Le communisme de gauche en France (1927-1947) - article ; n°4 ; vol.28, pg 740-757

Jean-François Kesler

Description

Revue française de science politique - Année 1978 - Volume 28 - Numéro 4 - Pages 740-757
LEFT COMMUNISM IN FRANCE (1927-1947), by JEAN-FRANÇOIS KESLER The birth of Trotskyism in France is bound up with the vicissitudes of bolshevism in the USSR. From the outset, left communism, which was to continue to split into opposing chapels, practised « splinter » tactics and « entrisme ». In 1934 the Bolshevik-Leninist Group joinded the SFIO, its « flag unfurled », but was soon to be expelled. In 1938, a number of Trotskyists joined with the « Pivertists », themselves expelled in their turn, to form the PSOP which lasted for just one summer. During the war, the left-communists became divided ; some were close to collaborating in their unconditional attachment to revolutionary defeatism, proclaiming on 6th June 1944 : « Anglo-Americans and Germans are no better than each other » ; the others went into the Resistance, some even being deported. Following the liberation, hopes of a great united revolutionary party comprising the young socialists and the left wing of the SFIO were soon dashed; the « broad » movement inside the Internationalist Communist Party was beaten. Also the Trotskyists, who had filled the gap on the left resulting from the « ministerialist », position of the Communist Party, had to give way when the latter was excluded from the government. Is it not true to say that left communism, like the other components of the socialist movement, is divided between a dogmatic and an open tendency. [Revue française de science politique XXVIII (4), août 1978, pp. 740-757.]
LE COMMUNISME DE GAUCHE EN FRANCE (1927-1947), par JEAN-FRANÇOIS KESLER La naissance du trotskisme en France est liée aux vicissitudes du bolchevisme en URSS. Dès le départ, le communisme de gauche, qui ne cessera de se morceler en chapelles antagonistes, pratique le « fractionnisme » et l'« entrisme ». En 1934, le Groupe bolchevik-léniniste adhère « drapeau déployé » à la SFIO... mais il sera rapidement exclu. En 1938, certains trotskistes créent avec les pivertistes, exclus à leur tour, le PSOP... qui ne dure qu'un seul été. Pendant la guerre, les communistes de gauche se divisent : les uns, frisant la collaboration, demeurent inconditionnellement attachés au défaitisme révolutionnaire, et proclament, le 6 juin 1944 : « Anglo-Américains, Allemands, ils se valent » ; les autres trouvent le chemin de la Résistance, voire de la déportation. Au lendemain de la libération, l'espoir d'un grand parti révolutionnaire uni avec les Jeunesses socialistes et l'aile gauche de la SFIO est vite balayé : la tendance « large » est battue au sein du PCI. D'autre part, les trotskistes qui avaient occupé le terrain laissé sur sa gauche par un parti communiste devenu « ministérialiste », doivent céder la place après son exclusion du gouvernement. Le communisme de gauche ne serait-il pas divisé, comme les autres composantes du mouvement socialiste, entre un courant dogmatique et un courant ouvert ? [Revue française de science politique XXVIII (4), août 1978, pp. 740-757.]
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_SCIENCE_POLITIQUE0
• Publié le: 01 janvier 1978
• Nombre de lectures: 13
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-François Kesler
Le communisme de gauche en France (1927-1947)
In: Revue française de science politique, 28e année, n°4, 1978. pp. 740-757.
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Kesler Jean-François. Le communisme de gauche en France (1927-1947). In: Revue française de science politique, 28e année,
n°4, 1978. pp. 740-757.
doi : 10.3406/rfsp.1978.393796
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1978_num_28_4_393796Résumé
LE COMMUNISME DE GAUCHE EN FRANCE (1927-1947), par JEAN-FRANÇOIS KESLER
La naissance du trotskisme en France est liée aux vicissitudes du bolchevisme en URSS. Dès le
départ, le communisme de gauche, qui ne cessera de se morceler en chapelles antagonistes, pratique
le « fractionnisme » et l'« entrisme ». En 1934, le Groupe bolchevik-léniniste adhère « drapeau déployé
» à la SFIO... mais il sera rapidement exclu. En 1938, certains trotskistes créent avec les pivertistes,
exclus à leur tour, le PSOP... qui ne dure qu'un seul été. Pendant la guerre, les communistes de gauche
se divisent : les uns, frisant la collaboration, demeurent inconditionnellement attachés au défaitisme
révolutionnaire, et proclament, le 6 juin 1944 : « Anglo-Américains, Allemands, ils se valent » ; les
autres trouvent le chemin de la Résistance, voire de la déportation. Au lendemain de la libération,
l'espoir d'un grand parti révolutionnaire uni avec les Jeunesses socialistes et l'aile gauche de la SFIO
est vite balayé : la tendance « large » est battue au sein du PCI. D'autre part, les trotskistes qui avaient
occupé le terrain laissé sur sa gauche par un parti communiste devenu « ministérialiste », doivent céder
la place après son exclusion du gouvernement. Le communisme de gauche ne serait-il pas divisé,
comme les autres composantes du mouvement socialiste, entre un courant dogmatique et un courant
ouvert ?
[Revue française de science politique XXVIII (4), août 1978, pp. 740-757.]
Abstract
LEFT COMMUNISM IN FRANCE (1927-1947), by JEAN-FRANÇOIS KESLER
The birth of Trotskyism in France is bound up with the vicissitudes of bolshevism in the USSR. From the
outset, left communism, which was to continue to split into opposing chapels, practised « splinter »
tactics and « entrisme ». In 1934 the Bolshevik-Leninist Group joinded the SFIO, its « flag unfurled »,
but was soon to be expelled. In 1938, a number of Trotskyists joined with the « Pivertists », themselves
expelled in their turn, to form the PSOP which lasted for just one summer. During the war, the left-
communists became divided ; some were close to collaborating in their unconditional attachment to
revolutionary defeatism, proclaiming on 6th June 1944 : « Anglo-Americans and Germans are no better
than each other » ; the others went into the Resistance, some even being deported. Following the
liberation, hopes of a great united revolutionary party comprising the young socialists and the left wing
of the SFIO were soon dashed; the « broad » movement inside the Internationalist Communist Party
was beaten. Also the Trotskyists, who had filled the gap on the left resulting from the « ministerialist »,
position of the Communist Party, had to give way when the latter was excluded from the government. Is
it not true to say that left communism, like the other components of the socialist movement, is divided
between a dogmatic and an open tendency.
[Revue française de science politique XXVIII (4), août 1978, pp. 740-757.]LE COMMUNISME DE GAUCHE
EN FRANCE
1927-1947
JEAN-FRAN OIS KE LER
Entre
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de Internationale En fait opposition de gauche se définit par rap
port au Parti bolchevick ses luttes intérieures et aux problèmes rus
ses Seule la question de la démocratie dans le Parti est pas spécifi
quement russe et elle ne concerne pas seulement opposition de gau
che En URSS on le sait opposition de gauche est vaincue éliminée
emprisonnée Trotsky lui-même est exclu du Parti bolchevik en 1927
puis exilé en Asie centrale soviétique enfin expulsé URSS en 1929
est partir de ce moment-là que opposition de gauche se regroupe
dans chaque pays soit intérieur soit extérieur des partis com
munistes et organise sur le plan international
En France plusieurs groupes oppositionont soutenu plus ou
moins Trotsky sans parvenir unir En août 1929 une équipe
autour Alfred Rosmer qui abandonnera rapidement) avec Molinier2
Frank Collinet et Pat qui quitteront bientôt aussi) Gérard Rosen-
thal et Pierre Naville lance un hebdomadaire La Vérité Puis en
avril 1930 opposition de gauche se donne une organisation la Ligue
communiste La Vérité devient son organe et La Lutte des classes qui
avait été fondée en 1928 et était animée par Gérard Rosenthal et Pierre
Naville) sa revue théorique La Ligue communiste se propose le
redressement du Parti communiste et de Internationale commu
niste
Beaucoup oppositionnels ne partagent pas idée de Trotsky selon
laquelle il existerait au sein du mouvement communiste international
une ligne de droite une ligne du centre stalinienne et une ligne de
gauche Ils voudraient rassembler toutes les énergies contre le stali
nisme En outre certains oppositionnels tel Pierre Naville voudraient
procéder un réexamen critique de la situation économique sociale et
politique3
Au départ tout membre de la Ligue communiste devait appar
tenir au Parti communiste ou en avoir été exclu Mais comme les
trotskystes étaient impitoyablement exclus il fut seulement précisé dans
les statuts que la double appartenance avec le PC ou les JC était
admise origine du mouvement trotskyste se trouve donc
entrisme qui visera successivement le PC et la SFIO
La Ligue communiste qui intitule exactement Ligue communiste
Molinier force de la nature et doté un tempéramment exceptionnel après
avoir joué un rôle de premier plan dans le mouvement trotskyste en France et avoir été
son principal bailleur de fonds sera exclu de la Quatrième Internationale comme aventu
rier Il semble avoir fini comme directeur de cirque en Amérique du Sud
Lettre de Pierre Naville Léon Trotsky en 1929 In Léon Trotsky Le mouve
ment communiste en France 1919 1939 textes choisis et présentés par Pierre Broué
Paris Editions de Minuit 1967 329
747 Jean-Fran ois Ke ler
opposition de gauche se considère comme une tendance du Parti
communiste elle veut redresser Elle compte 200 300 militants Au
même moment dans la CGTU se constitue Opposition unitaire
autour de la Fédération unitaire de enseignement dirigée par des mili
tants exclus ou en voie de être du PCF Beaucoup de militants
appartiennent la fois la Ligue communiste et Opposition uni
taire mais se refusent observer une discipline fractionnelle de nature
politique dans le courant syndical
Après 1930 opposition de gauche combat le cours. ultra
gauchiste de la Troisième Internationale Après le communisme de
guerre après la NEP est la stratégie dite de la troisième période
de la crise du capitalisme Staline repris avec des méthodes particu
lièrement brutales et même barbares la politique industriali