La pauvreté à Bourges au début du XVIe siècle. - article ; n°2 ; vol.150, pg 287-320
35 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La pauvreté à Bourges au début du XVIe siècle. - article ; n°2 ; vol.150, pg 287-320

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
35 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1992 - Volume 150 - Numéro 2 - Pages 287-320
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Claire Sibille
La pauvreté à Bourges au début du XVIe siècle.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1992, tome 150, livraison 2. pp. 287-320.
Citer ce document / Cite this document :
Sibille Claire. La pauvreté à Bourges au début du XVIe siècle. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1992, tome 150, livraison
2. pp. 287-320.
doi : 10.3406/bec.1992.450656
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1992_num_150_2_450656PAUVRETE A BOURGES AU DEBUT DU XVIe SIECLE LA
par
Claire SIBILLE
Les testaments et états de dépenses faites par les exécuteurs testament
aires, par leur caractère très concret qui apparaît dans les legs concernant
les œuvres charitables, semblent représenter une source de choix pour qui
conque veut faire l'étude de l'histoire de la charité et de la pauvreté. Ce
sont des documents dont la forme est figée, où les formules se répètent,
mais les testateurs font souvent preuve d'un réel souci pratique quand ils
indiquent par le menu le partage de leurs biens, la place où ils souhaitent
être inhumés, et le déroulement de leurs funérailles ; ce souci pratique apparaît
aussi dans les dispositions concernant les églises, les couvents, les hôpitaux
et les indigents.
À cet égard, le testament de Jean de Villiers1, doyen du chapitre cathe
dral de Bourges de 1493 à 1515, mérite une attention particulière. Ce docu
ment provient du fonds du chapitre : les testaments des chanoines défunts
étaient en effet lus au par les exécuteurs testamentaires, qui
vérifiaient leurs comptes2. Cette copie sur cahier de papier de cinquante
feuillets comprend le testament proprement dit, daté du 27 avril 1524,
l'inventaire des biens meubles laissés par le testateur dans sa maison
canoniale, en date du 4 mai 1524, et l'état des dépenses faites par les
exécuteurs testamentaires de mai 1524 à avril 1526. L'état des dépenses
est particulièrement intéressant en ce qui concerne l'histoire de la char
ité dans une grande ville. Le vocabulaire utilisé pour décrire les legs
charitables exprime la diversité des aspects de la pauvreté et révèle les
attitudes et les sentiments qu'elle pouvait susciter chez des chanoines
des XVe-XVIe siècles.
Il s'agit en premier lieu de situer le texte puis d'expliquer comment la
charité est ici exercée, et dans quel but; on peut notamment s'interroger
sur l'usage qui sera fait de ces libéralités et sur une conception de l'assis-
1. Archives départementales du Cher, 8 G 357, n° 45.
2. Le testament de Jean de Villiers fut lu au chapitre le 10 mai 1524 (Arch. dép. Cher,
8 G 162, fol. 6v).
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 150, 1992. 288 CLAIRE SIBILLE
tance qui n'entend secourir que pour assurer le salut de l'âme du testateur.
On peut enfin tenter de dresser, à partir de ce document, une typologie
des états de pauvreté, et d'évaluer l'importance quantitative de la misère
à Bourges au début du XVIe siècle.
*
* *
Le dépouillement des registres capitulaires de la cathédrale Saint-Etienne
permet de retracer la carrière ecclésiastique de Jean de Villiers. Licencié
en droit canon, il fut tout d'abord le chapelain du duc Jean de Bourbon.
Le 2 janvier 1475 3, le Saint-Siège nomma Villiers coadjuteur de Louis
Cornut, alors âgé de quatre-vingts ans et recteur de la paroisse de Louroux-
Hodement4. Le 5 mars 1475, l'église de Louroux fut unie en sa fa
veur à la chantrerie de Saint-Sauveur de Hérisson5, d'un revenu annuel
de 10 1. t.6.
Jean de Villiers succéda à Guillaume de Cambray comme doyen de la
cathédrale de Bourges, après l'accession de celui-ci au siège archiépiscop
al, fin août 1492, mais son nom n'apparaît dans les registres capitulaires
qu'à partir de janvier 1493 7. Chanoine de la Sainte-Chapelle de Bourges
de 1493 à 1502, prieur de Saint-Samson de Mozé8, il fut pourvu, le
9 octobre 1500, d'une dispense pour cumuler trois bénéfices incompat
ibles9. Il mourut le 30 avril 1524 à Bourges10, dans la maison du doyen
qu'il partageait avec son neveu Etienne11.
Entre 1493 et 1515, Jean de Villiers fit entrer au chapitre Saint-Etienne
son frère et ses neveux. Son frère Jérôme, chanoine de la cathédrale du
5 août 1505 12 au 10 août 1506 13, et curé de Saint-Georges-sur-la-Prée u
3. Nicole Gotteri, Le clergé et la vie religieuse dans le diocèse de Bourges au XVe siècle
d'après les suppliques en Cour de Rome (1438-1484), thèse de 3e cycle, Paris-Sorbonne, 1974,
6 vol. dactylogr., supplique n° 1409.
4. Allier, cant. Hérisson.
5.ch.-l. de cant.
6. N. Gotteri, op. cit., n° 1415.
7. Arch. dép. Cher, 8 G 157, fol. 77.
8. Maine-et-Loire, cant. Ponts-de-Cé.
9. Archives Vaticanes, reg. de suppliques n° 1131, fol. 97v.
n° 10.15505. Jules Jean Hergenroether, de Villiers ne Leonis quitta X pas pontificis le décanat maximi en 1524, regesta, contrairement Fribourg-en-Brisgau, à ce que 1884, disent
les auteurs de la Gallia christiana, t. II, col. 114.
11. Arch. dép. Cher, 8 G 357, n° 45, fol. 37; 8 G 162, fol. 6, 7.
12.dép. 8 G 158, fol. 237v.
13. Arch. dép. Cher, 8 G 159, fol. 35v.
14. Cher, cant, de Graçay. LA PAUVRETÉ A BOURGES 289
en 1505 '\ lui succéda comme chanoine de la Sainte-Chapelle de Bourges
en 1502. Son neveu Etienne, dès 1506 16, fut doyen de 1515 à
1528 17. Quant à Guillaume, le frère d'Etienne, il fut successivement cha
noine de la cathédrale Saint-Etienne de 1515 18 à 1521 19, prieur de Saint-
Nicolas de Verneuil20, curé de Saint-Chevrier de Sens-Beaujeu21 et de
Saint-Amand de Saint-Denis-de-Palin22.
Jean de Villiers testa le 27 avril 1524, par-devant Poitevin, notaire royal
à Bourges23. Il institua ses exécuteurs testamentaires son neveu Etienne et
le chanoine Pierre Tuilier24. Après avoir élu sépulture en la cathédrale25
et expliqué l'étiquette de ses funérailles, le testateur énumérait ses legs et,
parmi ceux-ci, ceux qui devaient lui procurer une aide dans l'Au-Delà.
Il indiquait scrupuleusement, avec une méticulosité toute « canoniale », la
façon de réaliser ses vœux et ses dons ; ainsi, le jour de ses funérailles, il
souhaitait que fussent célébrées une grand-messe et trente messes basses ;
le jour de l'enterrement, il était convenu que le luminaire comprendrait treize
torches (chacune de deux livres), huit cierges (chacun de deux livres),
deux autres cierges d'une demi-livre à l'autel de la chapelle de la Trinité;
chacun de ceux qui porteraient les torches et les cierges devait recevoir 5 s. t.
En dehors des sommes qui revenaient à ses parents et à ses familiers,
la place la plus importante dans les legs faits par Jean de Villiers était celle
qu'occupaient les donations à la cathédrale, aux églises (Saint-Pierre-le-
PueUier à Bourges, Saint-Ithier des Aix-d'Angillon26), aux couvents (Cla-
risses, Annonciades), à la fabrique de la Sainte-Chapelle de Bourges, et
surtout aux ordres mendiants qui devaient recevoir chacun six écus d'or,
ainsi qu'à l'Hôtel-Dieu de Paris, doté de huit écus. En échange de la jouis
sance gratuite d'une rente ou d'une donation, Jean de Villiers espérait ainsi
une place « convenable » dans la mémoire de la postérité et une mention
dans les prières pour le repos des âmes défuntes. Le nombre des messes
commandées pour le repos de l'âme du testateur donne toute la mesure de
la religiosité des chanoines de la cathédrale de Bourges à la fin du Moyen
15. Arch. dép. Cher, 8 G 298, fol. 17v.
16.dép. 8 G 159, fol. 35v.
17. Arch. dép. Cher, 8 G 162, fol. 282-287.
18.dép. 8 G 160, fol. 201v.
19. Arch. dép. Cher, 8 G 161, fol. 17v.
20. Cher, cant, de Dun-sur-Auron.
21.cant, de Sancerre.
22. Cher, cant, de
23. Arch. dép. Cher, 8 G 357, n° 45, fol. 18v.
24. Doyen de 1528 à 1540.
25. Dans la chapelle de la Trinité.
26. Cher, ch.-l. de cant. 290 CLAIRE SIBILLE
Age. Jean de Villiers léguait cent écus d'or au chapitre de la cathédrale pour
la fondation de deux messes-anniversaires, l'une en l'honneur de la Sainte-
Trinité, « le plus prochain dimanche de l'Avant », où l'on dirait le « Sancte
Dei genitricis Marie » et le « Salve Regina », l'autre « le dimanche plus pro
chain de la feste

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents