La représentation politique en Polynésie française, 1880-1903 - article ; n°23 ; vol.23, pg 11-27
23 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La représentation politique en Polynésie française, 1880-1903 - article ; n°23 ; vol.23, pg 11-27

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
23 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1967 - Volume 23 - Numéro 23 - Pages 11-27
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Colin Newbury
La représentation politique en Polynésie française, 1880-1903
In: Journal de la Société des océanistes. Tome 23, 1967. pp. 11-27.
Citer ce document / Cite this document :
Newbury Colin. La représentation politique en Polynésie française, 1880-1903. In: Journal de la Société des océanistes. Tome
23, 1967. pp. 11-27.
doi : 10.3406/jso.1967.2207
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1967_num_23_23_2207La représentation politique
en Polynésie Française,
18801903.
Etude d'un cas d'assimilation
C'est en 1842 que Tahiti et ses dépendances furent soumises à l'autorité
européenne — quelque deux à trois décennies avant la plupart des autres
groupes d'îles du Pacifique. Le statut « protégé » du royaume de la reine
Pomare, avec les limites à l'autorité française qu'il impliquait, fut alors unique
dans l'histoire de l'expansion coloniale 1. Mais la fiction fort commode
d'une « double souveraineté », partagée entre les exécutifs européens et poly
nésiens par le traité de 1842 était une doctrine trop vague pour survivre, entre
les mains d'une succession de gouverneurs maritimes (également chargés
des Iles Marquises annexées) ; et au cours de leurs quarante années d'admin
istration, on cessa en pratique de faire la distinction toute théorique entre
les affaires intérieures et les affaires extérieures du gouvernement tahitien 2.
Le statut et l'autorité des chefs de district disparurent peu à peu ; la juri
diction des tribunaux français fut étendue à tous les procès, civils^ou criminels,
hormis les questions concernant les droits fonciers coutumiers ; une série
d'ordonnances fiscales et de réglementations du travail soumirent la popul
ation polynésienne au contrôle officiel français. Il y eut des discontinuités
dans le mouvement historique de passage de l'indépendance limitée à la
conformité coloniale (entre 1860 et 1870, on assista à une renaissance expé
rimentale de la cour de la reine dans l'ossature du pouvoir exécutif) ; et
l'intensité de l'impact économique et social du contact avec l'étranger s'atté
nuait au fur et à mesure que l'on s'éloignait de Papeete, la capitale, vers les
districts et les îles environnantes, où le joug de l'administration française ne
1. A sa création, le protectorat fut délibérément modelé sur le protectorat anglais des
Iles Ioniennes de 1815. A.N., S.O.M., (Archives Nationales, Section Outre-Mer), Océanie,
A 47, c 1, Arago à Lavaud, 1er mai 1848. Pour les événements qui amenèrent à l'inte
rvention française, consulter J. P. Faivre, l'Expansion française dans le Pacifique de 1800 à
1842, Paris, 1953, chap. vu.
2. Pour la période du protectorat, voir C. W. Newbury : « L'administration de l'Océanie
française de 1849 à 1866 : la transformation du protectorat », (Revue française d'Histoire
d'outre-mer, Paris, i960, p. 97-154) ; « Aspects of Cultural Change in French Polynesia :
the Decline of the Ari'i » ; (Journal of the Polynesian Society, t. 76, no. 1, 1967, p. 7-25). SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES 12
se faisait que légèrement sentir. De nombreuses marques d'acculturation
étaient parues avant l'arrivée des français, et furent simplement confirmées
par leur présence ; on restreignit d'autres, en particulier la trop grande
indépendance des marchands européens et l'emprise séculaire des missions
installées là depuis fort longtemps. Mais après 1842, le pouvoir politique du
gouvernement français pénétra partout : les prérogatives des éminents arïi
furent abrogées une par une ; la position dominante des étrangers dans l'île
fut confirmée. Le « protectorat » était transformé.
Ce qu'impliquait cette transformation n'échappa point aux adminis
trateurs français et aux colons, avant et après la mort de la reine Pomare,
en 1877. Deux inspecteurs coloniaux critiquèrent l'existence d'un départe
ment des « affaires indigènes », responsable devant la reine et le gouverneur.
Ils attirèrent l'attention sur le doublonnage irrationnel et onéreux des
fonctionnaires en relation avec les Tahitiens et les Européens ; et ils demand
èrent un système unifié de comptabilité 1. En 1876 et 1878, une commission
locale de colons et de fonctionnaires demanda qu'il y ait plus de sièges non
officiels au Conseil Administratif, de façon à augmenter la représentation
européenne sans annexer formellement le territoire 2. De plus, la commission
estimait que, si l'on voulait renforcer dans son ensemble l'autorité française
dans tout le pays, une révision du statut constitutionnel de Tahiti s'imposait.
Les Marquises ne possédaient qu'une administration symbolique sur l'île de
Nuku-Hiva, complétée par deux gendarmes envoyés à Fatu-Hiva en 1879.
Les Tuamotu ne comptaient qu'un gendarme, à Anaa, avant qu'on n'installe
en 1880 un résident officiel à Fakarava. Mangereva n'avait jamais été formel
lement annexée, et était administrée par la mission catholique. Vers la fin
des années 70, on expédia un gendarme à Tubuai et Raivavae, dans le groupe
Austral. Au nord-ouest, sur les îles Sous Le Vent de Raiatea, Huahine et
Bora-Bora — indépendantes depuis 1847 — les facteurs d'instabilité politique
et l'agitation des colons qui avaient à l'origine conduit à l'occupation de Tahiti,
se poursuivaient sans contrôle. On courrait le risque de voir intervenir les
Etats-Unis o^u l'Allemagne dans une sphère d'intérêt française. Les craintes
de voir une telle intervention se produire furent confirmées par un traité
d'amitié conclu en 1879 entre les chefs de Huahine et le commandant du
bateau de guerre Bismarck 3.
Pour ces raisons, il sembla aux officiels locaux que le moment était venu
de réunir sous un même drapeau et au sein d'un même ensemble de lois
coloniales les Iles Sous Le Vent, les Marquises et les îles du protectorat de
Tahiti 4. Ils étaient sûrs de l'assentiment du roi Pomare V et des chefs ; et en
1879, ils demandèrent la permission de réaliser l'annexion. A Paris, le chef du
Département des Colonies au Ministère de la Marine estima qu'il était trop tard
pour rétablir la position des dirigeants traditionnels protégés au sein de
1. A. N., S. O. M., Océanie, E 30, c 141 et Q 2, c 32, Le Clos au Ministère de la Marine,
15 août 1874 ; Jore, « Question de la caisse indigène », 20 juin 1876.
2. A. N., S. O. M., A 107, c 35, procès-verbaux, 4 décembre 1876, Février-
Avril 1877 ; « projet d'organisation coloniale pour Tahiti », incl. dans Planche au Minis
tère de la Marine, 15 octobre 1878.
3. C. W. Newbury, « Aspects of French Policy in the Pacific, 1853-1906 », (Pacific
Historical Review, 1958, XXVII, n° 1, p. 51-52).
4. A.N., S.O.M., Océanie, A 114, c 21, Planche au Ministère de la Marine, 6 mars 1879. LA REPRÉSENTATION POLITIQUE EN POLYNÉSIE FRANÇAISE 13
l'exécutif colonial. L'annexion semblait être l'unique recours 1. Jauréguiberry,
le Ministre de la Marine, se préoccupait moins de la clarification d'un traité
démodé que du commerce allemand dans le Pacifique. Après la visite du
Bismarck aux Iles Sous le Vent, il fut convaincu de ce que la France devait
faire valoir ses droits sur les îles environnantes. En même temps, on pouvait
saisir l'occasion de mettre fin à un protectorat au sein duquel Pomare V n'était
plus digne — « par son caractère et sa conduite, par son peu d'aptitude aux
affaires » — de continuer à participer à l'administration en commun 2. En
conséquence, le commandant Planche reçut, en septembre 1879, l'ordre de
procéder à l'annexion.
Planche échoua lamentablement dans son entreprise. Il surestima son
influence auprès des chefs et de Pomare : une pétition en faveur de l'annexion
ne recueillit que trois signatures 3. Une des raisons de ce revers fut la mauvaise
volonté que mirent les pasteurs protestants français de Tahiti à persuader
les chefs d'accepter, aussi longtemps que Planche refusa de ratifier une
nouvelle constitution pour un synode protestant. Cet obstacle ne fut éliminé
qu'à la fin de l&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents