La sociabilité catholique aux Pays-Bas, 1780-1798 : entre méfiance et émancipitation - article ; n°1 ; vol.277, pg 225-236
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La sociabilité catholique aux Pays-Bas, 1780-1798 : entre méfiance et émancipitation - article ; n°1 ; vol.277, pg 225-236

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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1989 - Volume 277 - Numéro 1 - Pages 225-236
Après avoir rappelé la situation juridique et la position sociale des catholiques qui forment déjà, notamment en Brabant une minorité importante de la population, l'auteur s'interroge sur les conditions dans lesquelles une sociabilité politique a pu se développer parmi eux notamment durant la séquence révolutionnaire des années 80 puis après 1795. Il s'interroge sur les formes d'hostilité interconfessionnelle, l'antipapisme réformé, et les héritages spécifiques du clergé et du peuple catholique (le jansénisme). Une étude des formes de sociabilité dans les principales villes, Bois-le-Duc, Breda, Bergen-Op-Zoom, notamment les loges maçonniques et les sociétés de pensée témoigne d'une évolution que la flambée antipapiste de 1798 ne remettra pas en cause.
After evoking the legal and social condition of Catholics who already formed a numerous minority among the population in Brabant, the author asks how and in what conditions a political sociability developed among them, notably during the revolutionary sequence of the 1780s and after 1795. He studies the forms of interconfessional tension, the anti-papism of the Protestants and the specific traditions of the Catholic clergy (particularly Jansenism). The study of political sociability in the main towns of Bois le Duc, Bread, and Bergen- op-Zoom, and especially of the masonic lodges and philosophical societies are signs of an evolution that the antipapist outburst of 1798 did not challenge.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Anton Van De Sande
La sociabilité catholique aux Pays-Bas, 1780-1798 : entre
méfiance et émancipitation
In: Annales historiques de la Révolution française. N°277, 1989. pp. 225-236.
Résumé
Après avoir rappelé la situation juridique et la position sociale des catholiques qui forment déjà, notamment en Brabant une
minorité importante de la population, l'auteur s'interroge sur les conditions dans lesquelles une sociabilité politique a pu se
développer parmi eux notamment durant la séquence révolutionnaire des années 80 puis après 1795. Il s'interroge sur les
formes d'hostilité interconfessionnelle, l'antipapisme réformé, et les héritages spécifiques du clergé et du peuple catholique (le
jansénisme). Une étude des formes de sociabilité dans les principales villes, Bois-le-Duc, Breda, Bergen-Op-Zoom, notamment
les loges maçonniques et les sociétés de pensée témoigne d'une évolution que la flambée antipapiste de 1798 ne remettra pas
en cause.
Abstract
After evoking the legal and social condition of Catholics who already formed a numerous minority among the population in
Brabant, the author asks how and in what conditions a political sociability developed among them, notably during the
revolutionary sequence of the 1780s and after 1795. He studies the forms of interconfessional tension, the anti-papism of the
Protestants and the specific traditions of the Catholic clergy (particularly Jansenism). The study of political sociability in the main
towns of Bois le Duc, Bread, and Bergen- op-Zoom, and especially of the masonic lodges and philosophical societies are signs of
an evolution that the antipapist outburst of 1798 did not challenge.
Citer ce document / Cite this document :
Van De Sande Anton. La sociabilité catholique aux Pays-Bas, 1780-1798 : entre méfiance et émancipitation. In: Annales
historiques de la Révolution française. N°277, 1989. pp. 225-236.
doi : 10.3406/ahrf.1989.1260
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1989_num_277_1_1260SOCIABILITÉ CATHOLIQUE LA
AUX PAYS-BAS, 1780-1798 :
ENTRE MÉFIANCE ET ÉMANCIPATION *
1. La minorité catholique.
Hors des Pays-Bas, on est très étonné d'apprendre que les catho
liques forment actuellement l'église majoritaire du pays. Car on a
généralement l'habitude de compter les Pays-Bas parmi les pays
protestants. A vrai dire, la République des Provinces-Unies était
déjà un conglomérat de cultures et de subcultures. L'église réfor
mée calviniste n'a jamais été étatisée. Au XVIe siècle les ministres
calvinistes souhaitèrent fonder une théocratie suivant l'exemple de
Genève, mais ils n'ont jamais réussi à réaliser ce projet. En vertu
de l'article 13 de l'Union d'Utrecht, conclue en 1579, la liberté de
conscience individuelle était formellement garantie à tous les c
itoyens des provinces confédérées. Par contre, l'église réformée obtint
les édifices ecclésiastiques, leurs propriétés annexes et le monopole
des charges publiques. Voici la raison pour laquelle elle sera appel
ée « l'église dominante » et ce, jusqu'à la Révolution batave de
1795 qui instaura l'égalité de toutes les religions devant la loi (1).
Cependant, il faut savoir qu'une minorité catholique non négli
geable a existé dans la République à côté de la majorité protestante.
Elle représentait à la fin du xvni* siècle près de quarante pour cent
des habitants. Leur répartition géographique était irrégulière : au
nord des grands fleuves, territoire de la République, ils représent
aient le quart de la population, avec de fortes concentrations dans
les campagnes de la province de Hollande, dans les villes comme
Haarlem et Delft et dans le quartier de Nimègue en Gueldre. Les
* Je dois remercier M» Els Baumé-Leijzer, de Paris, qui a bien voulu traduire le
texte de ma conférence.
(1) L. J. Rogier, < Le siècle des Lumières et la Révolution (1715-1800) » in : L. J. Rosier,
R. Aubert, M. D. Knowlbs (réd.), Nouvelle Histoire de l'Église, IV Paris, 1966, 9-233. ANTON VAN DE SANDE 226
territoires soumis à l'administration de la Généralité, essentiellement
le Brabant septentrional, portaient l'appellation coutumière « Pays
de la Généralité », car le territoire brabançon était administré par
les États-Généraux. La grande majorité de la population de ces terri
toires était catholique, seule l'élite politique était protestante (2).
L'ambition à la jouissance des mêmes droits politiques et à l'émanci
pation des Néerlandais catholiques doit être considérée dans ce
contexte. La méfiance de la domination protestante envers cette
grande minorité catholique menaçante a installé une forte pression
sur le développement de la sociabilité des catholiques.
2. U anti-papisme.
Tout d'abord, parlons des querelles qui opposèrent sans répit
dans la République la minorité catholique à la dominante protestante,
imprégnée d'un sentiment anti-papiste chronique. On peut y distin
guer trois éléments : une opposition dogmatique, des doutes sur la
loyauté des catholiques et des tensions suite aux glissements démo
graphiques (3).
Dans les sermons des ministres protestants, la polémique était
à l'ordre du jour. Constamment ils insistaient sur les dangers et
l'idolâtrie papiste, et contre Rome, appelée « la putain de Babylone ».
Les fidèles étaient comme endoctrinés d'anti-papisme (4).
La propagande guerrière jouait, si possible, un rôle encore plus
grand. Car l'insurrection contre l'Espagne était dirigée contre le roi
catholique. Où en était alors la loyauté des Néerlandais catholiques ?
Leurs dirigeants suivirent le courant de Rome. En 1578, le pape avait
défendu aux fidèles de reconnaître la souveraineté des États rebelles.
Par conséquent, il ne fallait pas s'étonner qu'on promulgue des pla
cards sévères contre les catholiques : les prêtres ne furent plus
admis sur le territoire de la République, les messes publiques inter
dites. L'assassinat du Prince Guillaume d'Orange qui aurait été pré
paré par les Jésuites, fut pris comme exemple du caractère peu sûr
des catholiques. On oubliait de voir que la plupart des catholiques
étaient espanophobes ; ils préféraient voir un pasteur dans l'église
que l'Espagnol dans la cité. Malgré tout cela, il n'y eût pas de répres
sions sévères pour des raisons de sécurité. Car les catholiques res-
(2) J. A. de Kok, Nedertand op de breuklijn Rome-Reformatie. Numerieke aspecten
van protestantisering en katholieke herleving in de Noordelijke Nederlanden, 1580-1880
[Les Pays-Bas sur la ligne de rupture entre Rome et la Réforme. Aspects numériques
de la protestantisation et de la renaissance catholique aux Pays-Bas du nord], Assen, 1964.
(3) J. A. Bornewasser, « Mythical Aspects of Dutch Anti-Catholicism in the Nineteenth
Century », in: J. S. Bromley, E. H. Kossmann (éd.), Britain and the Netherlands, V, 1975,
184-206.
(4) A. Th. Van Deursen, Hel en Hemel [Enfer et Ciel], Assen, 1980, 4-35. CATHOLIQUE AUX PAYS-BAS 227 SOCIABILITÉ
tèrent jusqu'au xvif siècle une majorité silencieuse qu'il ne fallait
pas pousser à commettre des actions désespérées (5). Ainsi, les catho
liques ont pu construire sans beaucoup de problèmes une organisa
tion ecclésiastique, appelée « la Mission de Hollande », dirigée par
des vicaires qui dépendaient directement de Rome. C'est seulement
après 1853, que des évêques néerlandais furent admis. Contre paie
ment de sommes d'argent parfois très fortes, les autorités civiles
acceptaient de fermer les yeux.
Cette situation quelque peu schizophrénique demeura inchangée
jusqu'à la chute de la République en 1795. C'est-à-dire que la méf
iance à l'égard de la loyauté des catholiques persista même après la
signature de la Paix de Munster. A ce moment, ce ne fut plus l'Espa
gne mais la France qui représenta une menace. En effet, Louis XIV
essaya de mobiliser les catholiques pour constituer une cinquième
colonne. Pendant la Guerre de Hollande, en 1672, le dôme d'Utrecht
était rétabli comme lieu de culte catholique par le c

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