La transmission au monde moderne de la science ancienne et médiévale. - article ; n°2 ; vol.2, pg 101-138
39 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La transmission au monde moderne de la science ancienne et médiévale. - article ; n°2 ; vol.2, pg 101-138

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
39 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1949 - Volume 2 - Numéro 2 - Pages 101-138
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

George Sarton
La transmission au monde moderne de la science ancienne et
médiévale.
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1949, Tome 2 n°2. pp. 101-138.
Citer ce document / Cite this document :
Sarton George. La transmission au monde moderne de la science ancienne et médiévale. In: Revue d'histoire des sciences et
de leurs applications. 1949, Tome 2 n°2. pp. 101-138.
doi : 10.3406/rhs.1949.2693
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1949_num_2_2_2693La transmission au monde moderne
de la science ancienne et médiévale
Cet article est une sorte de résumé de trois conférences données
par moi, la première le 16 mars 1948 à University College, Londres,
sous la présidence du PT Herbert Dingle ; la seconde, le 11 mai, à
V Université de Liège, sous la présidence du PT Armand Detaile;
la troisième au Collège de France à Paris, le 26 mai. La première de
ces conférences fut donnée en anglais, les deux autres en français. J'ai
écrit un texte anglais dont ceci est la traduction libre. Les deux textes
écrits et les trois textes parlés diffèrent beaucoup quant aux détails,
mais ils contiennent les mêmes idées fondamentales. En dépit de
Vignorance de beaucoup de techniciens d'aujourd'hui, les traditions
scientifiques qui nous viennent de V Antiquité et du Moyen âge n'ont
jamais été interrompues ni oubliées. Malgré le développement immense
de la science moderne, celles-ci en constituent encore le cœur. Quant à
la sagesse, avons-nous ajouté grand' chose à la sagesse antique et
médiévale ? Il est permis d'en douter. Il faut défendre et conserver ces
traditions qui sont la meilleure partie de notre héritage.
Territet (Pays de Vaud), juin 1948.
George SARTON.
* * #
Lorsque des hommes de science commencent à s'intéresser
à l'histoire de la science, ils s'intéressent le plus souvent au passé
immédiat, à ce qu'on pourrait appeler la « science moderne »,
quelle que soit la définition de celle-ci. Ils peuvent considérer,
par exemple, que celle-ci commence avec la réinvention occidentale
de la typographie au milieu du xve siècle, ou avec Copernic et
Vésale en 1543, ou avec Kepler (1609-19) et Galilée (1632-38), ou
Newton (1687), ou avec Volta (1800), ou avec les débuts de l'astr
ophysique ou de la radioactivité, ou même plus tard encore. Chacune
T. II. — 1949 7 REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES 102
de ces limites peut être justifiée, et l'une est aussi bonne que l'autre.
D'ailleurs, presque tous les hommes de science sont amenés, qu'ils
le désirent ou non, à jeter quelques coups d'œil en arrière, parce que
leurs propres recherches les obligent à examiner celles de leurs
prédécesseurs, ou simplement à cause de nécessités ou de conventions
académiques. Ces examens rétrospectifs étant assez limités en
étendue et en profondeur, ne causent pas de grandes difficultés
historiques ; les sources nécessaires sont assez faciles à obtenir
et la base chronologique est facile à établir. Il est aisé de répondre
aux questions fondamentales : « Quand cette découverte a-t-elle
été faite ? Où ? Par qui ?» ; il est un peu plus difficile de
à d'autres questions : « Gomment ? Pourquoi ? » Cependant les
difficultés sont minimes pour toutes les époques assez rapprochées
de nous. Les hommes de science dont les regards ne plongent pas
plus loin que le siècle passé n'ont guère de difficultés ou d'incerti
tudes chronologiques (1) et ne peuvent même pas s'imaginer toutes
les vicissitudes des traditions scientifiques. Considérez le fameux
article que Oersted publia à Copenhague en 1820 et qui est la base
de l'électromagnétisme ; le texte original latin (4 pages !) fut rapide
ment traduit en français, italien, allemand, anglais et danois (2) ;
en une année tous les physiciens de l'Europe le connaissaient et
quelques-uns d'entre eux avaient même fait de nouvelles expé
riences qui en étendaient le champ. A la fin du siècle, les choses
allaient encore plus vite. La découverte que Roentgen publia
en 1896 (3) et qu'on pourrait bien considérer comme le premier
monument de la nouvelle physique, fut presque immédiatement
télégraphiée autour du monde. Les appareils nécessaires existaient
dans tous les laboratoires de physique et les expériences étaient,
du reste, assez simples pour pouvoir être répétées de suite par
quiconque le désirait ; plus d'un millier d'articles et de livres relatifs
aux rayons X parurent au cours d'une année (4). Un homme de
(1) II reste toujours quelques difficultés chronologiques et quelques pièges où les
novices sont presque sûrs de tomber. Voyez mon article The discovery of conical refrac-
lion {Isis, 17, 154-70, 1932).
(2) Reproductions fac-similés du texte latin et de la traduction anglaise de 1820 dans
Isis (10, 435-43, 1928).
(3) La rédaction de l'article de Roentgen fut complétée le 28 décembre 1895 et l'ar
ticle fut immédiatement imprimé, mais il ne fut guère « publié » avant 1896. Voir fac-
similé de l'original et analyse dans Isis (26, 349-69, 1937 ; 29, 362-65, 1938).
(4) On trouvera une liste de ces 1.044 articles de la première année dans Otto Glasser •
Rôntgen (p. 422-79, Springfield, Illinois, 1934 ; Isis, 22, 256-59). TRANSMISSION DE LA SCIENCE AU MONDE MODERNE 103
science qui aurait encore ignoré ces rayons à la fin de l'année 1896
se serait rendu ridicule. De nos jours, il est quasiment impossible
pour un homme intelligent et éveillé, qui lit quelques journaux
scientifiques, de ne pas connaître assez vite une découverte de
quelque importance. Le problème de la tradition existe à peine, ou
tout au moins la transmission des connaissances se fait presque
automatiquement à travers le monde entier. Donc l'historien qui
s'en tient à la science « moderne » ne se préoccupe pas de la tradi
tion; celle-ci lui paraît si naturelle qu'il ne faut guère y penser (1).
Autrement dit, pour bien comprendre la signification de la tradition
scientifique et son importance capitale, il faut regarder plus pro
fondément dans le passé et c'est ce que nous essayerons de faire
maintenant.
Pensez à la science grecque des vie et ve siècles, à ce qu'on pourr
ait peut-être appeler le « miracle grec », comme le font les critiques
qui pensent davantage à Homère, Sophocle ou Phidias. La floraison
précoce de la science grecque est, en effet, aussi miraculeuse (c'est-à-
dire aussi peu susceptible d'une explication satisfaisante) que celle
de l'art grec ou de la littérature grecque. (Vous objecterez peut-être :
« Tout chef-d'œuvre n'est-il pas un miracle ? » Sans doute, mais
cela est une autre histoire.) Peu de personnes se rendent compte
que dans tous ces cas, et surtout dans celui de la science, la difficulté
d'expliquer, ou si vous voulez bien employer ce terme « le miracle »,
est double. Il y a le miracle de la création et celui de la transmission.
Nous savons qu'une bonne part de la science grecque est perdue,
peut-être pour toujours ; ce qui est étonnant toutefois ce n'est pas
que beaucoup se soit perdu, mais plutôt que tant de choses aient
pu échapper aux vicissitudes de vingt siècles pour nous parvenir.
Prenez le cas d'Archimède, qui fut tué à l'âge de soixante-quinze
ans pendant le siège de Syracuse par les Romains, en 212 avant J.-G.
Ses mémoires furent donc rédigés durant la période qui s'écoula
de 267 (quand il eut vingt ans) à 212. Il était déjà illustre dans
l'Antiquité, mais les premiers'commentaires de son œuvre ne furent
(1) Son problème est plutôt d'expliquer les transmissions ratées, car il est arrivé
parfois que des découvertes ont été tellement neuves que personne n'en a compris la
portée et qu'elles sont restées inconnues assez longtemps. Le meilleur exemple est la
découverte de Gregor Mendel publiée à Brunn en 1865, mais à laquelle personne ne
prêta aucune attention avant qu'elle ne fut redécouverte par trois savants en 1900.
Un autre exemple curieux est celui de Г « effet Edison » qu'Edison fit breveter en 1884,
mais qui resta une chose morte jusqu'à ce que John Ambrose Fleming et

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents