Le blanc, l alinéa - article ; n°1 ; vol.19, pg 105-114
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Le blanc, l'alinéa - article ; n°1 ; vol.19, pg 105-114

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Description

Communications - Année 1972 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 105-114
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 32
Langue Français

Extrait

Michel Sandras
Le blanc, l'alinéa
In: Communications, 19, 1972. pp. 105-114.
Citer ce document / Cite this document :
Sandras Michel. Le blanc, l'alinéa. In: Communications, 19, 1972. pp. 105-114.
doi : 10.3406/comm.1972.1285
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1972_num_19_1_1285- Michel Sandras
Le blanc, l'alinéa
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tion qu'ils peuvent supporter *. Leur économie est réglée par une plus ou moins
grande liberté combinatoire. Disons pour aller vite que le blanc entre les lettres
et entre les mots ne permet pas les performances individuelles réalisées dans les
blancs de chapitre. C'est que le site du blanc — qui, par ailleurs, est un facteur
important de reconnaissance d'un texte 2 — est toujours fondateur d'une cer
taine lisibilité. Et on sait à quel point le travail dans ce site brouille la réception
des œuvres pour les lecteurs pressés, sans parler de la réticence des protes.
1. L'utilisation du blanc en poésie pose des problèmes spécifiques, qu'on écarte ici.
On renvoie à Mallarmé, Préface du Coup de dés, Quant au livre. Pour l'invention typo
graphique, voir les études de Michel Butor (Répertoire II J.
2. On « lit » au premier coup d'œil la page de théâtre, le poème, la lettre, la maxime,
la table des matières, etc. Par contre la de roman peut ne pas différer de celle de
l'essai.
105 Michel Sandras
Le blanc étudié ici est simplement celui qui fait coïncider le début d'une
phrase et le départ d'une ligne; celui qui renvoie la lecture contre la marge de
gauche. On appelle alinéa la partie du texte comprise entre deux coupures, et
« blanc alinéaire » la coupure proprement dite. Le blanc alinéaire est un signe
de ponctuation, et qui autorise un emploi très « libre », au sens linguistique
de l'expression. On se propose donc d'étudier la coupure chez Flaubert, et une
réalisation graphique de cette coupure : le blanc démarcatif d'alinéa. D'emblée
tout ceci fait problème. Sans doute, le blanc alinéaire peut être analysé, puisqu'il
fait l'objet d'une liberté de combinaison; on croit pouvoir affirmer que le texte
de Flaubert privilégie une telle analyse en accentuant sa pertinence 1.
Mais la coupure n'est pas un thème comme un autre; lieu signifiant par excel
lence, c'est toujours la possibilité d'une interprétation supplémentaire (à la
limite, on ne peut rien dire de la coupure). Il est dangereux de postuler un contenu
sémique des blancs. Aussi essaiera-t-on de ne pas les interpréter. Tout au plus
de les classer et de montrer qu'ils sont le lieu d'un problème. Il serait convain
cant de recopier entièrement les fragments du texte qui servent d'exemples.
Comme la place manque, on se contentera de renvoyer à la pagination de l'Édu~
cation sentimentale dans la collection la Pléiade (Gallimard).
Essai de typologie des blancs alinéaires dans l'Éducation sentimentale. Un
certain nombre de marqueurs annoncent chez Flaubert l'entrée du texte — l'att
aque de l'alinéa — et sa clôture. On peut classer ces blancs selon l'environnement
physique (longueur des sections), grammatical, sémique et phonétique.
Environnement physique. La plupart des alinéas de V Éducation sentimentale
font de 30 à 150 mots. Un travail statistique de comparaison portant sur des
œuvres romanesques du xixe siècle nous renseignerait peut-être sur la norme.
Dans V Éducation sentimentale les alinéas plus longs sont en nombre très limité
et tous sont des descriptions connotant une euphorie : les passagers de la Ville-
de-Montereau (p. 36), la soirée chez Rosanette (11 phrases, pp. 146-147), les
journées à Fontainebleau (9 phrases, une trentaine de propositions, pp. 356-357),
etc. Les blancs séparent soit des alinéas d'égale longueur (comme dans le début
du premier chapitre), soit une phrase brève et un alinéa plus long, qu'elle annonce
1. Deux questions doivent être posées, si l'on ne veut pas voir mis en cause le sens
même de notre travail. Le découpage en alinéas, dans V Éducation sentimentale, est-il
l'œuvre de l'auteur? L'examen du manuscrit de 1869, de la main de Flaubert, et de la
copie qui l'accompagne (Bibliothèque Historique de la Ville de Paris), montre que
Flaubert est très soucieux de la frontière des alinéas, et que le copiste a suivi ses
choix. Quelques rares divergences entre le manuscrit et la copie peuvent-elles s'expli
quer par des interventions ultimes de Flaubert, non consignées dans le manuscrit? Ce
découpage a été l'objet de variantes : dans le de 1869, Flaubert indique par des
signes précis une refonte de l'alinéa. Il y a enfin des différences entre le texte que publient
toutes les éditions modernes (qui est le texte Charpentier revu par Flaubert avant sa
mort) et le manuscrit de 1869. Quelques modifications, qui ne peuvent qu'être de la
main de Flaubert, méritent d'être signalées :
— soit il ajoute un alinéa supplémentaire, c'est-à-dire coupe en deux un alinéa de
1833,
— soit il fait varier la frontière de l'alinéa. « Ce fut comme une apparition : » n'existe
qu'en 1880.
L'édition de 1880 — contemporaine du travail sur Bouvard et Pécuchet, dont la parti
tion alinéaire est singulière — ne fait donc qu'affirmer ce qui était déjà perceptible en
1869 : la fragmentation du discours.
106 Le blanc, V alinéa
ou qu'elle résume (dont le modèle est le « Ils différaient cependant » qui déclenche
les portraits opposés de Sénécal et de Regimbart, p. 90). L'opposition phrase
brève /alinéa long est fréquente chez Flaubert1. On la retrouve également chez
Hugo.
Les catégories grammaticales et la ponctuation. Proust le premier 2 releva
l'emploi flaubertien du « et », des adverbes, et des pronoms personnels. Or c'est
justement comme marqueurs d'alinéas que fonctionnent singulièrement ces
catégories grammaticales.
Ainsi, à l'ouverture, on trouve le « et » initial qui introduit parfois une
seule phrase (« Et il éclata de rire », p. 58). Dans le premier geste de l'écriture,
la phrase commence souvent par des « et », « puis », « alors », etc. (que les correc
tions dernières feront disparaître).
Flaubert souvent par un pronom personnel qui reprend un syn-
tagme nominal situé juste à la fin de l'alinéa précédent (« Les maisons du village
s'étendaient, (à la ligne) Elles sont à un seul étage 3... »). Cette rhétorique peut
évoquer la phrase de Montesquieu citée par Proust, et, par la proximité dans la
reprise, l'anadiplose 4. On reviendra plus loin sur le commentaire qu'en donne
Proust, parce que c'est au lieu d'une coupure comme celle-là qu'affleure l'angoisse

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