La presse française sera-t-elle sur Internet ? - article ; n°1 ; vol.118, pg 85-101

Pascale Marie, Frédéric Gras

Description

Communication et langages - Année 1998 - Volume 118 - Numéro 1 - Pages 85-101
Internet devient un réseau mondial d'information incontournable. Le gouvernement français en est conscient qui a jeté les bases d'un programme dont l'objectif est de préparer la France à entrer dans la société d'information. L'évolution de la toile d'araignée - le web - informatique tissée autour de la planète comporte deux menaces pour la culture française : le risque d'un monopole de la langue anglaise, d'une part, la disparition du support papier au profit du support numérique, d'autre part. Les organismes patronaux de la presse, conscients de ce double risque, ont réagi positivement à l'impulsion gouvernementale. Ils ont souligné en particulier les ajustements nécessaires du droit de propriété intellectuelle à révolution des modes de diffusion de l'information. Le texte ci-dessous est le fruit de la réflexion menée au sein du Syndicat de la presse magazine et d'information (SPMI).
17 pages

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• Publié par: COMMUNICATION_ET_LANGAGES
• Publié le: 01 janvier 1998
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Extrait

Pascale Marie
Frédéric Gras
La presse française sera-t-elle sur Internet ?
In: Communication et langages. N°118, 4ème trimestre 1998. pp. 85-101.
Résumé
Internet devient un réseau mondial d'information incontournable. Le gouvernement français en est conscient qui a jeté les bases
d'un programme dont l'objectif est de préparer la France à entrer dans la société d'information. L'évolution de la toile d'araignée -
le web - informatique tissée autour de la planète comporte deux menaces pour la culture française : le risque d'un monopole de
la langue anglaise, d'une part, la disparition du support papier au profit du support numérique, d'autre part. Les organismes
patronaux de la presse, conscients de ce double risque, ont réagi positivement à l'impulsion gouvernementale. Ils ont souligné en
particulier les ajustements nécessaires du droit de propriété intellectuelle à révolution des modes de diffusion de l'information. Le
texte ci-dessous est le fruit de la réflexion menée au sein du Syndicat de la presse magazine et d'information (SPMI).
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Marie Pascale, Gras Frédéric. La presse française sera-t-elle sur Internet ?. In: Communication et langages. N°118, 4ème
trimestre 1998. pp. 85-101.
doi : 10.3406/colan.1998.2887
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1998_num_118_1_2887La presse française
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sera-t-elle sur Internet ?
et Pascale Frédéric Marie Gras
Internet devient un réseau mondial d'information port numérique, d'autre part. Les orga
incontournable. Le gouvernement français nismes patronaux de la presse, conscients
en est conscient qui a jeté les bases d'un de ce double risque, ont réagi positivement
à l'impulsion gouvernementale. Ils ont souprogramme dont l'objectif est de préparer
ligné en particulier les ajustements nécessla France à entrer dans la société d'info
rmation. L'évolution de la toile d'araignée - aires du droit de propriété intellectuelle à
le web - informatique tissée autour de la révolution des modes de diffusion de l'
information. Le texte ci-dessous est le fruit planète comporte deux menaces pour la
culture française : le risque d'un monopole de la réflexion menée au sein du Syndicat
de la langue anglaise, d'une part, la dispar de la presse magazine et d'information
ition du support papier au profit du (SPMI).
Dans le programme d'action gouvernementale visant à préparer
l'entrée de la France dans la société de l'information, le gouver
nement français réaffirme explicitement sa volonté de garantir la
présence française sur les réseaux internationaux de communic
ation en ligne.
À ce titre, l'un des six chantiers désignés comme prioritaires est
l'affirmation d'« une politique culturelle ambitieuse pour les nou
veaux réseaux ».
Les entreprises de presse, par leurs expériences et la richesse
de leurs fonds iconographiques et rédactionnels, peuvent partici
per à cette diffusion de la culture et de la pensée françaises.
Toutefois, ce développement des services ne peut se faire que
dans un cadre juridique stable et sûr permettant de concurrencer
les éditeurs étrangers. Or, cette condition juridique fait défaut à
l'heure actuelle. Le droit devient source de paralysie alors qu'il
devrait, au contraire, accompagner le développement des ser
vices en ligne et des œuvres multimédia.
Le gouvernement ayant reconnu dans son programme d'action
gouvernementale sur la société de l'information que « l'État ne
peut tout faire en ce domaine (et que) les solutions ne peuvent 86 Multimédia
être imposées à la société par les pouvoirs publics >>, le Syndicat
de la presse magazine et d'information (SPMI) a entendu partici
per au débat public voulu par le Premier ministre en proposant à
la réflexion de chacun les observations d'éditeurs de presse,
toutes familles confondues, sur le développement des produits
et services multimédia.
Deux constats s'imposent au regard de ces observations :
• Premier constat : la volonté politique de présence française sur
les réseaux s'incarnera par le développement de productions
multimédia françaises susceptibles de concurrencer les services
étrangers d'ores et déjà existants.
• Deuxième constat : ce développement des services français
passe par une clarification des droits de propriété intellectuelle
dans l'exploitation de l'œuvre multimédia.
L'ENJEU DE LA PRÉSENCE FRANÇAISE
DANS LA SOCIÉTÉ DE L'INFORMATION
Dans son programme d'action visant à préparer l'entrée de la
France dans la société de l'information, le gouvernement dresse
un sombre constat : « Aujourd'hui, les contenus et les services
en français sont encore trop peu nombreux sur Internet. Ce
retard est particulièrement paradoxal dans le domaine culturel,
compte tenu de la richesse de notre patrimoine, dont Internet
peut constituer un outil essentiel de diffusion1. »
Quant à la presse, elle a, depuis plusieurs années, mis à la dis
position du public des services en ligne accessibles par Minitel2,
procédant ainsi à une numérisation de l'information.
Savoir-faire éditoriaux
et nouveaux territoires de communication
Le développement d'Internet, réseau mondial, a amené la
presse écrite à y développer des sites afin de répondre à la
demande de nouveaux lecteurs et de garantir ainsi le lectorat de
publications françaises sur ces nouveaux territoires de commu-
nication de la société de l'information.
Cette extension de la diffusion de la presse écrite permet en effet
de renouveler l'offre aux lecteurs et de leur proposer une infor-
mation personnalisée mêlant l'attrait des techniques audiovi-
3 1 . « Programme d'action gouvernementale visant à préparer l'entrée de la France dans
È| la société de l'information », doc. numérisé, site Internet du Premier ministre, p. 15.
§ 2. JO, S., Doc. n° 331 , sess. ord. 1 997-98, p. 370 : À l'heure actuelle, on estime à 1 5 mil-
O lions le nombre de Français usagers du Minitel. La presse française sera-t-elle sur Internet ? 87
suelles (images, sons) à la richesse documentaire de la presse
écrite. Ainsi, le lecteur peut accéder à la documentation de la
publication de presse et bénéficier de l'information-source util
isée par le journaliste pour la rédaction de son article3.
Cette technologie « push » est notamment utilisée par Hachette
Filipacchi Grolier dans le cadre du service « Elle Channel ».
Ainsi, les sites « Elle » livrent-ils des informations quotidiennes
et personnalisées sur les ordinateurs dans le monde entier, par
ticipant en cela au rayonnement de l'art de vivre français.
Hervé Digne, directeur général en charge des nouveaux médias
et produits dérivés chez Hachette Filipacchi Médias fait à ce pro
pos observer que si les entreprises de presse ne représentent
aujourd'hui rien en nombre de sites sur Internet, elles aspirent
néanmoins à représenter à terme une part non négligeable des
services à valeur ajoutée sur le Net.
Cette aspiration, fondée sur l'expérience acquise en matière de
traitement de l'information, vise à garantir au lectorat sur Internet
une qualité de l'information qui n'est pas toujours garantie sur
des sites hors presse dont les auteurs ne sont pas des profes
sionnels et ne sont guère identifiables.
À ce titre, une certification de l'information presse serait possible
par l'édiction d'un code de déontologie des entreprises de
presse sur Internet. Chaque adhérent à ce code bénéficierait
d'un label presse. Un tel système, reprenant des règles exis
tantes pour la publicité (type BVP), permettrait au lecteur d'ident
ifier les services qui lui sont proposés et de privilégier des
services de qualité apportant une valeur ajoutée certaine.
Cette numérisation des titres de presse française rejoint par
ailleurs la volonté gouvernementale de favoriser l'échange et la
communication au sein de la francophonie par Internet en ce
qu'elle permet, malgré les distances et quels que soient les
ré