Le Discorso Universale d Agostinello Ferentilli et les commentaires manuscrits de 1580 - article ; n°1 ; vol.6, pg 3-12
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Description

Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance - Année 1977 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 3-12
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Berriot
Le Discorso Universale d'Agostinello Ferentilli et les
commentaires manuscrits de 1580
In: Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance. N°6, 1977. pp. 3-12.
Citer ce document / Cite this document :
Berriot François. Le Discorso Universale d'Agostinello Ferentilli et les commentaires manuscrits de 1580. In: Bulletin de
l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance. N°6, 1977. pp. 3-12.
doi : 10.3406/rhren.1977.1021
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhren_0181-6799_1977_num_6_1_1021I ETUDES ET DOCUMENTS
LE DISCORSO UNIVERSALE D'AGOSTINELLO FERENTILLI
ET LES COMMENTAIRES MANUSCRITS DE 1580.
Une nouvelle pièce rare orne désormais la bibliothèque d'Armendraya à Villefranque-
Bayonne : l'exemplaire du Discorso Universale d'Agostinello Ferentilli, imprimé à Venise en 1577
par Gabriel Giolito de Ferrare, 231 p. 4° , longuement annoté puis complété en français par un lec
teur anonyme qui n'a laissé, pour l'identifier, que le monogramme «R.P» ou «A.R» en une double
lettre entrelacée, et la date «1580»... L'écriture fine et singulièrement lisible des notes marginales
ou des compléments — 20 feuillets intégralement manuscrits reliés avec le Discorso — confère à
l'ensemble, imprimé et manuscrit, un véritable intérêt, nous permettant de mesurer, dans la France
et lltalie du XYIe siècle finissant, l'influence encore vivace de la tradition néo-platonicienne, aussi
bien à travers l'oeuvre d'un auteur relativement peu étudié qu'à travers les réactions personnelles
d'un intellectuel anonyme des années 1580.
La Creatione del Mondo de Philon l'Hébreu
Ce n'est pas un hasard si le Discorso Universale d'Agostinello Ferentilli a pour préface la tr
aduction de la Creatione del Mondo de Philon l'Hébreu... On voit aisément ce que l'auteur italien
puis son lecteur français ont pu retirer du philosophe antique : Ferentilli le dit lui-même dans la bel
le dédicace — à «Fabritio Impériale, gentil'huomo genovese» — qui glorifie la philosophie, occupa
tion agréable et utile puisqu'elle rend possible la réforme des moeurs, puisqu'elle guide dans le gou
vernement de la vie familiale ou dans l'administration des Etats. Principalement, par la philosophie,
ajoute Ferentilli, nous accédons à cette contemplation des choses célestes en laquelle ont excellé
Platon et Philon, ce «grave filosofo e scrittore ripieno di molta scientia» dont les Anciens disaient
très justement qull avait emprunté à Platon ses propos, à moins que Platon n'eût repris les siens !...
Le texte de Philon, qu'admire Ferentilli et que notre anonyme a lu assurément avec attention, dé
bute d'ailleurs par une longue diatribe contre les impies qui, s 'attachant plus à la création qu'au
Créateur, affirment que le monde est incréé et nient que la Providence régisse toute chose. Puis
Philon aborde un certain nombre de théories appartenant au néo-platonisme et qui ne manqueront
pas d'influencer Ferentilli et son lecteur français. Il expose d'abord le symbolisme de ces nombres
qui harmonisent l'univers, avec les impairs mâles et les pairs féminins, avec la proportion quaternaire
et surtout la proportion septénaire à laquelle est consacrée un long développement : il y a, dans l'e
space, 7 cercles célestes, 7 étoiles de la Pléiade; de même que le corps produit 7 «digestioni» dont la
7e est la semence humaine, le «flusso menstruale» apparaît le 7e jour comme le foetus qui ne peut
vivre qu'à partir du 7e mois ! Un parallèle est établi entre la terre et la femme à propos de la subs
tance humide qui permet la conservation ou la génération de toute vie; les étoiles sont définies com
me des intelligences célestes qui annoncent aux hommes le changement des saisons, les cataclysmes
météorologiques, mais aussi «le cose future» ; la puissance de nos premiers ancêtres est magnifiée et
opposée à la faiblesse des hommes modernes qui correspond à la déchéance d'une création s'éloi-
gnant irrémédiablement de ses origines divines... Et puis Philon, analysant les livres de Moïse, en
propose une lecture allégorique que Ferentilli et le lecteur anonyme suivront volontiers : pour le
philosophe platonicien en effet, chaque fait de la Genèse est un symbole qu'il s'agit d'interpréter; .
ainsi le fruit consommé par Adam et Eve n'est autre que le «piaeere dei corpi», ainsi l'arbre de vie
représente «la pietà» et le serpent «la voluttà», ainsi ces «figurati documenti» nous invitent à une
véritable «investigatione delT allegoria per occolte conjetture»... Philon conclut son traité par une apologie du monothéisme, puisque sa réflexion sur la Genèse lui enseigne l'existence d'un
lieu unique — contre l'opinion de ceux qui mettent en doute la réalité divine —, créateur du monde
— contre les illusions de ceux qui voient l'Univers comme la pire des républiques, un Etat sans maî
tre ! —, ce monde d'ailleurs unique et limité — il n'y a que les ignorants pour suggérer que l'Univers
puisse être infini et renfermer plusieurs terres —, gouverné par la toute puissante Providence à qui
les hommes doivent amour et «pietà»... Autant de thèmes chers au néo-platonisme de Florence ou
au «Kabbalisme chrétien» mis en lumière par François Secret, et qui sont présents, bien entendu,
dans le Discorso Universale de Ferentilli comme dans les notes et les commentaires manuscrits qui
l'accompagnent.
Le Discorso Universale de Ferentilli
Le «Discorso»lui-même, dans lequel Ferentilli traite des «six Ages», des «quatre Monarchies»,
de «toutes les Nations et Empires» depuis les origines humaines jusqu'en l'an 1569, n'est certes pas
une oeuvre historique semblable à celles que Bodin appelait de ses voeux dans la Méthode de l'His
toire : c'est en fait une «chronographie» — l'auteur, citant ses devanciers, les qualifie de «cronogra-
fi», p. 5, 116, 182 —, une enumeration chronologique des règnes et des héros qui ont jalonné la car
rière de l'humanité. Jusqu'à un certain point d'ailleurs, et l'auteur le précise dans l*Epître dédica-
toire à Oratio Naro comme dans la Préface, il s'agit, avec le Discorso, de réaliser le compendium qui
fasse la synthèse des très nombreux ouvrages écrits sur ce vaste sujet. Mais, à bien des égards, Ferent
illi se veut historien. Il aime l'histoire parce qu'elle nous permet de communiquer avec les hommes
du passé et qu'elle nous fortifie dans le présent tout en nous enseignant la «Prudentia» pour l'avenir
(«A Oratio Naro»); mais il sait que la faiblesse de la mémoire humaine, la brièveté de notre vie, le
très grand nombre des historiens et leur impuissance a s'accorder rendent bien difficile l'étude de
cette discipline tellement supérieure à la médecine «trop mécanique», au Droit si «fastidieux», à la
Philosophie «très obscure» : raisons supplémentaires, certes, pour consacrer ses loisirs à la rédaction
du Discorso («Prefatione»). D'ailleurs Ferentilli annonce parfois les historiens qui viendront après
lui et il note l'importance du cadre géographique : abordant l'étude des Egyptiens par exemple, il
décrit leur pays tempéré et fécond (p. 60); il évoque, à propos de l'Empire des Perses, les paysages
montagneux et désertiques de l'Asie Mineure (p.82); il brosse à traits rapides le tableau de la Thrace
«infeconda,fredda, aspra». Naturellement, comme ses successeurs, il lit,1 dans le déroulement de l'his
toire, une direction générale : l'action incessante de la Divinité depuis l'Eden originel jusqu'à la
France de Charles IX, l'affirmation de l'Occident dont la civilisation se déplace lentement de la
Judée aux rochers de Macédoine, des rives du Tibre à celles de la Seine. Cette mise en lumière de la
prépondérance occidentale n'exclut pas la conscience angois'ée de la progression d'un Islam encore
invaincu, châtiment peut-être de l'impiété contemporaine, puisque, selon Ferentilli, chaque fois que
se produit une calamité historique — déluge, captivité de Bab

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