Le curriculum des écoles centrales de l an IV - article ; n°1 ; vol.302, pg 539-553
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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1995 - Volume 302 - Numéro 1 - Pages 539-553
Yvonne Weill, Le curriculum des Écoles centrales de l'an IV.
Les Conventionnels qui, après Thermidor, furent des spécialistes de la pédagogie et créèrent les Écoles centrales, ont été d'abord soucieux de construire un curriculum des études cohérent. Ils se croyaient en cela des disciples de Condorcet. Mais ils ne cherchèrent pas de cohérence entre les disciplines.
Yvonne Weill prend l'exemple de l'enseignement de la grammaire. Il part de considérations sur les facultés de l'esprit humain, puis analyse les faits de langage, établit des comparaisons entre les langues, en déduit enfin les règles de la grammaire française.
Yvonne Weill, The Curriculum of the Ecoles Centrales from the Year IV.
Those Conventionels who, after Thermidor, were pedagogical specialists and who created the écoles centrales, had been, above all, concerned with the construction of a coherent curriculum of studies. In this regard, they saw themselves as disciples of Condorcet. However, they did not pursue any coherence between disciplines.
Yvonne Weill takes the example of the teaching of grammar. Beginning with considerations on the capacités of the human intellect, then analyzing rules of language and establishing comparisons between languages, the rules of French grammar are ultimately deduced.
Yvonne Weill, Il curriculum delle scuole centrait dell'anno IV.
I membri della Convenzione che, dopo Termidoro, furono specialisti della pedagogia, e che crearono anche le scuole centrali, si preoccuparono prima di costruire un curriculum coerente degli studi. Perciò si credevano dei discepoli di Condorcet. Ma non cercarono mai nessuna coerenza tra le materie.
Yvonne Weill dà l'esempio dell' insegnamento della grammatica. Parte da considerazioni sulle facoltà dello spirito umano, poi analizza i fatti di linguaggio, fa un paragone tra le lingue, e ne deduce infine le regole della grammatica francese.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yvonne Weill
Le curriculum des écoles centrales de l'an IV
In: Annales historiques de la Révolution française. N°302, 1995. pp. 539-553.
Citer ce document / Cite this document :
Weill Yvonne. Le curriculum des écoles centrales de l'an IV. In: Annales historiques de la Révolution française. N°302, 1995.
pp. 539-553.
doi : 10.3406/ahrf.1995.1812
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1995_num_302_1_1812Résumé
Yvonne Weill, Le curriculum des Écoles centrales de l'an IV.
Les Conventionnels qui, après Thermidor, furent des spécialistes de la pédagogie et créèrent les Écoles
centrales, ont été d'abord soucieux de construire un curriculum des études cohérent. Ils se croyaient en
cela des disciples de Condorcet. Mais ils ne cherchèrent pas de cohérence entre les disciplines.
Yvonne Weill prend l'exemple de l'enseignement de la grammaire. Il part de considérations sur les
facultés de l'esprit humain, puis analyse les faits de langage, établit des comparaisons entre les
langues, en déduit enfin les règles de la grammaire française.
Abstract
Yvonne Weill, The Curriculum of the Ecoles Centrales from the Year IV.
Those Conventionels who, after Thermidor, were pedagogical specialists and who created the écoles
centrales, had been, above all, concerned with the construction of a coherent curriculum of studies. In
this regard, they saw themselves as disciples of Condorcet. However, they did not pursue any
coherence between disciplines.
Yvonne Weill takes the example of the teaching of grammar. Beginning with considerations on the
capacités of the human intellect, then analyzing rules of language and establishing comparisons
between languages, the rules of French grammar are ultimately deduced.
Riassunto
Yvonne Weill, Il curriculum delle scuole centrait dell'anno IV.
I membri della Convenzione che, dopo Termidoro, furono specialisti della pedagogia, e che crearono
anche le scuole centrali, si preoccuparono prima di costruire un curriculum coerente degli studi. Perciò
si credevano dei discepoli di Condorcet. Ma non cercarono mai nessuna coerenza tra le materie.
Yvonne Weill dà l'esempio dell' insegnamento della grammatica. Parte da considerazioni sulle facoltà
dello spirito umano, poi analizza i fatti di linguaggio, fa un paragone tra le lingue, e ne deduce infine le
regole della grammatica francese.LE CURRICULUM DES ECOLES CENTRALES
DE L'AN IV
Dans la mesure où elles reprennent partiellement le curriculum des
instituts (1) de Condorcet, les écoles centrales de Tan IV se font les héri
tières du dernier des encyclopédistes. Ce nouveau curriculum reprend en
effet les idées propres aux Lumières en matière d'éducation et d'ensei
gnement. Les écoles centrales proposent un cursus inédit en complète rupture
avec les collèges d'Ancien Régime (2). Son unité est garantie par les travaux
de Condorcet et les discussions qui s'organisèrent dès la mise en place du
premier Comité de l'instruction publique (3) jusqu'au terme de la
Convention. Si les Écoles centrales ne retinrent pas la totalité des enseigne
ments proposés par les instituts, elles y puisèrent ce qu'elles estimaient
nécessaire. Si elles purent le faire aussi aisément c'est que le Comité
d'instruction publique était totalement dominé par la personnalité de
Condorcet (4). L'intériorisation des concepts clés du rationalisme empi
rique (5) ne pouvait qu'être bénéfique pour élaborer un plan d'études suscept
ibles d'être régi par l'analyse et l'analogie.
Il convient donc, tout d'abord, d'exposer la configuration du champ
sémantique de la notion de curriculum. C'est là un exposé nécessaire pour
mettre en valeur son caractère opératoire et heuristique. Puis nous nous
efforcerons d'établir avec attention une comparaison entre les deux curricula
et de faire des hypothèses sur la cause de ce choix ; car dans des circons
tances de chaos, les remaniements ou les innovations scolaires s'opèrent
avec stratégie : les écoles centrales seraient l'œuvre de la bourgeoisie ther-
(1) Les 20 et 21 avril 1792, Condorcet, au nom du Comité d'instruction publique, donne lecture
d'un projet où figurent les écoles primaires, les écoles secondaires, les instituts.
(2) Démantelés en 1762, les collèges d'Ancien Régime étaient obsolètes et fortement concurrencés
par les pensions privées.
(3) Le 14 octobre 1791.
(4) Lorsqu'il arriva au Comité d'instruction publique, Condorcet avait déjà beaucoup réfléchi à
la question éducative qu'il livra sous la forme de cinq gros volumes à partir desquels le comité se mit au travail.
(5) Le rationalisme empirique désigne ici la philosophie de Condillac.
Annales Historiques de la Révolution Française — 1995 — N° 4 540 YVONNE WEILL
midorienne (6). Enfin notre réflexion portera sur un cours étonnant : celui
de « Grammaire générale », qui n'a jamais été l'objet d'enseignement, et
dont il faut justifier la présence car dans une conjoncture aussi dramatique
il est certain que ce plan d'études fut établi avec sérieux et le cours de
grammaire générale choisi pour des raisons nécessaires.
1. — QU'EST-CE QU'UN CURRICULUM?
a) Définition
À proprement parler, un curriculum est un ensemble organisé d'ense
ignements scolaires suivis par quelqu'un dans le cadre d'une filière d'études
données durant une certaine période de temps. La notion de curriculum
suppose ainsi, premièrement l'idée d'une pluralité d'enseignements suivis,
deuxièmement, l'idée d'un processus étalé et ordonné dans le temps, tro
isièmement, l'idée que ce d'enseignement/apprentissage se déroule
dans le cadre et sous contrôle d'une institution d'éducation formelle (un
curriculum correspond toujours à quelque chose de prescrit, et de construit
institutionnellement), quatrièmement, l'idée de contenu transmis ou à trans
mettre : tout enseignement est enseignement de quelque chose et il ne saurait
y avoir de curriculum « vide », même s'il peut y avoir dans un curriculum
des aspects inégalement explicites.
À partir de ces caractérisations, on définira la théorie du
comme cette branche de la théorie de l'éducation qui s'intéresse explic
itement et directement aux modes de sélection, d'organisation et de trans
mission des contenus d'enseignement. Quant à la sociologie du curriculum,
on la définira comme cette approche spécifique des faits éducatifs qui tente
d'élucider l'ensemble des fonctionnements et des enjeux sociaux de la scola
risation en prenant comme point de vue privilégié et en quelque sorte comme
révélateur, ces phénomènes de sélection, d'organisation et de transmission.
Ainsi définie, la sociologie du curriculum ne représente sans doute qu'un
secteur restreint et aux limites quelque peu imprécises au sein de la socio
logie de l'éducation. Il est vrai que jusqu'à présent les approches sociolo
giques de l'éducation ont été centrées davantage sur le flux de scolarisation,
les structures institutionnelles de l'enseignement et les rapports entre sélection
scolaire et stratification sociale, que sur les contenus et les formes des trans
missions éducatives. Et pourtant il faut bien reconnaître que l'école n'est
pas seulement un lieu où circulent des flux humains, où s'investissent des
ressources matérielles, où se nouent des relations interpersonnelles et des
rapports de pouvoir, où se cristallisent des destinées sociales ; c'est aussi
un lieu, le lieu par excellence dans les sociétés modernes, de conservation
(6) Le terme est souvent remplacé par bourgeoisie des propriétaires et connoté négativement. LE CURRICULUM DES ÉCOLES CENTRALES DE L'AN IV 541
et de consécration, de gestion et de transmission des savoirs et des symboles.
Parce que les institutions d'enseignement sont des appareils organisés en
vue de transmettre à des publics nombreux et par des moyens systéma
tiques des ensembles de connaissances, de compétences et de dispositions
correspondant à une programmation délibérée, on peut penser que la
question du curriculum devrait être au cœur de toute réflexion sociolo
gique sur l'éducation (7).
b) Les traits dominants du curriculum
Cette notion a 

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