Le gisement paléolithique ancien du Rissori, à Masnuy-Saint-Jean (Hainaut, Belgique) - article ; n°1 ; vol.70, pg 293-310

André Adam, Alain Tuffreau

Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1973 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 293-310
Résumé. — L'étude du gisement du Rissori a permis de suivre l'évolution au cours du Pleistocene récent d'une nappe d'épandage périglaciaire attribuable au Saalien par sa position sous un niveau-repère bien défini, caractéristique de l'Eemien, lui-même supportant un épais cailloutis soliflué au Pléniglaciaire inférieur, recouvert partiellement de lambeaux limoneux et de sables soufflés. Les constituants du cailloutis weichsélien proviennent, du moins en partie, de la reprise de la formation saalienne en amont du point de fouille. Les cailloutis du Rissori ont livré une industrie saalienne sans bifaces et riche en éclats levallois non retouchés ; elle comprend un pourcentage moyen de racloirs et assez peu de denticulés, encoches et outils de type paléolithique supérieur.
Summary. — The survey of the Rissori layer has made it possible to observe how a periglacial expanding sheet evolved during the late Pleistocene. This sheet can be ascribed to the Saalian on account of its position under a clearly defined reference level which is distinctive of the Eemian. This reference level supports a thick layer of gravels which was soliflued during the early pleniglacial period and is partly covered with loamy outliers and blown sands. The components of the weichselian gravels result — at least in part — from the resumption of the saalian formation above the place of excavation. The same saalian industry without handaxes and rich in unretouched levallois flakes was discovered in the Rissori gravels. It includes a moderate rate of side-scrapers and rather few denticulates, notches and tools of upper palaeolithic type.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_LA_SOCIETE_PREHISTORIQUE_FRANCAISE
• Publié le: 01 janvier 1973
• Nombre de lectures: 45
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

André Adam
Alain Tuffreau
Le gisement paléolithique ancien du Rissori, à Masnuy-Saint-
Jean (Hainaut, Belgique)
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1973, tome 70, N. 1. pp. 293-310.
Résumé
Résumé. — L'étude du gisement du Rissori a permis de suivre l'évolution au cours du Pleistocene récent d'une nappe
d'épandage périglaciaire attribuable au Saalien par sa position sous un niveau-repère bien défini, caractéristique de l'Eemien, lui-
même supportant un épais cailloutis soliflué au Pléniglaciaire inférieur, recouvert partiellement de lambeaux limoneux et de
sables soufflés. Les constituants du cailloutis weichsélien proviennent, du moins en partie, de la reprise de la formation saalienne
en amont du point de fouille. Les du Rissori ont livré une industrie saalienne sans bifaces et riche en éclats levallois non
retouchés ; elle comprend un pourcentage moyen de racloirs et assez peu de denticulés, encoches et outils de type paléolithique
supérieur.
Abstract
Summary. — The survey of the Rissori layer has made it possible to observe how a periglacial expanding sheet evolved during
the late Pleistocene. This sheet can be ascribed to the Saalian on account of its position under a clearly defined reference level
which is distinctive of the Eemian. This reference level supports a thick layer of gravels which was soliflued during the early
pleniglacial period and is partly covered with loamy outliers and blown sands. The components of the weichselian gravels result
— at least in part — from the resumption of the saalian formation above the place of excavation. The same saalian industry
without handaxes and rich in unretouched levallois flakes was discovered in the Rissori gravels. It includes a moderate rate of
side-scrapers and rather few denticulates, notches and tools of upper palaeolithic type.
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Adam André, Tuffreau Alain. Le gisement paléolithique ancien du Rissori, à Masnuy-Saint-Jean (Hainaut, Belgique). In: Bulletin
de la Société préhistorique française. 1973, tome 70, N. 1. pp. 293-310.
doi : 10.3406/bspf.1973.4377
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1973_hos_70_1_4377Bulletin de la Société Préhistorique Française, tome 70, 1973, Etudes et Travaux.
Le gisement paléolithique ancien du Rissori,
à Masnuy-Saint-Jean (Hainaut, Belgique)
par André Adam et Alain Tuffreau
Résumé. — L'étude du gisement du Rissori a permis de suivre l'évolution au cours du Pleistocene récent
d'une nappe d'épandage périglaciaire attribuable au Saalien par sa position sous un niveau-repère bien défini,
caractéristique de l'Eemien, lui-même supportant un épais cailloutis soliflué au Pléniglaciaire inférieur, recouvert
partiellement de lambeaux limoneux et de sables soufflés. Les constituants du cailloutis weichsélien proviennent,
du moins en partie, de la reprise de la formation saalienne en amont du point de fouille.
Les cailloutis du Rissori ont livré une industrie saalienne sans bifaces et riche en éclats levallois non
retouchés ; elle comprend un pourcentage moyen de racloirs et assez peu de denticulés, encoches et outils de
type paléolithique supérieur.
Summary. — The survey of the Rissori layer has made it possible to observe how a periglacial expanding
sheet evolved during the late Pleistocene. This sheet can be ascribed to the Saalian on account of its position
under a clearly defined reference level which is distinctive of the Eemian. This reference level supports a thick
layer of gravels which was soliflued during the early pleniglacial period and is partly covered with loamy outliers
and blown sands. The components of the weichselian gravels result — at least in part — from the resumption
of the saalian formation above the place of excavation.
The same saalian industry without handaxes and rich in unretouched levallois flakes was discovered in the
Rissori gravels. It includes a moderate rate of side-scrapers and rather few denticulates, notches and tools of upper
palaeolithic type.
I. — INTRODUCTION pour y bâtir sa maison et fit arrêter les travaux :
ce n'est que phis tard, en été 1961, qu'il autorisa
la fouille du site, fouille qui fut entreprise par Le gisement paléolithique ancien du Rissori (1) l'un de nous (A. A.) (2). se situe à 5 km au Nord de Mons en Hainaut,
à Masnuy-Saint-Jean, le long de la route d'Ath Le gisement tire son nom d'un petit ruisseau
qui prend sa source à quelque deux mille mètres (fig. 1 et 2, A), dans la propriété de M. E.
Dumenil (parcelle cadastrale : section D n° 204h2 de là, sur le bas-plateau dominant Mons et la
— coordonnées géographiques : long. E 3°56'22", dépression de la Haine. Cette région est connue,
lat. N 50°29'50" — altitude : 56 m). non seulement des géologues pour la grande
variété de ses terrains, mais aussi des préhistoCe gisement fut découvert en été 1953 par
riens pour l'importance des découvertes paléoM. L. Letocart, de la Société de Recherche Pré lithiques. La Carrière Hélin (Breuil et Koslowski, historique en Hainaut, qui identifia du matériel 1934 — de Heinzelin, 1949), la Tranchée de paléolithique dans les déblais d'un terrassement. Mesvin (Delvaux, 1888 — de Heinzelin, 1949), La Société de Recherche entreprit une fouille
le Moustérien du Rois du Gard, à Obourg (S.R. de sauvetage qui se limita au triage des terres
P. H., inédit), le Périgordien du Canal, à Mai- rejetées sur les bords de la tranchée. Par la sières (de Heinzelin, 1971). suite, le propriétaire préféra un autre endroit
Pour mieux comprendre les dépôts du Rissori
et le mécanisme de leur mise en place, un rappel
(1) En 1051, M. G. Lefraneq publiait « La station paléolithique de la route d'Ath, à Nimy » dans les Annales du Cercle Archèolo(jitfne de Mons, XLI.I. Ce gisement, qui livra un matériel paléolithique assez hétérogène provenant d'un cailloutis (2) Nous tenons à exprimer notre amicale gratitude à de terrasse attribué au Dernier Glaciaire, n'offre aucun point M. E. Duniesnil qui nous donna sans réserve toutes facilités commun avec celui que nous présentons. pour mener à bien notre étude.
293 :
de géologie locale s'avère nécessaire. Au cours subséquente de la Haine, rivière principale cou
du Pleistocene, la Haine, petit affluent de l'Escaut lant de l'Est vers l'Ouest, implique des affluents
de Valenciennes, s'est adaptée par érosion régres septentrionaux très courts et à faible débit.
sive au synclinal houiller de Namur, dont elle Le matériel paléolithique étudié a été recueilli occupe sensiblement l'axe, sectionnant ainsi le en place au cours d'une fouille systématique. vieux réseau hydrographique pliocène conséquent Quelques pièces seulement proviennent des déà la pente Sud-Ouest I\Tord-Est du bas-plateau blais du terrassement initial et de deux tranchées loessique heimuyer. La coupe géologique trans de sondage (iig. 3, N et W). versale de la vallée de la Haine dessine donc un
synclinal très ouvert dont les assises primaires
et secondaires, redressées au Nord et au Sud,
sont successivement recoupées par les versants II. — ETUDE GEOLOGIQUE
(fig. 2, C). La pente du versant nord, qui se
modèle intimement par érosion différentielle sur A. — Etude descriptive, les tranches des formations géologiques sous-
jacentes, présente de ce fait deux tronçons bien 1. Présentation des formations distincts. D'abord insensible (1,5 %) sur les craies
(au départ du Canal du Centre : craie de Tri- Le groupe géologique du Rissori, dans la tranvières, craie de Saint- Vaast, craie de Maisières), chée de fouille, présente deux épais cailloutis elle devient brutale (8 %) sur les puissants séparés par une mince formation sablo-limoneuse. Rabots turoniens. C'est la côte de Jurbise. Le L'ensemble repose sur l'assise des Rabots turosite du Rissori se situe exactement à la rupture niens (Tu 3b) du Crétacé moyen. de cette forte et courte pente, au pied d'un ver De haut en bas (fig. 4) : sant géologiquement très nuancé (fig. 2, A et B),
travaillé par une érosien intense, profondément Formation I : cailloutis supérieur, 0 m à
morcelé de vallons secs, de « gouttières » ou 1,15 m.
d'entailles creusées par des ruisseaux qui, tel le II sablo-limoneuse, 1,15 m à Rissori, dévalent vers la Haine. Enfin la position 1,35 m.
Formation III cailloulis inférieur, subdivisé
en 3 membres (a, b, c), 1,35 m à 2,60 m. IV : sommet démantelé de l'assise
turonie