Le chagrin d un Belge. Le journal de campagne du comte Edouard Errembault de Dudzeele durant la guerre de Java - article ; n°4 ; vol.60, pg 267-300
35 pages
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Le chagrin d'un Belge. Le journal de campagne du comte Edouard Errembault de Dudzeele durant la guerre de Java - article ; n°4 ; vol.60, pg 267-300

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Description

Archipel - Année 2000 - Volume 60 - Numéro 4 - Pages 267-300
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Henri Chambert-Loir
Le chagrin d'un Belge. Le journal de campagne du comte
Edouard Errembault de Dudzeele durant la guerre de Java
In: Archipel. Volume 60, 2000. pp. 267-300.
Citer ce document / Cite this document :
Chambert-Loir Henri. Le chagrin d'un Belge. Le journal de campagne du comte Edouard Errembault de Dudzeele durant la
guerre de Java. In: Archipel. Volume 60, 2000. pp. 267-300.
doi : 10.3406/arch.2000.3592
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_2000_num_60_4_3592Henri CHAMBERT-LOIR
Le chagrin d'un Belge
Le journal de campagne du comte Edouard Errembault de Dudzeele
durant la guerre de Java
La guerre de Java
Au début du XIXe siècle, Java connut une ère de paix et de prospérité
exceptionnelles. La population augmentait sensiblement, la surface des terres
cultivées s 'accroissait de façon spectaculaire, le commerce était florissant,
aucune épidémie ne menaçait la population. La société javanaise, cependant,
était minée par une série de problèmes économiques, sociaux et politiques
qui ne pouvaient se résoudre que dans la violence : dissensions sociales,
intrigues de cour, dilution de l'autorité, asservissement de la paysannerie,
influence grandissante des Hollandais et progrès de l'islam dans la populat
ion rurale étaient sources de tensions et de déséquilibres de moins en moins
contrôlables.
Les guerres de succession au trône de Mataram, qui avaient occupé la
première moitié du XVIIIe siècle, avaient permis aux Hollandais d'acquérir
un pouvoir prédominant aux côtés des diverses factions
javanaises. «Lorsque Paku Buwana II s'éteint à Surakarta en 1749, il confie
pour ainsi dire son royaume entre les mains de la Compagnie», écrit Deny s
Lombard (1990, III : 44). C'est en effet sous l'égide de la VOC que,
quelques années plus tard, en 1755, le royaume fut partagé, de façon à peu
près égale, entre les principautés de Surakarta et Yogyakarta. De nouvelles
partitions, en 1757 et 1813, dans le but de tailler des royaumes aux princes
Archipel 60, Paris, 2000, pp. 267-300 Henri Chambert-Loir 268
Mangkunagara et Pakualam, firent que le territoire de Mataram, à Java
Central, se trouva morcelé en une « marqueterie » complexe, pour reprendre
le terme de Denys Lombard (Ibid., p. 45).
Les règnes de Daendels (1808-1811) et Raffles (1811-1816) se traduisi
rent par de nouvelles annexions de territoires et une situation de dépendance
croissante des principautés javanaises vis-à-vis du gouvernement européen
de Batavia. L'attaque et le pillage du palais de Yogyakarta par les forces
anglaises, en 1812, illustra cette situation de façon humiliante. Les cours
javanaises montrèrent, au cours de ces années, à quel point elles étaient
inconscientes du fait qu'en utilisant le pouvoir européen pour résoudre leurs
conflits internes, elles scellaient leur propre sujétion.
L'économie des quatre principautés était basée sur un système d'apanages
et de capitation par lequel les princes levaient un impôt direct sur chaque
foyer. La réduction, en 1802, de la superficie de l'unité de base de ce syst
ème fiscal entraîna une augmentation proportionnelle de l'impôt foncier. Le
prélèvement de cet impôt était assuré par des fonctionnaires qui étaient sou
vent des paysans propriétaires, que leurs fonctions et leurs privilèges tran
sformaient en une classe influente et aisée au sein de la paysannerie. D'autres
taxes (marchés et octrois) étaient affermées, principalement à des Chinois,
qui imposaient par la violence des charges considérables à la masse des pay
sans pauvres. Ce système concédait une très grande part à la corruption et
aux exactions. Les cours n'étaient pas en mesure d'imposer une loi ni de
réprimer un brigandage endémique. Un autre groupe social, celui des santri,
les hommes de religion et leurs élèves, condamnait à la fois les Hollandais et
la noblesse.
La décision du gouverneur-général van der Capellen, en 1823, d'annuler
les concessions foncières desquelles l'aristocratie tirait une grande part de
ses revenus en louant ses terres à des planteurs européens et chinois, aug
menta le désarroi des cours. Il aurait fallu, en ces temps difficiles, un repré
sentant de l'autorité hollandaise d'une stature exceptionnelle pour réconcilier
les antagonismes et apaiser les intrigues. Mais le résident de Yogyakarta,
A.H. Smissaert, était précisément un homme faible, maladroit et cupide 0).
C'est alors qu'émergea, à la cour de Yogyakarta, un homme intelligent,
courageux et intègre, imprégné de mysticisme, qui entreprit de rassembler
1. La première mesure du général de Kock, en arrivant à Yogyakarta, en septembre 1825, fut
de le suspendre de ses fonctions. Sur la situation politique et sociale de Java au début du XIXe
siècle, ainsi que sur les causes de la guerre, on pourra consulter, outre le Carrefour javanais
déjà cité, les ouvrages et articles de Peter Carey (1974b, 1976, 1981a, 1986) et Merle Ricklefs
(1981).
Archipel 60, Paris, 2000 Le chagrin d'un Belge 269
MER DE JAVA
Boyolali
Singasari
Kalijengking Jatinom
Tempel
Semam<pîrY°gyakarta
^Selarong
anggir
OCÉAN INDIEN
Java Central :
lieux de bivouacs et de combats les plus fréquents du major Errembault de Dudzeele
Archipel 60, Paris, 2000 Henri Chambert-Loir 270
les aspirations des différents groupes sociaux dans une guerre sainte contre
les Hollandais. Dipanagara appartenait à la plus haute aristocratie de
Yogyakarta : fils aîné du troisième souverain (Hamengkubuwana III), il fut
désigné en 1822 comme l'un des tuteurs du sultan en bas âge
Hamengkubuwana V(2). Il se tint cependant à l'écart de la vie de cour, dont il
désapprouvait la dissolution, et passa la plus grande partie de son temps dans
sa propriété de Tegalreja, à quelque six kilomètres au nord-ouest de la capi
tale, s 'adonnant à la double étude du soufisme et de la littérature javanaise,
méditant, visitant les écoles religieuses alentour et maintenant un contact,
exceptionnel pour les gens de sa condition, avec les paysans de son domaine.
Dipanagara était né en 1785. À l'âge de 20 ans, il entreprit un long pèlerina
ge sur plusieurs sites sacrés liés à l'histoire de la dynastie de Mataram. C'est
alors qu'il eut la révélation de son destin de souverain suprême de Java.
La guerre elle-même fut provoquée par un incident trivial : les autorités
hollandaises et javanaises désirant ouvrir une route à travers les terres de
Dipanagara, il s'ensuivit (le 20 juillet 1825) une échauffourée entre les gens de
celui-ci et les soldats du palais. Dipanagara avait envisagé une rebellion bien
avant cet incident. Il se réfugia dans sa propriété de Selarong et la population
rurale se souleva instantanément. La moitié des courtisans et des troupes de
Yogyakarta prirent le parti de Dipanagara ; un grand nombre de paysans se ral
lia à lui (en lui versant les taxes foncières dues au sultan et aux seigneurs, ils
lui permirent de soutenir son effort de guerre) ; les communautés religieuses
également combattirent à ses côtés, formant les régiments de «bulkios»(3)
commandés par des chefs religieux, dont le plus influent était un célèbre uléma
de la région de Surakarta, Kyai Maja. Les Hollandais, de leur côté, reçurent
l'appui de troupes du Sultan de Yogyakarta, de la «Légion» du
Mangkunagaran et de quelques bataillons inefficaces du Sunan. Celui-ci
conserva une attitude relativement neutre : il était officiellement dans le camp
hollandais, mais personne n'ignorait sa sympathie pour les rebelles (4).
2. Le sultan n'avait pas même trois ans. Les trois autres tuteurs étaient le prince Mangkubumi
et les reines Ratu Ageng et Ratu Kencana (respectivement oncle, grand-mère et mère de
Dipanagara) ; il est frappant de constater que ces tuteurs avaient été nommés par le résident
par intérim et que le sceau royal restait entre les mains du résident hollandais.
3. Séduit par le dynamisme de l'Empire Ottoman, Dipanagara nomma certains de ses régi
ments, dont celui des hommes de religions, le bulkio, d'après les régiments de janissaires.
Ceci est l'une des traces de l'influence du Moyen-Orient sur l'islam javanais au début du
XIXe

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