La véritable histoire du suicide de Hadji Djala - article ; n°1 ; vol.4, pg 74-80
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Description

Archipel - Année 1972 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 74-80
3. H. Chambert-Loir menterdjemahkan salah satu dari tjerpen jang terbagus dari pengarang M. Lubis: Tjerita sebenarnja mengapa Hadji Djala gantung diri. Tjerpen tersebut terbit pada tahun 1956 dan mentjeritakan kesengsaraan jang diderita seorang penduduk kampung di Sumatra, sebagai korban program2 partai politik.
3. H. Chambert-Loir has translated one of the best of M. Lubis's short stories : The True Story of Hadji Djalcfs Suicide. Published in 1956 this tjerpen tells of the misfortunes of a villager in Sumatra, victim of the propaganda of various political parties.
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Mochtar Lubis
La véritable histoire du suicide de Hadji Djala
In: Archipel. Volume 4, 1972. pp. 74-80.
ringkasan
3.H. Chambert-Loir menterdjemahkan salah satu dari tjerpen jang terbagus dari pengarang M. Lubis: Tjerita sebenarnja
mengapa Hadji Djala gantung diri. Tjerpen tersebut terbit pada tahun 1956 dan mentjeritakan kesengsaraan jang diderita
seorang penduduk kampung di Sumatra, sebagai korban program2 partai politik.
Abstract
3.H. Chambert-Loir has translated one of the best of M. Lubis's short stories : The True Story of Hadji Djalcfs Suicide. Published
in 1956 this tjerpen tells of the misfortunes of a villager in Sumatra, victim of the propaganda of various political parties.
Citer ce document / Cite this document :
Lubis Mochtar. La véritable histoire du suicide de Hadji Djala. In: Archipel. Volume 4, 1972. pp. 74-80.
doi : 10.3406/arch.1972.1013
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1972_num_4_1_101374
LA VERITABLE HISTOIRE DU SUICIDE DE HADJI DJALA
par Mochtar LUBIS
traduction par Henri CHAMBERT-LOIR
Directeur du quotidien de Djakarta Indonesia Raya, Mochtar Lubis est surtout
connu comme journaliste : par ses reportages sur l'Asie du Sud-Est, la guerre de Corée
ou les Etats-Unis (1951) et par les articles qui, sous le régime de Sukarno, lui ont valu
neuf années de prison et de résidence surveillée. Mais il est l'auteur également d'une
cinquantaine de nouvelles et de quatre romans (dont deux ont été portés à l'écran).
C'est d'une étude sur cette oeuvre littéraire (*) qu'est extraite la traduction ci-dessous.
D'origine batak, Mochtar Lubis est né en 1922 à Padang et, vers l'âge de vingt
ans, est venu s'installer à Djakarta. Son métier de journaliste lui a permis d'effectuer de
très nombreux voyages dans le monde entier et de prendre directement contact avec
la culture universelle dont les écrivains de l'Indépendance se voulaient les héritiers. Son
oeuvre se fait parfois l'écho de cette découverte, mais elle est avant tout, et volon
tairement, enracinée dans le sol et la culture indonésienne. La plupart de ses romans
et tjerpen ont pour cadre Djakarta, mais quelques nouvelles se déroulent dans les
villages et les plantations de Sumatra où Mochtar Lubis a passé son enfance. Elles sont
l'image d'une existence appelée à disparaître; d'une vie sociale resserrée sur elle-même
et basée sur les deux principes de l'Islam et du gotong-rojong (le système d'entraide
villageoise traditionnelle); d'une mentalité enfin que Mochtar Lubis condamne comme
ignorante et retardataire.
H. Chambert-Loir. L'identité indonésienne en question, le cas de Mochtar Lubis; à paraître
en 1973 dans les Publications de l'Ecole Française d'Extrême —Orient, Paris,
Maisonneuve.
On trouvera quatre nouvelles de Mochtar Lubis traduites en français dans l'antho
logie de Denys Lombard, Histoires courtes d'Indonésie, Paris, E.F.E.O., 1968. Son
troisième roman a été publié en anglais dans une traduction de Claire Holt
Twilight in Djakarta, Hutchinson, Londres, 1963. 75
Chronologiquement et littérairement, Mochtar Lubis appartient à YAngkatan '45
et, si son oeuvre présente une originalité marquée (due notamment à son activité
journalistique et à ses nombreux voyages en Occident), il reprend fréquemment les
thèmes chers aux écrivains de sa génération. L'un de ces thèmes, et non des moin
dres à une époque où l'Indonésie découvre l'indépendance, est l'affrontement entre
les exigences de lavie nationale telle qu'elle s'élabore dans la capitale et le destin des
paysans qui mènent humblement leur vie d'homme dans l'ignorance de la politique.
Cet aspect est particulièrement sensible dans la nouvelle qui va suivre, extraite
du recueil Perempuan "Femme" que Mochtar Lubis publia en 1956 aux éditions
Timun Mas (Djakarta).
LA VERITABLE HISTOIRE DU SUICIDE DE HADJI DJALA
Les amis qui l'enterraient jetaient les dernières pelletées de terre pour
combler la fosse creusée dans le sol meuble et fertile, tandis que sa femme
âgée sanglotait, accroupie à côté de la tombe. La pluie fine qui tombait
depuis midi se fit plus dense et les gens qui avaient accompagné Hadji
Djala à sa dernière demeure prirent le chemin du retour.
— Qui l'aurait dit: Hadji Djala se pendre !
— Quelle fièvre a bien pu l'y pousser ?
— La moitié des gens disent qu'il était devenu fou.
— Chut ! Pas si fort ! Pensez à sa femme et à ses enfants.
La question débattue par les gens qui revenaient de l'enterrement de
vint rapidement le grand problème dans notre village, situé près des plan
tations (*) à Sumatra-Est. Les gens du P.K.I. (2) et du P.N.I. (3) chez nous
disent que Hadji Djala s'est tué parce qu'il est devenu fou. D'un autre
côté, sa famille soutient que c'est à cause de la fièvre. Et ceux des autres
partis accusent les communistes de l'avoir tué.
Je ne suis pas de la famille de Hadji Djala et je ne suis membre
d'avcun parti. Je suis seulement instituteur à l'école primaire et voilà vingt
ans que j'enseigne dans ce village. Tous les enfants de Hadji Djala ont
été mes élèves et lui-même était un bon ami pour moi. C'est pourquoi,
quand j'ai reçu une lettre de son fils aîné qui actuellement étudie à
1) Le terme employé par Mochtar Lubis est le mot hollandais "onderneming"
qui signifie "entreprise" et aux Indes Néerlandaises désigne plus particulièr
ement les plantations coloniales.
2) P.K.I. : Pariai Komunis Indonesia (Parti Communiste).
8) P.N.I. Il s'agit ici du Perserikatan Nasionalis Indonesia (Union Nationaliste qui
deviendra plus tard, sous le même sigle, le Pariai Nasional Indonesia, Parti
National). 76
Djakarta, me demandant pourquoi son père s'était pendu, j'ai été forcé de
raconter la véritable histoire de son suicide. Je ne peux pas mentir à son fils.
En réalité, l'origine de ce drame remonte au temps de l'occupation
militaire japonaise. Comme les Japonais avaient besoin de vivres en gran
de quantité, ils incitèrent les paysans des villages situés autour des plan
tations à cultiver celles-ci. Et beaucoup de paysans se mirent à y retourner
la terre et à y aménager des rizières ou des jardins; nombreux furent
ceux qui y construisirent leur maison. L'administration, depuis le sommet
jusqu'aux chefs de villages et de cantons, vantait les mérites des volontaires.
Bref, à ce moment-là, quiconque voulait travailler la terre sur les plan
tations était considéré comme un héros.
Ensuite, quand les Japonais eurent perdu la guerre et qu'éclata la ré
volution, les chefs du peuple, qui poussaient alors comme des champi
gnons, enflammèrent plus encore l'ardeur populaire. On ne se contentait
plus d'inciter la population : on considérait qu'il était de son devoir d'occu
per les terres des plantations.
Hadji Djala était un villageois très obéissant. Quand les Japonais
avaient engagé à travailler la terre de ces concessions, il s'y était rendu, avait
défriché, bâti une maison et avait fini par s'y installer définitivement. Et
lorsque, pendant la période révolutionnaire, on avait parlé de confisquer
les terres qui appartenaient à l'ennemi, Hadji Djala avait agrandi les sien
nes, il avait planté des arbres fruitiers, ouvert un vivier à poissons et éten
du ses champs secs.
Puis, après quelque temps d'indépendance, les lois et la justice paru
rent entrer à nouveau en vigueur; alors arriva l'ordre de restituer les plan
tations. Au début, tout le monde fut très étonné: pourquoi fallait-il rendre
ces terres qu'auparavant on avait invité à habiter et planter, alors qu'on
avait même forcé le peuple à en prendre charge ? Des débats mouvement
és s'élevèrent dans la mosquée et l'atmosphère s'échauffa avec l'arrivée
d'hommes étrangers au village qui organisèrent des réunions avec les pay
sans. Vint tout d'abord un homme nommé Jusuf Bandar qui se disait
membre du P.N.I.
— Mes amis, dit-il au cours d'un meeting, mes amis, n'abandonnez pas
vos terres. Notre parti va défendre votre sort et vos droits. Le Gouverneur
qui a donné cet ordre s'était fait le complice des planteurs et des capital
istes étrangers.
— Mais l'administration nous a 

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