La photographie et les notions abstraites - article ; n°1 ; vol.27, pg 68-77
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Description

Communication et langages - Année 1975 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 68-77
Paul Almasy est non seulement un photographe, reporter et journaliste renommé, c'est aussi un théoricien qui n'a cessé, à partir de ses expériences, de réfléchir sur la nature de l'image. Dans l'article que nous publions ci-dessous, il examine un des points les plus délicats concernant l'image : comment une photographie essentiellement concrète peut-elle représenter des notions abstraites, comment peut-elle visualiser de telles notions ? Ses recherches et son expérience lui permettent de répondre en partie à cette question, mais il le dit lui-même : « Les recherches que j'ai entreprises et » que je continue n'ont pas comme but d'aller au-delà du possible, mais de » perfectionner aussi bien empiriquement que par réflexion les résultats que » j'ai obtenus. »
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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Almasy
La photographie et les notions abstraites
In: Communication et langages. N°27, 1975. pp. 68-77.
Résumé
Paul Almasy est non seulement un photographe, reporter et journaliste renommé, c'est aussi un théoricien qui n'a cessé, à partir
de ses expériences, de réfléchir sur la nature de l'image. Dans l'article que nous publions ci-dessous, il examine un des points
les plus délicats concernant l'image : comment une photographie essentiellement concrète peut-elle représenter des notions
abstraites, comment peut-elle visualiser de telles notions ? Ses recherches et son expérience lui permettent de répondre en
partie à cette question, mais il le dit lui-même : « Les recherches que j'ai entreprises et » que je continue n'ont pas comme but
d'aller au-delà du possible, mais de » perfectionner aussi bien empiriquement que par réflexion les résultats que » j'ai obtenus. »
Citer ce document / Cite this document :
Almasy Paul. La photographie et les notions abstraites. In: Communication et langages. N°27, 1975. pp. 68-77.
doi : 10.3406/colan.1975.4229
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1975_num_27_1_4229LA PHOTOGRAPHIE
ET LES
NOTIONS
ABSTRAITES
par Paul Almasy
Paul Almasy est non seulement un photographe, reporter et journaliste
renommé, c'est aussi un théoricien qui n'a cessé, à partir de ses expé
riences, de réfléchir sur la nature de l'image. Dans l'article que nous publions
ci-dessous, il examine un des points les plus délicats concernant l'image :
comment une photographie essentiellement concrète peut-elle représenter
des notions abstraites, comment peut-elle visualiser de telles notions ? Ses
recherches et son expérience lui permettent de répondre en partie à cette
question, mais il le dit lui-même : « Les recherches que j'ai entreprises et
» que je continue n'ont pas comme but d'aller au-delà du possible, mais de
» perfectionner aussi bien empiriquement que par réflexion les résultats que
» j'ai obtenus. »
L'image photographique ne peut représenter que des choses
concrètes, visuellement perceptibles, mais sa lecture d'inter
prétation conduit presque toujours l'esprit du lecteur vers des
notions abstraites. Ce jumelage du concret et de l'abstrait donne
à toute représentation iconique un caractère polysémique et
individualise sa lecture, rendant parfois la communication d'un
message précis assez difficile ; il offre néanmoins la seule poss
ibilité pour l'élaboration d'un système de codage permettant
la visualisation des notions abstraites.
Celle-ci pose relativement peu de difficultés au dessinateur et
au peintre, car ils peuvent créer des images dont les éléments
ne reposent pas forcément sur des réalités. Ils ont à leur dis
position toutes les représentations que la fantaisie peut engen
drer et, même quand ils se limitent à la représentation des
choses réelles, ils peuvent rédiger l'image de sorte que la notion
abstraite qu'ils désirent évoquer devienne quasi évidente. La
visualisation des notions abstraites est beaucoup plus difficile
par des moyens photographiques. Là encore, le créateur
d'images cinétiques dispose des moyens qui facilitent la tâche :
le mouvement et le contexte iconique. L'image cinétique n'est
jamais une image isolée, elle fait toujours partie d'une séquence,
et les images qui la précèdent et qui la suivent renforcent très
sensiblement son pouvoir d'abstraction. Si les images sont Graphisme 69
accompagnées de sons, l'évocation d'une notion abstraite sera
particulièrement aisée.
DEUX ASPECTS DE L'IMAGE : DESCRIPTION ET SUGGESTION
La tâche la plus difficile est celle du créateur d'images photo
graphiques fixes. L'appareil ne peut enregistrer que des réalités
visuellement perceptibles. Le choix du sujet fait par le photo
graphe est subjectif, mais son enregistrement mécanique est
objectif. L'œil de l'appareil photographique s'appelle « objectif »,
nom dû au fait qu'il est tourné vers l'objet à enregistrer pour
le saisir dans son aspect concret. L'image ainsi réalisée « objec
tivement » contient deux impulsions, une descriptive et une
suggestive. Chaque photo, bien qu'elle ne puisse représenter
que des réalités, éveille des réactions émotives, suggère des
idées, fait penser, conduit l'esprit à des commentaires et à
réflexions. Par association d'idées et par des opérations ment
ales, l'image devient l'expression visuelle de quelque chose
qui n'appartient pas à la réalité visuellement perceptible. La
personne qui lit une photo ne se limite jamais à une lecture
d'identification, mais dans ses pensées elle va plus loin et,
au-delà du contenu descriptif de l'image, son esprit s'engage
irrésistiblement dans le domaine des abstractions.
Un exemple très simple : la photographie d'une table. En la
regardant, l'immense majorité des gens ne vont pas se dire seu
lement : « C'est une table », mais, dans leur pensée, ils vont
ajouter : « Elle est belle » ou « elle est laide » ou « elle est
pratique » ou « elle est moderne », etc. Belle, laide, pratique,
moderne sont des jugements abstraits. Est-il possible de rédi
ger cette image de façon qu'elle évoque chez tout le monde la
même notion ? Dans l'exemple de la table, ce sera impossible,
car la lecture d'interprétation de l'image peut s'orienter dans
deux directions différentes, vers l'esthétique (belle, laide,
moderne) ou vers l'utilitaire (pratique) et l'interprétation sera
dans les deux cas trop individualisée. Le premier problème à
résoudre sera donc le choix du concret qui permet le mieux
d'évoquer une notion abstraite précise, en limitant les écarts
possibles dans l'interprétation. Il faut chercher des sujets là
où il y a un certain lien entre le décrit et le suggéré.
LE MILIEU ET L'INTENTION
Pour faire un bon choix, le créateur de l'image photographique
doit avant tout savoir à quel groupe socioculturel, à quel milieu
professionnel, à quel sexe, à quel groupe d'âge, etc., appartien
nent les personnes auxquelles il s'adresse. Il est impensable
de suggérer par la même image la notion « richesse » à un
grand propriétaire terrien de l'Amérique latine et à un pauvre
peon qui vit sur ses terres. La valeur emblématique d'une photo La photographie et les notions abstraites
qui, pour une jeune fille de dix-huit ans, représente « beauté »
ne sera certainement pas la même pour un homme de soixante-
dix ans. On ne peut pas visualiser la notion « cruauté » par la
même image pour un Français moyen et pour un Africain pri
mitif.
Le créateur de l'image photographique doit aussi connaître le
but dans lequel il doit donner à l'image une impulsion suggest
ive une direction précise. Veut-on communiquer une idée ?
Faire réfléchir ? Déclencher des réactions émotionnelles ? Pro
voquer un réflexe ? Faire naître un besoin ? Convaincre ? Faire
rêver ? Effrayer ? Une fois fixés sur la catégorie des gens à
laquelle l'image doit s'adresser et connaissant le but dans lequel
elle doit être créée, nous pouvons choisir entre plusieurs pro
cédés dans la création même: selon le caractère du lien entre
le décrit et le suggéré.
CINQ TECHNIQUES POUR SUGGERER
Nous pouvons procéder par « jumelage ». L'image d'une fleur
ou d'un flacon de parfum évoque la notion « odeur » ; un mar-
teau-piqueur suggère « bruit » (photo 1) ; une lampe allumée
suggère « lumière » ; une personne en prières visualise la notion
« foi » (photo 2). De la même façon sont liés dans notre esprit
« œil » et « regard », « bouche » et « voix », « flamme » et « cha
leur », etc.
Un deuxième procédé s'appuie sur un « codage ». Certains
objets ont une valeur symbolique conventionnelle et leur repré
sentation évoque spontanément une notion abstraite. Une
colombe est le symbole de « paix », une plume d'oie signifie
« écritur

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