ren
contrent aussi les restes d'un menhir probable, une petite agglomération
hallstattienne et deux tumuli de même époque (Fig. I, n° 12). Signalons
en passant qu'un petit tumulus du Cayla est sans doute également halls-
tattien. Au total, la commune de Saint-Martin-de-Londres ne compte pas
moins de 16 dolmens (sans compter les destructions passées), quatre
grottes (d'occupation ou d'inhumation), deux hameaux néolithiques, trois
tumulus hallstattiens et un village contemporain de ces derniers (2).
LA GROTTE ET SON CONTENU
Actuellement elle se présente sous l'aspect assez banal d'un simple
boyau coudé à angle droit et débouchant sur la route par une sorte de
porte de four. Lors de la construction de la route, les cantonniers ont
détruit l'entrée primitive et environ un mètre de couloir. D'après leurs
dires était fermée par une dalle verticale maintenue par la
pression d'un galgal. A notre arrivée le remplissage s'élevait à mi-hauteur
des parois (à 80 cm. du sol et du plafond). Les fouilles débutées en posi
tion accroupie ont mis au jour plusieurs squelettes sans connexions ana-
tomiques, déposés sans ordre au coude du boyau sur toute la largeur de
Fig. 1 — Carfe des dolmens du midi de la France.
En haut : n° 1 grotte de la Route. — n° 2; grotte sépulcrale du
Suquet-Coucolière (Les Matelles, Hérault). — n° 3, hypogées d'Arles
(Bouches du Rhône).
En bas : plan et coupe de la commune de St-Martin de Londres. № 1,
dolmens de Taoula-СЫеьа. — n° 2, grottes de Baume-Cambrette et
Baume-Cabane. — n° 4, dolmen à couloir du Cayla. — n° 5, village
néolithique du Frouzet. — n° 6, petit dolmen du Frouzet. — n° 7,
dolmen à couloir du Frouzet. — n° 8, du Frouzet 3. — n° 9,
nécropole dolménique de Uglas. — n° 10 et 11, dolmens de Montlou 1
et 2. — n° 12, dolmens, tumulus et villages néolithiques et halls-
tattiens de Conquette. — n° 13, dolmen de Conquette 2. — n° 14,
grotte du Cayla-. — n° 3, grotte de la Koute.
(2) Après nous, une équipe de scouts a pratiqué des fouilles dans divers
tumulus dont un a été publié dans les Etudes Roussillonnaises, t. Ш»
1953, page 91. \\ f\ z" !* A^
il
MER Dolmens
Pyrénéens /MEDITERRANEE
/Viols le SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 66
la galerie et sur une longueur de deux mètres environ. Quelques objets
se trouvaient au milieu des ossements et l'aspect général de la sépulture
rappelait celui des dolmens à couloir de la région. Aucune str